Yonatan

Médiateur culturel, ancien étudiant en histoire

Abonné·e de Mediapart

33 Billets

0 Édition

Billet de blog 25 août 2025

Yonatan

Médiateur culturel, ancien étudiant en histoire

Abonné·e de Mediapart

« Label Stérin » : vers la plus belle défaite de France ?

20% des labellisées des « Plus belles fêtes de France » ont décidé de claquer la porte de l'association. Une 100aine d'articles de journalistes ont été publiés dans des médias locaux, régionaux et nationaux permettant notamment à des fêtes de témoigner des méthodes catastrophiques de l'organisme. Cet article tente de répondre aux questions des comités organisateurs en réflexion.

Yonatan

Médiateur culturel, ancien étudiant en histoire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cet article est le quatrième d'une série sur l'association « Les Plus belles fêtes de France ». Les quatre autres sont à retrouver ici :

Illustration 1
Description : le texte indique "Pseudo-expertise, comm' catastrophique, instrumentalisation... Les Plus Belles Fêtes de France ou La Plus Belle Défaite de France ? Derrière le vernis, l'association menace les fêtes locales"

Des pseudo-professionnels aux méthodes malhonnêtes

Les témoignages des comités organisateurs et mairies (adhérentes ou non) approchées par l'association s'enchaînent depuis 3 semaines. Le président du Festival du Chant de Marin à Paimpol (22), qui a refusé d'adhérer, indique qu'ils ont été « presque harcelés ». Après avoir découvert son référencement sans avoir adhéré et le vol d'une photographie, la chargée de production de la Fête de la vielle à Anost (71) a critiqué les méthodes des PBFF : « C’est de la pure propagande , des méthodes de voyou ». Un autre témoignage parle d'un démarchage « un peu agressif » pour notamment obtenir des contacts (municipaux ?).

L'association ose mentir aux médias en se plaignant de « harcèlement médiatique » envers ses pseudo-professionnels des fêtes pour justifier l'effacement des noms de l'équipe. Toujours en refusant d'admettre l'idéologie de l'organisme. Comme le démontre le journaliste Thomas Lemahieu de L'Humanité (qui travaille sur les activités de Stérin depuis plus d'un an), ces accusations de harcèlement contre l'équipe de PBFF sont fausses.

En février dernier sur son compte Linkedin, LPBFF labellisait son 1er festival : pseudo-historique et créé par le poulain UDR de Stérin (cf : 1er article de la série). Ce dernier l'a soutenu sur Linkedin deux fois en deux ans, comme il a soutenu l'association sur le même réseau social. Deux autres mairies dont les fêtes ont été labellisées adhèrent au projet Périclès. Celle de Moissac, dirigée par le RN et qui a confirmé que Les Fêtes de Pentecôte garderaient le label. Et celle de Béziers (RN et apparentés) avec la Fête des Caritats. Les 170 fêtes présentées comme candidates (d'ailleurs l'étaient-elles vraiment toutes) sont probablement dans des communes et communautés de communes cibles de l'extrême droite pour les élections municipales de 2026.

Une communication catastrophique

Depuis les révélations sur liens avec Stérin, l'association donne une mauvaise image aux fêtes adhérentes ou simplement recensées. Plusieurs organismes festifs ont appelé les comités organisateurs à quitter les PBFF. De plus, la communication de l'association est loin d'être professionnelle malgré les promesses de visibilité.

Les Filets Bleus ont quitté le label le 22 août. Peu avant, l'association LPBFF avait publié un faux programme du festival sur son compte Instagram. Les noms des artistes, des expositions n'étaient même pas mentionnés et l'identité bretonne était réduite à un produit de consommation touristique. La présentation faite par l'association est catastrophique. Pareil pour les Celtiques de Guérande.

Comme évoqué dans le troisième article, on assiste à une série de retraits dans les territoires considérés comme ayant une identités locale forte : Pays Basque, Bretagne, Alsace. Mais des questions se posent en Gironde, Occitanie, Nord, Normandie où des fêtes commencent à partir ou à hésiter.

Avec LPBFF, l'esprit de la fête disparaît de la comm' pour laisser place à un produit de consommation type Puy-du-Fou, où les identités locales n'existent plus. D'ailleurs, le Congrès des Plus belles fêtes de France serait prévu dans ce parc pseudo-historique et anti-culturel en novembre.

Les cautions Bern, Michelin et Sénat s'écroulent

Le 2 juin 2025, le Sénat avait organisé une soirée pour l'association. Du spectacle avec un message visio de Stéphane Bern par exemple, pour cacher ses véritables intentions aux fêtes. Certaines avouent avoir été bernées à cause de cette soirée.

Stéphane Bern a évidemment le capital sympathie avec son émission phare. Même si de nombreux épisodes sont problématiques. Il reste un royaliste que le Puy du Fou ne dérange pas. Mais il a décidé de s'exprimer face à des journalistes en indiquant qu'il ne souhaite pas que son image soit instrumentalisée et qu'il allait demander des explications à PBFF. Les Éditions Michelin, qui sont censées publier un guide sur les fêtes, ont fait de même.

La sénatrice d'extrême droite Laurence Garnier, qui est présentée comme une sorte de marraine de la soirée au Sénat, a été jusqu'en 2020 Vice-Présidente des Pays de la Loire sous Retailleau puis Morançais. Elle a réagi aux articles de ces dernières semaines en soutenant l'association, en critiquant la gauche et en indiquant qu'elle s'en prendrait aux « honnêtes gens ».

On imagine que pour elle, les honnêtes gens sont Retailleau et Morançais, connus pour leur rejet des minorités et de la culture. Les Celtiques de Guérande, victimes de leurs coupes budgétaires soutenues par Stérin, apprécieront. Surtout qu'elles doivent décider à la rentrée si elles restent ou non.

Pour conclure,

Des méthodes violentes, une visibilité qui conduit au désastre, des soutiens qui hésitent à rester... Après les fausses promesses et les liens avec Stérin (cf : troisième article de la série), on découvre que les fêtes souffrent à cause des PBFF.

L'association « Les Plus Belles Fêtes de France » pourrait devenir « La Plus Belle Défaite de France ». Mais 40% des fêtes labellisées ont décidé de rester. Sont-elles toutes au courant de ce qui les attend ?

En attendant, environ 15% des fêtes labellisées n'ont pas pris de décision. Et environ 25% n'ont pas encore réagi (ou n'ont pas encore été prévenues). À noter qu'il restait aussi avant le 26 août la 30aine de fêtes adhérentes non-labellisées (effacées du site). Mais également une 60aine de fêtes référencées sans adhésion.

Note mise à jour le 26/08/2025

Toutes les fêtes semblent avoir été effacées le 26 août.

Au moins 136 fêtes avaient avant le 26 une page sur le site. Peut-être 170 en tout. Toutes les fêtes apparaissaient dans les évènements à venir peu avant leur édition.

Les fêtes labellisées qui n'étaient pas parties étaient recensées dans l'agenda et ont avaient logo "adhérente" et un autre "labellisée".

Les fêtes adhérentes non-labellisées ont été effacées de l'agenda vers le 9 août et leur logo "adhérente" a été effacé. Mais elles semblaient avoir toujours leur page sur le site.

Les fêtes non-adhérentes ayant un compte gratuit ont été recensées dans l'agenda mais il était impossible de faire la différence avec celles qui n'ont pas de compte.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.