Rentrée des clashs
épisode 4 - « le coup de grâce ... » - année 2019
Pour accéder aux épisodes précédents :
épisode 1 « les signes avant-coureurs »
épisode 3 : « l’administration réagit enfin … ou pas ... »
Nous voici entrés maintenant dans la phase contentieuse de l’affaire.
Mais il est important de rappeler que cette dimension de « l’instruction du dossier » ne peut véritablement être distinguée, sinon de manière intellectuelle et un peu artificielle, de la dimension banale et quotidienne du vécu professionnel : C’est la même personne, le même cœur et le même cerveau, qui évolue sur les deux tableaux . C’est le même homme qui s’y débat, et ces deux domaines vont fatalement s’entrelacer, et même interférer.
Il saute aux yeux que la relation hiérarchique était hautement altérée par la situation.
Il n’aurait plus été question que je me trouve en face à face avec le Proviseur, sans témoin de confiance, et, visiblement, le proviseur, de son côté, ne me convoqua plus dans son bureau … à croire que mes appréciations sur les bulletins était devenues irréprochables !
Je fus convoqué au commissariat de Béthune pour enregistrer ma déposition dans le cadre de ma plainte pénale, et il est probable que le proviseur le fut aussi de son côté. Mais il ne s’agissait alors que d’une plainte contre X.
Je fis part du courrier officiel de refus d’attribution de la protection fonctionnelle à ma représentation syndicale, qui rédigea un courrier pour ma défense :
réaction syndicale CGTCe courrier n’amena aucune réponse ni aucune réaction de la part du Rectorat, pas plus que ma propre réponse :
réponse au rectorat 05/05/2019C’est donc dans une ambiance de grande méfiance, et de stress permanent que s’acheva l’année scolaire 2018/2019, au cours de laquelle je vécus dans la hantise de voir un nouvel incident, dans l’une de mes classes, venir accréditer l’image que le proviseur voulait que l’on se fasse de moi.
Ce n’est pas pour autant que je modifiais quoi que ce fût dans ma pratique d’enseignement, et mes élèves de cette année-là, si je peux supposer qu’ils me trouvaient parfois un peu tendu, au regard du nombre de nuits sans sommeil qu’il me fallut passer, reçurent de ma part la même « prestation pédagogique » que toutes les années précédentes, et aucun incident ne vint troubler la deuxième moitié d’année scolaire, tout particulièrement dans la 1ère S4, qui avait été annoncée comme "future sinistrée" dans les courriers de parents …
Je gardais aussi la même attitude vis à vis du corps des Inspecteurs de mathématiques, c’est à dire que je choisis de garder ma liberté de ton et de parole, au moment précis où s’annonçaient les effets de la réforme du lycée et celle du Baccalauréat.
À l’annonce d’un rassemblement des enseignants de maths de notre bassin, organisée par l’inspection pour informer et répondre aux questions éventuelles sur l’évolution des programmes, je ne me privai pas de transmettre aux organisateurs un courrier qui leur décrivait en détail mes interrogations sur les incohérences que j’y décelais.
réflexions réforme lycéesL’année s’achevant, je rédigeais, comme les années précédentes un courrier tenant lieu de « vœux pour la rentrée suivante. »
fiche de voeux 2019Une mention importante est à remarquer, concernant la demande d’adaptation de mon service à des difficultés grandissantes de mouvement, liées à une opération au genoux subie en 2004 et 2006, qui, l’âge avançant, rendait chaque année plus pénible les changements de salle, dès lors que le déplacement comportait une longue marche pour changer de bâtiment ou un franchissement d’escalier pour changer d’étage …
Cette mention ne fut pas prise en compte, ni cette année, ni la suivante, et le proviseur ne trouva même pas opportun de s’en justifier . Je devais me contenter de son silence méprisant !
Deux jours plus tard, après le conseil d’enseignement, je transmis un autre courrier afin de refuser officiellement, sans contestation possible, qu’il me soit attribué des heures « d’enseignement scientifique » en 1ère. Je pris soin de mentionner les textes réglementaires sur lesquels s’appuyait mon refus, ainsi que le fait que ce refus était pour moi en lien direct avec l’impossibilité que l’on m’opposait d’enseigner les maths en Terminale scientifique.
lettre refus enseignement scientifiqueOn voit par là que je n’avais nullement l’intention de laisser tomber ma revendication d’être traité de manière juste et impartiale …
Cela n’empêcha pas le proviseur de « garder le cap », en ce qui me concernait, en matière d’attribution de classes. On peut même dire que le soutien sans faille qu’il avait récemment obtenu du rectorat l’incita à passer la surmultipliée, comme on le verra les années suivantes.
