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Billet de blog 22 juillet 2015

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Petits billets pour la Grèce (4)

Suite du recueil d'écrits poussés pour dénoncer non seulement ce que des financiers de l'Ordre libéral imposent à tout un peuple mais aussi pour établir la chronique de ces « experts » serviles qui, dans les médias, jouent à fond la carte des dominateurs. L'espoir : non seulement des commentateurs de renom ne hurlent pas avec les loups, mais l'activité foisonnante pro-Grèce des réseaux sociaux trouble les tenants de l'ordre établi.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Suite du recueil d'écrits poussés pour dénoncer non seulement ce que des financiers de l'Ordre libéral imposent à tout un peuple mais aussi pour établir la chronique de ces « experts » serviles qui, dans les médias, jouent à fond la carte des dominateurs. L'espoir : non seulement des commentateurs de renom ne hurlent pas avec les loups, mais l'activité foisonnante pro-Grèce des réseaux sociaux trouble les tenants de l'ordre établi.

 "One Dollar US", par Philippe Assalit

Le baiser de Juda
Depuis des mois, on a pu voir régulièrement à la télévision ou dans les journaux, Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne (qui a trahi les règles de l'Europe quand il était premier ministre du Luxembourg en favorisant l'évasion fiscale dans les autres pays), passer son temps à embrasser Alexis Tsipras, l'envelopper de ses bras, lui mettre la main sur l'épaule, plaisanter sur sa cravate. On peut admettre que dans des réunions au sommet il puisse s'exprimer, entre personnalités, un peu plus que de la courtoisie, et donc un peu de chaleur. On n'est pas des pisse-froid. Mais là tout de même, trop c'est trop. Que d'hypocrisie ! Tsipras obligé de se prêter au jeu : on voit bien qu'il n'est jamais à l'initiative. L'autre lui prend la main, comme un enfant, lui fait des papouilles... Puis il l'assassine, ou presque. Le met à genoux, et, avec lui, tout son peuple. Caresse dans le dos et pistolet sur la tempe. Pour tout le reste mais aussi pour ça, Tsipras mérite notre soutien. (13 juillet]

A Bruxelles le 2 février et en juin, à Riga le 22 mai, hier avant la nuit de négociation... [montage YF]

Les chiffres approximatifs pour desservir la Grèce

Lors de l'émission "C dans l'air" du 13 juillet, sur France 5, on a eu droit à l'habituel discours sur le trop-plein de fonctionnaires. La Grèce n'a pas d'industrie, il ne serait pas étonnant que la fonction publique soit développée. Par ailleurs, le taux de chômage est de 25 %. Cependant, le "spécialiste" de la finance Philippe Dessertine a indiqué que les fonctionnaires en Grèce représentaient 40 % de la population active, contre 25 % en France (ce qui est déjà beaucoup pour lui, l'ultra-libéral réclamant sans cesse une réduction drastique des dépenses publiques). Horreur donc ! Cherchons les chiffres : selon La Tribune (25 janvier), la Grèce avait 825 000 fonctionnaires en 2009, effectifs qui ont été réduits de 25 % (et 15 000 fonctionnaires ont été licenciés en janvier dernier). Soit 620 000. La population active s'élève à 4,9 M (Insee). Le taux de fonctionnaires est donc passé de 16,8 % à 12,6 %. [un article de Libération de 2010, ironisant sur les "colonnes de fonctionnaires" parlait d'"un actif sur cinq", sans doute parce que ça sonne bien, car les chiffres donnés faisaient à peine 1 sur 6]. En France, nous avons 5,2 M de fonctionnaires pour une population active de 28,7 M, soit 18,1 %. Pourquoi de prétendus "experts" s'ingénient à donner des chiffres sans citer leurs sources ? [14 juillet]


Exemple de constance et de bonne foi :

[Les propos contradictoires de Nicolas Sarkozy sur la Grèce révélés par ce montage : ici]
C'est terrible : on a l'impression que c'est un imitateur, qui se moque de Sarkozy, que ce soit en 2015 mais aussi en 2011 ! Il ne parvient même pas à dire Tsipras (Tsipas).[14 juillet]

L'Allemagne veut une Troïka pour réformer la France

Le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a estimé le 16 juillet jeudi soir (ici) qu'il fallait forcer la France à mener les réformes.

Michel Sapin a rappelé à son homologue allemand que "la France déteste qu'on la force". Selon lui, c'est justement ce discours "de la punition, de la sanction, de la contrainte" qui fait grossir les rangs des eurosceptiques."
Et la Grèce, elle aime bien qu'on la force ? Ce qu'on n'accepterait pas pour la France, on ne doit pas le tolérer pour la Grèce. [15 juillet]

Le soutien de Pablo Iglesias, Podemos

Le député allemand Manfred Weber a déclaré que Alexis Tsipras et Syrisa sont en train de détruire l'Europe. Ce matin, au Parlement européen, l'espagnol Pablo Iglesias, le leader de Podemos, lui a répondu (ici) : "Ce qui est en train de détruire l'Europe, c'est le totalitarisme financier. Ce qui détruit l'Europe, c'est l'arrogance du gouvernement allemand, l'incapacité de certains dirigeants de défendre leurs peuples." [15 juillet]

Vanités et cynisme d'une poignée de banquiers...

Jeffrey Sachs est directeur du Earth Institute à l’Université de Colombia et conseiller de Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, sur les enjeux de développement. Pour l’économiste, très critique envers l’accord sur la Grèce, l’Europe «est sur le point de s’effondrer à cause des vanités et du cynisme d’une poignée de banquiers et de politiciens», Dans Libération du 14 juillet. [16 juillet]

Manifestation de soutien au peuple grec

Suite à l'"accord" imposé par le FMI, la BCE et l'Union européenne à la Grèce, et à l'appel du mouvement gersois "MAZI-Solidarité avec le peuple grec contre l'austérité", une trentaine de personnes se sont rassemblées ce 15 juillet à Auch pour protester contre les mesures drastiques qu'il prévoit, qui enfonceront davantage ce pays, dont le peuple est saigné à blanc depuis plusieurs années. La mobilisation en faveur des Grecs reste timide mais un jour viendra où les Français prendront conscience que le soutien aux Grecs est non seulement un acte de solidarité mais aussi un acte de défense face à l'inhumanité des valets de la Finance : déjà Wolfgang Schäuble, ministre des finances allemand, parle de s'en prendre de la même façon à la France.Voir discours tenu lors de la manifestation d'Auch : http://www.npa32.fr/spip/spip.php?article1673 [16 juillet]
[Photo YF et Logo de MAZI Solidarité avec le peuple grec contre l'austérité]

Les "experts"
Arnaud Leparmentier du Monde, qui a pris du galon, publie le 16 juillet un billet dans lequel il convoque les Évangiles, avec la parabole des talents qui se conclut ainsi : "Car on donnera à celui qui a, et il sera en abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a". Le maître sanctionne celui qui n'a pas fait fructifier ses dons. Belle morale ! Ce serait celle (protestante) en vigueur à Berlin. Cette morale-là non seulement on n'en veut pas, mais elle est contraire aux règles de notre protection sociale : "chacun contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins" (ordonnance du 4 octobre 1945). Que ça plaise à M. Leparmentier, fidèle à Mme Merkel, ou pas. [16 juillet]

