Comme on dit, qui a cru croîtra. Euh? C'est pas ça qu'on dit? Bon, pas grave, on fera comme si...
Les notions de décroissance ou de croissance appliquées à la variation de la production ou de la productivité dans les entreprises de biens et services, ou appliquées aux variations dans le niveau estimé de la “masse monétaire” – monnaie fiduciaire ou monnaie convertible – ça m'étonne. Bon, la quantité varie. Intéressant. Et ça fait croître ou décroître quoi dans la réalité effective? Aucune idée. Tiens ben, par exemple, il y eut une frémissement de “la croissance” mesurée en niveau de PIB en 2000 en France et chez quelques voisin. Rapport au fait qu'à la toute fin de l'année 1999 on a subi une grosse tempête sur tout le pays, et un peu aussi chez quelques voisins, ce qui provoqua quelques dégâts, lesquels n'ont pas induit quelque “décroissance”, non non, pas du tout, tel bâtiment qui a vu sa toiture arrachée et son étage le plus haut se tasser quelque peu n'a pas décru, par contre la reconstruction de l'étage et de la toiture a contribué à “la croissance” en 2000. Certes, pour le propriétaire ça n'a pas fait croître grand chose, sa maison de 2001 ressemblait pas mal et même vraiment beaucoup à celle de 1999 mais sa reconstruction a participé à la croissance du PIB de l'année 2000. Comprend qui peut, ou qui veut.
Tiens, un exemple, au hasard. Je donne des années comme ça, au pif, ce qui compte est le processus et non les données précises, je dis souvent qu'il faut vérifier avant de penser savoir mais là non, inutile, mes propositions sont non étayées mais valide. Donc, exemple: en 2015 le “marché de l'automobile” a connu un tassement et chuté de 22,44% par rapport à 2014 (je donne une valeur en pourcentage avec deux décimales parce que c'est la méthode la plus courante pour donner une apparence de sérieux et de précision à un nombre mais j'aurais écrit «d'un peu plus d'un cinquième» que ça serait tout aussi exact que ce simulacre de précision précise, eh! Pas n'importe quoi hein! Précis à deux décimales! Il sait de quoi il cause, celui-là!). Bien sûr que je sais de quoi je cause: de la réalité, et la réalité n'est pas dans les statistiques en pourcentage et à deux décimales. Bon,; je reprends mon truc. Ok, 22.44% en moins en 2015 par rapport à 2014. Par contre en 2016 ledit “marché” a progressé de 33,66% par rapport à 2015. Je me fais rapido un petit calcul à la truelle dans mon mental (je suis coutumier du calcul mental, je m'entraîne presque tous les jours) et je me dis, bon, en 206 on est un petit poil au-dessus de 2014 et ça ne compense pas la baisse de 2015, donc sur les trois années en moyenne la croissance est à-peu-près nulle. Vous entendez probablement parler ou vous lisez assez souvent cette expression convenue, les “variations saisonnières”, appliquée à la météo. C'est que, les météorologue ne sont pas des poissons rouges économistes et ont une mémoire un peu plus ancienne qu'un an, et ne sont pas des économistes ou statisticiens spécialisés en données économique non plus en ce qui concerne la manière d'observer les séries longues de données, ils font du lissage, ils “moyennisent” de plusieurs manières, de jour à jour, sur une semaine, un mois, une saison, une année, une décennie, un siècle, et selon la moyennisation considérée et la durée considérée n'auront pas le même type de remarques à faire: la série jour à jour ou semaine à semaine permet de parler des écarts de météorologie, “le temps qu'il fait” quand on met le nez à la fenêtre; des moyennes année par année ou saison par saison portant sur la France et sur un siècle permettront de discuter des variations de la météo, des régularités et irrégularités, de possibles évolutions; des données année par année ET décennie par décennie sur l'ensemble de la planète ne diront pas grand chose sur la météo, beaucoup sur le climat, genre par exemple, entre 1918 et 2018 on observe une élévation moyenne des températures de tant avec une assez grande régularité et de faibles variation. Comme qui dirait, qu'il y a un réchauffement climatique. Faut être con comme un Trump ou un Allègre pour considérer une période beaucoup plus courte (genre hier et juste hier) ou longue (genre deux cent millions d'années) pour contester des données d'ordre séculaire ou millénaire.
