Version numérique de la revue Dedans-Dehors, ce blog informe sur les conditions de détention en France. Il décrypte les politiques pénales et pénitentiaires, ainsi que leurs effets sur le terrain. Il donne…
la parole aux témoins quotidiens de la prison : les détenus et leurs proches venant au parloir, les professionnels et intervenants en détention (personnels pénitentiaires, médecins, enseignants, associations, chercheurs…). Des informations et paroles qui reflètent une toute autre réalité que celle des faits divers. Cet envers du décor, où se cachent les dégâts et effets contreproductifs de l’approche répressive, dans laquelle médias et politiques ont enfermé le débat public. www.oip.org
Photo de couverture : (c) G. Korganow / CGLPL
Le recours à la détention provisoire est censé être exceptionnel. Pourtant, près de 20 000 personnes sont actuellement détenues dans l’attente de leur jugement.
Condamné pour la première fois à l’âge de 18 ans à une peine de cinq ans et demi de prison, Lamine a enchaîné les séjours au quartier disciplinaire et les transferts d’un établissement à un autre. Sa peine s’est peu à peu allongée de plusieurs années.
Joseph entre en prison en 2006 pour purger une peine de 18 ans de détention. Mais après quatre-vingts procédures disciplinaires et douze condamnations pénales, sa peine s’est allongée de vingt-quatre ans supplémentaires. La violence et l’instabilité dont il peut faire preuve sont exacerbées par l’arbitraire et la brutalité d’un univers carcéral dans lequel il est profondément seul et incompris.
Christine R., entrée en prison en novembre 2012 pour une peine de deux mois, a cumulé les peines internes pour des outrages et violences contre des surveillants. En décembre 2016, elle obtient une libération conditionnelle, preuve qu’une issue est possible. Mais l’ombre menaçante
de la prison n’est jamais loin.
Incarcéré en 2000 à 18 ans pour une peine de 2 ans, Djamel K. n’est jamais ressorti de prison. Destructions de cellules, outrages et menaces à surveillants, moins souvent violences : en 22 ans, il a récolté près d'une trentaine de condamnations pénales pour des faits commis en prison, et effectué l'essentiel de sa peine au quartier disciplinaire. Sa fin de peine est actuellement prévue en 2027.
Pour les personnels pénitentiaires qui travaillent à leur contact, les comportements des personnes qui cumulent les incidents en détention cachent souvent des troubles psychiques importants. Trois professionnels apportent leur éclairage.
Un projet de recherche*, qui a réuni une équipe d’une dizaine de juristes, sociologues et psychologues, s'est penché sur la question de la « délinquance carcérale et des peines internes ». La publication du rapport, cosigné par les juristes Isabelle Fouchard et Anne Simon, le sociologue Corentin Durand et le psychologue Benjamin Levy, est prévue pour début 2023. Ils répondent à nos questions.
Rentré en prison à 18 ans pour de la « délinquance de quartier », Bryan a 27 ans lorsqu’il écrit à l’Observatoire International des Prisons (OIP). Entre les deux, c’est un implacable engrenage qui s’est mis en place qu’il nous décrit dans sa lettre.
Entrées en prison pour quelques mois ou années, certaines personnes détenues se retrouvent à purger une peine excédant de loin la durée de leur condamnation initiale, pour des faits uniquement commis en détention. Les mesures prises par l’administration, tels que les transferts et les gestions ultrasécuritaires, alimentent le plus souvent l’engrenage. Mécanique d’un cercle vicieux.
Atteint d’une maladie rare de la rétine pour laquelle il n’existe pas de remède, Monsieur G. était parvenu à stabiliser sa vue. Mais son entrée en détention début 2019 marque le début d’une aggravation rapide de son état. Au quotidien, alors qu’il voit de moins en moins, Monsieur G. doit se battre pour obtenir le peu de soins et d’équipements susceptibles de rendre son quotidien vivable.