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Portfolio 2 janvier 2024

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2023 en dix expositions

Un classement est toujours arbitraire, qui plus est lorsqu’il s’agit de choix personnels Voici donc dix expositions qui ont marqué mon année 2023 de Lawrence Abu Hamdan à Liliana Porter, de Martha Wilson à Camille Llobet, de Lausanne à Montpellier, de Berlin à Marseille, de l’Occitanie à l’Alsace.

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  1. Illustration 1
    © Lawrence Abu Hamdan

    Lawrence Abu Hamdan, Aux frontières de l’audible, Frac Franche-Comté, Besançon

    Première exposition monographique dans une institution française consacrée à l’œuvre de l’artiste jordanien d’origine libanaise, Lauwrence Abu Hamdan, « Aux frontières de l’audible » investit les espaces du Frac Franche-Comté à Besançon. L’artiste est aussi et surtout un « Private Ear », un enquêteur indépendant spécialiste de l’écoute, dont les investigations portent sur le son et la linguistique et ont déjà eu valeur de preuves devant le Tribunal britannique de l’asile et de l’immigration. Elles servent également pour le plaidoyer d’organisations telles que Amnesty International ou Defence for Children International, avec des collègues chercheurs de Forensic Architecture. Son œuvre plastique explore les dimensions politique, juridique et sociale du son et de l’écoute à travers des formes aussi diverses que des installations audiovisuelles, des vidéos, sculptures, photographies, performances ou encore des documentaires audio et narratifs. Parmi les œuvres présentées, on peut citer : « Earwitness Inventory » (2018), l’inventaire des souvenirs auditifs de traumatismes, de catastrophes et de violences, ou « Air Pressure » (2022), qui dénonce la guerre sonore subie par les Libanais du fait de la violation continue de leur espace aérien par les avions et drones militaires israéliens, trouvant une douloureuse résonance dans l’actualité. Artiste engagé sur la question des droits humains, Lauwrence Abu Hamdan s’applique à produire une œuvre résolument politique qui dépasse de loin le simple périmètre de l’art contemporain.

    Commissariat artistique : Sylvie Zavatta.

  2. Illustration 2
    © Jeremy Deller/ Frac Bretagne

    Jeremy Deller, Art is Magic, musée des beaux-arts de Rennes, Frac Bretagne et la Criée centre d’art contemporain

    Pour sa première exposition-rétrospective en France, l’artiste britannique Jeremy Deller, lauréat du Turner Prize en 2004, investissait cette année trois institutions rennaises : le Musée des beaux-arts, le Frac Bretagne et la Criée centre d’art contemporain, trois lieux à visiter indépendamment les uns des autres. Intitulée « Art is magic », l’exposition dresse un panorama de son œuvre depuis la fin des années quatre-vingt-dix jusqu’à aujourd’hui. Jeremy Deller s’intéresse aux cultures populaires et aux contre-cultures. Ses investigations portent sur les questions sociales, l’histoire et la musique, et créent un pont entre culture et monde du travail à travers une pratique qui évolue entre art conceptuel, performance, installation et vidéo. Affirmant préférer « working with people rather than things » : travailler avec les gens plutôt qu’avec les choses, il s’inscrit dans une démarche participative avec les habitants des villes dans lesquelles il intervient. Toute sa production est envisagée sous le prisme de revendications politiques et sociales. Ses œuvres sont susceptibles de devenir des supports militants. Il n’hésite pas à saboter le statut de l’artiste créateur en associant diverses personnes à son processus créatif.

    Commissariat artistique : Etienne Bernard, Jean-Roch Bouiller, Claire Lignereux et Sophie Kaplan.

  3. Illustration 3
    © Courtesy of Martha Wilson and P·P·O·W, New York (WILS-E105)

    Martha Wilson, INVISIBLE Works on Aging 1972-2022, Frac Sud Cité de l'art contemporain, Marseille

    À Marseille, le Frac Sud retrace la trajectoire de l’artiste américaine qui a pour enjeu la déconstruction d’un idéal féminin et son corollaire, l’âgisme qui invisibilise les corps de femmes après un certain âge. Avec une bonne dose d'autodérision, cette figure pionnière du féminisme dans l’art se met en scène pour mieux démonter les stéréotypes identitaires dans une Amérique néolibérale. Depuis le début des années soixante-dix, l’artiste américaine crée des performances conceptuelles, des vidéos et des compositions mêlant photographie et texte, aux prises avec les constructions et les manifestations du féminisme, de l’identité et de la façon dont nous nous construisons et nous présentons. Adepte prolifique de l’art de la performance, elle construit une œuvre politiquement engagée. Son travail précurseur annonce déjà ceux de Cindy Sherman ou Martha Rosler, ou des philosophes féministes comme Judith Butler.