Je dis du mal des économistes (de toute manière je dis du mal de tout le monde et même de moi) mais ça ne les concerne pas tellement, les économistes sérieux, théoriciens ou empiristes ou mixtes, travaillent comme les météorologues et les climatologues, ils étudient, réfléchissent, émettent des hypothèses, discutent, disputent, débattent et de loin en loin proposent des théories. En ce domaine comme en d'autres il y a beaucoup de raisons de s'y engager. Le plus souvent je définis au moins trois et au plus six ou sept cas possibles, non que je suppose qu'il ne puisse y en avoir plus, si en revanche j'ai la certitude qu'en matière de motifs humains il y a toujours au moins trois cas, simplement quand on étudie finement les questions d'ordre social, au-delà de six ou sept cas on a plutôt affaire à des variantes. Bon, je vais vous exposer mon principal présupposé en la matière, ça expliquera.
Un être social, pour ce qui m'intéresse ici un être humain, projette sur la société une représentation qui est une extension de la représentation de lui-même. Et cette représentation de soi découle du contexte. Il y a un contexte absolu qui découle de cette donnée irréfragable, la gravité, il y a un haut et un bas, et une donnée subjective, il y a un centre. Raison pourquoi il y a toujours au moins trois cas. On peut nommer symboliquement ces trois cas, la version “psy” tendance psychologie-psychanalyse est le “moi” ou le “soi” qui désigne le centre, le “surmoi” qui désigne le haut, le “ça” qui désigne le bas. Qui aurait eu l'idée saugrenue de lire d'autres de mes billets le sait probablement déjà, j'ai quelques réticences avec les concepts “psy”. Du coup que j'expose quelques de mes présupposés, je vais vous dire pourquoi ces réticences: les spécialités “psy” partent elle-même d'un présupposé invérifiable, indémontrable, il y aurait quelque chose nommable esprit ou psyché ou âme dont le siège serait dans le corps, actuellement dans le cerveau. Dans des versions antérieures et selon les écoles ce fut tantôt dans le cœur, tantôt dans l'estomac, tantôt dans le foie, rarement dans d'autres organes que ces quatre là, parfois cette chose était répartie ou diffuse, ou située dans une sous-partie d'un de ces organes, le choix préférentiel de ce quatre organes découle du fait que quand l'un est très endommagé, les individus tendent à mourir très vite, d'où la supposition de “la source de vie” serait là. Longtemps, les deux organes préférentiels furent le cœur et le foie, rapport au fait que quand ils subissent un dommage important beaucoup de sang coule, et en plus ils sont rouge, donc le “courant de vie”, le sang, et la “couleur vitale”, le rouge, sont des indices importants pour situer le siège de cette chose. Le choix préférentiel du cerveau par les sciences vient de ce que quand le cerveau est modérément endommagé “on pense moins bien”, ce qui constitue un indice fort, néanmoins dans les pays de culture chrétienne on continue, au moins dans les expressions toutes faites, de privilégier le cœur, dans ceux de culture musulmane, le foie. Certaine cultures ne font pas d'hypothèses de cet ordre où situent l'esprit dans tout le corps, ou le supposent diffus, un peu partout. Dans les pays où christianisme et le musulmanisme dominent, on a souvent trois versions en partie contradictoires, l'esprit comme dogmatiquement diffus, comme traditionnellement dans le cœur ou le foie, comme scientifiquement dans le cerveau. Cette brève anthropologie explique en partie mes réticences. Donc, l'esprit dans le cerveau, ou pour les professionnels les plus libéraux “à l'intérieur du corps” sans le situer trop précisément. Ce présupposé induit que si une personne à un déficit d'ordre spirituel ou psychique ou animique (je me dois de préciser que le terme “âme” est très dévalué chez les “psys”, sinon le fait que “psyché” est le mot grec pour “âme” et que “esprit” dans son usage courant dérive de l'usage chrétien où il est un quasi-synonyme de “âme”, donc on ne parle plus trop d'âme et son dérivé “animisme” désigne une version dégradée de la psyché, celle des populations définies comme “primitives”, euphémiquement de nos jours “premières”, en version plus tranchée, “inférieures” – “primitives” était l'euphémisme pour “inférieures”) il faut de quelque manière agir sur le siège de la psyché. Fondamentalement, les théories “psy” sont des versions scientifiques de la dogmatique chrétienne concernant la “possession” et l'“exorcisme”. J'ai d'ailleurs une hypothèse concernant la difficile acclimatation des spécialités “psy”, hormis la psychiatrie, assez empirique et peu théorique, en dehors des zones à dominante chrétienne: une incompatibilité avec la dogmatique “religieuse” locale.
