J'ai signalé ce souvenir datant d'à peu près 1966 dans un message sur Facebook.
Les retours m'ont confirmé que je n'avais pas rêvé.
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Les élèves du petit séminaire (niveau collège) ont été révoltés par les pratiques du professeur de mathématiques, Hervé Creff, prêtre. Il convoquait les "cancres", c'est-à-dire certains élèves plus âgés que moi (14-15 ans). Ils devaient se déshabiller, baisser leur slip, se mettre sur ses genoux et il leur donnait une fessée cul nu.
J'étais un élève sage, obéissant, mais l'humiliation m'a semblé insupportable, comme pour tous les élèves. Je crois que je ne comprenais pas encore le caractère d' agression sexuelle. En tout cas pas moi.
Lors d'une étude du soir, nous avons été mis en garde par le père Cabon (que j'ai pourtant beaucoup apprécié, même si c'est lui qui m'a viré du petit séminaire deux semaines avant le bac). Les élèves ayant eu une fessée devaient en avoir honte, et n'auraient pas dû en parler ! Le scandale provenait donc des victimes qui s'étaient plaintes auprès de leurs camarades... Les faits n'étaient pas contestés.
Le scandale était "public", tout au moins à l'intérieur du petit séminaire. Le supérieur, tous les prêtres étaient au courant et même certains parents.
- Un ancien camarade me raconte qu'il a été à l'infirmerie début 1967, à 10/11 ans, suite à une blessure. Le père Creff est venu le laver. Il en a parlé à ses parents, qui n'ont pas réagi.
Il paraît qu'un parent a alerté l'évéché, a parlé de "pédéraste". Cela n'a pas empêché l’évêque de nommer, peu de temps après, Hervé Creff comme supérieur du petit séminaire de Pont-Croix (collège) en 1968.
L'évêché de Quimper a détruit ses archives de l’époque. Le Télégramme vient de nous l'apprendre.
Évidemment, le père Creff était réactionnaire, et a vu disparaître les bassins de recrutement des futurs prêtres (le Léon, "Terre des Prêtres" en Bretagne). Il n'y est pour rien. Il croyait que le fait que le deuxième cycle/lycée de Kéraudren à Brest ne poursuive plus l'enseignement à partir de 1969, mais seulement l'internat, expliquait la désaffection du collège de Pont-Croix, qui a été très rapide. Mais nous étions rentrés plus de 100 au collège en 1963, et nous n'étions plus que 3 en Terminale au petit séminaire en 1969/1970. La conséquence d'évolutions sociales (exode rural avec des bourses, qui facilitaient l'orientation vers des études secondaires sans passer par le petit séminaire), du concile Vatican II, de mai 1968.
Les prêtres étaient plus concernés par l'évolution sentimentale ou sexuelle de leurs ouailles que des dépravations de leur collègue. Au moindre écart, on était prié de ne pas revenir l'année prochaine, parce qu'ils considéraient qu'on n'avait plus "la vocation de devenir prêtre". Grosse déperdition, parce que je ne suis pas sûr qu'il y ait eu 1% de prêtres au tout bout du parcours.
Dès mes 10 ans, j'ai été mis en garde par mon prêtre directeur de conscience sur le fait qu'il ne fallait pas nouer d'amitiés. Effectivement, j'allais souvent dans la cour avec un autre élève de 6ème plus âgé, et nous nous bagarrions pour jouer. Oh la la, risque (prématuré) d'amitiés particulières ! J'ai été terrorisé par ces prescriptions, j'ai essayé tout le temps de les respecter. Maintenant que je sais que je suis autiste, je réalise encore mieux comment cela a pu pourrir ma vie. J'avais du mal à avoir des interactions sociales ... et je m'empêchais d'en avoir, même quand j'en avais envie.
L’Église était puissante. Mais avait aussi un grand pouvoir de nuisance.
https://blogs.mediapart.fr/jean-vincot/blog/290125/comment-je-suis-devenu-autiste
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