En attendant, en cette fin juin 2019, je disais « au revoir » à ma classe de 1ère S4, avec la satisfaction du devoir accompli : tout le programme avait été vu …
L’année suivante, ces élèves allaient être distribués en fonction de leurs spécialités choisies dans diverses terminales, confiées à des collègues. Et, cette année de terminale allait s’avérer particulièrement bousculée par l’épisode Covid, qui les priva d’une bonne partie du temps scolaire.
On peut en déduire que, si, comme l’annonçaient les courriers de parents, mon intervention avait vraiment compromis leurs chances, en fin de terminale, on aurait pu s’attendre à une hécatombe à l’examen final … et qu’en fut-il exactement ?
Le document suivant fournit les statistiques de la classe en comparaison des moyennes académiques et nationales, et montre que les élèves issus de la 1ère S4 ont eu des résultats bien meilleurs que ces deux moyennes !
réussite comparée au bac des élèves de la 1S4100 % de réussite ! 83,33 % de mentions !… Et, si l’on ne s’intéresse qu’aux enfants des parents signataires des courriers de plainte, c’est encore plus flagrant : 4 mentions TB et une mention AB sur les 5 élèves concernés … où sont les lacunes insurmontables auxquelles mon enseignement les destinait ?
Attention … Je ne prétends certainement pas m’attribuer la gloire de ces résultats. C’est le travail des élèves qui est récompensé, c’est leur niveau qui est évalué.
En revanche, cela me permet assurément de mettre en défaut les affirmations proférées sur les courriers de parents qui dénigraient mon enseignement, et qui évoquaient les risques que je faisais porter à mes élèves …
À la lumière de ces résultats, il m’aurait semblé approprié qu’un représentant de l’autorité administrative prenne acte de ce que ces accusations étaient infondées, et me garantisse une confiance entièrement restaurée auprès du proviseur …
Mais ne rêvons pas ! Cela n’arrive que dans des institutions qui attachent de l’importance aux notions de confiance et de probité.
Or il est assez largement établi désormais que l’expression « école de la confiance » instaurée par Monsieur Blanquer n’est qu’un slogan, doublé d’un oxymore.
... Je m’emballe …
Pour pouvoir conclure sur le devenir de ma classe prétendument « sinistrée » par mon enseignement en 2018/2019, j’ai sauté une année qui allait apporter, elle aussi, sa palanquée de surprises et de coups fourrés ... Revenons donc à la rentrée 2019.
Alors que, depuis bien avant mon arrivée au lycée, les collègues titulaires de mathématiques avaient toujours opté pour une répartition des classes de secondes pour optimiser l’attribution de l’heure « de première chaire » chaque enseignant se voyant attribuer une, et une seule, classe de seconde, en cette rentrée 2019, devinez quel professeur s’en vit attribuer deux, sans que cela ne choque personne d’autre que lui ? Gagné, ce fut votre serviteur !
Et on m’affecta une section de spécialité maths, en 1ère Générale, pour compléter mon service. Sans doute trouvait-on que me réserver trois classes de seconde en tout et pour tout serait une punition trop voyante.
Devant cette décision, et devant le constat que mon dossier contentieux n’amenait aucune réaction de l’administration rectorale, qui jouait la montre en se gardant bien de répondre à mes écritures alors qu’elle avait dépassé les deux mois de délai réglementaires, je décidai le 17/09/2019, de m’adresser directement au Ministre de l’éducation en poste, Monsieur Blanquer, pour lui demander son intervention dans mon litige. Je mis tout mon cœur et toute mon âme dans ce courrier que je transmis par la voie hiérarchique …
lettre au ministre 17-09-2019J’ avais exprimé très clairement dans ce texte qu’il m’était devenu impossible de continuer à enseigner si l’institution refusait de me soutenir en me témoignant sa confiance dans l’épreuve que je subissais. J’évoquais même l’éventualité d’une rupture conventionnelle !
Mais, comme je le prévoyais, aucune réponse écrite, ne me fut adressée, à quelque niveau que ce soit.
En revanche, une phrase de mon courrier suscita une réaction de mon proviseur, qui sollicita un entretien pour en parler.
Comme il n’était plus question que je le rencontre sans un témoin de confiance, une collègue accepta de m’accompagner à cet entretien qui fut organisé deux jours après l’envoi de mon courrier.
