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Billet de blog 13 février 2013

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La situation syrienne: Ecoutons les pleurs (15)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans les tragédies, il est un moment où l'on se doit juste d'écouter les pleureuses.
D'entendre les cris de ces choeurs funéraires.
C'est le coeur de la vie qui hurle.
Ces femmes marquent le temps en criant l'émotion, la peine, la douleur, l'impuissance face à ce qui se joue.

Les cris
Les cris devant la pharmacie de mon amie, où une voiture piégée a explosé pour tuer au moins 3 personnes et en blesser une dizaine.

L'ecoeurement
L'ecoeurement d'Abou Mahmoud, chef d'un groupe de rebelles qui ne se reconnait plus dans tout ce sang versé et préfère aller s'occuper de ses chèvres que de donner aux chefs de la révolution d'autres moyens pour se faire "de l'argent sur le dos du peuple syrien". Un article qui fait mal, qui transpire la manipulation, l'épuisement, la faim et la douleur. Comble du comble, cet homme honnête est trahi au coeur même de sa religion, car, dit-il: "L'islam qui vient avec ces gens me pose problème, ce n'est pas l'islam que je connais"

L'impuissance
L'impuissance du chef de l'opposition syrienne Ahmed Moaz Al Khatib, qui a beau maintenir son offre de dialogue, démarche d'une intelligence et d'une humanité indiscutable, bien que venant un peu tard,  se heurte pour l'instant à une fin de non recevoir. Il veut traiter Bachar Al Assad en vaincu là où l'autre, évidemment puisqu'il est toujours en place, n'accepte de venir, au moins , que d'égal à égal. Nous sommes dans des régions où l'honneur vaut plus que la vie d'un homme , faut-il le rappeler? L'honneur (surtout l'honneur des mâles...) est un ingrédient essentiel des tragédies.

L'émotion
L'émotion face aux images déchirantes de ces corps d'enfants déchirés, dont on ne sait qui ou pourquoi ils ont été pris, ce qui n'est d'ailleurs pas la question puisque s'attaquer à un enfant est injustifiable. Certains les ont armés, d'autres les ont enlevés et pour finir, ont les retrouve morts....Enfants avec ou sans nom, avec ou sans visage.
Sans avenir surtout. Jouets  de ces adultes apprentis sorciers qui maintenant, exploitent, souvent avec indécence, jusqu'à l'image de leurs cadavres.

La douleur
La douleur du regard de mon fils, qui voudrait parler à sa grand mère, parce qu'il est inquiet pour elle et pour ses cousins, mais qui entend bien que le téléphone ne répond plus. "La ligne n'est plus connectée" nous annonce inlassablement une voix informatique aussi froide que ceux qui vivent ça de l'extérieur. Aussi froide que ne furent enthousiastes les appels à la guerre venant de standards protégés, de pays sans soucis, d’idéaux déconnectés de la réalité.
Ah! maintenant , "ça ne répond plus", bien sûr!
Maintenant, Madame Donati ne nous bassine plus avec un article tous les deux jours pour nous promettre des lendemains qui chantent et nous décrire étape par étape "l’avancée de la liberté en Syrie".
Monsieur Piccinin vend son livre et va surement nous proposer un film avec ça.
A quand le jeu vidéo?

Que faire face à ces si pénibles pleureuses grecques?
Cela dérange vaguement notre conscience, tout ce bruit.
Doit-on s'installer comme les trois singes dont l'un se bouche les yeux, l'autre les oreilles et le troisième, la bouche?


