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Billet de blog 26 février 2009

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L'éthique des affaires (6)

 L’éthique est un questionnement permanentde la conscience  Edictée dans le cadre d’une entreprise et dans le but de fixer un comportement, écrite dans une charte ou un code déontologique, l’éthique s’apparente à une réglementation. L’entreprise devient conceptrice de valeurs.

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L’éthique est un questionnement permanent
de la conscience

Edictée dans le cadre d’une entreprise et dans le but de fixer un comportement, écrite dans une charte ou un code déontologique, l’éthique s’apparente à une réglementation. L’entreprise devient conceptrice de valeurs.

Ces chartes et codes éveillent la critique. L’on peut craindre qu’ils ne forment une limite à la conscience individuelle et ne conduisent à un retour à une morale des obligations et des interdits. Il est vrai que les écrits rappellent parfois les vieilles pages de la casuistique, si ce n’est celles du pharisaïsme. L’on peut craindre également que ces chartes et codes ne soient finalement que des faire-valoir.

Si l’on veut que le code se justifie, dans le cadre de telle ou telle entreprise, les préceptes et les sentences doivent être précis. Il est nécessaire que le code s’articule avec le règlement intérieur dont la valeur légale est reconnue. Les meilleurs codes éthiques sont élaborés en concertation avec l’ensemble du personnel et largement publiés. L’on peut ajouter qu’une charte des valeurs ou un code déontologique, une fois diffusé, devrait engager légalement l’entreprise qui l’a établi, tout comme certains documents publicitaires que la jurisprudence intègre dans « l’ensemble contractuel ».

Afin de conforter l’engouement en faveur de l’éthique des affaires, il semble nécessaire d’instituer dans les entreprises une « fonction éthique », en charge de veiller au respect des valeurs morales et d’élaborer une « stratégie éthique ». Un audit éthique devient alors aussi pertinent qu’un audit social.

Quelles que soient les valeurs éthiques particulières que l’entreprise partage en tant que collectivité, c’est toujours un homme qui, le moment venu, en vertu de la responsabilité qui lui est confiée, décide seul au nom de l’entreprise. Chaque membre du personnel accepte et reconnaît le code déontologique. A chaque moment de l’action, il s’agit d’appliquer personnellement l’éthique de l’entreprise. Celle-ci s’est élaborée à partir d’une culture et d’un échange d’informations, en résonance avec la morale fondamentale de la société dans laquelle s’inscrit l’entreprise. L’éthique de l’entreprise ne saurait, bien entendu, consister en une réduction de l’éthique universelle. Elle en développe l’application dans un contexte professionnel donné. Le cadre dirigeant qui prend une décision agit en conscience.

L’éthique d’entreprise ne procède pas seulement d’une procédure discursive. Le maître d’éthique la dévoile par son être tout entier. C’est ici qu’intervient la personnalité du dirigeant, dont les actions constituent la référence de comportement des hommes dans l’entreprise. L’éthique ne se réduit pas à un code. Elle s’édifie en chacun comme une construction personnelle. Elle résulte du discernement de chacun face à une situation particulière. L’individu doit être apte à trancher et à prendre la décision éthique sans crainte.

Le cadre dirigeant est confronté à des dilemmes. L’«éthique universelle » rencontre l’«éthique du gestionnaire ». Cette dernière cède au compromis. Il ne s’agit pas de rechercher le consensus à tout prix ou d’abdiquer sa personnalité en se conformant à un code, mais de prendre, en conscience, la meilleure décision possible. Bien entendu, la concession accordée ne peut pas dépasser les limites du tolérable. En outre, l’obligation du compromis résulte d’un état de fait qu’il convient immédiatement de corriger. Cette éthique imparfaite du compromis ne peut être que transitoire.

L’éthique est finalement un questionnement permanent de la conscience. Elle ne se résume certainement pas à un code de bonne conduite, qui voudrait donner bonne conscience sans effort ni dépassement de soi. L’éthique naît du discernement de la conscience de chacun face aux choix dans l’action. L’homme se parle à lui-même dans une forme de procès dialectique intérieur, qui tente de discerner la voie droite pour l’accomplissement de la vie.

Développements précédents :

L’éthique a un sens que les affaires ne peuvent corrompre

La problématique de la mondialisation

La quête de sens pour l’aventure humaine

La gouvernance et les parties prenantes

Le management éthique redécouvre l’homme comme la véritable valeur

Yves Maris

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