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Billet de blog 21 juin 2017

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Montesquieu et la start-up En Marche!

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Richard Ferrand, rattrapé par ses juteuses affaires immobilières qui lui valent d’être visé par une enquête préliminaire, a donc été exfiltré du gouvernement à l'occasion du remaniement ministériel en cours. Cet évènement, outre ses dégâts collatéraux pour l'alliance En Marche! - MoDem (voir ici), est riche d'enseignements politiques.

Richard Ferrand était devenu gênant pour un président qui a fait de la moralisation de la vie publique et de l’exemplarité de ses acteurs un de ses axes majeurs de communication. A tout moment, une mise en examen l'aurait contraint à démissionner et le "maitre des horloges" a préféré prendre les devants. Mais il lui fallait y mettre les formes car ce soutien de la première heure d'Emmanuel Macron sait tout de la constitution et de la montée en puissance d'En Marche! ... et notamment de son financement par de généreux et influents donateurs.

Il était donc prudent de le ménager et voici donc Richard Ferrand mis sur orbite par le président de la République pour prendre la présidence du groupe LREM à l’Assemblée Nationale. Ses démêlés avec la justice étaient compromettants pour le gouvernement mais il semble que cela ne soit pas un problème pour présider le groupe parlementaire majoritaire. L’exemplarité n'est donc pas nécessaire pour occuper un poste stratégique au Parlement, ce qui est pour le moins étrange pour ne pas dire choquant. Il est vrai qu'elle n'a pas non plus prévalu dans la sélection des candidat(e)s LREM puisque nombre d'entre eux / elles se sont présentés, et pour la plupart ont été élus, malgré les casseroles qu'ils / elles trainaient (voir ici). Ils / elles pourront siéger sans complexe dans un groupe présidé par un des leurs.

Au delà de cette opération de recyclage qui fleure bon les vieilles pratiques politiques dont les communicants d'En Marche! nous répètent à longueur d'interviews qu'elles appartiennent à un autre âge, cette exfiltration est révélatrice de l'exercice du pouvoir par le nouveau président. Celles et ceux des députés LREM qui ont lu Montesquieu dans leur jeunesse (certainement pas tous, voir ici) croyaient sans doute qu'il appartenait aux parlementaires de choisir leur président de groupe, et non au chef de l’exécutif. C'est qu'ils n'avaient pas bien compris le renouvellement des pratiques : nous sommes entrés dans l’ère de la modernité et allons de devenir une "start-up nation". Séparation des pouvoirs, dites-vous? Ce concept désuet est inconnu des adeptes de la "gouvernance" et des connaisseurs de la "grammaire des affaires".

Chairman Macron (voir ici) s'occupe de tout, dormez tranquille!

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