17 DÉCEMBRE 2015 - PAR FABRIZIO POGGI
D'abord la visite du vice-président USA Joe Biden à Kiev, accompagné par la "commissaire" aux affaires (au sens littéral du terme) ukrainiennes Victoria "fuck l'UE" Nuland, par un étrillage retentissant au parlement du "pays le plus corrompu au monde." Ensuite un conseil des Ministres, élargi au Gouverneurs, au cours duquel on a échangé des accusations réciproques de vol impliquant directement aussi le Premier ministre, avec des épithètes que la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Marja Zakharova, a défini "injurieux pour la langue russe ": la présence à la réunion du gouverneur d'Odessa, l'ancien président yankee de la Géorgie Mikhaïl Saakachvili, avait forcé les "patriotes" ukrainiens à faire appel à l'ancienne langue pluri-nationale soviétique.
Donc, voici les paroles de l'ancien ambassadeur américain à Kiev et directeur du Centre eurasiatique de l'Atlantic Council, John Herbst. "Le gouverneur d'Odessa Mikhaïl Saakachvili ne peut pas lutter avec succès contre la corruption dans leur région parce que le Premier ministre Arseni Yatseniuk et le ministre de l'Intérieur Arsen Avakov font tout pour l'entraver," aurait dit Herbst, dont le nom apparaît annoncer symboliquement l'automne de Yatseniuk.
L'ancien ambassadeur a dit que la douane d'Odessa est un immense puits de corruption et quand Saakachvili a tenté de la mettre sous contrôle et la réformer, le Premier ministre le lui a tout simplement empêché par une interdiction qui a du génial : il faut réformer le service des douanes de tout le pays et non pas d'une région, aurait dit Yatseniuk. Que l'intervention de Herbst laisse entendre autre chose, le dit le simple fait que Saakachvili - qui compare aujourd'hui le PIB ukrainien, tombé en dessous de celui de 1991, à celui du Zimbabwe - n'a pas tardé à mettre aux postes clé de la police d'Odessa et des structures portuaires (les plus appétissantes, y compris pour les trafics du pétrole) de la ville, ses propres hommes de la vieille garde géorgienne. Donc, la soi-disant "lutte anti-corruption" n'est qu'un écran de la "lutte pour le fauteuil."
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Par conséquent, si les mêmes parrains états-uniens lancent ces clairs avertissements, quelqu'un pense que le moment est arrivé de donner le coup d'épaule à un premier ministre dont la cote d'approbation est désormais depuis près de six mois proche de zéro. Voilà que Julia "exterminer les Russes du Donbass avec l'atomique" Timochenko essaie à nouveau d'allonger le coup de patte : "Yatseniuk est inadéquat ; franchement, il me fait peur. Il avait prévu pour 2015 une inflation de 26,7%; de fait, elle est à 45,8%. Nous avons un budget gonflé par l'inflation et non pas par les entrées réelles du pays. Il avait prédit une baisse du PIB de 5,5% et elle a été de 9% ." La conclusion est que "Le Premier ministre doit être appelé à répondre, administrativement et pénalement. Car aujourd'hui le pays est en train de se désagréger comme jamais auparavant", a tonné l'ex benjamine occidentale, icône de la "révolution orange", puis finie dans le putch d'Euromaïdan.
Le même coup d'Etat et la même guerre terroriste contre les civils du Donbass qui débouchent aujourd'hui définitivement, après un an et demi de procès et contre-procès, appels et nouvelles sentences, de luttes, de menaces ouvertes aux militants, d'assassinats y compris de députés, dans l'interdiction définitive consacrée "par la loi", de toute activité du Parti communiste, après en avoir dissous depuis longtemps la fraction parlementaire. Le cercle qui a justement commencé à s'esquisser avec la "reine du gaz", celle que les médias occidentaux romantiques ont longtemps appelé la "pasionaria" ukrainienne (tout en offensant du même coup la mémoire de la Pasionaria combattante contre le coup d'Etat de Franco, Dolores Ibarruri) à cause des trafics énergétiques qui lui avaient coûté quelques mois de prison ; le même cercle commencé par l'intervention directe des commissaires yankees de l'Ukraine et ayant abouti au coup d'Etat de février 2014, se complète aujourd'hui par la transformation de l'Ukraine, comme l'écrit le nnr.su, en un Etat totalitaire, qui ne tolère aucune manifestation de dissension, en dépit des proclamations chères à l'UE sur la démocratie et la liberté.
Après l'adoption des "lois équidistantes" sur la condamnation des "régimes totalitaires nazi et communiste", qui en interdit les symboles et la propagande; après la qualification de "combattants pour l'indépendance ukrainienne" et de "héros nationaux", des unités pro-nazies encadrées dans les SS pendant la Seconde Guerre mondiale, voilà que maintenant s'achève le soi-disant "paquet sur la décommunisation". La démocratie de l'UE à la mode de Kiev.
Et peu importe que les principaux acteurs du drame soient attaqués par la droite, comme pour vouloir présenter au monde leur propre "équidistance", leur propre "démocraticité", leur propre "tolérance" envers cette grande partie de la population, dans les régions les plus diverses du pays et pas seulement dans le Donbass, qui demande à Kiev de pouvoir décider de manière autonome de son destin et non pas le lier aux choix terroristes du centre. Si maintenant les néo-nazis de Pravyj sektor, en crise et proches de la désagrégation, menacent de faire la peau à Petro Porochenko, le président et son équipe putchiste ne cessent de leur côté, comme l'écrit l'agence DAN, de "préparer des cadeaux de fin d'année pour la Novorussie." Le porte-parole de la République populaire de Donetsk continue de signaler de fortes craintes d'un très possible offensive des forces armées ukrainiennes, attestée par le flux incessant d'hommes et de véhicules à proximité de la ligne de front. Les détachements avancés ukrainiens, dont les fers de lance sont constitués, comme par le passé, par les bataillons néonazis et par les sections de la Garde nationale (soit des parties des mêmes bataillons, "institutionnalisés" en une structure officiellement sous les ordres du ministère de l'Intérieur) qui tentent par tous les moyens de provoquer la réaction des milices et ont donc le prétexte pour une attaque à la grande. Les USA et l'OTAN sont là pour prêter main forte, dit-on dans la DNR. Pour l'instant, la "décommunisation" interne prépare le terrain pour étouffer toute réaction de la population aux aventures du régime.
source:
Légende de la vidéo de Ruptly Tv :
Ajoutée le 16 déc. 2015
A meeting of Ukraine's National Council of Reforms was cancelled in Kiev, Wednesday, after a heated argument broke out between Odessa's Governor Mikheil Saakashvili and Interior Minister Arsen Avakov. The argument broke out after Avakov questioned Saakashvili over accusations he had made claiming that Ukraine's Cabinet of Ministers was guilty of corruption. The heated exchange ended with Avakov throwing his glass of water over Saakashvili.
Both politicians were arguing over Saakashvili's statement at the Odessa anti-corruption forum, where he accused the Cabinet of Ministers of "heading corruption." Avakov argued that the Odessa governor had failed to present any evidence of his claims and accused Saakashvili of corruption and of impeding the privatisation of the Odessa port factory.
Video ID: 20151216-045
Video on Demand: http://www.ruptly.tv
Contact: cd@ruptly.tv
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