    Commissariat artistique : Muriel Enjalran

  4. Illustration 4

    Ana Mendieta. Aux commencements, MO. CO. Montpellier Contemporain

    Trente-huit ans après sa mort, le MO. CO. à Montpellier, revient sur l’œuvre de l’artiste américano-cubaine Ana Mendieta dans une exposition monographique qui explore la façon dont elle n’a cessé de se réinventer en élaborant un langage sculptural inédit nourri des mythes originels et de l’art rupestre, loin de la narration aliénante qui lui colle habituellement à la peau. L’exposition n’a pas la prétention d’être rétrospective, encore moins exhaustive. En rassemblant une centaine d’œuvres sur un peu plus de quinze années de production (1968-1985), elle a pour enjeu de redonner des nuances à un travail artistique trop souvent lu comme un présage, après la mort tragique de Mendieta en 1985, l’artiste devenant le symbole du sexisme régnant dans le monde de l’art au point d’en éclipser le caractère révolutionnaire de son œuvre qui semble avoir enfin pris le dessus sur les stéréotypes qui lui ont été imposés. L’exposition, remarquable dans sa relecture inédite de l’œuvre d’Ana Mendieta, est aussi l’une des dernières curatée par Vincent Honoré, quelques mois avant sa mort.

    Commissariat artistique : Vincent Honoré et Rahmouna Boutayeb.

  5. Illustration 5
    © Photo: Laura Fiorio/HKW

    O Quilombismo: Of Resisting and Insisting. Of Flight as Fight. Of Other Democratic Egalitarian Political Philosophies, Haus der Kulturen der Welt (HKW), Berlin

    À la fois exposition et projet de recherche O Quilombismo est une invitation à imaginer de nouvelles formes de résistance culturelle et politique face aux normes dominantes par le biais de diverses propositions d’émancipation présentes ou passées. Il prend pour point de départ la pensée philosophique du quilombismo telle que développée par l’artiste, écrivain et homme politique brésilien Abidias Nascimiento (1914-2011). Celui-ci définit les quilombos, terme qui désigne des communautés formées par les esclaves en fuite dans des régions reculées du Brésil, comme des sociétés de « réunion fraternelle et libre, ou de rencontre ; de solidarité, de vie en commun et de communion existentielle ». L’exposition est racontée par de nombreuses voix issues d’espaces d’émancipation à travers le monde. Artistes, chercheurs, militants, conteurs, imaginent et mettent en œuvre des propositions culturelles, politiques, sociales et économiques de libération et d’affirmation.

    Commissariat général : Bonaventure Son Bejeng Ndikung

  6. Illustration 6

    Magdalena Abakanowicz, « Territoires textiles »Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

    Présenter à Lausanne une exposition rétrospective de Magdalena Abakanowicz tient de l’évidence tant l’artiste polonaise a marqué, entre 1962 et 1979, les biennales internationales de la tapisserie qui animèrent la ville vaudoise pendant plus de trente ans (1962-1995), contribuant, en quelques années à peine et de manière fondamentale, au bouleversement d’un art jugé traditionnel et bourgeois pour en faire une pratique subversive, radicale et féministe. Intitulée « Territoires textiles », la manifestation, proposée par le musée cantonal des Beaux-Arts et la Fondation Toms Pauli – qui détient l’un des fonds les plus importants d’œuvres de l’artiste en dehors de la Pologne –, et organisée en partenariat avec la Tate Modern à Londres où elle a été présentée auparavant, revient sur les premières années – entre 1960 et 1985 – de la carrière internationale de l’artiste, pionnière de la Nouvelle tapisserie qu’elle domina durant la années soixante et soixante-dix de sa production singulière privilégiant l’usage des fibres organiques, matière vivante et malléable, qu’il s’agisse de laine, sisal, lin, coton, jute, corde, ou encore crin de cheval. Détachant ses tissages du mur pour leur faire prendre une forme tridimensionnelle, elle réalise alors de grandes sculptures, les Abakan. Ces œuvres défient toute catégorisation, remettant en question les définitions existantes jusque-là de la sculpture.

    Commissariat de Magali Junet, conservatrice, Giselle Eberhard Cotton, directrice, Fondation Toms Pauli, Ann Coxon, conservatrice, art international, Tate Modern, Mary Jane Jacob, commissaire indépendante.

