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Billet de blog 24 décembre 2022

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Calendrier de l'avent : 24/25 Shakespearien

Chapô à Shakespeare

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans ce calendrier de l’avent 2022, il y aura des écrivains déguisés en adjectifs. Ils se sont fait des noms tout seuls. On en a fait des adjectifs. Un inventaire à la Prévert avec ses ratons laveurs. Tout ça pour patienter avant de se voir offrir des livres à Noël.

Illustration 1

Shakespearien est l’adjectif approprié à un réveillon. Shake ! De là à dire que chaque réveillon se doit être shakespearien, non.
Comment ça, ce sont des fêtes pleines de bruit et de fureur qui ne signifient rien ?

L’adjectif est attesté en français depuis le XVIIIème siècle. Shakespeare est aujourd’hui l’auteur le plus lu et le plus joué dans le monde. Quelle longévité !

Plus grand que la vie (biggerthanspeare) avec sa part d’ambigüité. Ses pièces traitent du pouvoir, de l’amour, de la famille, de la trahison, avec tragédie, burlesque, merveilleux…
(son goût pour les jeux de mots n’a, hélas, pas donné naissance à une expression du genre « sans mauvais jeu de mot shakespearien »).

Le patrimoine shakespearien se décline en héros, rôles, bouffons, fantômes (et souvent ses personnages eux-même déclinent, sans mauvais jeu de mot shakespearien).

Les acteurs shakespeariens sont vénérés. Et quand ils jouent au cinéma, c’est encore mieux pour eux, plus bankable. Laurence Olivier, Alex Guiness, John Gielgud, Kenneth Brannagh (qui joua le personnage shelleyen du Dr Frankenstein). C’est plutôt un qualificatif pour des acteurs anglais. La Trinité : Sir, Lord et shakespeariens.
Chez les acteurs, il y a des audacieux, typique chez le héros américain, par exemple Al Pacino, qui passe, avec brio, du Parrain I à Richard III (voir son Looking for Richard).

Le corpus shakespearien est passé au tamis par les exégètes. Il y a une base de données, le Shaxicon, un lexique électronique qui fait l’inventaire de 18 000 mots.

Le drame shakespearien n’est toutefois pas toujours écrit par Shakespeare. On prête à Giono une Provence shakespearienne, à Faulkner un sud shakespearien. Il arrive même au cornélien Cid d’être shakespearien.

Être shakespearien, c’est être généreux (biggerthanspeare, bis), vouloir embrasser la vie entière. Tout le monde ou presque (à la condition d’avoir une existence pas trop ordinaire) peut vivre des épisodes, des drames shakespeariens : Fausto Coppi, De Gaulle, les Spice Girls…Tout ce qui est excès de violence, de bruit, de fureur. La démesure. Tout cela est matière à shakespearien.

Beau comme l’antique. Il y a des peplums shakespeariens. Un signe peut-être que couper la tragédie de ses racines grecques c’est lui donner des repousses shakespeariennes. Avec l’humour en plus.

Le souffle shakespearien n’est pas une catastrophe naturelle. Il déchaîne de saines tempêtes, il nettoie, la catharsis toujours recommencée. Il n’a pas fini d’accompagner notre ordinaire, de lui donner de l’ampleur.

Bon réveillon, Shake !

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