"CONTRE LA LESBOPHOBIE : POUSSONS UN CRI !"

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L’édition 2025 des Marches des Fiertés qui se sont tenues de mai à juillet en France et dans le monde a été une période de célébrations festives, mais aussi de revendications radicales et d’oppositions frontales.

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Défense du droit à la santé pour tous.tes par la Pride des Banlieues en Seine-Saint-Denis, premières Marches des Fiertés à Roubaix à Bastia et au Puy-en-Velay, arrestations en nombre des militant.e.s à Istanbul, troisièmes Fiertés Rurales à Chenevelles (Vienne), défiance gouvernementale à Budapest, conflit avec le Conseil régional d’Ile-de-France à Paris, dénonciation des répressions policières à Madrid, opposition au trumpisme à New York, assassinat homophobe d'un couple d'activistes à l'issue de la marche à Mexico, ...
Ces cinq dernières villes ayant défilé le même jour que le milieu rural, il y a eu fin juin de la foudre arc-en-ciel franchissant l'océan.
C'est dans ce contexte, également marqué en France par les sanctions économiques d'élu.es politiques à l’encontre du théâtre, que le collectif Jeanine Machine mène sa troisième année de tournée avec Le Pédé.
Un spectacle unique, accueilli pour la première fois dans la capitale par le festival Paris l’été, en partenariat avec le Théâtre du Fil de l'eau - Ville de Pantin.

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Faut-il voir à nouveau dans cet accueil la considération de la Mairie de Paris envers les LGBTQIA+ ? Sans doute. Faut-il y discerner le soutien d’un festival aguerri vis-à-vis d'un jeune collectif théâtral ? Assurément. Enfin s’agit-il d’un spectacle valant la peine d’être découvert ? Oui absolument.
Le festival Paris l’été vit sa 35e édition, depuis septembre 2024 il est co-dirigé par Marie Lenoir et Thomas Quillardet qui lui donnent un nouvel éclat.
Du 12 juillet au 5 août, il programme une trentaine de formes contemporaines variées et internationales, dont un tiers en accès libre, en se déployant dans dix-sept lieux différents (palais, jardins, rues, bois, lycée ...).

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Le Pédé du collectif Jeanine Machine a été créé le 13 mai 2023 au festival Les Hommes forts, à Givors (69). Il a déjà été joué plus de 90 de fois en France, ainsi qu’en Belgique et en Suisse.
Il se produira à Pantin les 23 et 24 juillet (rue de la Paix) à 19h, ainsi qu’à Paris 19e les 26 et 27 juillet (rue Édouard Pailleron) à 19h. Soit un an après la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 et la déferlante de discriminations dont on se souvient.
D'ailleurs ce 26 juillet, l'espace public sera aussi investi par l'inauguration, rue de la Chapelle (18e), des dix statues de femmes illustres ayant fait leur apparition durant Ça ira de Thomas Jolly.
Le spectacle de rue en déambulation est une forme parfaite pour traiter de l’histoire des luttes homosexuelles, car c’est une histoire de combats qui n'hésitent pas à prendre la rue… mais c'est aussi une histoire parée de paillettes.

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Il fallait une forme qu’on ne puisse jamais tout à fait ranger dans une case.
Intitulée Le Pédé et non La Pédale, cette création est-elle de genre masculin ?... Quoi qu'il en soit, on n'avait plus rien vu de semblable depuis Madame H (2006) qui était du café-théâtre.
Le récit s’ouvre : Jeanine Machine apparaît, superbe, poétique, énergique. Elle nous adresse la parole comme un.e ami.e de longue date.
Elle vient vers nous, se déplace, se pose, sourit, s’exprime avec une inspiration lumineuse engageant tout son corps.

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Elle a le franc-parler d’un Harvey Milk, la fantaisie d’un Jean Le Bitoux, la grâce d’une Priscilla folle du désert et le caractère bien trempé d’un Cleews Vellay.
Jeanine Machine a les yeux bleus, perçants et lumineux. Elle est née en 1986, année où la Marche des Fiertés avait pour mot d'ordre "Aime comme tu veux" : Les Caramels Fous, Lesbia Magazine et Gai Pied hebdo ouvraient alors la marche.
Serait-iel un.e de leurs descendant.es ?
Durant deux heures de spectacle, elle ne cesse de se métamorphoser à l’aide de ses costumes, de ses accessoires et de son jeu théâtral : Jeanine Machine est sublime.
Nous sommes entraîné.es dans l'histoire des luttes homosexuelles depuis 1969, où nous replonge avec brio cette invraisemblable encyclopédie montée sur cothurnes.

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Le Pédé est une œuvre queer, tout comme l’irrésistible court-métrage oublié La Fabrique du lait, tourné par le FHAR durant l’été 1973 dans un appartement de Barbès.
Le Pédé est donc aussi une œuvre de réminiscences, ainsi qu’une œuvre de concordances entre les formes, les sujets et les personnes qu’elle fait revivre.
Le collectif Jeanine Machine a été fondé en 2021 par Brice Lagenèbre, Sarah Daugas Marzouk, Marlène Serluppus, Céline Bertin et Esther Hélias : "Le Pédé c’est quoi ?... C’est une histoire subjective, occidentalo-centrée, racontée par un homme blanc, cisgenre et bourgeois. … Et homosexuel."
Allez découvrir Le Pédé et vous saurez. C'est une occasion rare, permettant de se replonger dans cette Histoire et de la célébrer tout en contribuant à sa transmission.

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Durant sa performance, Jeanine Machine va jusqu’à nous entraîner en cortège au fil de son récit : notre coryphée rose et noir quitte alors sa chrysalide pour devenir notre licorne arc-en-ciel...
Au bout de deux heures trépidantes, la folle évocation s’achève. Tonnerre d’applaudissements et charivari d'extases : Jeanine Machine est divine.
Post-scriptum : la diffusion de cet article est entièrement entre les mains de ses lectrices.teurs.
Le Pédé à Pantin le mercredi 23 et le jeudi 24 juillet à 19h (rue de la Paix) et à Paris 19e le samedi 26 et le dimanche 27 juillet à 19h (rue Édouard Pailleron) dans le cadre du festival Paris l'été, en partenariat avec le Théâtre du Fil de l'eau - Ville de Pantin.
Mon reportage sur Paris l'été se poursuit par ici...
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De juillet à octobre 2025, Le Pédé du collectif Jeanine Machine est également programmé : en juillet à Alès (30), Mulhouse (68), Caen (14) et Langogne (48) ; en août à La Chaux-de-Fonds (CH), Rochesson (88), Mably (42) et à Tournus (71) ; en septembre à Coux (07), au Mans (72), à Saint-Herblain (44), Rezé (44), Sauxillanges (63) et à Oullins (69) ; enfin en octobre à Arles (13), Toulouse (31), Bayonne (64) et Florac (48).