  7. Illustration 7
    © Liliana Porter

    Liliana Porter, le jeu de la vérité, Les Abattoirs, Toulouse

    Les Abattoirs, Musée-Frac Occitanie à Toulouse, présente une centaine d’œuvres de Liliana Porter, offrant au public la première rétrospective en France de cette artiste argentine vivant à New York depuis 1964 qui a redéfini les limites de l’art conceptuel et poétique, aussi caustique que politique. L’exposition est conçue comme une traversée de son art. L’artiste se concentre sur la gravure pour plusieurs raisons : « l’idée était de socialiser l’art, de faire des œuvres multiples, de sortir de l’élitisme et de l’unicité » explique-t-elle. « La gravure était un moyen d’y parvenir. En même temps, il s’agissait aussi de faire en sorte que l’estampe ne soit pas seulement une estampe, mais aussi une installation ou des œuvres envoyées par la poste... Il y a eu un certain nombre d’autres idées qui sont nées de l’idée de la gravure ». La seconde partie de l’exposition présente ses installations. Depuis vingt ans, Liliana Porter présente des saynètes réalisées à partir de figurines populaires et d’objets issus du folklore américain, glanés sur des marchés aux puces et qui se déclinent aussi en peintures et vidéos.

    Commissariat artistique : Annabelle Ténèze, Lauriane Gricourt

  8. Illustration 8

    Marco Godinho, Un vent permanent à l’intérieur de nous, Les Tanneries, Centre d’art contemporain, Amilly

    En ouverture de sa huitième saison artistique, les Tanneries, centre d’art contemporain d’Amilly dans le Loiret, confie pour la première fois la totalité de ses espaces à un seul artiste, en l’occurrence le plasticien lusitano-luxembourgeois Marco Godinho qui propose « un organisme vivant, une constellation d’œuvres autour de la perception de l’espace et du temps, basées chacune sur des actions performatives autonomes, qui évoquent ensemble un esprit commun, celui d’engager des liens avec la condition humaine et toutes les formes du vivant, avec une croyance animiste et chamanique ». Les œuvres sont toutes des observations d’un lieu précis, qu’il s’agisse des activités dans et autour de sa maison. Marco Godinho place à l’entrée du centre d’art le signe 8 qui indique et localise sa maison. Positionné horizontalement, il renvoie immédiatement au symbole de l’infini et interroge les lieux qui définissent la ville et ses racines. Il suggère ainsi un domaine d’identification plus universel afin d’apprendre à vivre ensemble. Entre espace public et privé, intérieur et extérieur, l’exposition interroge la notion de frontière géographique, philosophique et politique tout autant que le lien entre l’humain et le vivant. Un voyage intérieur à travers une exploration sensible des questions d’exil et de déplacement.

    Commissariat artistique : Éric Degoutte.

  9. Illustration 9
    © Camille Llobet

    Camille Llobet, Fond d’air, Institut d’art contemporain, Villeurbanne

    Au printemps dernier, l’Institut d’art contemporain à Villeurbanne invitait Camille Llobet à investir la totalité de ses espaces. L’artiste travaille depuis une dizaine d’années sur la prosodie de la langue, soit l’étude des phénomènes de l’accentuation et de l’intonation qui rendent les émotions et les intentions plus intelligibles aux interlocuteurs. Chez l’artiste, le bruit est souvent compris comme l’empreinte du corps et du mouvement. Elle esquisse, à travers le corps en tant qu’émetteur-récepteur, des portraits sensibles, proposant une plongée dans l’humain. Çà et là, des sons envahissent l’espace : ici, l’eau d’un torrent, plus loin, des pierres qui s’écroulent, ailleurs, la montagne qui tremble. Dans le secteur du cinéma, le fond d’air désigne le silence habité, ce bruit propre à chaque tournage. Les sons de Camille Llobet donnent de l’épaisseur au silence.

    Commissariat artistique : Nathalie Ergino avec la collaboration de Sarah Caillet.

  10. Illustration 10
    © John Hanning

    Aux temps du Sida. Œuvres, récits et entrelacs, Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg

    Exposition pluridisciplinaire, Aux temps du sida présente quarante années de création durant lesquelles les arts plastiques, la littérature, la musique, le cinéma, la danse rencontrent la recherche scientifique, la culture populaire et l’action déterminante des associations. Conçu à la manière d’un voyage à la fois chronologique et thématique qui place le visiteur dans un tournoiement de sensations et de réflexions, le projet s’articule en plusieurs sections mettant en évidence les entrelacs qui unissent les énergies mobilisées contre la maladie. Une proposition plus heureuse que celle formulée par le Palais de Tokyo quelques mois plus tôt.

    Commissariat général : Estelle Pietrzyk.

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