Une enquête récente d'un journaliste de la Folha de São Paulo a révélé que le général de réserve Cláudio Barroso Magno Filho, lobbyiste de l'industriel minier Potássio do Brasil, était présent au moins dix-huit fois à la présidence de la République depuis le 1er janvier 2019, date de l'installation de Jair Bolsonaro à Brasilia. Ceci signifie une visite, en moyenne, une fois tous les soixante-cinq jours.
Le général de réserve Cláudio Barroso Magno Filho est de la même promotion militaire de Jair Bolsonaro, celle de 1977, à l'Academia Militar das Agulhas Negras (Aman) et est proche du vice-président de la République, le général - à la retraite - Hamilton Mourão.
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Toujours selon le même journaliste, le 15 juin 2021, le général Magno Filho était au siège de la Maison civile - équivalent du premier ministre - quand elle était commandée par le général Luiz Ramos, et était resté là quatre heures durant. Le 16 juin 2021, Magno Filho s'est rendu, toujours à Brasilia, au bureau consultatif des questions institutionnelles de la vice-présidence de la République, dirigé par le colonel Carlos Roberto Sucha. Sa visite s'est répétée cinq fois, en juillet, octobre, novembre 2021 et en janvier 2022.
Potássio do Brasil, contrôlée par la banque canadienne Forbes & Manhattan et présidée par l'ingénieur Adriano Espeschit, est accusée par le parquet fédéral (MPF) de coopter l'ethnie indigène Mura pour l'exploration minière en Amazonie, dans la région d'Autazes, dans l'Etat d'Amazonas, entre les fleuves Madeira et Amazonas.
Le 28 mars 2022, selon le quotidien Valor Econômico, Jair Bolsonaro aurait reçu, hors de son agenda officiel, et accompagné de sa ministre de l'agriculture Tereza Cristina, le CEO de la banque Forbes & Manhattan et président du conseil d'administration de Potássio do Brasil, Stan Bharti, auquel s'étaient joints Adriano Espeschit et l'assesseur du secteur Sujets stratégiques de Potássio do Brasil, William Steers.
Au début du mois de mars 2022, des représentants de Potássio do Brasil se sont rendus à Ottawa, au Canada, avec la ministre Tereza Cristina, pour négocier, avec d'autres entreprises et exportateurs du secteur minier, la fourniture de davantage de potasse au Brésil. A cette occasion, ils ont présenté le potentiel du projet : production de 2,44 millions de tonnes de minerai de potasse par an. De son côté, Potássio do Brasil affirme que la mine n'est pas située sur des terres indigènes, mais à 8 kilomètres de la terre indigène Jauary (carte) et que l'entreprise a déjà consulté le peuple Mura.
Le projet minier d'Autazes, siège du géant Potássio do Brasil, est stoppé depuis 2017 par un procès intenté par le ministère public fédéral (MPF), selon lequel l'industriel minier n'a pas consulté les communautés indigènes locales avant de se lancer dans le projet. En raison de cette action en justice, un accord signé avec la justice fédérale oblige Potássio do Brasil à consulter, d'abord, 44 villages autochtones du peuple Mura vivant dans les environs, conformément aux paramètres de l'organisation internationale du travail (OIT). Tant que cela ne sera pas fait, l'autorisation des organismes environnementaux ne pourra être accordée.
L'assemblée nationale, en mars 2022, a approuvé l'urgence d'un projet de loi d'autorisation d'exploration minière en terres indigènes, sous l'initiative du président de la même assemblée, le très bolsonarista Arthur Lira et des partis des centres. Mais le projet n'a pas encore été soumis au vote.
Le texte prévoit des changements radicaux par rapport à ce qui se pratique depuis près de cinquante ans au Brésil. La proposition modifie le Statut de l'Indigène, une loi en vigueur depuis 1973. Si l'assemblée nationale puis le Sénat approuvent le projet envoyé par le gouvernement sous la forme dans laquelle il a été élaboré, le "Statut de l'Indigène" ("Estatuto do Índio") perdrait l'article qui limite l'exploitation des richesses sur les terres indigènes.
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Note du rédacteur : par ailleurs, chaque Brésilien informé sait combien "Le Brésil de Bolsonaro est un acteur du planétaire pillage du phosphate sahraoui".