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Billet de blog 7 novembre 2013

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Les populistes sont-ils déjà au pouvoir ?

S'il y a effectivement de la manipulation des " benêts " - n'est-ce pas là l'objet de la " communication " ?- à commencer par la société Armor Lux (1) qui fabrique et vend les bonnets rouge 4 euros pièce (Le Canard 6/11 p.1 : "Mets ton bonnet") ; Laurent Mauduit rappelle la cause du problème dans son dernier article : " Sous les révoltes fiscales, la menace populiste ".

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S'il y a effectivement de la manipulation des " benêts " - n'est-ce pas là l'objet de la " communication " ?- à commencer par la société Armor Lux (1) qui fabrique et vend les bonnets rouge 4 euros pièce (Le Canard 6/11 p.1 : "Mets ton bonnet") ; Laurent Mauduit rappelle la cause du problème dans son dernier article : " Sous les révoltes fiscales, la menace populiste ".

Qu'est-ce que le " populisme " ?

C'est l'instrumentalisation politique du mécontentement populaire bien plus qu'une quelconque idéologisation. Le populisme est donc un opportunisme.

S'il y a idéologisation, son nom est connu, c'est la démagogie.

La démagogie est la politique des petites phrases, des promesses sans lendemain, celle de la gouvernance à petite vue et court terme fixée sur la courbe des sondages. La religion de l'audimat témoigne de la baisse qualitative de l'offre. Les sondages ont le même effet sur la conduite des affaires publiques. Et cela ne fait qu'accélérer avec la contribution des " communicants ", prescripteurs onéreux de petites phrases et de sondages. Le système français, tel qu'il fonctionne aujourd'hui, serait de tendance populiste.

Le populisme est donc systémique avant tout et ne se caractérise pas par le fond.

Il paraît en effet très ambitieux de pouvoir prétendre trouver une idéologie commune entre des chômeurs et des chefs d'entreprises, entre des séparatistes et des nationalistes, entre des syndicalistes et des députés UMP (qui ont voté la loi contre laquelle ils manifestent : Marc le Fur, bonnet rouge et mauvaise foi).

Les benêts ne se recrutent peut-être donc pas parmi les plus modestes et le " populisme ", s'il y en a, fréquente donc déjà, avec succès, les travées de l'Assemblée. Ce constat est dramatique. Il établit la nécessité d'exiger  une obligation d'exemplarité des cadres de la Nation pour éviter une trahison des bureaucrates, comme celle que révèle Edward Snowden.

Le populisme se caractérise par la conjonction de facteurs disparates de mécontentement rassemblés en un moment donné. Le " populiste " est un opportuniste qui a le sens de l'organisation. S'il y a dans le " populisme " ceux qui récupèrent le mécontentement - et qu'on dénonce le plus abondamment - il y a aussi ceux qui le provoquent - et qu'on oublie étonnamment d'évoquer.

Les seconds ont une part de responsabilité autrement plus importante dans le phénomène que les premiers. Sans les seconds, la récupération des premiers serait impossible. Voir la Grèce.

Il faut donc regarder vers les responsables politiques et, particulièrement pour la France, vers la majorité.

L'esthétisation de l'éloge du mensonge - qui a connu un très grand succès, sur le ton du mépris, ces dernières années, du genre " il n'y a que les imbéciles qui croient aux promesses qu'on leur fait " - a fini d'épuiser, semble-t-il, la patience et la mansuétude des électeurs ; tout au moins ceux qui n'ont pas les moyens de financer les partis politiques pour faire voter les lois qui les arrangent.

Ex. : les contrats de participation que l'on retrouve dans les fameux "partenariats public-privé" (2) ; affaire Bettencourt ; ...

Tout est lié.

Une élection présidentielle se fait sur un programme. La présidence se fait sur la capacité à respecter ce programme.

Un candidat a fait sa campagne sur le thème de mettre la finance au pas et l'électorat l'a vu depuis qu'il est élu se mettre au pas de la finance, répétant les cadeaux et les régressions sociales au profit des nantis...qui trichent jusque dans ses cabinets.

Si " l'accident " de Monsieur Cahuzac n'était pas forcément prévisible - l'affaire DSK montre que tout le monde savait - il était évident qu'une politique qui ne s'attachait pas à encadrer efficacement la finance et poursuivre les tricheurs en milliards ne pouvait pas satisfaire une population que l'on contraint, elle, à des efforts, au nom d'une austérité qu'on lui impose du fait, justement, des tricheurs que le pouvoir ménage.

La déception était très prévisible, surtout dans une France abreuvée de principes et d'histoire républicaines.

" Gouverner c'est prévoir ".

Le pouvoir ne fait rien et n'a rien fait pour prévenir la dérive dans laquelle il cristallise le mécontentement, en tenant plus compte des sondages que de l'attente populaire qui, jusqu'à preuve du contraire, représente l'essentiel de l'électorat.

La cause de cette agrégation douteuse d'intérêts antagonistes - que l'on réduit à un mouvement " populiste " - est donc le résultat de l'impéritie de ceux qui n'ont pas cessé d'accumuler les décisions et les actes en totale opposition avec leurs promesses et l'attente des électeurs qui les ont placés au pouvoir.

Une question se pose aussi sur la nécessité de tous ces conseillers à l'Elysée et dans les ministères dont le bilan désastreux leur revient également. Par ricochet, se pose la question de la qualité de l'enseignement suivi par ces conseillers et dont le résultat visible défie le bon sens élémentaire.

