Nous publions aujourd'hui le troisième volet d'une réflexion critique sur le traitement de la crise du Covid-19 par les autorités sanitaires françaises. Et le feuilleton n'est pas terminé. Deux autres épisodes au moins suivront dans les jours qui viennent.
Le point de départ de cette réflexion est toujours le même depuis le début. Et il est très simple. Nous sommes en situation de crise sanitaire inédite et de médecine d'urgence, des centaines de milliers de personnes sont infectées tous les jours, des dizaines de milliers meurent (surtout parmi nos parents et grands-parents), une des questions les plus urgentes à se poser devrait donc être : comment apporter tout de suite des réponses médicales au moins partielles aux malades ?
Or, en lieu et place de ce qui devrait être une discussion concrète entre médecins permettant de mettre au point une stratégie collective, s'est développée une vaste polémique médiatique centrée sur une personnalité certes haute en couleurs (le professeur Didier Raoult, directeur d'un institut hospitalo-universitaire à Marseille, spécialiste des virus et maladies infectieuses), que la plupart des commentateurs du débat public (membres des conseils scientifiques entourant le gouvernement, autres médecins propulsés dans les médias, journalistes, éditorialistes, gens divers et variés donnant leur avis sur tout et n'importe quoi sur les plateaux de télévision, etc.) cherchent par tous les moyens à discréditer.
Les (apparemment) plus sérieux d'entre eux proposent en retour d'attendre que de complexes recherches scientifiques aient été mises au point, leurs cohortes de patients étudiées dans la durée, leurs résultats collectés, traités et publiés. C'est-à-dire concrètement qu'ils proposent implicitement d'attendre que la mort ait quasiment fini de faire son oeuvre pour envisager d'agir.
Ceci n'est pas acceptable, c'est même dramatique. Il faut d'urgence ramener ce débat à la raison, comprendre que dans l'immédiat la démarche pragmatique du professeur Raoult est la seule qui vaille : tester empiriquement des protocoles pour voir ce qui marche le mieux. C'est du reste ce que font de plus en plus de ses confrères médecins, libéraux comme hospitaliers, en testant parfois du reste des variantes intéressantes du protocole marseillais. Ils le font en dépit de l'absence de consignes officielles nationales, en devant parfois les contourner et en pratiquant même dans certains cas une sorte de désobéissance civile.
Mais donc nous n'en serions pas là si il y avait un véritable pilotage national des traitements médicaux du Covid-19. Notre précédent article posait déjà cette question : "où sont les Guidelines ? que fait la Haute Autorité de Santé ? que fait Santé Publique France ? pourquoi le président de la République a-t-il installé un Conseil scientifique puis un Comité analyse recherche et expertise ?". Aujourd'hui, c'est à nouveau la journaliste indépendante Ella Roche (dont j'avais publié le premier texte ici même) qui nous éclaire sur cette question.
Bonne lecture
LM
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OÙ EST PASSÉE LA HAUTE AUTORITÉ DE SANTÉ ?
La suite de cet article est désormais reprise dans le livre La Doxa du Covid, tome 2 : Enquête sur la gestion politico-sanitaire de la crise du Covid, Bastia, éditions Éoliennes, 2022.
Sortie officielle le 10 mars, disponible sur commande dans toutes les librairies (distribution : Pollen) et sur tous les sites de vente en ligne.
