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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Billet de blog 19 juin 2025

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Charlot Marx et Mickey Bakounine ; conclusion pas du tout "happy end". Quoique…

L’objet de cette synthèse, plus du tout uchronique, est de montrer cette absence de "happy end" : la vraie alliance "coLib", celle entre le communisme marxiste et l'anarchisme serait impossible à réaliser, car l’humain serait le roi des cons ! C’est loin d’être faux. Cependant rien n’est perdu : par exemple les sociétés des abeilles et les fourmis, par exemple, s’organisent sans chef…

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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Illustration 1

Deux petites remarques pour commencer.

J’ai beaucoup cru en 2020 (personne n’est parfait…) en Didier Raoult et à sa solution de l’hydroxychloroquine pour soigner la Covid-19. Il paraît que c’était un escroc ; et tout le monde le prétend encore ; et si tout le monde le dit… Cependant, il continue à emmerder le monde. Il vient d’ajouter une corde à son arc en publiant, en septembre 2024 (chez Michel Lafon) un bouquin contre la théorie de l’évolution de Darwin, rien que ça : Homo chaoticus - Révolution dans l’évolution ; et avec ses apports sur les virus qui seraient à l’origine de toutes les mutations, chaotiques donc, de l’histoire humaine, marquée, justement, par les épidémies. Bien sûr, on en parle surtout dans des médias que je n’aime guère et le plus souvent assez adeptes du complotisme[1]. Il n’empêche, il y a chez Raoult, un aspect scientifique un peu anar (plutôt de gauche) qui devrait plaire à Charlot et Mickey…

Et l’anarchisme devient, ces temps-ci très fashion ; mais surtout celui de droite. L’hebdomadaire Valeurs actuelles, très à droite et peu libertaire, a publié en octobre 2024, un long Hors-série intitulé « Les anars de droite », avec une longue liste en couverture des prétendants au titre. L’hebdomadaire Mariane du 18 décembre rebondit sur le sujet avec son article « Ni Dieu ni gêne. Le dernier chic : se dire "anar de droite" ». On n’en sait guère plus sur ce qui caractérise ce pseudo-anarchisme, mais on prend conscience que c’est dans l’air du temps.

* Le coLib comme réussite généralisée ? Difficile, l’Histoire l’a montré jusqu’à maintenant. Peut-être impossible

Nous n’avons que peu insisté, dans ce second feuilleton uchronique, sur la difficulté sinon l’impossibilité d’une alliance véritable entre les cocos et les anars de nos deux larrons, car déjà l’évoquer semblait contre-productif (voir l’avant-dernier Voyage en France en 2027). On ne peut pas néanmoins ne pas y revenir ; mais je n’ai que peu de virgules à changer à la conclusion[2] développée à la fin du tome 1, la première uchronie. Son début était déjà suffisamment évocateur ; c’était le suivant : « Communisme et anarchisme : impossibles à réaliser  car  l’humain  est le roi des  cons ? ». Ce qui était bien précisé par ce qui suit : « Malgré les possibilités, évoquées dans l’Histoire sur la période d’une trentaine d’années de l’uchronie, de rapprochements nombreux, possibles et honnêtes, Éros fut toujours vaincu ; pourtant, il s’en eut fallu de presque rien pour qu’ils se disent vraiment "Je t’aime". Il n’y eut que des pseudo-rapprochements, des attouchements ratés de Marx et Proudhon et celui, provisoire et tactique du premier et de Bakounine. Même chose ensuite, malgré l’existence, certes marginale mais réelle, des communistes libertaires ou les appels du pied, par exemple, en France, celle des trotskistes du NPA. Il doit y avoir un truc qui cloche… ».

1 - Peu de virgules à changer, certes ; mais pas mal de choses à rajouter !

J’avais d’ailleurs à peine évoqué le philosophe britannique Thomas Hobbes[3] contemporain de la Révolution anglaise (qui précéda de beaucoup plus d’un siècle la Révolution française) et son écrit le Léviathan[4] ainsi que sa fameuse phrase « L’homme est un loup pour l’homme ». Mais en ne retenant que ce dernier aphorisme, on oublie son contraire que note également Hobbes : l’Homme peut être un Dieu pour l’homme, sauf que, contrairement à Jean-Jacques Rousseau, un siècle plus tard, Hobbes n’évoque pas de bons sauvages. Dans les deux cas, seul un contrat social et en fait l’État (Le Léviathan pour Hobbes) peut résoudre le problème. Pas de salut sans État donc : mal barré pour les libertaires…

En outre, obnubilé par le freudo-marxisme (on ne se refait pas …) j’en avais oublié d’aller voir ailleurs : d’abord chez Étienne de La Boétie, le véritable précurseurs d’une critique non freudienne de l’acceptation de la domination, avec son Discours de la servitude volontaire paru en 1576 et 1578, (bien avant Hobbes) écrit quand il avait 18 ans, comme une dissertation, donc à la fin des années 1550 ; ensuite chez les anarchistes qui ont aussi quelques idées sur la question ; puis chez l’ethnologue Pierre Clastres ; enfin quelques mots sur un sujet (où je suis parfaitement incompétent...) : la psychosociologie qui semble affirmer que dans chaque petit groupe, se dégage en général un leader.

Quelques autocritiques du premier feuilleton donc...

11 - La Boétie en causait donc déjà dans son Discours de la servitude volontaire...

