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Billet de blog 11 novembre 2025

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Censure du Collège de France, le triomphe de l'obscurantisme mensonger

Un colloque offrant une réflexion savante sur la Palestine vient d'être annulé sur l'intervention arbitraire - car prohibée - de l'exécutif après un seul article mensonger - une infraction - de l'hebdomadaire Le Point. Les professeurs du Collège de France voient ainsi collectivement leur légitimité académique contestée pour des raisons politiques, voire criminelles, car complices d'un génocide.

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Le but de ce texte n'est pas de remettre en cause l'existence de l'Etat d'Israël, il n'est d'ailleurs pas le seul visé, mais de le confronter à l'incohérence de ses mensonges dont il tire prétexte pour commettre ses actes criminels, avec la complicité de nombreux chefs d'Etats et de gouvernements, malgré l'opposition massive de leurs opinions. Le Collège de France organisait un colloque qui contribue à révéler cette rhétorique et stratégie politiques du mensonge contre la science et la connaissance, cette insulte à l'intelligence, que s'occupe d'essayer d'énoncer ce texte.

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Pourquoi la censure du colloque du Collège de France est de l'antiscience au profit d'une propagande obscurantiste et mensongère ?

Israël n'est pas une appellation géographique mais confessionnelle dont l'existence n'est citée que par l'Ancien testament à partir du 8ème siècle avant notre ère. Des historiens contestent l'existence historique d'un royaume d'Israël en considérant que ce n'est qu'un mythe. 

D'autre part, le peuple palestinien tire son nom, non pas d'une religion ou d'un mythe comme le fait Israël, mais de l'appellation géographique d'un territoire connu et attesté historiquement par Hérodote. Jéricho, en Cisjordanie, est fondée au 8ème millénaire avant notre ère.

Les Palestiniens n'invoquent ni se réfèrent à des textes archaïques, comme le fait Benjamin Netanyahou avec l'Ancien testament. Les Palestiniens invoquent le droit international d'aujourd'hui, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Droit qu'a ratifié Israël.

Il est alors paradoxal d'accepter qu'Israël, qui se prétend moderne et démocratique, tire l'argumentation de ses crimes dans des vieux textes violents, dont l'authenticité est toujours discutées, pour mettre en échec les valeurs universelles actuelles auxquelles adhèrent près de 200 pays de la communauté internationale. C'est ce qu'allait contribuer à démontrer scientifiquement le Colloque du Collège de France.

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Il y avait donc un intérêt partagé du pouvoir israélien et du pouvoir français, qui le soutient dans ses crimes, à ce que ce colloque n'ait pas lieu.

Ce colloque allait faire contraster la double contradiction - ou reniement - de l'acceptation occidentale au massacre actuel des Palestiniens, d'une part, justifié, contre toute raison, par un mythe religieux aux dépends d'une vérité historique, et qu'un génocide, d'autre part, s'applique à effacer un peuples au mépris d'un droit occidental, dont la norme fondamentale est le respect de la dignité humaine.

Les bombardements et les déclarations des autorités israéliennes démontrent quotidiennement leur degré de mépris pour la dignité humaine. Le soin que met Israël à tuer des journalistes, les témoins de ses crimes, montre à quel point la vérité le dérange. 

Le colloque allait mettre par ailleurs en lumière l'abdication du doute et de la raison occidentales, pourtant si prétentieusement opposés aux autres cultures dès qu'il s'agit de prétendre leur apporter la démocratie.

L'objet du Colloque du Collège de France détaille les éléments de compréhension, causes politiques et origine historique, d'une culture criminelle à vouloir faire disparaître un peuple de la carte et de l'histoire. Ce programme présentait l'inconvénient, pour Israël et ses complices, de contredire leur propagande et révéler qu'elle relève plus d'une pensée magique, d'un mythe, que d'une vérité scientifique. 

