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Billet de blog 29 mai 2025

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Fin de vie à l’hôpital avec une perfusion de chlorure de potassium

Ce billet traite de l'utilisation du chlorure de potassium pour mettre fin à la vie de ma mère (99 ans), qui était hospitalisée. C'est illégal mais ça se fait.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce billet fait suite aux trois billets suivants :

1) Le parcours de ma mère au Centre hospitalier.

L’ORDONNANCE DE LA MORT Est-ce ainsi qu’un médecin hospitalier assassine ?

https://blogs.mediapart.fr/mblevot/blog/120525/l-ordonnance-de-la-mort-est-ce-ainsi-qu-un-medecin-hospitalier-assassine

2) Après sa mort, les médecins experts, les avocats et le parcours judiciaire.

L’ORDONNANCE DE LA MORT partie 2

https://blogs.mediapart.fr/mblevot/blog/160525/l-ordonnance-de-la-mort-partie-2

3) Le problème des LISP.

LE LISP, point faible des soins palliatifs

https://blogs.mediapart.fr/mblevot/blog/200525/le-lisp-point-faible-des-soins-palliatifs

    Si vous avez lu le billet n°1, vous avez vu comment la vie de ma mère s’est arrêtée suite à une perfusion de 0,5 L de glucidion (glucose contenant déjà 1 g de chlorure de potassium) à laquelle il était ajouté 4 g de chlorure de potassium. On a, en première approximation, une concentration  de 10 g/L de chlorure de potassium. C’est une concentration létale, qui va bien au-delà des 4 g/L maximum préconisés par l'ANSM (Agence Nationale pour la Sécurité du Médicament).

    Cette fin de vie se passe au Centre hospitalier de Montluçon en 2019. Cette année là, le niveau d’emprunt de l'hôpital s’élevait à 64,7 millions d’euros. Cela implique que les Services devaient faire le plus possible d’économies et générer un maximum d’activités pour espérer rembourser une partie de la dette. Les patients devaient donc rester un minimum de jours dans le Service.

    En 2019 l’IP-DMS (Indice Performance Durée Moyenne de Séjour) en Médecine (hors ambulatoire)  n’était pas bon car supérieur à 1 : 1,048.

    En 2023, la HAS (Haute Autorité de Santé) ne va pas certifier le Centre hospitalier de Montluçon pour la raison suivante : Qualité des soins insuffisante.

    Voila quelques problèmes rencontrés par le Centre hospitalier de Montluçon. Ma mère y sera hospitalisée du mardi 3 septembre au samedi 7 septembre 2019.

    Le samedi 7 septembre 2019, le médecin de garde fait la tournée des patients et voit ma mère. Elle constate que ma mère est encombrée, calme, dit ne pas  avoir de douleur. Elle reste dans le contact avec ouverture des yeux et réponses verbales audibles.

    L’auxiliaire de vie de ma mère vient lui rendre visite vers 11h. Ma mère est calme, parle et répond correctement. Elle n’a pas de douleur, pas de fièvre. Par contre elle a faim et soif, le Centre hospitalier n’ayant fourni aucun aliment (même liquide) et boisson.

    Vers 11h30, le médecin de garde arrête tous les traitements ainsi que la prise des constantes (température, tension, saturation en oxygène ...) sans prévenir ma mère et moi. Puis elle prescrit deux perfusions :

Une dose de 5 mg/jour d’un sédatif, le midazolam (hypnovel), devant traiter une anxiété qui n'est pas décrite dans le dossier médical, ni constatée par le médecin de garde

Une demi-poche (0,5 L) de bionolyte (glucose 5% contenant déjà des produits dont 1 g de chlorure de potassium) pour un jour à laquelle on va ajouter, en particulier, 4 g de chlorure de potassium. Cette demi-poche était censée hydrater ma mère pendant une journée ce qui est bien insuffisant. La concentration de chlorure de potassium d’environ 10 g/L était létale.

    Dans le livre du Docteur LABAYLE,  "Pitié pour les hommes"  paru en 2009, on peut lire : "Le potassium a un effet clair et net : il entraîne à forte dose un arrêt cardiaque. Un point, c’est tout. Et le malade sous sédatifs et antalgiques ne ressent rien.

    Le protocole sédatif plus dose létale de chlorure de potassium est donc bien connu dans le milieu médical. On perfuse d’abord le sédatif pour endormir la malade et lui éviter les douleurs engendrées par le chlorure de potassium. Après avoir constaté que le malade n’est plus conscient, on perfuse le chlorure de potassium qui provoquera des troubles musculaires entrainant un arrêt cardiaque.