Passons outre ces réticences, je spécifiais qu'une symbolique courante concernant les données absolues et subjective “haut”, “bas” et “centre” sont entre autres les notions “psy” courantes “surmoi”, “ça” et “soi” ou “moi” – on dira “ego”, mot latin valant pour “moi” ou “soi” – précisément pour les associer à une symbolique parce qu'un être humain social a une représentation de lui et du monde massivement symbolique. J'aurais pu aussi prendre les termes chrétiens “paradis” ou “cieux” ou “Dieu”, “enfer” ou “ténèbres” ou “Démon”, “créature” ou “élu” ou “pécheur” mais comme je ne suppose pas que mon lectorat est féru en dogmatique chrétienne j'aime autant utiliser la dogmatique “psy”, spécialement psychanalytique, mieux admise. Deux autres cas sont, disons, intuitifs, immédiats, mais non absolus, “avant” et “arrière”, symboliquement “avenir” et “passé“. À considérer que l'association entre avenir et avant et passé et arrière est conventionnelle, dans certaines culture (sans le jure, ça doit être le cas chez les Navajos, en tout cas chez certains Amérindiens) on a une association inverse, voire aucune association de ce genre, ne serait-ce que par le fait que de nombreuses cultures n'ont pas de notion de passé ou/et d'avenir. Comme mon possible lectorat Navajo est très hypothétique, on dira avant-avenir, arrière-passé. Arrière et avant sont intuitifs, rapport au fait que nos sens spécialisés sont dirigés “vers l'avant”, ce qui le détermine, l'arrière étant à l'opposé. Les deux derniers cas sont conventionnels, ni absolus ni intuitifs, entièrement symboliques. Ils dérivent d'une particularité des vertébrés et de beaucoup d'invertébrés, notamment les arthropodes, qu'on peut nommer latéralité, le fait que si on coupe un individu latéralisé en deux du haut en bas et de l'avant à l'arrière les deux moitiés sont très similaires. Comme elles sont vraiment très similaires, il n'est pas très intuitif de différencier des deux moitiés. J'en sais quelque chose parce que précisément j'ai eu longtemps et dois-je le dire j'ai encore quelques difficultés à le faire. Je comprends assez bien la symbolique mais pragmatiquement j'ai du mal à l'associer à la “bonne moitié”, pour le dire symboliquement j'ai des difficultés à différencier ma gauche et ma droite. Pas de grandes difficultés, j'ai des trucs pour y arriver, dont un truc qui marche bien quand on a appris à écrire, on m'a dit que j'étais “droitier”, ce qui signifie que la main que j'utilise préférentiellement et dans mon cas, exclusivement pour écrire est celle nommé “droite”. De ce fait, ma main droite et ma main pour écrire. Désormais je ne le fais plus, ou plus trop, mais fut un temps, quand on me sollicitait pour savoir si quelque chose se situait “à gauche” ou “à droite”, je mobilisais discrètement “la main qui écrit”, ce qui me permettait de donner la “bonne direction”. Je ne le fais plus trop sinon quand j'ai un gros coup de fatigue, ce qui me donne alors l'indice que ce que le plus souvent je considère être devenu intuitif ne l'est pas tant que ça. Trois à sept cas, dont trois “innés”, deux “intuitifs”, un ou deux “symboliques”. Oui, un ou deux puisque pas mal de gens ont, comme moi, de la difficulté à distinguer leur droite de leur gauche. Certains beaucoup plus que moi.
Oh la la! Encore une dérive! Possible que je revienne plus tard sur ce sujet mais vous avez probablement l'indice, avec la fin du précédent alinéa, que ce problème de latéralisation a quelques conséquences sociales, notamment dans les domaines politiques et religieux, où il est souvent important, d'un point de vue symbolique, de différencier sa gauche de sa droite. Je me relis un peu. Ah oui! Au moins trois cas chez les économistes. Les cas “central”, “haut” et “bas”. Les symboliques associées varient beaucoup dans le temps pour une raison simple: les cas “haut” et “bas” sont nécessairement idéologiques et le cas “central” n'est pas préservé de la chose. Toute idéologie tend à exclure celles qu'elle perçoit concurrentes et pour cela à disqualifier ou s'accaparer ces idéologies concurrentes. À quoi...
À quoi quoi? Un bout de temps que j'ai commencé ce billet, comme pour celui intitulé «Ultrasoviétisme» il me faut publier celui-ci avant de publier le dernier d'une série en cours de rédaction, dont celui-ci fait partie, intitulé «Possessions, ou “Tous les chemins”». Probable que de toute manière je n'avais plus grand chose à raconter sur la décroissance...
La série:
Possessions, ou «Tous les chemins» – Ultrasoviétisme – Décroissance, mon cul! – Les gamètes sous les cheveux