Cher lecteur,
Ne m'en veuille point mais il est des moments dans la vie où l'on a besoin de mettre quelques points sur quelques "i".
C'est un acte nécessaire pour la recherche de paix intérieure.
J'ai appris il y a trois jours qu'un de mes neveux , un petit bébé, avait faillit mourir congelé, sous la tente où il vit en déplacements permanents avec sa grand mère impotente et une pléthore de cousins. Depuis que les rebelles ont tout fait sauter chez eux, la famille a repris la tente, les coussins et ...ce qu'elle a pu et depuis elle erre...(j'avais raconté ça, là)
Elle erre actuellement dans le grand Nomad's land de l'Est syrien, en espérant rencontrer l'armée qui lui donne du riz généralement et en priant pour ne pas rencontrer les libérateurs "car on ne sait jamais ce qu'ils veulent et souvent quand on le sait, c'est trop tard"...
La voilà, la belle réalité de la révolution populaire.
C'est ma belle mère impotente, en charge d'une meute d'enfants, seule dans le désert, en train de mendier du pain à l'armée "ils sont jeunes , ils font ce qu'ils peuvent. Quand ils nous rejoignent, ils ont peur de sauter en chemin"
Alors j'ai la haine.
La rage.
La rage par écrit parce que moi je ne crois pas à la démocratie par le flingue, mais la rage quand même.
On peut dire que la politique "Va-t-en-guerre" de la France est une réussite é-blou-i-ssan-te!
On peut dire que le militantisme de la presse française savait vraiment où il allait et connaissait si bien la réalité syrienne qu'il mesurait totalement ce qu'il y avait à perdre et ce qu'il y avait a gagné dans la déstabilisation complète de ce pays.
Alors je relis le très grand Antoine Perraud, aussi grand philosophe que BHL, (si c'est possible d'aboutir à un tel pinacle)
Fin 2011
J'écrivais, dans un billet quasiment désespéré , mon désarroi face aux appels à la guerre de Médiapart: face aux contrastes entre les nouvelles que j'avais de là-bas (la vie quotidienne, les espoirs de réformes, de progrès économiques...) et la retranscription dingue qu'en faisaient les médias français, face à l'incroyable différence entre ce que mes différents contacts me disaient sur la relation d'Assad à son peuple et ce que l'on nous décrivait , ici, comme une "révolte massive"...
Bref j'émettais des doutes dans ce papier.
J'osais , oui j'osais, prétendre que peut-être tout n'était pas si clair, si tranché, si lisible...
Erreur fatale erreur que d'oser ne pas vouloir le conflit à tout prix.
Erreur fatale erreur que de suggérer que les Syriens avaient peut-être beaucoup à perdre dans cette brumeuse histoire là....
C'était ne pas avoir la "fameuse clairvoyance de Perraud "et le génie mediapartien.
C'était sans nul doute, être Pétain lui même....
Voilà donc le commentaire que m'écrivit , fort brillamment, Antoine Perraud le 15 décembre 2011:
"N'empêche qu'à vous relire, avec une distance critique soudaine et miraculeuse, vous vous rendrez compte que votre texte, malgré des considérations excessivement touchantes, s'apparente, en définitive, hélas!, hélas!, hélas!, à un certain appel du 25 juin 1940, prononcé par un être qui récusait, lui aussi, les moulinets déplacés propres à l'esprit de résistance: «Ce n'est pas moi qui vous bernerai par des paroles trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même.» Vous êtes empêtrée, c'est votre droit, c'est votre choix. Cela ne fait pas de vous un modèle de sagacité pour autant. Dénoncer la bienséance panurgienne d'une presse française qui se mord la queue ne doit pas faire perdre de vue l'essentiel: la cruauté intolérable du clan Assad envers une opposition massive."
Pour un peu, il se serait foutue de moi!..... si "touchante".
Et de ma pauvre famille bédouine "peu sagace", le gros malin!
LUI savait lire les évènements . LUI ne doutait point. Lui savait déjà que j'allais ("ô miracle!") me rendre compte un jour de combien j'avais tord.....
Il s'en foutait oui surtout!
Il était (et reste) bien au chaud en France, avec son salaire tous les mois, et sa sécurité évidente...
Poussons, poussons les termes de "cruauté intolérable", sans savoir ce que ça peut vouloir dire en Syrie, mais qu'importe!
Poussons poussons les noms de liberté et "d'esprit de résistance" face à cette petite aveugle qui ne voit pas l'évidence du drame...
Gloussons ensemble très chers! (hélas, cent fois hélas),sur le manque de connaissance de certains (nes) au sujet de la Syrie.....Nous autres intellectuels, savons bien ce qu'il en retourne, par naissance, (par génie?).
Nous connaissons la Syrie, la Libye comme notre poche..... vous reprendrez bien un peu d'arak?
Vive les peuples d'Orient!
Alors maintenant? On dit quoi?
Maintenant que nous sommes le 4 février 2013, que Bachar est toujours au pouvoir, que la Syrie croule de froid et faim sous la neige, que personne ne voit d'issue à tout ce merdier , que , pour une fois, chacun s'accorde à dire qu'il n'y a pas "que les intérêts du peuple syrien " (sic) en jeu et que, ô signe s'il en est, même Ahmed Moaz al-Khatib, chef de l'opposition et homme intègre, se dit prêt à négocier avec les représentants de l'Etat syrien......
Je vous demande, Monsieur Antoine Perraud dont j'espère, au moins que vous n'avez jamais foutu les pieds en Syrie, ça vous ferait une petite excuse crédible malgré votre mépris et votre suffisance, je vous le demande:
Allez-vous traiter de Pétain, Ahmed Moaz al-Khatib, lui aussi? Pourquoi pas ? puisque vous vous êtes vous permis de le faire pour moi.
Et tant qu'on y est...vous n'auriez pas un peu de pain,et une couverture, pour mon neveu?
La colère ne m'empêchera pas de continuer d'écrire par étape, ma reflexion commencée ici .
Je continuerai d'essayer de coller au mieux, à l'actualité.
A mercredi prochain, j'espère!
Précédents billets sur le même thème:
Là où j'en suis de ma reflexion...(1)
Là ou j'en suis de ma reflexion...(2)
Là où j'en suis de ma reflexion...(3)
Là où j'en suis de ma reflexion...(4)
Là où j'en suis de ma reflexion...(5)
Là où j'en suis de ma reflexion...(6)
Là où j'en suis de ma reflexion...(7)
Là où j'en suis de ma reflexion...(8)
Là où j'en suis de ma reflexion...(9)
Là où j'en suis de ma reflexion...(10)
Là où j'en suis de ma réflexion (11)
Là où j'en suis de ma reflexion (12)
Là où j'en suis de ma reflexion (13)
+ billet suivant:
Là où j'en suis de ma reflexion (15)
+ mes papiers sur la Syrie:
Le dernier billet de la série "Ma Syrie"
Lien vers "Ma Syrie" (20)
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Lien vers "Ma Syrie" (3)
Lien vers "Ma Syrie" (2)
Lien vers Ma Syrie (1)
La première partie de mes écrits sur la Syrie, se trouve dans l'édition sur les révolutions dans le monde arabe sous les liens suivants:
(cliquez ici pour avoir accès au huitième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie) C'est dans cet article que j'explique mon désaccord avec l'édition spéciale de Médiapart et à la suite duquel, je suis revenue sur mon blog....
(cliquez ici pour avoir accès au septième article de cette sériesur le monde bédouin du centre de la Syrie)
(cliquez ici pour avoir accès au sixième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)
(cliquez ici pour avoir accès au cinquième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)
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