Un gouvernement qui tape sur les ménages modestes, les retraites, la sécurité sociale, les chômeurs, les salariés pendant que 80 milliards de fraudes fiscales annuelles s'évaporent ( plus de vingt % du budget annuel de l'Etat) - permettant aux riches d'éluder leur participation au financement de la collectivité - et un ministre de l'intérieur qui stigmatise les Roms - n'est-ce pas une posture démagogique ? - en ne faisant rien d'efficace pour diminuer le coût annuel de la criminalité organisée : 100 milliards (4 à 5% du PIB - plus du quart du budget de l'Etat) contribuent clairement à alimenter la saturation de l'opinion.

Une opinion, qui, elle est systématiquement mise à contribution, quand l'inertie des pouvoirs publics représente déjà, avec les deux seuls exemples cités, 180 milliards d'euros par an (sans parler des reculades sur la «Taxe Tobin» : les députés plient devant Bercy).

RAPPORT sur la criminalité organisée, la corruption et le

L'Europe cible les milliards du crime organisé

Le crime organisé, une manne de 870 milliards de dollars annuels

 criminalité organisée: les circuits de l'argent sale

(à rapprocher aussi du trafic au Mali qui est sûrement à l'origine de l'assassinat des deux journalistes de RFI : Mali : la vérité assassinée)

Le populisme n'est donc pas dans la rue mais bien plus sûrement dans l'accumulation des contradictions du pouvoir à "désespérer Billancourt".

Voilà, me semble-t-il, le ferment véritable du " populisme " : un gouvernement matamore qui tape sur les faibles pour donner l'illusion nécessaire à cacher son incapacité à corriger les véritables causes de l'échec social. L'illusion d'une justice qui s'abat brutalement sur le dos des plus fragiles pour les dissuader de tout désordre et rassurer ceux que le pouvoir épargne et cautionne.

L'exemple le plus emblématique de cette imposture est celle d'un ministre de l'intérieur qui s'arcboute sur 20.000 Roms (dont on ne sait pas ce que l'Etat a fait des 4 milliards alloués par l'Union européenne pour financer leur intégration : Les 4 milliards des Roms) plutôt que de s'attaquer aux véritables phénomènes criminels qui plombent très sérieusement et bien plus gravement les comptes publics (et représentent chaque année la moitié du budget de l'Etat) ; nonobstant sa propension à une violence institutionnelle inadmissible à l'égard des manifestants, des supporters de football, ou de la petite délinquance (fumeurs de joints, immigration, ...) tout en témoignant d'une incapacité étonnante à l'exercer vis-à-vis de la grosse délinquance (évasion fiscale, criminalité organisée, exploitation illégale de main d'oeuvre, ...).

Les statisitiques montrent que la police fait des tas " d'affaires " avec les fumeurs de joints pendant que des tonnes de drogues traversent tranquillement la France. Une telle manipulation des statistiques, n'est-ce pas purement démagogique ? " Populiste " ?

Le " populisme " n'est donc pas exclusivement dans la rue. Loin de là.

Il trouve son origine principale à l'Elysée, à Matignon, à Bercy, à Beauvau. Il faut dire qu'il a été très bien aidé par les dix années d'errance politique qui les ont précédés, comme en témoigne encore l'affaire Ecomouv'.

La rue a très peu de moyens pour influer sur le cours de la politique.

Les quelques lanceurs d'alerte, qui animent le folklore d'un pseudo débat qui ne passionne en fait personne (voir les salles d'audience vides), ne peuvent pas, au préjudice de leur santé et de leur situation personnelle, donner le change à une démocratie où le pouvoir exprime clairement sa défiance envers le peuple (L'ennemi du peuple ? ; Laurent Fabius affirme à l'Assemblée nationale le refus du gouvernement à faire progresser les droits de l'Homme en France).

S'il y a du populisme, il faudrait donc aussi parler de celui qui se trouve dans les travées du pouvoir ; pas seulement de celui de ceux qui souffrent et s'expriment comme ils peuvent. Ces derniers n'ont en effet pas les moyens de se payer des spin doctor ou des communicants pour expliquer le contraire de l'évidence.

Les bagnards aussi portaient un bonnet rouge et l'histoire n'a pas retenu leur souvenir pour leur élocution.

Le port d'un tel bonnet devient étrangement évocateur.

La France serait-elle devenue, inconsciemment, un bagne pour le Français ? Mais alors, qui sont ses gardes-chiourme ?

____________

(1) La société Armor Lux habillait la police jusqu'au mois d'avril 2013. Le marché lui a été retiré. A-t-elle été bien inspirée de relancer la mode du bonnet rouge et rappeler les attermoiements de la criminologie française ? Passer ainsi de la police au bagne méritait d'être relevée.

(2) La dette de l'UMP - 108 482 234 euros - financée par les banques, fait que celles-ci sont les propriétaires du parti politique, lequel a favorisé l'explosion des PPP qui profitent avant tout aux banques (Le scandale des Partenariat Public-Privé). Sans compter l'amende de dépassement du plafond des comptes de campagne de 516 615 euros que M. Copé a aussuré prendre en charge au profit de M. Sarkozy, ce qui va augementer l'assiette des revenus imposables du bénéficiare de ce don manuel. Le Canard s'interroge sur la régularité du paiement d'une amende et sa conformité vis-à-vis de la loi et des statuts de l'UMP. N'est-ce pas assimilable à un abus de biens sociaux ? (Le Canard 6/11 "Sarko sans coeur" p.8 et "L'UMP en prend plein la dette" p.2)

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