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Billet de blog 9 octobre 2024

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Accuser de « Transterrorisme » pour masquer le retour de l'obscurantisme transphobe

Si le terme « transterrorisme » est récent, les violences policières contre les personnes trans ne le sont pas. Ni les théories du complot à leur sujet d'ailleurs. La protection par la police d'autrices transphobes dans le contexte actuel doit alerter sur le retour de l'obscurantisme transphobe en France.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Une mécanique nouvelle pour une théorie ancienne 

Comme indiqué dans un précédent billet, ce mécanisme complotiste d'accusations de « transterrorisme » est récent. Cependant, il reprend une logique plus ancienne. 

L'idée selon laquelle les personnes trans seraient un danger pour la société est une théorie du complot que l'on trouvait déjà dans les années 1930 en Allemagne. Les infox selon lesquelles il y aurait une vague de « transterrorisme » ne sont que son nouveau bras. Et l'évènement de samedi dernier à Paris en est l'exemple.

Les personnes trans sont accusées d'être un « danger pour la société » depuis longtemps. Et ce n'est que l'une des théories du complot qui les accusent. Même si les violences policières contre les personnes trans semblent plus anciennes.

D'autres théories conspirationnistes 

« Danger pour les enfants », « rejet de la science » sont des théories qui pullulent depuis au moins 90 ans. Et qui sont reprises par de nouvelles générations d'activistes anti-trans, comme les autrices de Transmania.

Les personnes trans rejetteraient la science au profit de pratiques mutilatoires. Alors qu'en réalité, c'est bien en 1933 que les nazis ont cherché à détruire les recherches sur les travestis, terme utilisé à l'époque. C'est bien dans les années 1970 que des cliniques pour transsexuels ont fermé par rejet de la science. Et il faudrait qu'on interdise les soins aujourd'hui encore ? Parce que des autrices transphobes, soutenues par la droite conservatrice et l'extrême droite reprennent cette idée ?

Les « transactivistes » seraient aussi un danger pour les enfants selon elles. Dans les années 1930, comme dans les années 1970, on les accusait de vouloir les « pervertir ». Pourquoi reprendre ces idées fausses ?

La proposition de loi des LR, défendue par Stern et Moutot, est copiée sur des lois trumpistes reprenant ces théories. Voilà ce que la police a défendu : des complotistes.

Les théories du complot, du carburant pour alimenter l'obscurantisme transphobe 

Ces théories conspirationnistes ne sont pas diffusées par hasard. Elles sont appuyées par de la désinformation. Et permettent de faire passer des pseudosciences pour des réalités.

Le but ? Appliquer des mesures contre les personnes trans pour procéder à un effacement de leurs vécus, leurs histoires, leurs mémoires. Un schéma vieux de 90 ans

Le retour de l'obscurantisme transphobe n'est pas à prendre à la légère. Il répond à des logiques et des mécanismes qui s'améliorent au fil des années. La police est-elle prête à défendre cet obscurantisme ? Est-ce qu'elle comprend ce que c'est ?

En conclusion, 

Si l'accusation de « transterrorisme » est récente dans l'histoire trans, elle reprend une théorie du complot plus ancienne selon laquelle les personnes trans seraient un danger pour la société. 

Cette théorie s'accompagne d'autres idées conspirationnistes, comme « c'est un danger pour les enfants » ou « le transgenrisme est un rejet de la science ». Elles ont pour but de décridibiliser ce que les activistes transphobes appellent les « transactivistes » 

Ces théories sont justifiées par de la désinformation et des pseudosciences servant à rendre acceptables des mesures de répression anti-trans. C'est le retour de l'obscurantisme transphobe.

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