En ce début du mois d'octobre, E.M., l'Homme Fort, venait de subir l'outrage de la démission d'un des plus hauts dignitaires de son régime, comme nous l'avons relaté dans le second chapitre de cette chronique.
Fort heureusement, la commémoration du 60ème anniversaire de la Constitution du Macronistan allait permettre au Génie de la Somme de démontrer à ce peuple indigne de lui qu'il s'inscrivait dans la lignée de ces Grands Hommes qui jalonnent l'histoire de l'humanité.
L'actuelle constitution du Macronistan fut l’œuvre d'un illustre prédécesseur d'E.M., le très célèbre C.d.G. (qui donna son nom au plus grand aéroport du pays). Arrivé au pouvoir il y a plus de 60 ans à la faveur d'un coup d’État, il fit immédiatement rédiger une nouvelle constitution taillée sur mesure pour lui.
Un président de la République omnipotent et irresponsable, un Parlement aux prérogatives très diminuées, et la possibilité pour le président de s'attribuer les pleins pouvoirs (article 16), il n'en fallait pas moins pour celui que ses contemporains surnommaient le grand Charles, en raison de sa taille exceptionnelle. Une taille qui ne manquait d'ailleurs pas de susciter la jalousie de l'Homme Fort, lui qui faisait asseoir ses collaborateurs sur de petits fauteuils pour qu'ils ne parussent pas plus grands que lui sur les photos à sa gloire.
Pour l'Homme Fort, C.d.G. était une source d'inspiration permanente. En attendant l'avènement de circonstances politiques exceptionnelles telles que celles qu'avait connues C.d.G., le Génie de la Somme avait fait voter par la Chambre d'Enregistrement (dénommée Assemblée Nationale avant E.M.) une loi restreignant les libertés individuelles. Mais ce n'était rien comparé aux pleins pouvoirs que le grand Charles s'était attribués en 1961.
Par ailleurs, comme nous l'avons relaté dans le premier chapitre de cette chronique, un barbouze chargé de la sécurité de l’Homme Fort s'était bien fait remarquer en train de tabasser des manifestants. Mais cela était peu de choses en comparaison de son illustre prédécesseur dont la police avait assassiné huit militants d'un parti d'opposition au métro Charonne en 1962.
La police de l'Homme Fort menait certes une politique quotidienne de harcèlement et de répression envers les réfugiés. Elle avait bien refoulé une femme enceinte à la frontière et causé sa mort. Dans les quartiers dont les habitants n'avaient pas le teint aussi blanc que celui d'E.M. et de dame Brigitte, les violences policières s'exerçaient avec l'assentiment des autorités. Mais, c'étaient de bien pâles accomplissements en regard de l'assassinat de plusieurs centaines d'Algériens par la police de C.d.G. lors d'une manifestation pacifique en octobre 1961.
En ce 4 octobre 2018, l'Homme Fort se rendit donc à Colombey-les-deux-Eglises pour rendre hommage au père de la Constitution et déposer une gerbe sur sa tombe. En attendant peut-être que l'Histoire lui fournisse l'opportunité de donner la pleine mesure de ses capacités. Et ainsi de se hisser à la hauteur de C.d.G.
Ainsi allaient les affaires publiques en Macronistan en ce début du mois d'octobre 2018, An 2 après E.M.
---------------------------------------------------
(*) La Somme est un département du Nord du Macronistan qui est la terre d’origine de l’Homme Fort. Éblouis par le génie de leur Maître, ses affidés le surnomment affectueusement le « Génie de la Somme ».