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Billet de blog 13 novembre 2012

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Police : de la folle de Chaillot à la folie de Beauvau ?

Edwy Plenel nous invite à une réflexion sur la difficulté relationnelle de la police avec l'opinion. Il pose ainsi la question d'un droit fondamental, celui du droit à la sureté, lequel n'existe pas ou plus quand l'opinion ne fait pas ou plus confiance à sa police.

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Edwy Plenel nous invite à une réflexion sur la difficulté relationnelle de la police avec l'opinion. Il pose ainsi la question d'un droit fondamental, celui du droit à la sureté, lequel n'existe pas ou plus quand l'opinion ne fait pas ou plus confiance à sa police.L'axe de la réflexion proposée n'aborde cependant pas le problème par l'aspect pertinent et ne propose pas le film, quelqu'en soit ses qualités indubitables, le plus approprié, me semble-t-il, pour expliquer cette perte de confiance. Il aurait plutôt fallu un documentaire sur les initiateurs, les concepteurs et les dirigeants de la doctrine policière, les responsables de la statistique sécuritaire, et non pas ses manutentionnaires, le petit personnel. Les usines ne ne font pas faillite à cause du personnel. L'administration, c'est pareil. La police, itou.

A cette erreur s'ajoute, semble-t-il l'oubli de l'importance de l'esprit de groupe qui est très particulier à ce corps de police d'autant plus soudé et solidaire qu'il a le sentiment d'être détesté. Ne soyons toutefois pas dupes. Cette détestation est un élément de cohésion, auquel ceux qui tentent de le faire évoluer s'exposent à des problèmes ( Sihem Souid, Philippe Pichon, Hugues Matelly, ...). Ces réactions disciplinaires montrent que la direction de la police a un intérêt à entretenir cette détestation et le sentiment d'incompréhension, voir d'injustice, au sein de ses troupes, pour être obéie et soutenue dans ses projets répressifs.

Il y a donc une dimension de manipulation dans la gestion de la police, qui ne manipule pas que les justiciables mais aussi les policiers. Et ce n'est donc pas à la base qu'il faut observer. ni chercher les ressorts des difficultés relationnelles de la police avec l'opinion.

C'est la mentalité qui règne dans l'institution et ceux qui l'insufflent qui doivent attirer et retenir l'attention, celle d'une toute petite partie qui n'est que très rarement observée ou mise en cause.

L'élite de la police serait-elle manipulatrice ? La folle de Chaillot annonçait-elle la folie de Beauvau ?

La question dépasse la psychologie et porte à s'interroger s'il n'y a pas un aspect socio-psychiatrique intéressant à étudier dans cette caste hiérarchique de la police entretenant l'inertie grégaire - constatable jusque dans les syndicats majoritaires, se faisant les porte-paroles convaincus et convainquant de leur employeur (où voit-on cela en dehors de la police ?) - qui échappe à la curiosité des chercheurs.

Une fraternité, une solidarité contre nature où les chefs sont adulés mêmes s'ils sont critiquables ? (voir l'affaire Neyret) Où les fonctionnaires sont accablés par leurs syndicats au mépris du doute et la méconnaissance du dossier ? (voir les propos des syndicalistes porte-parole du ministre à propos des ripoux de Marseille sans évoquer le véritable problème de fond (celui des procédures falsifiées) mais faisant fi de la notoriété de dizaines de fonctionnaires quant il se pourrait qu'un petit nombre d'entre eux aient véritablement fauté)

L'adhésion est donc glogale, irrationnelle et n'admet pas la tiédeur.

Comme à France Télécom ou à la Poste, le service médical est la courroie de la gestion par le vide quand la discipline, ou le suicide, n'y suffisent pas.

En dehors des ripoux avérés, assez faible, le traitement délirant des cas disciplinaires et médicaux pour se débarrasser coûte que coûte des gens qui ne partagent pas à "100%" l'esprit maison et la nocuité, voir la perversité qui s'en dégagent, portent à s'interroger si la police ne se caractériserait pas par une psychose collective ?

D'où peut-être sa difficulté relationnelle avec une population saine.

La responsabilité en revient aux gestionnaires, pas aux exécutants.

Quelle mentalité faut-il pour accepter un taux de suicide élevé et une telle casse humaine ?

Comment le personnel peut-il se satisfaire d'une gestion des effectifs aussi désastreuse et se plaindre ensuite d'être mal-aimée... de l'opinion ?

C'est une relation sado-masochiste qui rend la police est aussi peu transparente qu'un service d'aliénés.

Ouvrons et donnons de la lumière à la fois à la médecine psychiatrique et à la police.

Cette idée est excellemment illustrée par le film " Très bien merci " d'Emmanuelle Cuau :

" Alex, comptable, et Béatrice, chauffeur de taxi, forment un couple sans histoires. Mais un soir, Alex se mêle au travail de la police lors d'un contrôle d'identité. Un engrenage implacable et absurde se met alors en marche : il se retrouve au poste, au chômage, et en clinique psychiatrique. Sauf que les fous, ici, ne sont pas ceux qu'on croit...  "

La convergence folle entre une psychiatrie formaliste et l'inertie d'une organisation dénuée de réflexion ne se limite pas à la fiction.

Il suffi de regarder l'actualité policière pour constater l'acuité du propos de ce film sur l'inertie de la médiocrité, à la limite de la folie, qui caractérise le fonctionnement de l'appareil répressif, incapable de s'interroger et se remettre en cause, une minute, s'enferrant dans l'erreur contre l'évidence.

L'affaire de Tarnac est une histoire de fous. L'acharnement contre Philippe Pichon est pathologique bien plus que juridique. Hugues Matelly, pareil. Friedrich Dürrenmatt en vrai (lire "La panne").

Nonobstant quelques comportements identiques dans la justice parfaisant la symbiose nécessaire à la dérive collective qui n'émeut finalement pas grand monde.

La cause du divorce entre l'institution et la population ne me semble pas venir de la base, d'où je crois l'erreur du choix du film, mais du sommet, de son sentiment de supériorité et d'infaillibilité doté d'une mentalité étonnamment stupide vu le niveau élevé de recrutement ,et incapable de réflexivité, qu'il me paraît plus intéressant à décortiquer, que la vie d'un commissariat (voir le film L627).

Le policier aime se faire du mal et être maltraité par ses chefs et il se plaint d'être malaimé des autres. Qu'il commence à revendiquer le respect de sa personne au sein de son institution s'il souhaite se réconcilier avec l'opinion, plutôt que d'obéir à faire n'importe quoi, soulevant une indignation internationale. Il est très rare que les opinions aient du respect ou de la sympathie pour les personnes qui se laissent mépriser par leur chefs, surtout si ces personnes méprisées viennent ensuite purger leurs frustrations sur la tête et le dos de ceux qui n'y sont pour rien.

L'image de la police dans les médias: la vidéo du débat 16 novembre 2012 Par Forum des images

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