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Récit des exploits honteux commis à l'encontre des familles sans papiers par la volonté de Nicolas Sarkozy, de Hollande et maintenant de Macron

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Billet de blog 11 novembre 2013

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NI EXPULSABLES NI REGULARISES, UN EXEMPLE PARMI DES MILLIERS

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NI EXPULSABLES NI REGULARISES, UN EXEMPLE PARMI DES MILLIERS

LA HONTE

             Il y a maintenant plusieurs semaines que la famille Shikhashvili[1] souffre et ne vit pas. Elle survit éclatée clandestinement chez les uns et les autres à Albertville. On sait aujourd'hui que le Préfet de Savoie et la sous Préfète d'Albertville ont reçu la consigne verbale du ministre[2] de ne pas  employer la violence légale, immédiatement visible et brutale, en faisant procéder à l'expulsion physique dela famille Shikhashvili vers la Géorgie où son existence est menacée.

            Cette courageuse « non décision » fait perdurer pour cette famille une incertitude qui tue. Elle installe le vide désespérant d'être dans le non-droit. Elle laisse toujours planer la possibilité de l'intervention policière. Elle ne supprime en rien la menace qui pèse sur cette famille.

            Contraint par la campagne de presse (et c'est à son honneur) et l'action de la jeunesse à renoncer à l'emploi de la force, on emploie maintenant hypocritement l'usage immoral, arrogant, inadmissible  de la  violence blanche : la violence psychologique.

            Cette forme de violence est plus insidieuse, plus discrète mais tout autant, voire plus destructrice à terme, que l'expulsion physique de cette famille. Les coups, les blessures physiques guérissent !  Les blessures de l'âme ne cicatrisent jamais.

             Ils ont peur. Ils ont froid même au chaud dansla maison. Ils dorment mal, ils attendent et désespèrent dans une « non existence familiale ». Ce qu'ils entrevoient  chaque matin, avec angoisse, c'est « un non avenir ». Cela est psychologiquement terriblement déstructurant.

             « Ils sont hébergés » direz-vous ! La belle affaire ! A quoi bon ! Je les vois, chaque jour qui passe se dégrader et être bien incapables de profiter de l'aide qu'ils reçoivent, d'en retirer un vrai bienfait, à peine un peu de réconfort.

            Honte à ceux qui par peur sans doute de provoquer un « remue méninges » semblable à celui dû au récent naufrage de l'affaire Léonarda font le choix de ne pas mettre fin à la précarité juridique, psychologique et matérielle et donc à la souffrance de cette famille. Ils en ont le pouvoir ! Qu'ils sachent que comme l'a expliqué dans son œuvre la philosophe américaine Hannah Arenth : personne à quelque niveau soit-il ne peut plus de nos jours  s'exonérer de sa responsabilité individuelle au motif qu'il n'a fait qu'exécuter des ordres ou qu'il n'a fait qu'appliquer une loi dans un contexte où l'existence même d'êtres humains est en jeu.

             Ne pas régulariser les Shikhashvili et ne pas leur permettre de reconstruire ici et maintenant une vie familiale normale, c'est être complice et responsable de la destruction de cette famille, d'un meurtre. « C'est un meurtre psychique » direz-vous ? Oui sans doute mais j'accuse: c'est bien un meurtre... à petit feu ! 

            Non ! Les enfants Shikhashvili ne vont pas bien ! Comment iraient-ils bien quand leurs parents ne vont pas bien ? Non, les Shikhashvili ne vont pas bien. Je vous le dis car nous le constatons chaque jour. Le Président de la République a donné pour consigne que « L'intérêt supérieur des enfants doit primer ». Régulariser la famille est de l'intérêt supérieur des enfants Shikhashvili pour leur permettre de suivre leur scolarité dans des conditions de vie normales. Le Préfet de Savoie se doit, conformément à l'engagement présidentiel, de régulariser immédiatement cette famille. 

                                                                                                                                                   Albert  Gehant

 Voir les épisodes précédents :

http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/011013/tika-11-ans-entre-en-classe-albert-complice

http://blogs.mediapart.fr/blog/resf/101013/ana-5-ans-sort-de-la-clandestinite-pour-entrer-l-ecole


[1] David et Maia Shikhashvili, leurs filles Tika (11 ans) et Ana (5ans) sont Géorgiens, réfugiés en France, à Albertville, depuis 2011. Déboutés de leur demande d’asile, ils ont été assignés à résidence 45 jours. Ils se sont enfuis au moment où ils allaient être expulsés. Recueillie en région parisienne, la situation de cette famille a été médiatisée (présence à l’université d’été du PS, à la fête de l’Humanité puis retour à l’école de Tika et d’Ana placées sous la protection de leur école). Voilà maintenant deux mois que les Shikhashvili vivent dans des conditions moralement très précaires, séparés, sans avenir.

 [2] Le Nouvel Observateur du 31 octobre fait état d’une consigne verbale du ministre aux préfets leur recommandant de ne plus expulser de famille ayant des enfants scolarisés. Il n’a pas été démenti. Quand la délégation RESF a affirmé que la famille Shikhashvili était inexpulsable,  la sous-préfète d’Albertville n’a pas démenti non plus. La famille pourrait donc être réunie… si la régularisation des parents leur permettait de travailler pour loger et élever normalement leurs enfants.

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