Une persécution qui ne disait pas son nom (1933-1945)
Arrêtées, internées dans des asiles d'aliénés, déportées dans des camps, psychiatrisées, maltraitées, marquées, humiliées, battues, assassinées... Réduites en esclavage, à la mort sociale et au silence, les victimes LGBTQIA+ du régime nazi ont subi des horreurs pendant ce qu'on pourrait appeler le Totgeschlagen Totgeschwiegen.
Bien que les études historiques se soient bien développées sur les homos et les lesbiennes, celles sur les personnes trans sont récentes.
De 1932 à 1933, la politique d'effacement des personnes LGBTQIA+ a commencée. Elle a été appliquée dans le but de faire disparaître des lieux de vie, de travail, de sociabilité, de recherches et de cultures LGBTQIA+. C'est après le début de cet effacement social, culturel et scientifique que la législation a été aggravée. Pas seulement en Allemagne. La politique majoritaire nazie semblaient avoir pour but de soigner les personnes LGBTQIA+. Ce qui n'était pas la vision de tous les dignitaires (certains, comme Himmler, voulaient exterminer des communautés).
Aux Procès de Nuremberg, les LGBT+ n'étaient pas là (1945-années 1980)
Ce qui est avéré, c'est que des personnes LGBTQIA+ ont été victimes du nazisme entre 1933 et 1945 (et même avant). Mais cette reconnaissance n'est pas venue dès la fin de la guerre.
Au Procès de Nuremberg, aucune victime LGBTQIA+ persécutée pour son identité ne semble avoir été entendue, reconnue comme tel. Aucune persécution contre les LGBTQIA+ n'a été définie comme Crime contre l'Humanité. Tout simplement : aucun crime contre la Communauté ne semble avoir été reconnu. Ce qui a permis de remettre en place l'obscurantisme transphobe dans les années 1970 par exemple.
C'est dans les années 1980, avec plusieurs dépénalisations nationales de l'homosexualité que les paroles se sont libérées. Et les commémorations ont commencé. Pour les homosexuels dans un premier temps, avec l'apparition des mémoriaux avec des triangles roses et de la mention Totgeschlagen Totgeschwiegen.
Vers une reconnaissance ou une négation ? (Depuis les années 1990)
C'est avec l'apparition de droits depuis les années 1990 que de plus en plus de communautés ont été reconnues comme victimes et que la reconnaissance politique s'est affinée.
Malgré ces avancées, ces persécutions sont oubliées, silenciées. Des militants réactionnaires vont jusqu'à les contester. On compte parmi eux Éric Zemmour, qui risque un procès pour négation de Crime contre l'Humanité perpétré contre les homos durant cette période.
Il y a une volonté d'écarter toute opposition au retour de cet obscurantisme aux États-Unis et en Europe. Car oui, les méthodes d'une Crime contre l'Humanité sont de nouveau utilisées.
Pour conclure,
Le régime nazi s'est rendu coupable de Crimes contre l'Humanité envers les personnes LGBTQIA+. Ceux-ci ont été commis au cours de ce qu'on pourrait appeler le Totgeschlagen Totgeschwiegen (« Battus à mort - Réduits au silence »).
La liste des crimes qui suit présente des actes réalisés de manière généralisée ou systémique contre plusieurs communautés :
- Déportation et transfert forcé de population
- Réduction en esclavage
- emprisonnement abusif
- persécution des communautés pour des motifs homophobes, lesbianophobes, biphobes, transphobes etc.
- actes inhumains similaires s'en prenant à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale des personnes concernées
À cela, nous pouvons ajouter que, de manière non-systémique, d'autres crimes ont pu être commis :
- torture
- stérilisation forcée ou manipulatoire
- meurtre
- harcèlement
- agressions
- violences policières
- violences physiques
- incitation au suicide
- expériences non-médicales et non-consenties
De plus, une politique d'effacement des vécus, des vies sociales, de la culture, de l'histoire, des lieux de vie, de sociabilité et de travail des membres de ces communautés a été perpétrée.
Malheureusement, la Cour Pénale Internationale ne semble pas reconnaître les transidentités et les orientations sexuelles ou romantiques comme motifs de Crime contre l'Humanité.
La non-reconnaissance du Totgeschlagen Totgeschwiegen constitue une atteinte aux droits de la communauté LGBTQIA+, à une négation de son histoire, à une forme d'effacement.
Source
Traverso Enzo. Homosexuels et nazisme. Quelques notes sur un crime occulté. In: Raison présente, n°96, 4e trimestre 1990. L'école dans une société divisée. pp. 65-75. DOI : https://doi.org/10.3406/raipr.1990.2901
Références
https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/paragraph-175-and-the-nazi-campaign-against-homosexuality
https://encyclopedia.ushmm.org/content/fr/article/gay-men-under-the-nazi-regime
https://shs.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2006-2-page-77?lang=fr
https://www.unilim.fr/iirco/2017/09/05/cpi-sort-des-personnes-homosexuelles-tchetchenie-perspectives-judiciaires/