«Un jour, dit la légende de Josh Dolgin, propagée par Wikipedia, je suis tombé sur un vieux vinyle de musique yiddish (Aaron Lebedeff selon Christel). Le choc! Je me suis dit: “Ces vieux trucs groovent un max, pourquoi on ne les entend nulle part?”» De là, l'idée de mixer musique klezmère, hip-hop, funk, drum&bass
Depuis quelque temps déjà, on entend autre chose que La Marseillaise et la fanfare des défilés militaires à Arles le 14 juillet. Mahmoud Darwich et la poésie palestinienne, Giovanna Marini et les chants des ouvrières agricoles de la plaine du Pô et cette année Paco Ibáñez, le «Brassens espagnol» pour faire très court.
Ce n'est pas Penelope Cruz qui chante Volver dans le film d'Almodovar. C'est Estrella Morente Carbonell, 25 ans à l'époque dont déjà dix-sept d'expérience depuis ses premiers enregistrements avec le guitariste Sabicas.
La tête d'affiche d'abord. Beirut. Un groupe qu'on attend plus dans un festival pop ou folk que dans sur une scène dédiée aux musiques du monde. Mais c'est aussi cela, Les Suds: tout sauf un conservatoire de musiques folkloriques. Des rencontres, plutôt, des métissages, des hybridations entre traditions, entre neuf et ancien, entre local et mondial. Sommes toutes, Beirut rentre bien dans ce projet.
On y a vu Mahmoud Darwich et le trio Joubran, la transe de l'iranien Shanbehzadeh, les exagérations latino de Melingo, la folie soufie de Titi Robin et Faiz Ali Faiz, l'accordéon essouflé de Raul Barboza, ri aux anecdotes de Giovanna Marini, frémi devant la grâce andalouse de Rocio Marquez, dansé sur les ngonis électriques de Bassekou Kouyaté et le groove implacable d'Anthony Joseph, bavardé dans les rues avec Magyd Cherfi, Yom et tant d'autres artistes, soudain accessibles sous le soleil d'Arles.