L'entrevue avec le sociologue Félix Tréguer publiée sur Mediapart, Crise sanitaire : comment résister au « solutionnisme techno-sécuritaire », est une contribution importante pour enrichir la réflexion sur la crise que connaissent les organisations de gauche (et syndicales et associatives à elles associées) face à la nécessité de se positionner sur la crise sanitaire et plus particulièrement sur les oppositions dans la rue qu'ont suscitées les réponses gouvernementales qui lui ont été apportées. Les lignes qui suivent abordent cet aspect des choses en se recommandant de l'éclairage que cette entrevue apporte sur l'articulation du sanitaire et du politique dans les mesures gouvernementales, inscrites dans une dynamique d'agression contre les libertés fondamentales, que ces gauches ne sont pas parvenues à décoder correctement. Ce qui a contribué à les marginaliser dramatiquement sur les champs politique et social au profit des droites et des extrêmes droites. Lesquelles ont, profitant de cette carence quasi générale à gauche, réussi, chacune à leur façon et en rivalité exclusive les unes contre les autres, à imposer leur tempo et leurs visions réactionnaires, liberticides, de la situation et des réponses à apporter.
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En interaction avec l'article Crise sanitaire : comment résister au « solutionnisme techno-sécuritaire »
... Comprendre ce que la crise sanitaire a fait à nos libertés...
... Comprendre ce que la crise sanitaire a révélé, en l'accentuant, de la dégringolade politique des gauches, de toutes les gauches car, à un degré ou un autre, sauf quelques exceptions ici ou là, elles ont démontré dans cette séquence pandémique
1/ leur totale incapacité à prendre la mesure liberticide qui s'est entremêlée aux réponses sanitaires d'un gouvernement qui, ayant balisé le terrain des restrictions aux libertés fondamentales (en particulier contre les Gilets Jaunes) a poursuivi son offensive en s'annexant de manière autoritaire le droit exclusif d'en rajouter, au nom d'une santé publique à soutenir... qu'il malmène sans pitié, sans que la crise sanitaire, en tant que telle, le justifie;
2/ leur tout aussi totale incompréhension de la révolte qu'a suscitée cette politique sanitaire, au plein sens d'être une captation du sanitaire aux fins d'une politique de contrôle des populations renforçant le rapport de force en faveur des dominants. La culmination de cette culbute dans ce qu'il faudrait peut-être appeler la crise définitive de gauches décrochées, dépouillées, de toute impulsion contestataire des logiques de domination à l'oeuvre, aura été leur pitoyable aveuglement sur la nature des mobilisations antipass sanitaire/vaccinal : aveuglement par majoration de l'emprise de l'extrême droite sur lesdites mobilisations et minoration de leur hétérogénéité. Double aberration qui les amène à la fois
a) à fuir leurs historiques responsabilités antifascistes de travailler à contrer sur le terrain les velléités d'implantation et de développement de l'extrême droite;
b) à se réfugier, loin de la rue où cela se passe, dans l'imprécation verbale sans efficace politique signant leur insignifiance à agir ainsi que leur incohérence de n'être pas à la hauteur du danger fasciste que pourtant, sans craindre la contradiction qui tue (suicide), elles dénoncent et
c) à faire de fait chorus, par absence d'alternative d'action indépendante contre l'extrême droite, concrètement exprimée au coeur des mobilisations, avec le gouvernement dans la diabolisation des antipass sanitaire/vaccinal comme un absolu danger fasciste, complotiste, obscurantiste, etc.
Une des conséquences les plus délétères de cette défaite En Marche vers l'abîme des gauches est que, par la désertion des luttes en cours dans la rue, d'une part, elles libèrent, au profit de la confrontation entre la droite s'extrémisant plus à droite et les extrêmes droites se surradicalisant, un espace électoral élargi comme jamais; d'autre part, elles entravent l'émergence d'un contrepoids à ce verrouillage électoraliste s'ancrant à gauche depuis un espace extra-électoral où, contrairement aux fantasmes des défaitistes qui peuplent aujourd'hui le peuple de la gauche militante, rien n'est fixe, tout est en...mouvement, certes brouillon, et pour cause (d'absence de repères de gauche), donc propice à y intervenir pour peu que ladite gauche militante se débarrasse de ses fossilisations mentales, de ses rigidités analytiques et des paralysies d'intervention qu'elles alimentent.
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