Selon lui, c’est moins la force (qui, bien sûr, n’est pas niée : voir les violentes répressions de Jacqueries paysannes au Moyen-âge, et l’une très récente du temps du jeune étudiant) qu’une servitude volontaire, avec collaboration, active ou résignée. Pour éviter les ennuis, il prend ses exemples dans l’antiquité, mais c’est son époque qu’il critique en s’interrogeant : comment peut-il se faire que « tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations endurent quelquefois un tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent ? ». Mais comment expliquer la mise en relation de deux mots contradictoires : servitude et volontaire ?

Ce type de société, explique La Boétie, est historique : elle n’a pas toujours existé et n’est pas éternelle ; elle serait née presque par hasard. « Quel malencontre a été cela, qui a pu tant dénaturer l’homme, seul né de vrai pour vivre franchement [librement] ; et lui faire perdre la souvenance de son premier être, et le désir de le reprendre ? ». Liberté, puis, brusquement, le « malencontre », l’accident tragique qui aurait donc pu être évité : la naissance de l’État[5] (ou du moins du despotisme). Mais aucune explication à ce malencontre. Accident ? Pas seulement : « La première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude ; […] la première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés dans la servitude ». La cause serait ainsi dans l’effet ? Et pourquoi ça dure[6] ? Grâce aux jeux, ces « drogueries », anticipant Huxley, ou grâce à la superstition dont la religion ; mais ça ne sert que pour endormir le « gros populas ». Pour les autres, et là pas besoin non plus des freudo-marxistes, l’économique et le politique sont suffisants, car tout se joue dans le cadre d’une pyramide à étage de contrôles sociaux ; pas besoin d’un dessin, les mots de La Boétie sont suffisants : « Cinq ou six ont eu l’oreille du tyran. […] Ces cinq ont six cents qui profitent sous eux, et qui font de leurs six cents ce que les six sont au tyran […] ces six cents en maintiennent sous eux six mille… ». C’est en effet toujours plus compliqué que le schéma marxiste de deux classes s’opposant ; et dans tous les modes de production : maîtres et esclaves ; seigneurs et serfs, patrons capitalistes et prolos (avec une petite-bourgeoisie qui fiche un peu le bordel). Le philosophe français Marcel Conche résumait cette pyramide avec une formule (souvent attribué à La Boétie lui-même) : « Le tyran tyrannise grâce à une cascade de tyranneaux, tyrannisés sans doute, mais tyrannisant à leur tour ». Rappelons que dans les usines actuelles fordistes (ça existe encore !) le plus haï des chefs par les ouvriers de base (les OS, les Ouvriers spécialisés) est le « petit chef », souvent le régleur qui règle le rythme de la chaîne.

Comment sortir de cette servitude ? En fait, La Boétie n’indique pas de solutions et revient en fait à la case départ : pour sortir de cette domination, il faut sortir de l’habitude ; insistons. Ceux qui n’ont jamais connu la liberté « servent sans regret et font volontairement ce que leurs pères n’auraient fait que par contrainte. La première raison pour laquelle les hommes servent volontairement, c’est qu’ils naissent serfs et qu’ils sont élevés comme tels. […] On ne regrette jamais ce que l’on n’a jamais eu ». Il ne faut donc pas exagérer son apport : il est moins anarchisant qu’amoureux de la Liberté anticipant (avec plus d’un siècle et demi d’avance !) le Siècle des Lumières. Donc, c’est fastoche résume-t-il : « Soyez donc résolus à ne servir plus. Et vous voilà libres ».

Ce texte a longtemps été ignoré, redécouvert et plagié, affirme l’article de Wikipédia.

Par exemple, par Marat dans Les Chaînes de l’esclavage[7] (texte écrit en 1774 mais publié en 1792). Le plagiat ne saute pourtant pas aux yeux, sauf si l’on se trompe sur le contenu du point : 1 - De l’amour de la domination qui peut faire penser à la servitude volontaire ; pas du tout, c’est bien, selon Marat, l’amour de la domination par les dominants : « L’amour de la domination est naturel au cœur humain, et dans quelque état qu’on le prenne, toujours il aspire à primer, tel est le principe des abus que les dépositaires de l’autorité font de leur puissance ; telle est la source de l’esclavage parmi les hommes. Commençons par jeter un coup d’œil sur l’aptitude plus ou moins grande des peuples à conserver leur liberté : nous examinerons ensuite les moyens mis en jeu pour la détruire ». Seulement à la fin, Marat écrit-il en effet, mais sans grand développement : « Non content d’être la dupe des fripons, le peuple va presque toujours au-devant de la servitude, et forge lui-même ses fers ».

Ce n’est qu’en 1835 que Félicité de La Mennais (dit Lamennais) préface ce discours de La Boétie[8], ensuite repris au XXe siècle par des philosophes (comme Henri Bergson, Simone Weil) et un ethnologue (Pierre Clastres ; voir plus loin) mais surtout les freudo-marxistes français (dont Gilles Deleuze et Félix Guattari, notamment dans L’Anti-Œdipe).

12 - Psychanalyse et anarchie ; oui, ça existe !

Voilà pour La Boétie. Pour ce qui est des rapports entre psychanalyse et anarchie, on pourrait y passer une certain temps ; tentons d’être brefs.

L’une des approches que nous préférons est celle d’Eduardo Colombo[9]  qui note que l’anarchisme, par son refus de l’autorité et de la domination, vient attaquer « une relation cachée dans un coin obscur de la vie de chacun, là ou somnole la soumission inconsciente à l’autorité sociale », ce qui résonne avec le vieil écrit de La Boétie. En conclusion Colombo cite Bakounine : « Il en résulte que, pour se révolter contre cette influence que la société exerce naturellement sur lui, l’homme doit au moins en partie, se révolter contre lui-même ».

