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La 4e chambre pénale du tribunal de Rio de Janeiro a programmé le procès de Ronnie Lessa et de Élcio Queiroz - accusés d'avoir été le tueur et le chauffeur lors de l'assassinat le 14 mars 2018 et écroués depuis mars 2019 - pour le 30 octobre 2024, à partir de 9 heures.
La date a été proposée par le juge Gustavo Kalil, titulaire de la 4e Chambre, lors d'une réunion spéciale tenue le jeudi 12 septembre 2024 au tribunal central de Rio de Janeiro avec le ministère public (MPRJ), les assistants du procureur et les défenseurs des accusés, qui participeront au jury par visioconférence.
Kalil présidera le jury.
Dans les témoignages recueillis par le STF, les meurtriers avoués de Marielle Franco ne sont pas d'accord sur l'origine de l'arme utilisée pour le crime.
La demande de l'avocat de Ronnie Lessa pour que la prison où il est détenu réserve le 29 octobre 2024, pour un entretien, afin d'accélérer le début de la session de jugement, a également été acceptée. Enfin, l'autorisation du ministre du Tribunal suprème fédéral (STF), Alexandre de Moraes, a été demandée pour la tenue de la session.
Les accusés avoués du meurtre de Marielle Franco et de son chauffeur Anderson Gomes, Ronnie Lessa et Élcio de Queiroz ont donné des versions différentes dans leurs dépositions devant la Cour suprême fédérale (STF) ce mois de septembre 2024.
L'un des points de leurs déclarations qui diffèrent est l'origine de l'arme utilisée lors du crime : le pistolet-mitrailleur HK-MP5, d'un calibre de neuf millimètres. Dans son récit, Ronnie Lessa dit avoir reçu le MP5 d'Edmílson Oliveira da Silva, dit "Macalé, exécuté le 6/11/2021. Selon Lessa, l'arme a été achetée à l'ancien conseiller de Domingos Brazão à la Cour des comptes de l'État (TCE-RJ), Robson Calixto da Fonseca, dit "Peixe". Brazão et son frère, le député fédéral Chiquinho Brazão, qui sont en prison, sont accusés d'avoir commandité le crime. Selon l'enquête, c'est Macalé qui a servi d'intermédiaire entre Lessa et ces deux frères. « Il n'acceptait (le MP5) que s'il vérifiait l'arme sous toutes ses coutures. Même s'il y avait des munitions », a déclaré Ronnie Lessa.
Élcio de Queiroz, le conducteur de la voiture Chevrolet modèle Cobalt de couleur argentée utilisée lors du crime, a raconté une autre histoire : le MP5 appartenait à Ronnie Lessa et avait été acheté quelques mois avant le crime. « Il aimait beaucoup cette arme », a déclaré Élcio à propos de Lessa.
Même en ce qui concerne l'élimination du MP5, l'histoire racontée à l'audience est différente. Ronnie Lessa affirme avoir vu Macalé remettre l'arme à Marcus Vinícius Reis dos Santos, un milicien connu sous le nom de "Fininho", dans la favela Rio das Pedras.
Élcio de Queiroz, quant à lui, affirme que Lessa lui a dit avoir scié l'arme et l'avoir jetée à la mer dans son quartier huppé de Barra da Tijuca. Des recherches ont été effectuées dans la zone et rien n'a été trouvé.
Un autre point de désaccord entre les exécuteurs est qu'Élcio a déclaré avoir entendu Lessa dire que le crime était « personnel ». Interrogé par le représentant du PGR, le procureur Olavo Pezzotti, Élcio a déclaré que cela n'aurait eu de sens que s'il y avait eu un affront de Marielle envers Lessa. « Je n'ai jamais rien entendu de la part de Marielle. Je ne savais pas qu'il allait commettre le meurtre. Je me suis senti trompé » ["Nunca ouvi nada da senhora Marielle. Não sabia que ele iria praticar o homicídio. Me senti enganado"], a déclaré Élcio.
Ronnie Lessa a même déclaré qu'il suivait Marielle depuis des mois. Il affirme également que les frères Domingos et Chiquinho Brazão ont fait infiltrer une personne dans le parti de Marielle, le PSOL (gauche de la gauche), Laerte Silva de Lima, pour leur transmettre des informations sur la conseillère municipale.
Élcio affirme qu'après le crime, il a remarqué que son ami de 30 ans avait augmenté son patrimoine. Selon lui, Lessa a acheté un hors-bord après avoir détruit celui qu'il avait dans un accident, a acheté une nouvelle voiture pour sa femme et l'a dotée d'un nouveau blindage, et a voyagé aux États-Unis. « J'ai confronté Ronnie. Je lui ai dit : « Écoute, la marraine (c'est ainsi qu'Élcio appelait Elaine, la femme de Lessa) est fâchée avec toi car tu paies deux loyers et que tu dépenses énormémenent. Je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de justification. Il y avait bien le racket de l'eau et de l'internet, les machines à sous, le salaire en tant que policier militaire, mais ce n'était pas suffisant. J'ai commencé à me méfier », a déclaré Élcio.
Dans sa déposition de 2024, Ronnie Lessa a déclaré qu'il recevrait en récompense deux terrains situés au sommet d'une colline dans le quartier du Tanque, à Jacarepaguá, dans la zone ouest de Rio de Janeiro.
Lessa est impliqué dans une autre affaire secrète devant le STF. Quelques heures après son arrestation, la police civile a saisi 117 fusils M-16 incomplets au domicile d'un ami de Lessa. Les armes étaient contrefaites, mais si elles étaient assemblées, elles pourraient faire feu. Les armes étaient des contrefaçons, mais si elles étaient assemblées, elles seraient capables de tirer.
Au cours de l'audience du 12/9/2024, il a été décidé que ne seraient pas pris en compte, lors du procès, le témoignage du chef de la police Giniton Lages - ex-chef chef du commissariat des homicides de la capitale (DH) et actuellement sous bracelet électronique chez lui en à qui l'on a retiré son salaire et son ordinateur, selon la journaliste Vera Araujo (VIDEO) -, et le témoignage de l'officier de la police civile, le très craint Marco Antônio de Barros Pinto (ici et là), qui figuraient tous deux parmi les témoins.