La crainte de la déconstruction académique de leurs mensonges semble donc expliquer cette censure, sans laquelle l'entrisme israélien risquait d'être durablement contrarié et sérieusement contredit. Israël développe en effet des efforts de propagande jusqu'à corrompre les institutions, pour promouvoir son discours et accroître son influence, laquelle s'exprime en France au sommet du pouvoir par un soutien inconditionnel.

Le rhétorique du mensonge, par laquelle procède le soutien inconditionnel à un génocide, ne trouve aucune confirmation dans l’opinion. Aucun sondage ne confirme qu'il existe une adhésion de la population à ce discours de plus en plus minoritaire. Des manifestations nombreuses dans toute l’Europe démontrent au contraire que la population dénonce les crimes israéliens contre les Palestiniens.

Enfin, l'administrateur du Collège de France aurait dû s'écarter et s'abstenir de prendre sa décision en considération de ses propres engagements confessionnels qui sont de nature à créer le doute sur la décision qu'il a prise. Le sionisme chrétien, antérieur au sionisme juif, est d'origine  protestante et il existe une alliance avec la politique israélienne comme l'illustrent, notamment et pas seulement, les Etats-unis.

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Il est anachronique et dramatique, qu'au 21ème siècle, jusqu'en France, au coeur de l'institution académique, l'existence d'Israël puisse reposer sur mensonge et le soutien à un Etat menteur. Un Etat propageant le rejet de l'altérité, promouvant la discrimination et développant un argumentaire fallacieux, dont la pauvreté rappelle celui des guerres des religions ou de la chasse aux sorcières. Un discours fallacieux que l'extrême-droite instrumentalise tout aussi paradoxalement, puisque les religions condamnent la violence.

La censure politique du Collège de France par une minorité politique donne une idée de l'importance et de la gravité du confusianisme qui règne dans le débat public et combien cela atteste du degré de mauvaise foi atteint dans la politique actuelle.

Cette censure, orchestrée par l'hebdomadaire le Point et un ministre, repose paradoxalement, pour faire triompher leur point de vue, sur la négation des valeurs qu'ils invoquent, qu'il s'agisse de notions religieuses ou juridiques. A la rhétorique du mensonge s'ajoute l'inversion normative, celle de faire prévaloir l'arbitraire d'un petit nombre sur l'intérêt général.

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Annulation d’un colloque sur la Palestine au Collège de France : la chaîne du scandale

L’annulation, sous pression du ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’un colloque du Collège de France consacré à la Palestine, constitue un opprobre démocratique et scientifiqueJoseph Confavreux 10 novembre 2025

Annulation d'un colloque sur la Palestine : lettre du conseil académique de « Jewish Voice for Peace »

Plus de 120 universitaires représentant le Conseil académique de l'organisation américaine Jewish Voice for Peace expriment leur inquiétude et leur indignation face à l'annulation par le Collège de France du colloque « Palestine et Europe ». « Lorsqu'une institution aussi prestigieuse se laisse contraindre à censurer des activités universitaires, elle risque de perdre son indépendance et son intégrité académiques, mais elle crée également un précédent inquiétant. ».

Complicité extérieure, répression intérieure : la France face à la Palestine

Depuis plusieurs mois, la France connaît une escalade répressive sans précédent à l’encontre de celles et ceux qui dénoncent le génocide et les crimes de masse contre le peuple palestinien, refusent toute forme de normalisation avec l’État d’Israël et s’engagent pour la libération de la Palestine. Arrestations, gardes à vue, interdictions d’événements et de colloques, pressions institutionnelles : les libertés d’expression, de réunion et académique sont directement attaquées, au nom d’une prétendue « neutralité », d’une instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme et de celle contre « l’apologie du terrorisme ». Ce climat d’intimidation s’étend désormais à l’ensemble du champ culturel et académique, transformant la solidarité avec la Palestine en objet de suspicion et de contrôle. par yaani 10 novembre 2025