Mais le principal texte anar, déjà ancien pour sa première édition de 1995, est justement Psychanalyse et anarchie, réédité en 2019 aux éditions Atelier de création libertaire[10]. On y trouve en 4e de couverture la fameuse citation de l’anarchiste Archinov compagnon de Makhno : « Prolétaires de tous les pays ; descendez dans vos propres profondeurs et cherchez-y la vérité, vous ne la trouverez nulle part ailleurs ! ». L’histoire de la horde primitive avec le meurtre rituel du père y est évidemment reprise, avec sa culpabilité ; mais avec l’interrogation suivante : « Est-ce pour autant que le chef est nécessaire et inhérent à tout groupement humain, nous demanderons-nous de notre place de militant anarchiste ? Freud ne semble pas loin de le penser. Il écrit dans son étude sur les foules que "tous les individus doivent être égaux entre eux, mais tous veulent être dominés par un seul […] le meneur de la masse demeure toujours le père originaire redouté, la masse veut toujours être dominée par une puissance illimitée". Constat pessimiste qui ferait de l’humain un être qui a besoin d’être gouverné (ce qu’énonçait déjà la Boétie) ou mise en garde et possibilités offerte de dégagement par dévoilement des chaines qui aliènent ? ».

Enfin, concernant les anars et la psychanalyse, on ne peut éviter un freudien bien particulier, l’Autrichien Otto Gross : anarchiste ; un peu fou-fou ; et qui finit vraiment fou.

On trouve, concernant le point de vue libertaire de la psychanalyse par  Karine Snepmac, le point de vue suivant : « Il est nécessaire ici de rendre un hommage critique à Otto Gross qui […] a devancé Freud dans son analyse sur le Malaise dans la civilisation (Trois études sur la vie intérieure) avec un propos encore plus radical ; "pour lui la pulsion de mort n’est pas l’antagonisme de la culture : elle l’accompagne (…). La pulsion de destruction triomphe quand la culture vient à bout du principe de plaisir et de la pulsion de vie". […] La critique du patriarcat et de l’institution famille de Gross, en tant qu’elles sont pourvoyeuses de violence et de répression vise à proposer un projet libertaire qui, contre l’ordre moral, souhaite la volonté de relation plutôt que la volonté de pouvoir. L’intérêt des freudo-marxistes après Gross (Reich, Marcuse…) aura été de mettre l‘accent sur la part de la misère (sexuelle et sociale) dans la névrose, sur les dimensions répressives des institutions patriarcales, religieuses et éducatives. Leur démarche, comme celle de Daniel Guérin, est à repérer entre récusation du déterminisme psychique et tentative de synthèse ».

Qui était cet Otto Gross ? C’était un médecin, psychiatre et psychanalyste autrichien disciple non-conformiste de Sigmund Freud qui le remarqua pour son enthousiasme mais le rejeta à cause du tour trop original et révolutionnaire de ses positions. Il est donc en effet un peu fou-fou, anarchiste et finit vraiment fou ; Carl Gustav Jung (autre dissident de Freud) le traita par une psychanalyse et lui diagnostiqua une démence précoce. Il fut pourtant avec Wilhelm Reich, l’un des théoriciens fondateurs de la libération sexuelle, mais de tendance anarchiste : ce n’est donc pas un freudo-marxiste et seuls les anars le mentionnent.

13 - Pierre Clastres et La Société contre l’État : un peu de baume au cœur...

On ne peut pas, pour presque finir ce sujet, ne pas mentionner Pierre Clastres ; non pas un psy mais un ethnologue et anthropologue français, le seul anarchiste de la bande. « L’histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l’histoire de la lutte des classes. L’histoire des peuples sans histoire, c’est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l’histoire de leur lutte contre l’État ».

Il y a en fait deux Clastres : d’un côté, l’ethnologue de terrain, avec la Chronique des Indiens Guayaki ; de lautre, le théoricien anar avec La Société contre l’État, de 1974. Il se rapproche alors de philosophes dont les recherches portent sur la politique, des personnes animant le courant antitotalitaire qu’il avait déjà croisées : Cornelius Castoriadis[11]  et Claude Lefort. Bien après la fin officielle de SouB, Clastres retrouve Lefort avec le livre É. de La Boétie, Discours de la servitude volontaire, (préf. Miguel Abensour et Marcel Gauchet, postface Pierre Clastres et Claude Lefort), Paris, Payot, 2002. Mais il meurt prématurément à 43 ans d’un accident de voiture.

14 - La psychosociologie et sa constatation principale : dans chaque petit groupe, il y presque toujours un leader... Pour finir sur une hypothèse encore moins réjouissante...

Commençons par le film réalisé par Federico Fellini en 1978 Prova d’orchestra (Répétition d’orchestre[12]) ; c’est du cinéma, pas de la théorie, mais c’est beaucoup plus parlant : les musiciens se révoltent contre un chef tyrannique, mais, après une catastrophe, le chef reprend tous ses droits... Désespérant… Je ne peux m’étendre, car je n’y connais pas grand-chose (malgré mes brillantes études de gestion...) sur les théories de la psychologie sociale (qui serait différente[13] de la psychosociologie ou de la dynamique de groupe ; mais je m’y perds déjà). La seule chose que j’ai comprise, c’est que déjà tout petit groupe rechercherait un leader ; étonnant, non, cette affirmation assez générale (mais qui présente cependant quelques opposants...). Mais qui ne l’a pas vécu, même si souvent deux petits coqs – rarement poulettes – montrent leurs égos-ergots.

Je me suis donc contenté de picorer, ici et là.

