Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il1…
donne la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Acteur associatif indépendant, l’Observatoire international des prisons - section française (OIP) connaît de sérieuses difficultés financières susceptibles de réduire considérablement sa capacité d’intervention. L’association en appelle au soutien de toutes et tous pour lui permettre de maintenir ses actions.
Plus de quatre personnes détenues sur dix sont des pères de famille. Une part d'identité souvent occultée dans le système binaire et viriliste organisé par la prison.
Les réformes de ces dernières années multiplient les possibilités de prononcer des aménagements de peine. De nouvelles voies s’ouvrent au placement à l’extérieur mais, rapides et concentrées sur les plus courtes détentions, elles sont semées d’embûches pour une mesure qui demande du temps.
Marion* est en placement à l’extérieur depuis près d’un an à la ferme Emmaüs de Baudonne, qui accueille et accompagne une douzaine de femmes. Alors que l’heure du départ approche, elle décrit les étapes contrastées de son cheminement personnel, la place qu’y prend le travail, et les défis d’une vie collective dans laquelle elle s’est beaucoup impliquée.
La diversité qui caractérise le placement à l’extérieur vaut aussi pour son public. S'il est l'un des seuls aménagements de peine accessibles aux personnes les plus précaires et isolées, il n'est pas pour autant à la portée de tous. Et la rareté des structures d’accueil le rend d’autant plus sélectif.
Samra Lambert, secrétaire permanente du Syndicat de la magistrature (SM), plaide pour des politiques de juridiction volontaristes en faveur du placement à l’extérieur. Pour l’ancienne juge de l’application des peines (Jap), cette mesure incarne une justice collaborative et centrée sur le parcours de la personne condamnée. Aux antipodes des automatismes d’un système tourné vers l’emprisonnement.
Le financement précaire des associations qui encadrent des placements à l’extérieur en met beaucoup en péril et en décourage d’autres de s’engager. Va-t-il enfin évoluer ?
En placement à l’extérieur, la personne condamnée est tenue de veiller elle-même au respect de ses obligations et de se concentrer sur la préparation de sa vie future. Plongée dans une zone grise qui peut avoir des airs de liberté mais qui n’en est pas une.
Après dix ans de prison, Ali est en placement à l’extérieur depuis deux mois, en région parisienne. Hébergé par une association qui le soutient dans ses démarches administratives, il cherche un travail et reprend progressivement ses marques.
Le placement à l’extérieur a beau exister depuis longtemps, il reste l’aménagement de peine le plus méconnu et le moins prononcé. Sa dimension davantage socio-éducative que purement sécuritaire est pourtant largement plébiscitée par les professionnels. Mais peut-être est-ce justement cette approche qui le rend pour l’instant si marginal, dans un système pénal français écrasé par la prison ?