Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il donne…
la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Dans le cadre des États généraux de la justice, l’administration pénitentiaire a organisé en novembre et décembre une consultation des personnes détenues. Alors que l’administration fait traditionnellement si peu cas de la voix des prisonniers, cette entreprise, qu’il convient de saluer, projetait de recueillir leur parole de manière libre et objective...
Monsieur T., détenu à la prison du Mans, a été sanctionné, en janvier 2022, pour avoir initié une pétition. Son cas n’est pas isolé : en prison, prendre la parole sans y avoir été invité par la direction, qui plus est pour porter des revendications collectives en les couchant à l’écrit, est hautement subversif.
En prison, l’expression collective est au mieux bridée, et toute forme d’action collective réprimée. Dans ce lieu atomisant, les droits collectifs – celui de s‘associer, de se syndiquer – restent aujourd'hui encore des chimères.
En 2015, la loi finlandaise a été modifiée afin d’autoriser l’accès à Internet dans les prisons. Depuis, l’administration pénitentiaire s’active pour en garantir la bonne application et mise de plus en plus sur le développement des nouvelles technologies, pour les mettre au service des personnes détenues mais aussi de la gestion de la détention.
L’usage d’Internet et l’accès à des services dématérialisés sont-ils incompatibles avec la prison ? Non, si l’on regarde ce qui se passe à travers le monde, où les nouvelles technologies sont régulièrement mises au service des personnes détenues. Une tendance qui s’accélère, malgré des préoccupations sécuritaires parfois tenaces. Tour d’horizon non exhaustif.
Les personnes détenues n’ayant pas accès à Internet en détention, toutes les démarches en ligne liées à la réinsertion leur sont inaccessibles. Elles sont ainsi placées dans une situation de dépendance à des tiers, au péril de l’exercice de leurs droits, et de leur réinsertion.
La télémédecine semble aujourd’hui en passe de se développer en prison. Attendue par certains comme une solution aux lourdes carences qui minent l’accès aux soins des personnes détenues, son usage en détention soulève néanmoins des questions éthiques non résolues.
Poussée par le contexte sanitaire, la visio-audience fait une percée significative dans les tribunaux. Depuis leur lieu de détention, les personnes incarcérées sont ainsi entendues par les magistrats à travers un écran. Malgré des progrès techniques, ce dispositif qui répond essentiellement à des besoins économiques et pratiques, ne permet qu’une justice dégradée.
Expérimentée à partir de 2018, la visiophonie est maintenant présente dans la majorité des prisons. Gratuit pendant la crise sanitaire, le dispositif a eu un certain succès auprès des détenus alors coupés de leurs proches. S’il a aujourd’hui vocation à permettre le maintien des liens familiaux au même titre que les parloirs et le téléphone, son coût élevé est un frein important à son utilisation.
Expérimenté dans trois prisons, le Numérique en détention (Ned) constitue un véritable progrès pour les prisonniers. Le périmètre de ce projet manque cependant d’ambition, les pistes de développement semblant encore largement hypothétiques. Quant à sa généralisation, elle n’est prévue que pour 2024, au mieux...