La démocratie en France est du niveau de ses journalistes politiques. Gilles Borstein démontre la cause de ce qu'Edwy Plenel appelle une " démocratie de basse intensité ". Frédéric Says en explique aussi une autre dans son billet politique de ce matin sur France culture, tout en omettant de soulever la responsabilité de la médiocrité des commentateurs politiques, dont il se distingue très singulièrement. Ce qui est trop rare, surtout dans la perspective d'élections. Enfin, Anne-Cécile Robert propose une synthèse de ce qui plombe la démocratie en France dans son dernier ouvrage et ACRIMED fait tout un dossier sur la doctrine PMU de la presse politique en France, par laquelle l'électeur est réduit à un parieur qui ne joue que le cheval. Une manière radicale de simplifier radicalement le travail d'analyse et de critique qu'un citoyen est en droit d'attendre. Voilà un radicalisme persistant et dangereux qui échappe étonnamment aux commentateurs d'actualités.
Charte de déontologie de Munich (ou Déclaration des devoirs et des droits des journalistes)
Comparer cette interview de Nathalie Arthaud avec le traitement médiatique sympathique réservé à Manuel Valls :
Manuel Valls, mon amour par Pauline Perrenot, Sophie Eustache, jeudi 15 avril 2021
Depuis mi-mars, Manuel Valls est en campagne médiatique. Cette tournée, interminable, est l’occasion de souligner les traits les plus grossiers du journalisme politique dominant, dépolitisé et amnésique : absence de contradiction, psychologisation, peopolisation… Les journalistes s’y font les promoteurs, pour ne pas dire les co-auteurs, du roman de l’homme politique, qu’ils sollicitent également pour alimenter les paniques morales du moment. D’un plateau à l’autre, les mêmes questions posées avec la même commisération et la même fascination. Plus rien ne distingue alors un entretien sur France Info d’une recension du Figaro, ni un portrait de Paris Match d’une interview de RTL.
Mises à jour :
Un exercice de dépolitisation : Nicolas Demorand contre Adrien Quatennens par Mathias Reymond, lundi 19 avril 2021
Jeudi 15 avril 2021, le député de La France insoumise Adrien Quatennens était l’invité de Nicolas Demorand dans la matinale de France Inter : l’occasion pour l’animateur de déployer toute sa palette de roquet de service, en éclipsant systématiquement les débats de fond au profit du petit jeu politique.
Gilles Bornstein remet le couvert :
Prolonger :
- " Disparition de l’espace du débat " Anne-Cécile Robert • page 16 - La prolifération des « fake news » illustre l’invasion de l’espace public par le mensonge. Il serait toutefois trop simple d’incriminer les réseaux sociaux ou les menteurs qui squattent la vie politique. En étouffant l’échange libre et raisonné des idées sous la « communication », nos démocraties détruisent le sens des mots et empêchent la vérité d’advenir.
- Anne-Cécile Robert " Dernières nouvelles du mensonge " Editions Lux 18 février 2021
- Frédéric Says " Le Billet politique " Le billet politique du lundi 12 avril 2021
- Le deux poids deux mesures des interviews de Gilles Bornstein (France Info)
Lire également :
- Médiacritiques n°38 – Présidentielle : le retour du journalisme hippique
- Critique de la raison gorafique par Frédéric Lordon, 7 avril 2021
- La télévision forge-t-elle des individus ou des moutons ? Vivre en troupeau en se pensant libres par Dany-Robert Dufour Janvier 2008
- Un journalisme vil et veule - L’art d’interviewer Adolf Hitler par Dominique Pinsolle Août 2017
- Daniel Schneidermann " Berlin, 1933 - La presse internationale face à Hitler " Editions Seuil 2018
- Michaël Foessel " Récidive. 1938 " Editions PUF 2019
- Barbara Stiegler " De la démocratie en Pandémie. Santé, recherche, éducation " Editions Gallimard 2021
- Barbara Stiegler " Il faut s'adapter». Sur un nouvel impératif politique " Editions Gallimard 2019
- Eloi Laurent " Et si la santé guidait le monde ? L'espérance de vie vaut mieux que la croissance " Editions Les Liens qui Libèrent 2020
- Grégoire Chamayou " Théorie du drone " Editions La fabrique 2013
- Grégoire Chamayou " La société ingouvernable. Une généalogie du libéralisme autoritaire " Editions La fabrique 2018
- Albert O Hrischman " Deux siècles de rhétorique réactionnaire " Editions Fayard 1991
- Johann Chapoutot " Libres d’obéir. Le management, du nazisme à aujourd'hui " Editions Gallimard 2020
- Gilles Dorronsoro " Le reniement démocratique - Néolibéralisme et injustice sociale " Editions Fayard 2019
- Olivier Jouanjan " Justifier l'injustifiable - l'ordre du discours nazi " Droit et sciences politiques Editions PUF 2019
- Danièle Sallenave " Parole en haut silence en bas " Editions Gallimard 2021
- Danièle Sallenave " Jojo, le Gilet jaune " Editions Gallimard 2019
- Pierre Bourdieu " Sur la télévision suivi de L'emprise du journalisme " Editions Raison d'agir 1996 (existe en vidéo)
- Julien Benda " La trahison des clercs " Editions Grasset 2015 ISBN 978 2 246 01915 2
- Marc Bloch " L'étrange défaite - Témoignage écrit en 1940 " Editions Gallimard
- Guy Debord " Commentaires sur la société du spectacle " Editions Gallimard
- Harry Kessler " Cahiers 1918 - 1937 " Editions Grasset 2011
- Sebastian Haffner " Allemagne, 1918 : une révolution trahie " Editions Agone 2018
Mafia, les raisons d’un enracinement Par Giovanni Ierardi
Dans Le Jour de la chouette, en 1960, l’écrivain Leonardo Sciascia définissait Cosa Nostra comme « un système qui gère les intérêts de pouvoir d’une classe que (…) nous pouvons définir comme bourgeoise ; qui ne naît et ne se développe pas dans le vide de l’État, mais à l’intérieur de l’État. La Mafia, en somme, n’est qu’une bourgeoisie parasitaire, une bourgeoisie qui n’entreprend pas mais qui exploite » (2).
Le néolibéralisme américain : justification rationnelle de la criminalité organisée
On ne peut pas réduire l'homme à la dimension économique, c'est une folie selon Franck Knight, un des maîtres de Milton Friedman. La "folie" - l'erreur - du néolibéralisme est de négliger la dimension anthropologique et éthique au point d'assimiler la criminalité à une démarche rationnelle d'homo oeconomicus.