    On utilise le chlorure de potassium principalement pour traiter une hypokaliémie (manque de potassium dans le sang) ou pour tuer le malade (en général pour éviter des souffrances atroces et inutiles survenues soudainement, causées par une affection médicale grave et incurable). Dans ce dernier cas, c’est, bien sûr, totalement illégal.

    On peut tuer très vite (en quelques minutes) en perfusant une dose de chlorure de potassium en IVD (intraveineuse directe). (En septembre 2014 à l'Institut Bergonié (Bordeaux) une élève-infirmière a effectué une IVD de chlorure de potassium à la place d'une injection de corticoïdes. Le patient est mort rapidement d'un arrêt cardiaque.).

    On peut tuer assez vite (un quart d’heure, une demi-heure …) en plaçant la dose voulue de chlorure de potassium dans une perfusion de solution saline ou glucosée. (Affaire de la Clinique Saint-Vincent (Besançon), mis en cause le Docteur PÉCHIER. Jugement en décembre 2025).

    A la lecture des ces informations, on comprend mieux le but des deux perfusions prescrites par le médecin de garde.

    Vers 12h20, l’infirmière installe les deux perfusions en même temps. Elle ne respecte pas le protocole. Elle ne demande pas confirmation auprès du médecin de garde pour la perfusion de sédatif sur une personne calme qui n’a pas de douleurs et pour la perfusion hors norme de chlorure de potassium. Elle ne reviendra pas dans la chambre de ma mère pour vérifier si les perfusions passent normalement et sont bien supportées par la patiente.

    Lorsque l’infirmière quitte la chambre après avoir installé les deux perfusions, l’auxiliaire de vie, qu’elle avait fait sortir, veut entrer dans la chambre pour revoir ma mère. L’infirmière tente de la dissuader de le faire. Elle explique que ma mère va dormir (pourquoi vouloir faire dormir ma mère vers 12h20 ?) et que l’auxiliaire de vie va la déranger. L’infirmière demande à l’auxiliaire de vie de rentrer chez elle. L’auxiliaire de vie ne comprend pas et insiste pour revenir voir ma mère. Le ton monte. L’infirmière appelle le médecin de garde qui vient, calme la situation et autorise l’auxiliaire de vie à retourner dans la chambre.

     La mise en service de ces deux perfusions va rapidement perturber ma mère qui dit, à son auxiliaire de vie, être fatiguée (midazolam ?) puis ne pas se sentir bien (chlorure de potassium ?). Finalement ma mère va défaillir (forte douleur à la poitrine, arrêt cardiaque ?) et décéder devant son auxiliaire de vie.

    Le médecin de garde, que je vais rencontrer peu de temps après le décès de ma mère, ne m’informe pas des deux dernières perfusions.

    En examinant la chambre où vient de décéder ma mère, je constate la présence d’un pousse seringue électrique relié au cathéter intraveineux avec une étiquette où il était marqué un nom :  Hypnovel (midazolam). A ce moment, je ne connais pas la nature de ce produit.

    Je vois aussi la perfusion par gravité de glucose (reliée au cathéter) dont l'enveloppe plastique est déjà bien aplatie ce qui indiquait qu’une quantité importante de glucose avait été déjà perfusée. Je ne sais pas que cette perfusion a une concentration importante de chlorure de potassium. Il me faudra plus d’un an pour comprendre l’importance de cette perfusion, pas aidé par les médecins experts. Par calculs, on constate que l’aplatissement de la poche de glucose n’a pu avoir lieu que si la vitesse de perfusion dépassait nettement 1 g/L, vitesse maximum recommandée pour qu’il n’y ait pas un afflux trop rapide de chlorure de potassium dans le sang.

    Je n’ai trouvé aucun médecin expert pour commenter le protocole sédatif plus chlorure de potassium surdosé. J’aurai recours à un pharmacologue qui rédigera un rapport très détaillé. Il indiquera bien le caractère hors norme de la dernière perfusion de chlorure de potassium et son rôle dans le décès de ma mère.

    Dans le rapport d’analyses toxicologiques, on ne va pas chercher à doser le chlorure de potassium. En voilà la raison.

    Dans la revue Recherche en soins infirmiers n°141 Juin 2020, on peut lire l’article : "Le potassium injectable concentré, emblématique de l’insécurité médicamenteuse des hôpitaux français" signé par Messieurs Bruno Charpiat, Gilles Leboucher, Pascal Maire et Étienne Schmitt.

    En voici un extrait : "Quand on suspecte l’implication du KCl [chlorure de potassium] injectable lors d’un décès, les investigations biochimiques post-mortem s’avèrent infructueuses, même lorsque des analyses de potassium sont effectuées dans plusieurs échantillons biologiques de qualité satisfaisante et rapidement après la mort. L’analyse post-mortem des taux d’électrolytes dans le sang n’est pas valide en raison de la libération de potassium survenant lors de la mort cellulaire. Il en est de même concernant la mesure du potassium vitreux.".

