Peut-on mettre l’égalité, celle de la plus universelle, celle qui regroupe toutes les luttes (féminisme, antispécisme, anti-racisme, etc.) sur le même plan que le sauvetage de notre écosystème ?
Note : je précise écosystème parce que quoi qu’il arrive, la terre, elle nous survivra.
Peut-on mettre ces deux luttes sur le même niveau ? Et surtout je me pose la question de l’évolution de ces luttes sur le terrain de la prise de conscience.
Lors d’un précédent billet, déjà, je soulevais la question de l’utopisme. Aujourd’hui, via nos recherches, découvertes de temps à autre, et alertes hebdomadaires, il est bon ton de s’interroger sur la stratégie.
Il y a celle, de plus en plus admise, de la nécessaire prise de conscience. Le principe est simple : pas de changement d’attitude sans prise de conscience. Un alcoolique pourrait-il arrêter un jour de boire s’il ne prenait pas d’abord conscience de son penchant immodéré pour l’alcool ?
Ça c’est la logique.
L’humanité, ainsi, pourrait prendre conscience des enjeux climatiques et sociétaux. Problème, il y a eu le déni. Et il a duré longtemps.
Nous en sortons. Progressivement. Trop lentement diront certains.
Et là, nous avons ce problème que rencontre les adeptes du développement personnel et des astuces de productivité : le sujet de l’atteinte de l’objectif.
Et que fait-on quand l’objectif paraît impossible à atteindre ? Et bien, on le revoit à la baisse. En développement personnel, on appelle cela, n’en déplaise aux antispécistes, « découper l’éléphant ».
Aujourd’hui, le décalage est assez criant entre les prévisions, et surtout les préconisations du GIEC, et nos trop timides « réalisations ».
Concernant les inégalités, c’est quasiment la même. Parmi la tonne d’exemples, je pourrais prendre, allez au hasard, celui du racisme. Tout le monde (à peu près) a conscience du problème mais les actions politiques concrètes sont aussi bruyantes qu’un agent secret en filature.
Maintenant, il y a une autre façon d’aborder les choses. Je l’observe chez les grands entrepreneurs et certains militants.
Au moment où j’écris ces lignes, je n’ai pas vraiment trouvé le mot idoine pour définir cet état d’esprit. Il se situe entre une forme de courage, une bonne dose d’inconscience et le tout est enveloppé dans une obsession tenace.

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Et, j’insiste, c’est une alliance plus ou moins fine des trois. Je mets bien courage et inconscience dans la même gamelle, parce qu’il y a bien une conscience des enjeux et de l’immensité de la tâche à accomplir.
En revanche, j’ai immensément besoin d’inconscience et d’obsession car tout individu « rationnel » renoncerait. Nous parlons tout de même de changer le monde. Et l’énergie nécessaire pour concevoir un tel projet tient, ô grand minimum, de l’obsession.
J’ai besoin d’inconscience car une parfaite conscience des difficultés à venir ferait renoncer tout individu. Je peux éventuellement vous convaincre d’écoper un point d’eau pendant des semaines. Le jour où vous découvrez que le point d’eau est un océan, très probablement que vous me rendrez ma cuillère en m’invitant à aller me faire voir.
C’est ainsi qu’avec ce curieux mélange, nous avons des militants écologistes qui s’attaquent à des puissantes multinationales, des entrepreneurs qui désirent coloniser l’espace, etc.
Allez si je devais tenter l’exercice réunissons toutes ces « caractéristiques » sous l’ombrelle « douce folie ».
Accessoirement dans tous les cas, j’observe que nous ne progressons pas plus vite dans l’amélioration dans nos rapports avec autrui qu’avec les animaux non humains ou avec notre environnement.
Quel que soit le défi, il ne faut pas manquer de moyen dans son ambition.
Douce folie ou rationalité
Avant de développer, notons juste que la « douce folie » a un inconvénient, sans doute majeur : sa radicalité.
En soi, cela ne serait pas si un sujet s’il n’était pas question d’enclencher un mouvement suffisamment fort pour entraîner, tel un fleuve débordant de son lit, tout ce qu’il touche. La radicalité n’est en soi ni mal, ni bien (mon avis en détail sur la question ici : "Et si le problème de cette planète était le manque de radicalité"). Sa principale difficulté est d’expliquer son intérêt aux non-initiés.
Si, en revanche, nous en revenons à la méthode du découpage de l’éléphant ou des « petits pas » (coucou Nicolas Hulot), nous avons alors un problème de prise en compte de l’urgence.
Je pourrais en rester là.
Dans le développement personnel, pour changer une habitude, parce qu’au final c’est de cela dont il s’agit -changer nos comportements-, il n’y a malheureusement (ou heureusement) pas une méthode.
Pour arrêter de fumer, certains auront besoin d’arrêter progressivement, quand d’autres auront besoin d’arrêter du jour au lendemain.
Pour l’anecdote, mon père, lui, s’est arrêté du jour au lendemain où il m’a surpris, j’étais alors en bas âge, en train de confondre goûter et mégots de cigarette…
Donc il existe aussi cette troisième voie. Peut-être intermédiaire. Cette voie serait une violente prise de conscience provoquée par un brutal événement.
Sans vouloir jouer l’oiseau de mauvais augure, si l’on veut rassembler un maximum d’individualités sous une même bannière, c’est cette voie-là qui me paraît la plus intéressante.
Je ne sais pas si notre écosystème aura le temps de patienter quant à l’émergence d’une bonne volonté commune.
Je ne sais pas si une partie de l’humanité aura la patience que la partie minoritaire, celle qui dirige, se décide à agir.
Conclusion

Quelle que soit l’issue, douce folie, rationalité ou incident marquant, et si je reprends ma grille d’analyse psychologique centrée sur l’individu, tout est bon à prendre.
L’essentiel étant qu’il y ait une évolution ; même lente.
Idéalement, la réflexion précède l’action. Mais face à autant d’inconnues, et surtout face à de tels enjeux, mieux vaut agir tout de suite, quitte à se tromper et ensuite réitérer dans un objectif de s’améliorer. Le pire étant, je me permets d’insister, de ne rien faire.
Michaël Capgras - CEO du réseau d'affaires You Work Here
Mon blog professionnel : Savoir réseauter
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