C'est en tout cas globalement, ce qui se passe.
Maintenant la presse française, s’intéresse au fait que l'on achève bien les chevaux, se passionne de la transition papale..... bref, regarde partout sauf dans son caca, là même où elle devrait regarder, au moment justement où elle devrait interroger sans relâche:
- Elle-même tout d'abord: Y a-t-il un nouveau rôle de la presse dans un combat, une guerre, une révolution? Si oui, quel est-il? Quelles sont les nouvelles donnes? La presse doit-elle être militante avant d'être informative? (cette question devrait faire réfléchir la rédaction de Médiapart pendant des heures, à mon avis...)
- Les acteurs indirects du conflit, ensuite: De qui parle Abou Mahmoud  quand il dit : "le problème est que beaucoup de ces officiers véreux ont aujourd'hui des soutiens de l'étrangers?" Il faudrait creuser là! Qui sont ces soutiens? Que soutiennent-ils ? Avec l'argent de qui soutiennent-ils? Pourquoi soutiennent-ils?
Où en est-on des salaires distribués par ...le Qatar, la Turquie, les Etats du Golfe et "des pays islamiques"dont il fut question un temps pour les rebelles (nous étions en octobre 2012, ce n'est pas si vieux)? Ne devrait-on pas s'interroger sur la pertinence de ces 150 € par mois payés aux rebelles? N'y aurait-il pas une petite enquête à faire?
L'ONU, La France, tous ces gens si sûrs d'eux, qui encourageaient si vivement "la révolution", et n'avaient de cesse d'exprimer leur "profond soutien", auraient-ils d'un coup la langue coupée? Et notre ambassadeur de choc, quasiment nommé par la France (on aura tout osé!) , censé représenter la Syrie? A-t-il aménagé dans son nouvel appartement de fonction? Les divans sont-ils profonds? Il parle...enfin je veux dire...il se tait au nom de QUI maintenant?

Voilà 60 000 morts, peut-être 70 000.... qui n’intéressent plus vraiment ceux qui, de prés ou de loin, ont participé à leur massacre.

Pleurez femmes...
J'entends vos pleurs

Criez mes soeurs...
Je ne m'arrêterai pas 
je le jure ici.

Voici donc par étape, ma reflexion hebdomadaire commencée en octobre.

Je continuerai d'essayer de coller au mieux à l'actualité.

A  mercredi prochain.

Précédents billets sur le même thème:

Là où j'en suis de ma reflexion...(1)

Là ou j'en suis de ma reflexion...(2)

Là où j'en suis de ma reflexion...(3)

Là où j'en suis de ma reflexion...(4)

Là où j'en suis de ma reflexion...(5)

Là où j'en suis de ma reflexion...(6)

Là où j'en suis de ma reflexion...(7)

Là où j'en suis de ma reflexion...(8)

Là où j'en suis de ma reflexion...(9)

Là où j'en suis de ma reflexion...(10)

Là où j'en suis de ma réflexion (11)

Là où j'en suis de ma reflexion (12)

Là où j'en suis de ma reflexion (13)

Là où j'en suis de ma reflexion (14)

+ mes dernier billet

Là où j'en suis de ma reflexion (16)

+ mes papiers sur la Syrie:

Le dernier billet de la série "Ma Syrie" 

Lien vers "Ma Syrie" (20)

Lien vers "Ma Syrie" (19)

Lien vers "Ma Syrie" (18)

Lien vers "Ma Syrie" (17)

Lien vers "Ma Syrie" (16) 

Lien vers "Ma Syrie" (15)

Lien vers "Ma Syrie" (14) 

Lien vers "Ma Syrie" (13)

Lien vers "Ma Syrie" (12) 

Lien vers "Ma Syrie" (11) 

Lien vers "Ma Syrie (10)

Lien vers "Ma Syrie" (9)

Lien vers "Ma Syrie" (8) (Journée de la femme)

Lien vers "Ma Syrie" (7)

Lien vers "Ma Syrie" (6)

Lien vers "Ma Syrie" (5)

Lien  vers "Ma Syrie" (4)

Lien vers "Ma Syrie" (3)

 Lien vers "Ma Syrie" (2)

Lien vers Ma Syrie (1)

La première partie de mes écrits sur la Syrie, se trouve dans l'édition sur les révolutions dans le monde arabe sous les liens suivants:

(cliquez ici pour avoir accès au huitième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie) C'est dans cet article que j'explique mon désaccord avec l'édition spéciale de  Médiapart et à la suite duquel, je suis revenue sur mon blog....

(cliquez ici pour avoir accès au septième article de cette sériesur le monde bédouin du centre de la Syrie)

(cliquez ici pour avoir accès au sixième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)

(cliquez ici pour avoir accès au cinquième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)

(cliquez ici pour avoir accès au quatrième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)

(Cliquez ici pour avoir accès au troisième article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)

(Cliquez ici pour avoir accès au second article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)

(Cliquez ici pour avoir accès au premier article de cette série sur le monde bédouin du centre de la Syrie)

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