« Classiquement[14], on définit un leader comme une personne de confiance, dont le destin est lié à celui du groupe. C’est une personne qui a du charisme et des qualités d’orateur ». Hitler avait toutes ces qualités, mais le « Groupe » peuple allemand n’en manquait donc pas. Ou encore : « ... le leadership trouverait sa source dans la personnalité ou les comportements du leader. [...] Il dispose de qualités appréciées par autrui. Certaines études montrent une corrélation entre la taille de la personne et le leadership, on aurait d’autant plus de chances d’être leader que l’on est grand ». Ça colle moins avec Hitler.

Un manager qui se prétend haïr la hiérarchie nous en conte de belles[15] : « Je hais la hiérarchie. Oui, dis comme ça, c’est brutal. Rien que l’étymologie du mot me laisse plus que dubitatif : pouvoir sacré, c’est un peu trop[16]. La hiérarchie dans le travail ne sert donc pas à grand-chose, elle n’est pas la garante de la compétence, ni du pouvoir, ni du travail bien fait. Elle représente souvent plus un frein qu’un vecteur de progrès, bastion des petits chefs (et je le dis alors que je suis chef) elle déresponsabilise tout en créant de la frustration. La majorité de ces défenseurs que j’ai rencontré veulent surtout conserver leur place et leur pseudo-pouvoir de position. Être au sommet d’une pyramide ne fait pas de vous le type le plus écouté ou le plus respecté de la boîte, c’est même parfois le contraire. [...] Bref, vous avez compris les systèmes pyramidaux m’exaspèrent. Par contre je pense pas que l’on puisse  se passer de chefs; Je dis "chef"  comme "à la tête de", j’aime bien ce mot , je le préfère à leader, manager, dirigeant. Le reste est à lavenant.

Enfin, ladite Expérience de Milgram, chercheur américain du début des années 1960, est assez connue ; je n’en dis pas plus pour les âmes sensibles ; elle fut réitérée des tas de fois avec les mêmes résultats[17] ; une expérience plus récente de 2022, nettement moins brutales, astucieuse, bien filmée et bien commentée, montre que sans chefs et sous-chef, l’organisation d’un groupe est difficile[18], et surtout que ces leaders apparaissent vite, spontanément, mais en assez grand nombre, et se font concurrence. Encore une expérience désespérante, mais pas tant que ça : il n’y a pas qu’un Grand leader à la Kim Il-sung et ses petits (et petites ?) mais souvent plusieurs, le film le montre... Cependant (comme dirait Freud) ça finit toujours avec un seul coq, comme dans les basses-cours. Hitler ne s’est-il pas débarrassé de son principal concurrent, plus « socialiste » que lui, Ernst Röhm, lors de la Nuit de longs couteaux.

...

* Mais il y a les abeilles ! Une société coLib ?

Ce monde a beaucoup séduit les philosophes, dont le premier fut probablement Aristote (grand démocrate et inventeur de la théorie de la valeur travail, mais qui fut aussi, à la demande de Philippe II de Macédoine, le percepteur de son fils Alexandre dit Le Grand, plutôt despote. Aristote, dans son Histoire des animaux, est fasciné par cette société où les abeilles sont « prudentes, politiques, divines » ; mais il est loin d’avoir tout compris[19].

Un monde de meufs, où les ouvrières organisent tout, en communiquant en dansant dans le ciel et sans doute avec une alchimie que l’on commence à connaître : l’utilisation des phéromones qui assurent aussi la division entre les travailleurs et les baiseurs (la reine unique et quelques rares mâles faux bourdons). Un monde dit très hiérarchisé, même en castes selon certains[20] ; mais pas du tout : la société semble s’organiser miraculeusement toute seule, automatiquement, avec division du travail (mais on n’est pas chez Huxley, avec ses alphas et ses omégas) ; un monde communiste où les individus travaillent pour la communauté, mais apparemment sans contrainte, un monde libertaire ? Les travailleuses, les ouvrières changent de métier selon leur âge, mais peuvent tout faire quand il le faut. Et les guerrières ne sont pas une armée de métier, juste des volontaires ouvrières quand il le faut.  Les très rares mâles, les bourdons (d’ailleurs faux ! je plaisante) n’ont aucun pouvoir, sauf de tenter de baiser la cheftaine (ladite reine également sans aucun pouvoir hiérarchique, pire que feu Élisabeth II ; mais elle mange mieux que les travailleuses (la gelée royale qui lui donne ses capacités érotiques et reproductrices). Peu de malheureux machos y parviennent car il faut voler très haut, lors du vol nuptial, auquel ils ne survivent habituellement pas (sauf s’ils ratent leur coup) en suivant cette reine qui les met en concurrence pour trouver les plus balèzes (un peu plus de chance que les spermatozoïdes qui avancent en nageant grâce à leur queue pour pénétrer l’ovule, mais à peine) qui après l’orgasme vont y laisser la leur.

Voilà, tout est dit ou presque. Et une société écolo, utilisant un désinfectant (qui n’est pas un antibiotique) la propolis ; mais ça ne marche pas pour lutter contre les frelons (surtout les Asiatiques...) et surtout une petite bête, un acarien, le varroa destructor, qui avec les insecticides néonicotinoïdes, vont peut-être venir à bout de celles qui pollinisent à tout va les arbres fruitiers. On mangera ainsi moins de fruits. Et toute cette société ouvrière ne fait tout ça que pour reproduire l’espèce et manger, et sans faire l’amour (sauf donc, les privilégiés, la reine et quelques faux bourdons) ; ça, c’est pas sympa, peu coLib.... Et tout ce meilleur des mondes  du genre meufs ouvrières ne mange que du miel (les apiculteurs leur en laissent pour l’hiver, pas si cons) et ne font jamais de barbecue. Sandrine Rousseau doit être aux anges.

