Des militants antinucléaires qui n’ont rien d’autre à foutre à la veille de Noël ont ces derniers jours monté une opération consistant à se faire passer pour des représentants de Dargaud, et à aller dans des librairies pour demander de glisser un erratum –ou pour le faire eux-mêmes - dans des exemplaires de la bédé de Christophe Blain et Jean-Marc Jancovici Le monde sans fin.
Cet erratum, supposément signé d’une « Commission Environnement » de Dargaud, prenait ses distances avec le contenu de l’ouvrage, avec des trucs de ce genre : « «L’orientation générale du livre, malgré son apparente critique de la croissance, est de tendance libérale et plutôt autoritaire, comme vous l’aurez sûrement relevé. Il n’y a pas à s’étonner outre mesure de cette position, étant donné que le think tank The Shift Project, dirigé par notre auteur, est financé par des entreprises influentes comme EDF, Bouygues, Vinci, Michelin… […] C’est à ce titre et donc tout à fait logiquement que ce livre défend la cause du nucléaire, incarnation de l’alliance entre la technique, la science et l’industrie. Pourtant, cela ne justifie pas à nos yeux que Jean-Marc Jancovici use d’approximations, d’intox et de procédés rhétoriques qui ne permettent pas aux lecteurs de se faire une opinion juste et fondée sur les faits.»
L’affaire est rapportée plus en détails par le Checknews de Libérations ici.
Parmi les militants qui ont organisé ou au moins soutenu cette action, il y a l’inénarrable Commission Ecologie du NPA, qui a relayé la blague sur sa page Facebook.
Dargaud a annoncé porter plainte, via son diffuseur, je crois. Pour "usurpation d'identité", je suppose.
On entend déjà les lamentations sur "la toute puissance répressive du lobby du nucléaire", ou quelque chose du genre.
Au-delà du bla bla idéologique et de la novlangue de ces militants antinucléaires (qui les fait désormais critiquer - sur Facebook…- l'"industrialisme"), il n'y a qu'une seule donnée factuelle évoquée dans le supposé erratum, et elle concerne le nombre de morts de Fukushima et Tchernobyl. En sortant évidemment les grands mots du genre "révisionnisme" et "négationnisme"… là où ce sont en fait les antinucléaires qui mentent depuis des années et refusent de reconnaître le consensus scientifique approché par l'UNSCEAR, comme le GIEC le fait pour le climat.
Mais peu importe : je trouve tout à fait douteuse la pratique consistant à insérer un truc, et qui plus est un fake, dans un bouquin avec lequel on est en désaccord. Il ne me serait jamais venu à l'idée d'orchestrer quelque chose comme ça pour un bouquin que j'aurais envie de démolir. Quand j’ai envie de démolir un bouquin, je le fais ici, sur ce blog, en essayant de multiplier les citations longues et précises et de contre-argumenter pour détailler ce qui ne va pas. Par exemple pour des bouquins de Sandrine Rousseau, de Silvia Federici ou de Foucart/Horel/Laurens, entre autres.
Bref, plutôt que de faire des blagues douteuses de potaches, que les antinucléaire et notamment la Commission Ecologie du NPA s'attellent à essayer de produire une contre-argumentation étayée qui ne les fasse pas passer pour des idiots, ça serait déjà quelque chose. On a déjà évoqué ici le fait que c’est loin d’être gagné….
La méthode qu’ils utilisent est donc déjà en soi un aveu de leur extrême faiblesse sur le fond.
Mais sur le fond, justement, il est assez symptomatique de voir que parmi tous les bouquins qui sont en ce moment en librairie, les fanatiques antinucléaires choisissent de porter leurs efforts courroucés et vengeurs sur celui de Jancovici.
Laissons de côté le fait qu'ils s'en prennent à lui et ne l'ont pas fait sur d'autres sujets, comme par exemple quand Zemmour cartonnait en librairie. C'est un peu hors-sujet.
Mais constatons :
Jancovici passe son temps à alerter sur les dangers du réchauffement climatique.
Comme la commission écologie du NPA.
Jancovici passe son temps à expliquer qu'il faut en conséquence changer le mode de vie dans les pays riches, et peut être du coup se rapprocher d'une forme de décroissance.
Comme la commission écologie du NPA.
Il dit que ces mesures de restrictions ne peuvent pas s'appliquer à tout le monde de la même manière et doivent avant tout s'appliquer aux plus riches.
Comme la commission écologie du NPA.
Et enfin, cerise sur le gâteau, il explique de plus en plus que le défi de la transition énergétique est trop sérieux pour être laissé au pilotage du marché, que ça ça ne fonctionne pas, et qu'il faut développer des mécanismes de planification.
Comme la commission écologie du NPA ? (en supposant qu'elle se soucie encore de ces questions)
Bref, ce que la bédé de Jancovici développe, c'est l'essentiel du message qu'on suppose être celui de la commission écologie du NPA.
Mais comme il ne dit pas qu'il faut sortir du nucléaire, au contraire, il devient leur ennemi numéro 1.
Ce sectarisme assez délirant qui vise quelqu'un qui pour l'essentiel est un "allié" est là aussi une marque du fanatisme, au-delà de la méthode employée.
Aussi, je suis allé intervenir sur leur page FB pour contester leur action. Par exemple, à quelqu’un qui avait gentiment soulevé des interrogations sur le fond, avec des arguments, ils ont répondu en postant un truc hors-sujet sur le financement du Shift Project (le Think Tank de Jancovici). Quand j’ai répondu que ce genre de réponse sur « Qui te paie » était l’argument-massue de ceux qui n’ont pas d’argument, je me suis vu rétorquer par la page qu’elle allait garder mon commentaire, parce que ha ha un militant d’une organisation trotskyste - à laquelle ils m’affiliaient - qui dit qu'on s'en fout de qui paie, c'est piquant.
J'ai répondu que je signais de mon nom et que mes commentaires n'engageaient que moi, alors que cette personne qui disait "je" signait au contraire ses commentaires d'un collectif "NPA Ecologie" ; chacun sa méthode….
Et après ça, ça a disparu, ils ont effacé nos échanges.
Sans doute par souci de transparence.
Du coup, j’ai commencé de mon côté à garder des captures d’écran
Ensuite, on a constaté que la page NPA Ecologie effaçait tous les commentaires qui la critiquaient, que ce soit sur le fond ou… sur leur méthode consistant à effacer les messages qui les critiquaient.
Pour finir, pour rire un peu – moi aussi j’aime les blagues - et pour me fournir un élément de conclusion de cet article, je leur ai mis deux commentaires sous leur post de l’article de Reporterre, celui qui rapporte – complaisamment, of course – la petite affaire de l’erratum.
Voici mon premier post :
Et voici le deuxième :
Ils ont été effacés dans l’heure…
Signé : La Commission Environnement du Blog La Faucille et le Labo.