 Silencier toute recherche sur la Palestine

Un grand colloque international sur « La Palestine et l’Europe » devait se tenir les 13 et 14 novembre prochains au Collège de France. L’administrateur de cette prestigieuse institution l’a annulé prétextant des questions de sécurité. Dans les faits, il a cédé aux pressions idéologiques conjointes de la presse d’extrême droite et … du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. par Pascal Maillard

Annulation d'un colloque sur la Palestine au Collège de France  par sebastian.nowenstein

Palestine au Collège de France : la protestation de François Héran  par François Héran

Le nouveau maccarthysme universitaire de la critique d’Israël aux États-Unis, en Allemagne et en Israël  par Katharina Galor et Noga Wolff

Stop aux contre-vérités et aux contresens sur le boycott et la liberté académiques  par Philippe Stamenkovic

Le sionisme chrétien : entre globalisation et résistances

Colloque de la Chaire d’études sur le fait religieux. La Chaire d'études sur le fait religieux bénéficie du mécénat et du support du groupe d'édition et de presse Bayard, spécialisé notamment dans le secteur religieux. Comité d'organisation : Caterina Bandini, sociologue à l'Université de Lille/CERAPS, Thierry Maire, sociologue à l'EHESS-ENS/CMH, Laurent Tessier, historien à l'École Pratique des Hautes Études - PSL-Université de Montréal/GSRL.

« Le nationalisme chrétien est un christianisme sans Christ »

La Croix - Louis Lourme Philosophe, auteur notamment de Qu’est-ce que le cosmopolitisme ? et de Qu’est-ce que le patriotisme ? Ed. Vrin (coll. Chemins philosophiques), 2012 et 2019. A aussi dirigé Afin que nous portions du fruit. Missions d’une école catholique. Ed. Bayard, 2024. Publié le 5 novembre 2025

Alors que les fractures au sein des catholiques inquiètent, en France et au-delà, comme l’assassinat de Charlie Kirk aux États-Unis l’a révélé, le philosophe Louis Lourme analyse les germes d’un nationalisme chrétien revenant au galop. Et souligne que ce mouvement, puissant, nourrit tout sauf le christianisme.

Shlomo Sand : l’illusionnisme casse-cou d’Israël

Shlomo Sand publie Comment la terre d'Israël fut inventée : de la Terre sainte à la mère patrie après Comment le peuple juif fut inventé en 2008. Il fait le point sur la situation entre Jourdain et Méditerranée, mélange d'inconscience, de cynisme et de mythes coriacesAntoine Perraud 15 septembre 2012

Le grand Israël des rois David et Salomon n'a jamais existé, foi d'archéologue juif

De nouvelles découvertes archéologiques remettent en cause l'existence d'un royaume unifié aux XIe et Xe siècles avant J.-C., provoquant l'effondrement d'un pilier important de l'identité juive. Certains juifs en colère parlent de lecture révisionniste. Le Temps Patricia Briel Publié le 13 juin 2002 La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l'archéologie, par Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman, Bayard, 432 p.

Nationalisme xénophobe et fanatisme religieux - Au nom du Grand Israël

Un mois après, on ignore encore dans quelle mesure M. Yigal Amir, le meurtrier de M. Itzhak Rabin, a été l’instrument d’un véritable complot contre le premier ministre israélien. Mais il ne fait pas de doute que son acte a été inspiré par l’hostilité haineuse de l’extrême droite, nationaliste et religieuse, à l’égard du plan de paix et de ses artisans. Enracinée dans l’histoire de l’État juif, cette mouvance s’est donné pour mission la réalisation du Grand Israël et n’a jamais hésité, pour l’accomplir, à recourir à la terreur. par Joseph Algazy  Décembre 1995

Les protestants et le « Grand Israël »

A partir du XVIIIe siècle, des fondamentalistes chrétiens, d'abord britanniques puis américains, s'appuient sur une lecture littérale de la Bible pour prôner le retour du peuple juif en Palestine. Ce protosionisme religieux aide à comprendre le soutien dont bénéficie aujourd'hui Israël de la part de la droite évangélique américaine. Jean-Pierre Filiu juin 2024 

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