Mais il faut savoir arrêter un billet, ou presque...

.....

Quelques compléments pour ne pas s’arrêter sèchement sur Sandrine Rousseau...

a/ Tout savoir sur l’histoire de l’anarchisme dans le Monde ? Une seule adresse : le film documentaire passionnant, Ni Dieu ni maître, de Tancrède Ramonet[21] ; malheureusement, ce film interroge…

Ni Dieu ni maître, « Il aurait pu ajouter, se permet la critique Catherine Pacary, "ni critique", tant l’histoire qu’il en propose est laudative ». Je dirais même plus : on a l’impression que toute l’histoire des luttes de classes dans le monde du XIXe au XXIe siècle se résume par le mouvement anarchiste ! Par exemple : la Révolution mexicaine des années 1910 est beaucoup plus compliquée, anarchisante avec Emiliano Zapatta, ou Pancho Villa, le seul véritable anarchiste étant probablement Ricardo Flores Magón, et encore ; l’Armée zapatiste de libération nationale (Ejército Zapatista de Liberación Nacional, EZLN) du milieu des années 1990 avec le sous-commandant Marcos (qui ne s’est jamais réclamé de l’anarchisme[22]) dans le Chiapas, au sud du Mexique ; Occupy Wall Street, en 2011 ; etc.. Souvent d’ailleurs, les historiens interrogés dans le documentaire répètent à l’envi qu’il ne s’agit pas vraiment de mouvements anarchistes ou libertaires, mais que cette conception y est bien présente ; ce qui n’est pas faux mais occulte la diversité où les marxistes sont souvent dominants : rien à voir avec les coLibs !

Le NPA, le Nouveau Parti Anticapitaliste (qui, lors de sa formation faisait déjà des yeux doux aux anars[23]) proposait une critique assez proche : « Le documentaire fait le choix de se concentrer sur le courant le plus spectaculaire du mouvement anarchiste mais pas le plus cohérent en revenant sur les provos aux Pays-Bas ou les Angry Brigades en Grande-Bretagne mais pas sur le travail syndical, donnant dès lors l’impression que le mouvement libertaire a rompu avec le prolétariat au profit du spectaculaire. Il est dommage que le documentaire donne plus de place à cette histoire spectaculaire mais peu efficace plutôt qu’à une histoire certes moins sexy mais ayant fait plus de preuves dans le mouvement ouvrier ». Mais au moins le docu met en exergue le mouvement des black blocs dont la date de naissance serait 1999 à Seattle[24].

b/ Pourquoi si peu de Voyages de Charlot et Mickey dans l’espace et dans le temps ?

Ils auraient pu parcourir le monde entier à la recherche du communisme libertaire ; ils ne l’ont pas fait : d’abord, parce qu’il n’y a pas beaucoup de situations et de moments (comme diraient Debord et Lefebvre) qui méritaient une visite ; d’autre part, parce j’avais déjà abordé rapidement la question à la fin du feuilleton traitant du même sujet (par exemple l’éventuel aspect libertaire de la nouvelle société de la région du Rojava au Kurdistan syrien). Le lecteur devra, à cet égard, se débrouiller tout seul… Juste quelques mots pour l’aider, dans quelques pays où mes souliers ont un peu voyagé.

L’anarchisme a toujours été très important dans le mouvement social en Amérique, au Nord (avec aux USA le puissant syndicat IWW, Industrial Workers of the World, Travailleurs industriels du monde) comme au Sud (et au Centre) surtout sous la forme d’anarcho-syndicalisme. Cuba ne fait pas exception ; on n’y retiendra que deux anars importants : le premier est l’un des premiers communistes libertaires déclarés, allant au-delà de Bakounine, l’Italien Errico Malatesta qui fit le voyage au début du XXe siècle (après avoir passé de nombreuses années en Argentine, de 1885 à 1900) ; le second est l’un des plus importants dirigeants de la guérilla castriste du Mouvement du 26 Juillet, Camilo Cienfuegos, probablement l’un des seuls anarchistes déclarés dont Che Guevara  disait le plus  grand bien « à cause de l’audace de ses coups, sa ténacité, son intelligence et la dévotion inégalée. Camilo a la fidélité comme religion » ; il est mort très tôt dans un accident d’avion ; et l’on murmure encore que ce n’était pas un accident.

Au Mexique, la Révolution fut beaucoup plus complexe que celle narrée par Tancrède Ramonet ; mais son origine est sans doute dans le Partido Liberal Mexicano, le PLM (Parti libéral mexicain) de Ricardo Flores Magón, fondé en 1906 mais qui devient, à la veille de la révolution, résolument anarchiste. Exilé aux USA, le PLM est le principal mouvement d’opposition au gouvernement de Porfirio Díaz, grâce à son hebdomadaire Regeneración. Des historiens pensent que le mouvement libertaire mexicain trouverait ses sources dans la structure communautaire paysanne traditionnelle du Calpulli précolombien (comme le mouvement des narodniki russes aurait trouvé les siennes dans la structure communautaire du Mir) ; mais cette structure correspond tout simplement à ce que Marx nommait le mode de production communiste primitif qui a précédé la structure étatique des Aztèques.

En Chine même, on trouva quelques anars au début du XXe siècle et le mouvement prit de l’importance mais fut rapidement étouffé quand, avec la Révolution en Russie, naquit le communisme chinois. Est discrètement mentionné dans l’article de Wikipédia sur l’anarchisme en Chine, que le groupe Autonomous Beijing aurait eu un certain rôle en 1989 place Tian’anmen ; mais on ne parle en général que d’un mouvement démocratique pour la liberté comme conséquence à la fois de volonté de réforme d’une partie du pouvoir chinois et de l’influence de la politique de Gorbatchev en Russie. Aujourd’hui, les anars se font de plus en plus rares...

Quant à la Nouvelle-Calédonie, c’est le bordel, avec le climax de la quinzaine qui a suivi le 13 mai 2024. Émeutes de voyous manipulés, selon la droite et les loyalistes pro-Calédonie française ; une insurrection politique de la jeunesse kanak désœuvrée mais nationaliste, selon les partisans de l’indépendance. Remake, sur une plus courte période, de la quasi-guerre civile des années 1980 – dite Événements, comme en Algérie – presque pour les mêmes motifs (des histoires de corps électoral) mais avec beaucoup plus de morts, de blessés, d’arrestations et de mises en examens avec déportations en Métropole par unité de temps ! On compte en Calédonie les marxistes sur les doigts d’une main et les anars sont curiosités : on ne voit pas ce que Charlot et Mickey seraient venus inspecter ! En revanche, la justice coloniale inspecte ; elle tente de montrer que ce mouvement a été organisé par la fraction la plus radicale des indépendantistes, grâce à une organisation récente : la Cellule de Coordination des Actions de Terrain,  la CCAT, qui fleure bon le spontanéisme organisé (on n’est donc pas totalement hors sujet ici !).

Je traîne mes claquettes sur ce Caillou depuis une quinzaine d’années, plusieurs mois par an pour aider un peu à ce qu’il devienne Kanaky Nouvelle-Calédonie indépendante, mais indépendance-association avec la France. Car il n’y a pas que l’économie (et singulièrement l’analyse de la chute actuelle du taux de profit en France) et le communisme libertaire dans mes préoccupations et dans les luttes sociales, il y a aussi les luttes d’indépendance national[25], qui se prétendent souvent socialistes : dans FLNKS, le Front de Libération nationale Kanak et Socialiste le S semble toutefois jouer, selon moi, la quatrième roue du tricycle. Pourquoi le taire, j’ai interviewé, il y a quelques années, Emmanuel  Tjibaou[26], le fils de son père Jean-Marie ; il se refusait alors, étant directeur du fameux et majestueux Centre culturel à Nouméa qui porte le même nom, à donner dans la politique, et eut une réaction étonnante quand je lui demandai : « Y a-t-il une bourgeoisie kanak,  et  quel  rôle joue-t-elle dans  la  lutte  pour  l’Indépendance ? ». Tjibaou  en  rit  encore : « Ah , ces  marxistes maos ! Bourgeoisie, ça  ne  veut  rien  dire  ici  ! ». Je précisai : « Certains Kanak emploient-ils [je ne dis pas « exploitent-ils »] des salariés ? ». « Bien sûr, répondit-il, mais là n’est pas le problème : nous sommes embarqués dans la même bagnole que les Caldoches et Zoreils : on veut tout simplement prendre le volant ! ». Je lui fis remarquer que dans FLNKS, il y a un S ; il sourit. Il est maintenant député indépendantiste depuis les législatives de 2024 qui peuvent jouer, dans la tête des partisans de l’émancipation, le rôle de 4e référendum : 53 % des suffrages exprimés pour l’indépendance, 47 % contre.

Passionnant, mais un peu déprimant, ce Caillou… Mais pas d’inquiétude (sauf pour ceux qui n’en veulent pas…) l’indépendance arrivera, certes en association avec l’ex-Métropole, en État associé, ou toute autre forme hybride ; mais elle arrivera. Si Manuel Valls arrive à convaincre Emmanuel Macron…

Je finis néanmoins par le pays où j’ai usé le plus de chaussures : le Chili…

Un an et demi, en 1971-1972, service militaire particulier : pas comme militaire, mais comme coopérant technique ayant un peu aidé Allende dans sa radicalisation de la Réforme agraire, et son ministre de l’agriculture Jacques Chonchol.

Au Chili, le Parti socialiste[27] de Salvador Allende, nettement plus radical que le PC chilien[28]  sous le gouvernement d’Unité populaire, fut marqué, dans son histoire à la fois par le marxisme et l’anarchisme (peut-être un peu plus que Léon Blum) comme dans toute l’Amérique latine ; mais Allende (comme Blum) était sans aucun doute plutôt marxiste réformiste qu’anar, et tenta jusqu’à la fin la voie démocratique, soutenue mordicus par le PC, moins par son parti, le PS. Il refusa la voie plus radicale d’une minorité d’ouvriers et de militants sympathisants qui avaient, dès 1972, créé des Cordones industriales, des Cordons industriels[29], expression spécifique au Chile d’Allende, des Zones géographiques coordonnant les actions au sein des entreprises du coin. Jamais, on ne parla de Conseils, encore moins de Soviets ; et ils étaient dominés surtout par des marxistes radicaux de tout poil ; j’en ai connu quelques-uns en 1972, dont trois maos social-folklos, mais pas un anar.

On oublie toutefois trop souvent qu’Allende, ce grand réformisme de la « Voie chilienne au socialisme » par les élections (qui a bien sûr foiré, par le coup d’État de Pinochet du 11 septembre 1973…) avait auparavant soutenu la guérilla en Bolivie du Che, évidemment plutôt marxiste qu’anar ! Et les gardes du corps d’Allende venaient de là, avec des éléments des gauchistes (marxistes un peu guévaristes ou luxemburgistes, qu’importe) du MIR, le Movimiento de la Isquierda Révolutionaria (le Mouvement de la Gauche Révolutionnaire).

Par ces deux voies très différentes – rien à voir donc avec nos deux larrons – ils y ont laissé tous les deux leur peau : Le Che d’abord, assassiné en octobre 1967 ; Allende ensuite, suicidé, dit-on, en septembre 1973[30].

Notes

[1] Le moins marqué politiquement, y est probablement l’article, du 4 septembre 2024, du quotidien France Soir (qui n’est pas non plus ma tasse de thé…) ; voir :

https://edition.francesoir.fr/videos-les-debriefings/l-homme-met-le-chaos-pr-didier-raoult-sur-son-nouveau-livre-homo-chaoticus

Comme j’aime bien aussi emmerder le monde, on peut également lire, sur France Soir, une étude qui montre (montrerait ?) que la bithérapie de Raoult était efficace contre le virus de la Covid-19 :

https://francesoir.fr/societe-sante/la-bitherapie-hydroxychloroquine-et-azithromycine-aux-dosages-prescrits-l-ihum-reduit

[2] Voir le billet de blog du 30 novembre 2023 sur Le Club de Médiapart, l’avant-dernière Saison de Cocos et anars jouent Éros plutôt que Thanatos : uchronie et Histoire (Saison 19) :

Cocos et anars jouent Éros plutôt que Thanatos : uchronie et Histoire (Saison 19) | Le Club

[3] Par exemple, à écouter sur France culture :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/hobbes-l-homme-est-un-loup-pour-l-homme-7928250

Voir aussi :

https://www.philolog.fr/lhomme-est-il-un-loup-ou-un-dieu-pour-lhomme/

[4] Écrit de 1651 ; voir :

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9viathan_(Thomas_Hobbes)

[5] Il faut avoir en tête la théorie de Marx-Engels du passage de la société dominée par le mode de production communiste primitif sans classes sociales et sans État, à celle dominée par le mode de production despotique (dit asiatique) pour évaluer la pertinence du discours de La Boétie. Les lecteurs ne se contentant pas de notre résumé sans doute imparfait pourront aller voir :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire

On peut en outre trouver sur la Toile de nombreuses références ainsi que le texte complet, en fait très court.

[6] L’un de mes pires souvenirs d’enfance, c’est ma grand-mère quand elle disait : « Nous sommes des ouvriers, c’est comme ça ; on ne peut rien changer ». Pas besoin d’Aldous Huxley ; les castes en Inde n’avaient pas besoin de la biochimie du Meilleur des mondes et de la Société du spectacle ; les classes sociales des différentes sociétés historiques étaient tenues par le bâton, comme chez Orwell, et un peu de propagande et de mensonges.  

[7] Voir le texte :

http://marxisme.fr/download/jean_paul_marat_chaines_esclavage.pdf

Environ 200 pages en 83 points…

[8] De la Servitude volontaire, ou le Contre’un, par Estienne de La Boëtie (1548), avec les notes de M. Coste et une préface de F. de Lamennais.

[9] Le problème du Pouvoir, Entre psychologie sociale et anarchisme, N° 28 / Anarchisme et pensée libertaire Janvier 2016 ; voir :

https://cpp.numerev.com/articles/revue-28/1269-le-probleme-du-pouvoir

L’analyse du Freud de Totem et Tabou par Colombo est probablement l’une des plus claires selon laquelle « Les hommes primitifs vivaient, selon une hypothèse de Darwin, dans de petites hordes dominées par un puissant mâle, "père violent et jaloux", qui gardait "pour lui toutes les femelles" et châtrait ou expulsait du groupe paternel "ses fils à mesure qu’ils grandissaient". Un jour les frères ainsi chassés de la horde se conjurent, tuent leur père tyrannique et accèdent aux femmes convoitées, ils dévorent le cadavre dans une fête collective et en l’incorporant s’identifient à lui. Dès lors, "cet acte mémorable et criminel" a servi de point de départ à tant de choses : des organisations sociales, restrictions morales, religions ».

[10] Texte de Roger Dadoun, Jacques Lesage De La Haye et Philippe Garnier ; voir le compte rendu de février 2021 par Karine Snepmac :

★ PSYCHANALYSE ET ANARCHIE - Socialisme libertaire       

[11] Ajoutons que Castoriadis parle très peu des anarchistes, sauf au début de Socialisme et Barbarie où il les éreinte (ça nous avait échappé…) : « Les Fédérations Anarchistes continuent à réunir des ouvriers d’un sain instinct de classe, mais parmi les plus arriérés politiquement et dont elles cultivent à plaisir la confusion. Le refus constant des anarchistes à dépasser leur soi-disant "apolitisme" et leur athéorisme contribue à répandre un peu plus de confusion dans les milieux qu’ils touchent et en fait une voie de garage supplémentaire pour les ouvriers qui s’y perdent ». On se demande s’il n’a pas piqué ça à Sverdlov et Lénine dans leur entretien avec Makhno..

[12] Voir :

Répétition d'orchestre — Wikipédia

[13] Voir :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie_sociale

Et :

Psychosociologie — Wikipédia

Et encore :

Dynamique de groupe — Wikipédia

[14] Voir, par exemple :

Le leadership - Psychologie Sociale

[15] Voir :

Jamais d'équipe sans chef - Pasq.fr

[16] le mot hiérarchie provient du  grec ancien, de : hieros (sacré) et de arkhê (pouvoir, ou commandement). la hiérarchie est donc bien sacrée ; on en apprend tous les jours !

