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Billet de blog 15 mai 2025

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Bayrou et la commission d'enquête : pas à la hauteur

Je n’ai pas regardé jusqu’au bout mais seulement les deux premières heures de cette audition de François Bayrou le 14 mai devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires. Mon sentiment peut se résumer en une phrase : face aux enjeux, François Bayrou ne s’est pas mis à la hauteur. (mais je vais quand même un peu développer…)

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François Bayrou  a voulu réduire le travail de cette commission à une logique politicienne visant à le dégommer. Et il a cherché à transformer cette audition en un affrontement avec Paul Vannier et à travers lui, la France Insoumise.

Je n’ai aucune sympathie pour le co-rapporteur de cette commission dont j’ai déjà subi la violence dans les débats mais… Paul Vannier n’est qu’un membre d’une commission trans-partisane où se trouvent des députés de différents bords politiques. Et dans son rôle de co-rapporteur avec Violette Spillebout, il fait le job !

Les questions posées à François Bayrou par les deux responsables de cette commission sont des questions directes mais légitimes. Au lieu de les prendre de haut, comme un notable outragé et ulcéré, l’actuel premier ministre aurait dû y répondre avec précision et sans détours. La référence au livre « La Meute » était hors de propos. Tout comme son agressivité et son dénigrement de plusieurs acteurs de ce dossier. C’est indigne.

A ceux qui s’étonnent du ton et de la précision des questions, je les invite à aller voir ce qui se pratique dans d’autres pays. Quand j’enseignais aux États-Unis, il m’arrivait de regarder leur chaîne parlementaire et je peux vous dire que, dans les commissions d’enquête, on ne rigole pas et les questions sont autrement plus rudes !

Évidemment que dans cette audition, il y avait des enjeux politiques, personne ne peut le nier. Mais Bayrou était interrogé en tant qu’ancien ministre (et responsable politique local) tout comme l’ont été d’autres anciens ministres. Et sa proximité à plus d’un titre avec ce dossier exigeait cette audition. Réduire, comme l’a fait le maire de Pau, celle-ci  à une manœuvre est, non seulement une erreur d’appréciation  mais surtout une insulte faite aux victimes. Comme je l’ai déjà écrit dans un billet de blog, le vrai scandale de Béthrarram n’est pas que M. Bayrou soit interrogé mais que ce système de violence ait pu perdurer si longtemps. Il aurait fallu ne pas l’oublier.

François Bayrou n’est pas le seul responsable de cette situation et en faire une « victime » ou un trophée de chasse ne changera pas grand-chose. Il faut penser en sociologue plus qu'en procureur...  Le Premier Ministre, maire de Pau et président de la communauté de communes, président du Modem, m’est apparu ce mercredi soir, comme le représentant d’une époque surannée où des notables omnipotents mais inefficaces sont enserrés dans des relations de connivence et de petits arrangements. Un temps où une claque est considérée comme une petite « tape », où la violence potentielle d’un internat est ignorée, où le virilisme est une valeur…  Un temps où la parole de l’enfant n’est pas entendue.

Je viens de cette époque, je suis un « boomer » ,comme on dit, né à la fin des années 50. C’est de cette époque-là qu’il faut sortir et dont il faut déconstruire les mécanismes pour faire émerger une nouvelle éducation et une nouvelle société.

PhW le 15 mai 2025

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