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Billet de blog 2 janvier 2024

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Communisme I (Rocky IV).

Plus de 30 ans nous séparent de la chute de l'Union soviétique. 30 années qui, à mes yeux, ont confirmé le tragique de cette disparition.

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J'ai déjà sur ce blog défendu la RDA. Je l'ai fait par deux fois, au moins. Une première fois pour les 20 ans de la chute du Mur, une seconde pour le 30ème anniversaire de cette date en vérité funeste. 
J'ai évoqué, lors de la mort de Vaclav Havel, le stipendié de l'ordre impérialiste occidental qu'il fut, notamment par son soutien à la guerre d'Irak de 2003.
Je considère la chute de l'URSS en décembre 1991 comme une des plus effroyables victoire de la réaction capitaliste dont, nous le savons, l'impérialisme est le stade suprême.


En 1985 ou début 1986, j'ai 11-12 ans. Je suis en sixième dans un collège "sensible" - je ne fais pas mien cet adjectif - du 18ème arrondissement de Paris et je vais avec un copain voir Rocky IV au Pathé-Wepler de la Place de Clichy. Personne ne m'a forcé à aller voir ce film en réalité dégoulinant de muscles impérialistes et de chamallow reaganien. Mais j'ai 11 ans et, chose que l'on oublie ou dont on se fout (le maoïsme, qui s'en soucie ?), l'extrême-gauche en France est violemment antisoviétique et singulièrement sa part maoïste.
Nombre de néoconservateurs qui conseillèrent Bush en 2003 venaient du trotskisme - la question nationale comme impensé relie certains courants dits "trotskistes" au néoconservatisme - mais le maoïsme a aussi sa part de pitres. José-Manuel Barroso, André Glucksmann ou Jacques-Alain Miller.
Cette dérive est hélas contenue dans le maoïsme complaisant avec les USA sans comprendre que la Realpolitik de la Chine est une politique d'Etat, nationale contre l'impérialisme défait par la révolution communiste, de préservation/perpétuation de la Chine comme grand pays souverain. La propagande maoïste de justification de la rupture avec l'URSS est pour la galerie. Les "nouveaux tsars", le "social-impérialisme", etc. sont des pièges à cons dans lesquels moult maoïstes - dont ceux de l'UCF - tomberont et seront, de fait et comme conséquence de leur antisoviétisme, pro-US.
C'est dans ce bain idéologique contradictoire que je vais au cinéma. J'ai beau admirer Lénine et Staline, l'URSS étant désormais révisionniste et pour la coexistence pacifique avec le monde capitaliste, je la déteste, qu'elle crève. 
Quelques années plus tôt, pour fêter la mort de Brejnev, ma mère a fait des crêpes ou des beignets, je ne sais plus. J'ai un souvenir très festif de ça. Ce n'est pas aujourd'hui sans quelque affliction que je repense à ce moment mais quand Leonid Brejnev disparaït, j'ai presque 9 ans, le type est un vieillard, malade, il me fait peur et je le crois suffisamment anticommuniste pour finir que, ma foi, fêtons sa mort, à ce salopard.
Me voilà donc pro-US, vérité douloureuse du maoïsme sortant de l'esprit divisé d'un gamin de 11 ans.

Le film, super.


Le Soviétique se fait marave. On y voit les muscles US, ses énoncés made in monde libre, c'est-à-dire dignes de Disney ou du président Macron. On est libre. La liberté, ça compte. À l'Est, on n'est pas libre. Ah qu'est-ce que c'est beau, la liberté, la grosse bagnole de Rocky sur fond de rock phallique et  sans lendemain. Je suis ravi.
À la fin du film, festival d'énoncés venteux mais politiques, hélas, et pour le pire. Rocky Balboa défait Ivan Drago. La Guerre froide se finit sur un ring au mitan des années 1980. Stallone démolit l'homme d'acier qui lui fait face (un Koba revu et corrigé par les Yankees, en somme) dans un moment à la fois sans conséquence - ce n'est qu'un match de boxe - mais extrêmement politique, effroyablement réactionnaire.
Nous, US, nous sommes la démocratie. Même James Brown, à mille lieues du Say it loud des sixties, y proclame sa joie d'être américain. Nous, US, sommes la liberté et vous, Soviétiques, vous êtes finis. Brejnev est mort, ses deux successeurs immédiats aussi et il faut changer car comme le dit Rocky - notre boxeur, avatar de l'impérialisme, prétend-il effacer Mohamed Ali ?- préfigurant les sombres temps à venir et la langue sarkozienne, "Car si moi, j'ai changé, vous aussi vous pouvez changer et on peut tous changer".
C'est la fin du film, celle de l'URSS. Les gérontocrates soviétiques d'habitude impassibles se lèvent et applaudissent Rocky/Stallone. C'est la paix désormais, et sa première pelletée de terre sur la patrie socialiste d'Octobre.


Je n'ai évidemment rien compris de tout cela à ce moment précis. Mais le vent allait vite tourner.

Illustration 1
Rocky IV

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