Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

299 Billets

2 Éditions

Billet de blog 11 septembre 2016

Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

La qualité du journalisme fait la qualité de la démocratie

La reprises d'information sans qu'aucune critique ne les complète est inquiétante. Cette pratique méprise l'opinion. L'insulte à l'intelligence favorise l'abstention électorale des démocrates. Un débat réduit à des apparences méprise les réalités et avive les frustrations. Une gestion caricaturale de l'information nourrit la propagande d'extrême-droite.

Patrick Cahez (avatar)

Patrick Cahez

Ligue des droits humains et Amnesty international Bruxelles ; MRAP Dunkerque ; SUD intérieur et Observatoire du stress de France Télécom Paris

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La disproportion de la couverture médiatique d'une conférence "présidentielle" - à un colloque - où l'orateur a revendiqué le contraire de ce qu'il fait, sans que la contradiction du propos et des actes soit dénoncée (1), est révélateur d'une inertie dans la presse (Libération, Le Monde, BFM, ... à comparer avec https://www.bilan-ps.fr/liste). La couverture complaisante du colloque de la salle Wagram signale un défaut qualitatif des acteurs de l'information.

Réanimer la démocratie oblige à ce que la presse cesse de se compromettre à donner trop complaisamment du crédit à des propos manifestement erronés ou abusifs, sans y appliquer un minimum d'esprit critique, conformément à la Charte de Münich.

La presse ne peut pas reprendre un discours formaté ou de propagandenégligeant le fond de l'action politique, qui fait la promotion d'un produit de marketing politique (ce que font Bygmalion, En marche, Riwal, ...). Il est illusoire de penser que le lecteur, ou l'électeur, l'admette. L'abstention peut trouver une de ses causes dans le mépris que porte la communication à l'opinion. La réification du politique en un produit de consommation démobilise l'électorat.

Les partis de gouvernement saturent l'estrade médiatique avec des questions inintéressantes de personnes pour masquer l'absence de programme, de travail sérieux.

La réduction du propos à des slogans abusent l'électeur comme le consommateur. Une communication superficielle banalise la faiblesse du discours de l'extrême-droite, d'autant qu'il n'y a pas de critique sérieuse du programme. L'abus des techniques marketing participent au regain fascistoïde que dénoncent les Nations-Unies.

Au delà des communiquants et du personnel politique, la politique et la démocratie deviennent superficielles parce que la presse l'est peut-être également, au-delà des tabloïds. Cette faiblesse était dénoncée avant le second conflit mondial (Les Chiens de garde), pendant (De la fumisterie intellectuelle) et l'est toujours (Les Nouveaux Chiens de garde, Les éditocrates, Sur la télévision, Vivre en troupeau en se pensant libres, Acrimed ...). Le progrès technique de l'information ne s'est pas accompagné d'un progrès intellectuel équivalent.

France 2 propose un nouvel avatar d'une recette qui n'a pas apporté grand chose au débat politique jusqu'à présent, à de très rares exceptions. Cette nouvelle émission politique est l'occasion de vérifier s'il existe une volonté de progrès.

Une déclaration doit être réprise avec un outil critique solide afin que son émetteur ne se limite pas à l'effet d 'annonce. Quand un politique ment, il faut l'interrompre et le lui dire.  Il y a lieu d'interoger les invités sur leurs violations de la loi (par ex. Charte sur l'environnement et la pollution aux boues rouges des callanques). Auquel cas une émission politique n'est que de la propagande.

"L'émission politique" a déjà créé le débat avant de commencer : Elise Lucet raconte son engueulade avec Michel Field (cf. A France Télévisions, Michel Field dans la tourmente - Le Monde).

Les rédactions ne peuvent pas commenter des mensonges, à l'attention d'un public confronté à la réalité qui contredit le discours, sans épuiser l'intérêt et la confiance. La mansuétude des commentateurs soulève la question de la complicité à la désinformation et à la manipulation.

L'inconvénient des agences de presse est le même que celui des agences de notation financière. Les dépêches reprises sans vérifier ont un effet boule de neige, qui s'observe dans la cavalerie.

L'annonce d'une prochaine crise interroge sur le sérieux des acteurs. Il n'y a pas de fatalité à l'inertie de la médiocrité. Le coût ne peut pas être un prétexte. L'intelligence n'est pas facturée à celui qui s'en sert.

La couverture superficielle de l'action politique explique que Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy seront au 2° tour de la présidentielle. Comment croire en la bonne foi de ceux qui s'angoissent de l'abstention de l'électorat qu'ils limitent à un "vote utile" ou à un "front républicain" ?

L'article 27 de la loi sur la presse sanctionne la désinformation :

La publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler, sera punie d'une amende de 45 000 euros.

(1) Manuel Valls a le même défaut de communication, quand il dit une chose à Rivesaltes (Discours du Premier ministre - Inauguration du Mémorial du Camp de Rivesaltes  - Discours • 16 octobre 2015) et qu'il fait le contraire à Calais ou à Dunkerque.

Mises à jour :

La critique de Didier Porte : https://www.mediapart.fr/journal/france/120916/mediaporte-pepere-rendors-toi.

Pépère n'est pas Tonton

12 SEPT. 2016 | PAR NOËL MAMÈRE

Le discours de François Hollande, jeudi dernier à la Salle Wagram, se voulait le signal d’une «reconquête» pour le dernier carré de grognards rassemblés autour d’un Président isolé, moqué, vilipendé, mais qui croit en son destin et surtout à sa chance, malgré tout.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet