La vidéo ci-dessous est très intéressante dans deux sens : elle tape juste en mettant en évidence en quoi Marine Le Pen aggraverait la politique extraordinairement régressive de Macron : le "vous avez aimé Macron, vous allez adorer Le Pen" est une vraie tornade pédagogique. La conclusion se profile assez évidente : dimanche votez Macron pour éviter le pire ! Le hic, deuxième intérêt de cette vidéo, c'est que cette belle gymnastique pédagogico-politique ne devrait pas empêcher de voir par où elle crisse jusqu'à même se crasher si on y réfléchit deux secondes (autant que vous le voulez si vous patinez) : je veux parler d'une impasse qui est d'ailleurs largement partagée par ceux et celles qui, en fait, ne tirent pas la grande leçon du quinquennat qui s'achève, leçon qui pourrait aider à sortir des facilités des analyses hémiplégiques filant à toute allure vers "le vote barrage". Je m'explique : rappelez-vous comment, en 2017, Macron s'est fait élire contre Marine Le Pen en ramassant à la pelle des votes de gauche, déjà tétanisés par la panique devant l'idée de se retrouver, du jour au lendemain, en régime fasciste.
C'était alors le macronisme "ni gauche, ni droite" contre l'extrême droite ! Or qu'est-il advenu durant ces cinq années macronistes ? Une extrémisation à droite de l'homme ni de droite ni de gauche au point que nous sommes un certain nombre à employer sans hésiter le terme de fascisant ou "fascisateur" (comme dit Lordon) pour désigner ce Macron 2, celui qui baisse le masque dès que le Macron 1 est élu. Je ne vous ferai pas l'insulte de rappeler les mesures "fascisantes" que Marine Le Pen aurait pu prendre et qu'il a prises sans état d'âme. D'ailleurs le gars de la vidéo est bien conscient de la chose en fonctionnant au binaire "vous avez aimé/vous allez adorer"... Il y a du Macron dans cette adoration de la Marine qu'il nous promet.
Alors il est où le problème avec sa vidéo ? Eh bien dans le fait qu'il opère, j'espère inconsciemment, une entourloupe : si Macron ni de droite, ni de gauche a pu transmuter en un clin d'oeil Macron fascisant, donc s'il a démontré une première fois qu'il était capable de faire dans le reniement radical de ce qu'il a dit qu'il ferait (ou dont on a bien voulu imaginer qu'il ferait mais sans vraiment imaginer jusqu'où cela irait !), pourquoi se priverait-il de faire en sorte que Macron 3 ne fasse pas...allez je vais lâcher le grand mot, PIRE que le Macron 2. Ce pire le rapprochant de ce que Marine le Pen a de pire et surtout NOUS rapprochant de ce pire lepéniste. Car c'est là la clé de tout cela : par quelque bout que vous le preniez, Macron fait monter Le Pen, en lui empruntant, via ses fachos Darmanin ou Blanquer, ce qu'il faut pour extrême-droitiser son électorat et, en baladant la gauche sur laquelle, en temps post et pré-électoral (mais même entre les deux tours, vous avez vu ?) il cogne à la Le Pen, en lui agitant l'épouvantail - une fois, deux fois et ça s'arrête quand? - de la facho escomptant que, comme en 2017, elle remettra cela ce coup-ci en votant pour celui qui immanquablement la matraquera sans pitié une fois les urnes remisées au grenier !
Alors oui, "on a aimé Macron, on adorera Le Pen" est très juste si on veut bien cependant prendre conscience qu'on adorera dans la foulée si on revote pour lui ... le Macron fascisant en sortie de quinquennat et qui fascisera XXL, pourquoi s'en priverait-il puisque les gogos-gauches en redemandent ? Et, de toute façon, tout cela finira par un inévitable, au rythme où va la déliquescence de ladite gauche, "... on adorera Marine Le Pen qui saura se servir du trampoline macronien le jour venu". Ce jour où le jeu électoral de deuxième tour, dit de la roulette russe, fera "pan" !
Alors, je ne suis pas là pour vous dire de faire ceci ou cela dimanche, j'émets seulement le voeu que vous intégriez ce que, pour une bonne part d'entre vous, vous vous obstinez à ne pas vouloir voir. Pour ma part, je dis non à Marine Le Pen (on mobilise dès maintenant), oui aux mobilisations contre Macron-le fascisateur qui sont le meilleur moyen de barrer la route à la facho. Et je m'abstiendrai. Et gaffe ne jouez pas à me renvoyer que, ce faisant, je voterais Le Pen, car, si on veut bien rester en logique : voter pour le fascisateur qui va fasciser encore plus et qui fait monter la fasciste, cela pourrait bien revenir (boomerang décidément facétieux) à voter fasciste...
Evidemment, comme je reste raisonnable, vous ne risquez pas grand chose mais bon...
Mes billets sur l'élection présidentielle :
Le fascisme à nos portes ? Petit retour sur l’Allemagne des années 30
16 avr. 2022
Macron n’est pas Hindenburg mais cette évidence ne devrait pas servir à sous-estimer le choix politique désastreux qui permettrait au premier de bénéficier, sans que les modalités de ce bénéfice soient les mêmes, de l’irresponsabilité à gauche qui a amené, en son temps, le second à commettre le méfait historique de servir de rampe de lancement de l’hitlérisme.
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Il serait bon que la déception compréhensible de ceux qui ont cru en cette démarche insoumise refuse l'intoxication du ressentiment et de la chasse au bouc émissaire et, ainsi, se réoxygène à la réflexion politique raisonnablement critique mais aussi autocritique. Histoire de donner corps à l'antifascisme anticapitaliste dont nous aurons besoin après le second tour !
De la déraison de « voter utile » pour Mélenchon au premier tour…
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