   J’ai porté plainte contre le médecin de garde devant le Conseil départemental de l’Ordre des médecins. La réunion de conciliation sera très décevante. J’ai posé plusieurs fois la question au médecin de garde : "Pourquoi avez-vous prescrit cette dernière perfusion surdosée en chlorure de potassium ?". J’ai été coupé par l’avocat du médecin de garde. J’ai été coupé  par le Président de séance assez brutalement avec ces phrases : "Vous dites n’importe quoi", "Vous vous contredisez", "Vous avez trouvé un os à ronger".

    Un début d’échange sur la prescription se fera une fois. Le médecin de garde me dira :" J’avais prescrit 4 g de chlorure de potassium. On a le droit d’aller jusqu’à 6 g.".

    En tenant ces propos, le médecin de garde se moque ouvertement de moi. Elle ne donne pas le volume des poches qui reçoivent le chlorure de potassium, ce qui est capital. Elle ne donne pas,  non plus, la nature du liquide contenue dans la poche.

     Pour évaluer une perfusion de chlorure de potassium, il faut connaitre le nombre de gramme de chlorure de potassium contenu dans la poche, le volume de la poche : 0,5 L, 1 L et le débit de diffusion.

     Lorsque le médecin de garde dit : "J’avais prescrit 4 g de chlorure de potassium. On a le droit d’aller jusqu’à 6 g.", ça ne veut rien dire.

  4 grammes de chlorure de potassium :

     Si l'on reprend la prescription du médecin de garde, 4 g de chlorure de potassium sont placés dans une poche de 0,5 L de glucidion. Ce liquide glucosé contient déjà, pour 0,5 L, 1 g de chlorure de potassium. Donc il y a, dans la poche de 0,5 L de glucidion, 1 g + 4 g = 5 g de chlorure de potassium. La concentration en chlorure de potassium est de 5 g/0,5 L = 10 g/L (concentration bien au delà des 4 g/L recommandés).

  6 grammes de chlorure de potassium :

     Là encore le médecin de garde ne donne pas le volume du contenant (1 L et certainement pas 0,5 L). Le chlorure de potassium peut dégrader l’état de la veine où il circule s’il est diffusé avec une trop forte concentration. Jusqu’à 4 g de chlorure de potassium par  litre, on a de fortes chances de conserver, en bon état, la veine, où se trouve le cathéter. En utilisant 6g de chlorure de potassium dans 1 L de liquide glucosé ou salé, on prend le risque de "griller" la veine où passe le liquide et de causer de sérieux dégâts. Pour une personne de 99 ans, c’est déconseillé.

    Dire : "J’avais prescrit 4 g de chlorure de potassium. On a le droit d’aller jusqu’à 6 g."est une ruse grossière pour esquiver le caractère létal de la prescription. Si l’on n’a pas un minimum de connaissances sur le sujet, on ne peut pas répondre. Je dirai au médecin de garde qu’elle avait prescrit une concentration de 10 g/L (concentration létale). Je serai à nouveau interrompu par le Président de séance qui me dira : "Vous voulez faire de la médecine mais vous n’êtes pas médecin".

    Je questionnerai une dernière fois le médecin de garde sur cette prescription. Sa réponse sera étonnante : "Et vous, qu’est ce que vous auriez fait à ma place ?". Elle me fixe droit dans les yeux attendant que j’énonce une énormité. Je dirai que je m’en tiendrai aux directives usuelles : concentration ne devant pas dépasser 4 g/L et vitesse de diffusion inférieure ou égale à 1g/h. Comme le médecin de garde n’a pas dit avoir réalisé une euthanasie cachée, la procédure devant le Conseil départemental de l’Ordre des médecins en restera là.

    En novembre 2024, le médecin de garde sera auditionnée par le Juge d’instruction. J’affirme que le médecin de garde a menti à de nombreuses reprises. Le Juge d’instruction ne posera pas directement une question concernant la perfusion létale de chlorure de potassium.

    En mars 2025 mon avocat enverra une lettre au Juge d’instruction pour dénoncer les mensonges concernant le chlorure de potassium et demandera une nouvelle expertise du dossier médical. Pas de réponse pour le moment du Juge d’instruction.

    Pourquoi ma mère a-t-elle fini sa vie à l’hôpital avec une perfusion de chlorure de potassium ?

Pour libérer un lit et préserver l’IP-DMS ? C’est le médecin de garde qui a la réponse.

Est-ce ainsi qu'un médecin hospitalier assassine ?

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