En fait la raison officielle de cet entretien était pour le proviseur de me suggérer l’intervention du service de médecine de prévention du rectorat. C’est mon allusion « la conscience professionnelle, lorsqu'elle est « chahutée » injustement, est, dans notre société moderne, et tout particulièrement dans la profession d'enseignant, l'un des vecteurs les plus important dans l'apparition du stress professionnel... », qui avait attiré son attention …
Je le rassurais sur la question de ma santé, mais je souhaitais profiter de la situation pour évoquer les problèmes présents et passés et entendre ses éventuelles explications.
J’ai rédigé après l’entretien un Verbatim de la réunion dont voici un extrait :
extrait du verbatim de l'entretien du 19-09-2019On peut y observer toutes les incohérences dans l’attitude du proviseur, et ses difficultés à justifier ses décisions et son comportement … Il me reconnaît une conscience professionnelle sans tache, et un niveau de compétence dans ma discipline supérieur à celui des collègues, mais prétend accorder du crédit aux « conversations entre deux portes » avec des collègues, ou aux allégations d’un courrier, qu’il a lui-même suscité, en disant aux auteurs que je ne finissais pas le programme et que c’est pour cela qu’il ne m’accorde jamais de terminale !…
Autant dire que nous ne nous sommes pas quittés bons amis …
Et la semaine suivante, une nouvelle « affaire dans l’affaire » allait démarrer… Voici comment :
Le mercredi 25/09/2019 au matin, je reçois un appel téléphonique de ma sœur, qui habite Valencia (Espagne) et qui m’annonce que notre mère, qui loge chez elle, est, depuis la veille, aux soins intensifs de l’hôpital de LLIRIA, avec pronostic vital engagé suite à un accident respiratoire et cardiaque intense dû à un épanchement soudain et massif de liquide péricardique.
J’appelle immédiatement le lycée pour demander une autorisation exceptionnelle d’absence, tout au moins pour les journées du jeudi et vendredi suivant, ce qui me libérait 5 jours (je n’avais pas cours le lundi) afin de me rendre au chevet de ma mère.
La loge du lycée, qui prit mon appel, ne put me mettre en ligne avec le proviseur, mais elle transmit l’information et me rappela pour me dire que « l’autorisation était accordée et qu’on régulariserait cela à mon retour... ».
Je me rendis donc en Espagne, et, compte tenu de l’évolution favorable de la santé de ma mère, qui, sur les quelques jours passés là-bas avait repris connaissance, puis était parvenu à se passer du respirateur et même à reprendre des forces suffisantes pour faire quelques pas, j’étais de retour le 30/09 comme convenu, et je reprenais les cours le lendemain, en ayant déjà prévu de retourner près de ma mère aux vacances de Toussaint qui approchaient.
Je me tins à la disposition du proviseur en ce qui concernait la « régularisation » évoquée, persuadé que cela se limiterait à fournir une attestation de présence fournie par l’hôpital de manière à prouver à la fois la motivation de l’absence, et le fait que je m’étais bien rendu là où je l’avais annoncé.
J’étais d’autant plus confiant que, trois ans plus tôt, à l’occasion du décès de mon frère, j’avais déjà bénéficié d’une telle autorisation d’absence exceptionnelle pour évènement familial grave.
Cette fois-là, le jour-même de mon retour au lycée, le proviseur de l’époque se déplaça pour venir me trouver dans la salle de travail que j’occupais pendant une heure de permanence, afin de me présenter personnellement ses condoléances, et je n’eus à fournir d’autre document que l’attestation des pompes funèbres (qu’il mit d’ailleurs dans sa poche sans même y jeter un coup d’œil!).
Mais, cette fois-ci, il semble que l’aspect « politesse et mondanités » n’était plus à l’ordre du jour, et le « protocole » fut très différent :
Pendant une semaine, rien ne se passe ; au point que j’en déduis que l’administration n’a même pas besoin de ma preuve de présence à l’hôpital pour valider mon absence.
Et puis, le 08/10 au matin, je trouve dans mon casier un papillon m’invitant à passer au secrétariat, sans autre explication. Je m’y rends pendant la récréation, et la secrétaire me demande un document justificatif de mon séjour, suite à mon absence. Je l’ai sur moi, je le lui remets …
Elle me demande aimablement comment va ma mère, et je lui donne des nouvelles. Merci, au revoir… Je pensais, dès lors, la « régularisation » achevée, et il aurait dû en être ainsi , mais, un peu plus tard en allant à mon casier chercher des documents pendant une heure où je n’avais pas cours, je constate que la secrétaire est repassée y mettre un document avec un post-it .
