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Billet de blog 15 novembre 2023

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Le patronat s'offre un gros cadeau sur le dos des chômeurs

Un texte d'accord syndical va être soumis au gouvernement pour les futures règles d'assurance chômage. Ce texte ne se contente pas de figer pour 4 ans à venir les récentes mesures scélérates : il réduit encore davantage la protection d'un grand nombre de privés d'emploi et offre au patronat un cadeau d'1,5 milliard d'euros.

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Avant toute chose, voici le texte d'accord syndical qui sera soumis au gouvernement pour validation : cliquez ici

Première nouveauté : les règles seront désormais valables pendant 4 ans au lieu de 2 ans jusqu'alors. Tant mieux pour la visibilité mais tant pis pour les chômeurs qui seront, au total, frappés d'une pauvreté aggravée sur 6 ans (2021-2027).

Image : Pixabay

Illustration 1

Le grand gagnant est le patronat qui s'est offert une réduction de cotisations pour un montant global d'1,5 milliard d'euros, et ce sont les futurs chômeurs qui vont payer la note. Il faut croire que les 30 millions d'actifs en France sont minoritaires face aux 770 000 chefs d'entreprises.

Le nouveau coup dur porté aux allocataires : ils seront désormais indemnisé 30 jours par mois au lieu des jours civils, ce qui représente jusqu'à 6 jours d'allocations chômage en moins par an et, au total, 950 millions d'euros sur 4 ans.

Viennent ensuite les allocataires créateurs ou repreneurs d'entreprise : ils ne seront plus indemnisés qu'à 70% par mois et sur une durée limitée à 60% du nombre total de jours d'allocations chômage ouverts au départ. 870 millions d'euros d'économies sur 4 ans seront faites sur leur dos.

Concernant l'indemnisation des seniors, le texte appelle à leur allouer 440 millions d'euros en moins sur 4 ans mais les dispositions seront déterminées à part.

Enfin 65 millions d'euros supplémentaires seront piqués aux allocataires qui retravaillent ponctuellement à l'étranger et aux allocataires bénéficiant de vieilles allocations chômage dont les droits seront coupés en cours d'indemnisation.

La souffrance des allocataires depuis l'entrée en vigueur, fin 2021, des premières mesures scélérates, sera toutefois un peu amenuisée.

La toute première ouverture de droits aux allocations chômage pourra se faire avec l'équivalent de 5 mois d'emploi salarié sur 2 ans, au lieu de 6 mois actuellement mais 4 mois jusqu'en 2020. Idem pour les saisonniers qui pourront renouveler leurs droits avec 5 mois d'emploi salarié.

Pour déterminer ce qu'on appelle toujours (à tort) le salaire journalier de référence servant au calcul du montant de l'ARE, les jours entre deux contrats salariés, autrement dit les jours sans salaire, seront désormais pris en compte dans une limite de 70% du nombre de jours salariés au lieu de 75% actuellement. Les travailleurs en discontinu seront donc un tout petit moins pénalisés que depuis fin 2021.

Les cadres de 55 ans et plus, au lieu de 57 ans auparavant, ne seront plus frappés par la dégressivité de leurs allocations chômage.

Les démissionnaires en cours d'indemnisation pourront toujours être indemnisés si l'emploi salarié repris n'a pas duré plus de 4 mois.

Les ayants-droit d'allocataires décédés pourront toucher le capital décès même si l'allocataire était en arrêt maladie avant de succomber.

Enfin l'aide de fin de droits de 350€ sera versée automatiquement après un refus d'Allocation de Solidarité Spécifique (ASS).

Concernant les 120 000 intermittents du spectacle, un accord avait été conclu par les syndicats du secteur mais il a tout simplement été jeté à la poubelle par les syndicats interprofessionnels. Les intermittents du spectacle ne sont pas dans une situation de chômage temporaire, ils sont au contraire des professionnels confirmés et allocataires permanents pour permettre au grand public d'avoir accès aux œuvres à moindre coût voire gratuitement. Ce soutien représente la moitié des revenus des intermittents mais leur indemnisation stagne depuis 7 ans et pour encore 4 ans alors que l'inflation galope, sachant que leurs salaires ont également stagné ces dernières années. Désormais le total moyen des revenus des intermittents est proche du [SMIC + prime d'activité] alors qu'ils rapportent énormément à l'économie et à la société (voir cet autre article).

Conclusion : la moustache est revenue à la mode et les patrons se la frisent. L'emploi salarié dépend d'eux me direz-vous, mais on ne fonde pas une nation solide par l'aggravation de la souffrance.

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