Le "experts" (bis)
Arnaud Leparmentier interviewait dimanche 12 juillet, avec JP. Elkabbach et M. Darmon, Pascal Lamy, ex-directeur de l'Organisation mondiale du commerce, sur I-télé, Europe 1 et Le Monde. Ils n'ont cessé, dans leurs questions, d'émettre des doutes sur la confiance qu'on peut accorder aux Grecs : "comment être sûrs que les fonds ne seront pas dilapidés ?", "peut-on faire confiance à Tsipras ?", "comprenez-vous la défiance de certaines opinions européennes ?", "comment les Allemands peuvent-ils avoir confiance ?" (finalement, les réponses de Pascal Lamy paraissaient presque conciliantes avec la Grèce). Lors de l'interview du 14 juillet, David Pujadas leur a emboîté le pas posant plusieurs questions du même tonneau au Président de la République ("Alexis Tsipras, vous lui faites confiance aujourd'hui . Vous ne vous êtes pas senti trahi [avec le référendum]? Vous lui faites absolument confiance ?"). Cela fait beaucoup de journalistes qui se croient "experts", en réalité reproduisant sans vergogne "les vanités et le cynisme d'une poignée de banquiers et de politiciens" (pour reprendre la formule de Jeffrey Sachs, économiste). [16 juillet]

Le couple infernal

La mobilisation en Europe en faveur du peuple grec n'a pas été marginale. La mise en cause de l'intransigeance de Wolfgang Schäuble n'est pas restée clandestine, puisqu'il a fallu qu'Angela Merkel lui rende hommage aujourd'hui au Bundestag et le fasse ovationner par les députés conservateurs (miracle, le SPD n'a pas applaudi). Par ailleurs, Guy Sorman, dans Le Monde du 17 juillet vole au secours d'Angela Merkel, pauvre femme qui serait l'objet de tous les quolibets ("Cessons de [la] conspuer", écrit-il). Après avoir "révélé" sur la Grèce ce que chacun sait (les armateurs, l’Église orthodoxe, le clientélisme), après avoir insulté ce pays ("État de pacotille") et avoir démontré qu'il ne connaît pas le dossier grec (selon lui, Merkel aurait juste demandé de réduire un peu les dépenses de l'État, sans jamais rien exiger sur les retraites), il conclut qu'elle n'a "cessé de soutenir les humbles contre les puissants" ! Peut-être veut-il nous faire croire qu'elle n'a rien à voir avec Schäuble, qu'il ne cite à aucun moment. Alors que tout porte à croire que les deux vieux complices au sein de la CDU sont totalement de mèche et qu'ils se sont bien répartis les rôles (lui pour la sortie de la Grèce de l'euro, elle, magnanime, tolérant encore sa présence). [17 juillet]
[Photo AFP parue dans Les Échos du 12 juillet qui commentait : ils sont "sur la même ligne, ultra-dure vis-à-vis de la Grèce"]

Jürgen Habermas

Cet accord «contredit ouvertement les principes démocratiques de l’Union européenne» et n’a pas de sens d’un point de vue économique, juge le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas, figure du mouvement étudiant allemand de la fin des années 1960. Il y voit un «mélange toxique entre des réformes structurelles nécessaires et des mesures néolibérales qui décourageront complètement un peuple grec déjà épuisé, et tuera dans l’œuf tout élan de croissance.» «Forcer le gouvernement grec à donner son accord à un fonds de privatisation, économiquement discutable et éminemment symbolique, ne peut être compris que sous l’angle d’un châtiment décrété contre un gouvernement de gauche», analyse le philosophe (ici), qui réclame une restructuration de la dette grecque. [17 juillet]

[à suivre]

Ces petits billets ont été régulièrement postés sur mon compte Facebook et aussi sur le compte Facebook du groupe "Nous soutenons le parti Grec SYRIZA". Certains ont été commentés, partagés et recommandés plusieurs centaines de fois. Entre crochets, la date de parution du petit billet...

Voir :  Petits billets pour la Grèce (1)

            Petits billets pour la Grèce (2)

            Petits billets pour la Grèce (3)

. Philippe Assalit, auteur de la photographie en tête de ce billet, expose à La Romieu, dans le Gers, à la Galerie Va Bene du 18 juillet au 23 août (vernissage le samedi 25 juillet, 17 h.)

Billet n°210

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  [Le blog Social en question est consacré aux questions sociales et à leur traitement politique et médiatique. Voir présentation dans billet n°100. L’ensemble des billets est consultable en cliquant sur le nom du blog, en titre ou ici : Social en question. Par ailleurs, tous les articles sont recensés, avec sommaires, dans le billet n°200]

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