Le post-it m’invite à remplir le document en question qui s’avère être un "imprimé maison" intitulé : « demande/régularisation d’autorisation d’absence ».
imprimé régularisation absenceDans sa partie supérieure, l’enseignant est censé indiquer les heures où il sera (ou a été) absent, et proposer lui-même les créneaux pour le rattrapage des heures … Après quoi seulement, et au vu de ces propositions, le document est visé par le chef d’établissement qui choisit entre trois options :
- Autoriser l’absence (sans récupération)
- Autoriser l’absence avec récupération
- Refuser l’autorisation
Le point fondamental à rappeler est que ce document est visiblement conçu pour les demandes d’autorisation d’absence ordinaires, c’est à dire celles « pour convenances personnelles ». La procédure d’autorisation d’absence exceptionnelle pour évènement familial grave n’entre pas du tout dans ce schéma : Son autorisation doit être préalable à l’absence et la récupération des heures perdues durant l’absence ne se pose, en principe, même pas au chef d’établissement !
Pourtant on me demandait bien, en me fournissant ce document à compléter, dans quels créneaux je comptais rendre les heures perdues …
Je ne saurais décrire le choc que cela fut pour moi devant un tel constat …
Après avoir commencé à compléter le document, en bouillant intérieurement, je m’isolais dans une salle de travail et je passais l’heure de pause méridienne à chercher toute la documentation réglementaire sur la question des autorisations, au lieu d’aller me restaurer et me détendre … C’est là que j’appris les modalités légales de ces absences « exceptionnelles » et l’énormité du toupet qu’il fallait à un chef d’établissement, pour oser seulement évoquer la récupération des heures !
Et puis, il était l’heure d’accueillir une de mes classe de seconde …
Au fur et à mesure que la classe se remplissait, je sentis monter en moi une angoisse, une anxiété, irrépressible …
J’avais beau essayer de la contenir en démarrant mon cours, les élèves sentaient bien que je n’étais pas dans mon état normal, et cela amplifiait encore mon angoisse, m’obligeant à arrêter les phrases en plein milieu, parce que je manquais d’air, et quelques secondes plus tard à éclater carrément en sanglots devant leurs regards navrés et surpris …
J’ignore où je trouvai la force de leur dire que je n’allais pas pouvoir poursuivre le cours, que j’étais désolé mais que je devais aller demander à un assistant de se charger d’eux pour le reste de l’heure … Je descendis à la loge, en pleurs, et j’expliquai que je me sentais très mal …
L’infirmière n’étant pas là, je souhaitais pouvoir rentrer chez moi me reposer, et je lui demandais justement de s’occuper de contacter un assistant lorsque l’un d’entre eux passa. Je le renseignai sur la salle et la classe à surveiller et il y monta de suite …
Le personnel de la loge, me dit que je pouvais partir, qu’elle s’occupait de prévenir l’administration …
Il me fallut bien 5 à 10 minutes pour reprendre un peu le contrôle de ma respiration et de mes nerfs, enfermé dans mon véhicule, avant de prendre la route.
Arrivé chez moi, c’est encore au milieu de sanglots que je racontais à ma femme ce que je venais de vivre. Elle me donna du Lexomil, et me mit au lit d’autorité !
Je dormis jusqu’à 20 heures … Ma femme m’annonça alors que le proviseur avait essayé de me joindre au téléphone, et qu’elle avait refusé de me réveiller pour lui !
Je constatai que ma classe de seconde avait envoyé un message à mon intention sur l’Espace Numérique de Travail … Cette gentille attention me mit du baume au cœur.

Agrandissement : Illustration 10

Je dînais d’un bol de bouillon, et je me recouchais aussitôt.
Et le lendemain matin, à 8 heures, mon médecin traitant me prescrivait un arrêt de travail sur la base de ses constatations indiquant « burn-out – Syndrome Dépressif ».
Cet arrêt qui me conduisit jusqu’au vacances de Toussaint, fut à la fois le premier et le plus bref, parmi tous ceux qui me seront comptabilisés au titre de CITIS (Congé d’Incapacité au Travail imputable au Service ).
Mais il fallut 15 mois de litige avant de faire admettre à l’administration l’imputabilité au ,de ma pathologie, et de cet accident !
Et durant cette période, que de désillusions encore ... que de « coups pendables » il me faudra encore encaisser …
Au point que c’est à cette date précise du 08/10/2019 que je situe aujourd’hui mon « entrée officielle et brutale dans la vieillesse » !