[17] Voir Le Figaro Santé du 22 mars 2017 :

https://sante.lefigaro.fr/article/experience-de-milgram-l-etre-humain-prefere-encore-torturer-que-desobeir

[18] Voir :

Peut-on s’organiser sans chef ? L’expérience sociale - LOptimisme.pro

[19] Voir :

https://hapiculture.fr/quand-aristote-se-penchait-sur-la-cite-ideale-des-abeilles/#:~:text=Aristote%2C%20un%20philosophe%20grec%20parlait%20des%20abeilles%20comme,la%20ruche%20%C3%A0%20un%20microcosme%20de%20la%20soci%C3%A9t%C3%A9

[20] Le monde des fourmis est un peu différent ; les chercheurs y insistent plus sur ladite eusocialité de ce monde où existeraient effectivement des castes.

[21] Voir le Tome 1 précédant celui-ci, où il est déjà rapidement évoqué. En 2016, Tancrède Ramonet réalise Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme ; les deux premières parties furent financés par Arte, mais pas les deux dernières… Elles ne sortent qu’en 2022, grâce à un financement participatif. 

[22] Mais fut soutenu par nombre d’anars ou anarchisants dont l’Américain Noam Chomsky.

[23] Pour ceux qui auraient raté le premier feuilleton (le tome 1 de ce tome 2...) rappelons la transformation (en juillet 2009) de la Ligue communiste révolutionnaire en Nouveau parti anticapitaliste, où le mot communiste disparaît ainsi que celui de ligue, le premier parti de Marx, le NPA se voulant parti « anticapitaliste, démocratique et pluraliste [regroupant] tous les anticapitalistes et les révolutionnaires ». Cinq ans plus tard, cette initiative donnera le livre d’Olivier Besancenot et Michael Löwy, Affinités révolutionnaires. Nos étoiles rouges et noires. Pour une solidarité entre marxistes et libertaires (Mille et une nuits, 2014). Ce qui fit quelques vagues, tant chez les marxistes trotskistes que chez les anars...

[24] Les membres des black blocs (blocs noirs en anglais) sont sans aucun doute anarchisants sinon anarchistes. L’origine de l’appellation est allemande : Schwarzer Block, attribuée par la police de Berlin en 1980 aux autonomes ; la tactique spécifique du mouvement réapparaît médiatisée aux États-Unis en 1991 lors d’une manifestation contre la guerre du Golfe mais est en effet surmédiatisée fin novembre 1999 lors du congrès de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) à Seattle (capitale de l’avionneur Boeing).

On peut finir par un film sur la manifestation contre la méga bassine de  Sainte-Soline, fin mars 2023 ; les black blocs sont là, très minoritaires, comme d’habitude, mais la majorité des blessés grièvement ne sont pas ces militants, par exemple Serge Duteuil-Graziani qui portait un casque blanc (ce qui serait une curiosité pour un black bloc). Voir ce film :

« Sainte-Soline, autopsie d’un carnage » : le film en accès libre

Et voir aussi une véritable enquête en vidéos publiée par le journal Le Monde (7 avril 2023 et modifiée en juillet) :

Enquête vidéo : comment le manifestant antibassine Serge Duteuil-Graziani a été gravement blessé à Sainte-Soline

[25] Un peu de pub gratuite ne peut pas faire de mal. J’avais publié en 2018, chez l’Harmattan, Kanaky Nouvelle-Calédonie indépendante ? avec un point d’interrogation (Collection : Écrit-Tic ; si, si : j’y suis directeur de collection !). En 2024, j’ai remis le couvert en l’actualisant, mais dans le blog du Club de Médiapart, Kanaky Nouvelle-Calédonie indépendante !  avec un point d’exclamation. Voir la première Saison du 2 février 2024 :

Kanaky Nouvelle-Calédonie indépendante ! (Saison 1, Préliminaires) | Le Club

Et la dernière, du 24 février :

Kanaky Nouvelle-Calédonie indépendante ! (Saison 21) Deuxième partie, économie, fin… | Le Club

Il y a aussi d’autres billets. Continuons la pub : il suffit de taper sur n’importe quel moteur de recherche, Patrick Castex, et on tombe rapidement sur le blog ou Le Club de Médiapart (on peut donc trouver toutes les Saisons sur Kanaky et d’autres billets plus récents)… et plein d’autres écrits.

[26] Dans Mémoires capitales II, op. cit.

[27] Partido Socialista de Chile, Parti socialiste du Chili ; voir son histoire :

Parti socialiste du Chili — Wikipédia

[28] Partido Comunista de Chile, Parti communiste du Chili ; voir aussi son histoire :

Parti communiste du Chili — Wikipédia

[29] Les lecteurs intéressés pourront voir cette Histoire grâce à la Toile ; on les aides avec quelques références (en gros, les principales) mais ça fait déjà beaucoup :

https://www.monde-diplomatique.fr/2013/09/GAUDICHAUD/49663

On peut lire le bouquin sur la Toile :

Chili 1970-1973 : Mille jours qui ébranlèrent le … – Politique et Sociétés – Érudit

Et :

Les Cordons Industriels, c'est quoi ?

Ou :

Cordons industriels - Du Bon Côté Du Fusil

Ou encore :

pablo-nyns-les-cordones-industriales-au-chili-de-1972-1973.pdf

Puis :

Cordón industrial - Wikipedia, la enciclopedia libre

(en espagnol)

Et :

Cordón industrial - Wikipedia

(en anglais). Ainsi que :

Notes de lecture sur les cordones industriales au Chili - Paris-luttes.info

Enfin… :

11 de septiembre de 1973: Los cordones industriales

[30] Et l’on retourne ainsi un demi-siècle en arrière, avec mes écrits du milieu des années 1970. On écrit toujours le même livre ; mais, avec le temps, on change un peu…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.