Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

316 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 février 2017

Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

Podemos : la fin?

La deuxième Assemblée générale de Podemos, dite « Vistalegre 2 », qui se tiendra à Madrid les 10, 11 et 12 février signera-t-elle la fin de « l’illusion lyrique » née le 15 mai 2011 sur la Puerta del Sol ?

Nestor Romero (avatar)

Nestor Romero

Enseignant... encore un peu

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

VIDEO Intensa discusión entre Iglesias y Errejón en el Congreso © Noticias ultima hora

L’accord n’a pas été possible, il y aura donc trois contributions et trois listes en présence à cette nouvelle Assemblée qui se voulait, se veut peut-être encore, refondatrice : « Podemos para todas » de Pablo  Iglesias, « Recuperar la ilusión » menée par ĺñigo Errejón et « Podemos en movimiento » des « anticapitalistas » (anticapis) menée par le député européen Miguel Urbán.

Inutile de revenir ici sur les raisons politiques et stratégiques de ce « déchirement » qui ont fait l’objet de deux billets que l’on peut trouver ici et . Inutile car il apparaît de plus en plus, en effet, que les raisons ne sont ni politiques ni stratégiques mais se situent dans l’affrontement de deux personnes, de deux personnalités celles de Iglesias et de Errejón.

La démission de Carolina Bescansa, l’une des fondatrice de Podemos et secrétaire nationale, et de Nacho Álvarez, secrétaire à l’économie, mercredi 1° février, confirme s’il était besoin qu’il s’agit bien d’un conflit de personnes prétendant toutes deux au pouvoir dans l’organisation : Podemos, dit Bescansa, est bien plus que l’opposition entre deux personnes. Nous avons créé Podemos mais Podemos ne nous appartient pas, ajoute-t-elle.

De son côté Juan Carlos Monedero, autre cofondateur du parti mais démissionnaire de la direction, en 2015, pour d’obscures raisons fiscales et soutien de Iglesias, n’y va pas par quatre chemins. Ce que veut Errejón, lance-t-il, c’est commander (mandar) ! C‘est la raison, explique-t-il pour laquelle il présente une motion qui ôte tout pouvoir réel au secrétaire général (Iglesias) au profit du secrétaire politique (lui-même) et joue les modestes en affirmant qu’il ne postule pas au secrétariat général.

Puis apostrophant Errejón, il lance : « ce qui serait honnête, ĺñigo, c’est que tu te présentes, toi, (au secrétariat général) et que tu exposes ton projet aux adhérents, que tu dises ce que doit être la relation avec IU (communistes), avec les écolos, avec le PSOE et que tu dises clairement que tu veux être le Secrétaire général ».

Miguel Urbán, tête de liste des « anticapis » confirme dans un entretien accordé au très podemiste site « Público » que  c’est bien d’une lutte pour le pouvoir qu’il s’agit et que Errejón n’a d’autre but que de remplacer Iglesias à la tête du parti mais qu’il ne postule pas immédiatement parce que, selon lui, le moment n’est pas propice.

Quant aux causes de ce déchirement elles sont, selon Urbán, à rechercher dans la démarche politique mise en œuvre par les deux antagonistes dès la création de Podemos. Cette ligne politique Iglesias la définit abruptement certes mais d’autant plus significativement quand il s’exclama à la tribune de la première assemblée de Vistalegre en octobre 2014 par référence à Marx et à la Commune de Paris : « El cielo no se toma por concenso sino por asalto » (Le ciel ne se prend pas par consensus mais se prend d’assaut).

Et ils partirent à l’assaut, à l’assaut des médias particulièrement des télévisons où ils firent merveille, où ils se révélèrent comme des communicants hors pair. Ils construisirent pour cela « une machine de guerre électorale » comme dit Urbán, grâce à laquelle ils triompheraient rapidement aux élections générales. Mais, pour mener cette machine il était nécessaire de solliciter ce que Urbán qualifia dès la première assemblée en 2014 une « logique plébiscitaire ».

 C’est « cette culture politique inaugurée par Pablo et ĺñigo qui a provoqué la rupture » tranche Miguel Urbán. Et il se pourrait bien qu’il en soit ainsi car ils furent en effet plébiscités mais ils ne parvinrent pas "jusques aux cieux".

Ils goûtèrent cependant à l’ivresse des cimes comme aurait dit Zarathoustra et à la jouissance d’être sur scène provoquant par leur verbe l’adulation du peuple, ils goûtèrent à cette substance euphorisante qui se nomme pouvoir et tombèrent sans doute dans une certaine forme d’addiction à l’instar de ces « caudillos » d’Amérique Latine qu’ils ont tant admirés.

Est-ce donc la fin de Podemos de ce Podemos issu de la « revolución ética » des « indignados » de la Puerta del Sol et la naissance d’un autre Podemos, un parti comme les autres, parfaitement intégré, un parti qui « no nos representa » ? Vistalegre 2 nous le dira sans doute.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.