Avant ce jour, et malgré les difficultés rencontrées, j’étais toujours resté jovial, optimisme de nature, et j’avais toujours gardé à la fois la volonté d’être en toute occasion un enseignant respectueux et respectable, et aussi le sentiment d’être resté un enseignant respecté.
À partir de ce 08/10/2019, je n’étais plus, mais plus du tout, le même homme …
Lorsque j’y pense, ce sont les vers de Nerval qui me viennent en tête :
« je suis le ténébreux, le veuf, l’inconsolable ... », poème dont le titre, « El desdichado », traduit encore mieux mon sentiment de l’époque que sa traduction banale en français de « malheureux », par son côté fatal, sa dimension de « mauvais sort », d’inévitable ...
Ma vie professionnelle, qui venait de se partager en deux « feuillets » quelques mois plus tôt ( la dimension « relations humaines », et celle de la procédure juridique), prenait encore un étage avec son feuillet « santé » ; un peu comme les dessins animés sont le résultats de plusieurs calques qui se superposent.
Ma vie professionnelle devenait, en quelque sorte, un dessin animé. Mais ce dessin animé était si triste, en le vivant de de l’intérieur, que j’avais du mal, au quotidien, à lui reconnaître la dimension de farce qu’il avait cependant déjà …
Tant d’années à penser que, dans le temple de la pensée, de la science, et de la raison, que je voyais en l’institution scolaire, la bêtise crasse et la méchanceté gratuite venant de la part d’un supérieur hiérarchique, ne pouvaient êtres tolérées, encore moins défendues … que la raison et le droit devaient toujours l’emporter, par principe, par nécessité, parce que c’est justice, sur les manœuvres, les passe-droits, les abus de pouvoir…
Tant d’années à me dire qu’en France, ce grand pays démocratique, l’égalité en droits des citoyens est gravé au frontispice de chaque mairie, et érigée comme l’une des principales valeurs républicaines que l’on enseigne à l’école comme l’un des piliers de notre civilisation … Que si les enseignants n’y croient pas eux-mêmes, qui donc va en convaincre leurs élèves ?
… Et moi qui croyais à tout cela … Quelle farce !!!
Comment pouvais-je imaginer que les pires voyous, se trouvaient précisément dans les sphères du pouvoir, dans les postes « à responsabilité » des administrations, et jusque dans les ministères ?…
Couvrir des faits répréhensibles dont on a connaissance, commis par des cadres de l’éducation nationale, en empêchant leurs victimes de pouvoir en demander réparation devant une Cour, n’est-il pas une des formes les plus graves de complicité de ces mêmes actes ?
Le moment est bien choisi pour deux rappels :
1) Qu’on me pardonne de reprendre d’abord mon propre texte, extrait de ma lettre adressée, quelques jours avant les incidents, au Ministre. « la conscience professionnelle, lorsqu'elle est « chahutée » injustement, est, dans notre société moderne, et tout particulièrement dans la profession d'enseignant, l'un des vecteurs les plus important dans l'apparition du stress professionnel ».
Cette phrase n’avait-elle pas quelque chose de prémonitoire, maintenant que l’on voit l’impact sur ma santé qu’a déclenché un simple imprimé à remplir, compte tenu du contexte ?…
Cet imprimé fut juste l’étincelle … L’ambiance organisée par mon chef d’établissement au cours des mois précédents est par contre le combustible, répandu massivement autour de moi, intentionnellement, pour que ça pète …
Et par de nombreux signaux d’alerte, je n’ai cessé de hurler « ça pue l'essence !... » dans l’indifférence générale ...
2) L’autre rappel est plus général, puisqu’il s’agit d’une simple définition juridique :
En droit pénal, on définit le harcèlement moral au travail en disant qu’il « se manifeste par des agissements répétés pouvant entraîner, pour la personne qui les subit, une dégradation de ses conditions de travail pouvant aboutir à
-une atteinte à ses droits et à sa dignité,
- ou une altération de sa santé physique ou mentale,
- ou une menace pour son évolution professionnelle. »
Qui peut nier qu’à ce point de mon récit, j’étais déjà en situation de suspecter un harcèlement moral auquel me soumettait mon chef d’établissement ?
Tout cela pour dire que, dans les semaines qui suivirent l’accident de service du 08/10/2019, le ton allait changer, il ne s’agira plus d’« appels à l’aide », mais de réclamation de droits ; et si j’étais très affaibli nerveusement et physiquement, je n’avais rien perdu de mon intention de retrouver ma dignité d’enseignant, et d’obtenir la réparation des préjudices …
C’est ce que je raconterai dans ma prochaine chronique.
Merci pour votre attention
À la prochaine !
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