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Billet de blog 19 septembre 2024

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MARIELLE FRANCO / Au Tribunal suprême fédéral, des audiences de témoins paralysées ?

Les audiences au Tribunal suprême fédéral (STF) perdent leur élan car le juge Alexandre de Moraes, rapporteur de l'affaire, a décidé de ne pas citer à comparaître tous les témoins indiqués par les défenseurs des accusés. Plus encore, Moraes a décidé qu'il revenait aux avocats des accusés de permettre aux témoins de participer aux audiences par visioconférence. Touit cela sonne étrangement.

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Illustration 1
Marielle Franco et Anderson Gomes, exécutés le 14/3/2018 © DR

Les audiences dans l'affaire de l'assassinat de Marielle Franco au Tribunal suprême fédéral (STF) ont perdu une part de leur élan la semaine dernière après que le juge Alexandre de Moraes, rapporteur de l'affaire, a décidé de ne pas citer à comparaître tous les témoins indiqués par les défenseurs de nombreux accusés. Selon le quotidien Folha de São Paulo, Alexandre de Moraes a décidé qu'il incombait aux avocats des accusés de permettre aux témoins de participer aux audiences virtuelles, ce qui a suscité de vives critiques de la part des avocats et a contribué à vider les sessions de dépositions. 
 
La semaine dernière, sur les 29 témoins cités par la défense de Chiquinho Brazão pour déposer devant le Tribunal suprème fédéral (STF), seuls douze se sont présentés aux audiences.
Cette semaine, les personnes désignées par la défense de son frère, Domingos Brazão, également accusé d'être impliqué dans le crime, doivent être entendues.
Ces deux frères nient toute implication dans le double meurtre du 14/3/2018.
   

Parmi les témoins absents figurent aussi les procureures du parquet carioca (MPRJ) Simone Sibilio do Nascimento et Letícia Emile, responsables entre mars 2018 et novembre 2021 des accusations portées contre Ronnie Lessa et Élcio de Queiroz, accusés d'avoir perpétré le meurtre. Les procureures ont demandé à être excusés au motif qu'elles avaient déjà été impliquées dans l'enquête, mais si elles étaient convoquées, elles ont demandé à l'être formellement. Trois accusés ont demandé le témoignage de ces deux femmes procureures.
   

Illustration 2
Le général - bolsonariste - Walter Braga Netto et le général Richard Fernandez Nunes © DR

D'autres personnalités, comme le général Richard Fernandez Nunes, secrétaire à la sécurité publique de Rio de Janeiro au moment des faits et chef d'état major de l'armée de terre du Brésil depuis sa nomination par Lula da Silva le 28 mars 2024, n'ont pas non plus été citées à comparaître. Les avocats de la défense soutiennent que les témoins d'une telle importance, en particulier les fonctionnaires, devraient être officiellement convoqués pour garantir leur participation. Un mois avant son assassinat, Marielle Franco avait critiqué la nomination de ce  général Richard Nunes au poste de secrétaire d'Etat à la sécurité publique de Rio de Janeiro, qui s'était produite le 27/2/2018. C'est ce général qui avait nommé le policier civil Rivaldo Barbosa chef de sa corporation dans l'Etat de Rio de Janeiro, la veille du crime, le 13 mars 2018. Barbosa, tout comme les deux frères Brazão, est écroué depuis le 24 mars 2024. En mars 2024, le général a déclaré lors d'une conférence de presse qu'il était responsable de la nomination du commissaire Rivaldo Barbosa, accusé par la police fédérale d'avoir participé à la planification de la mort de Marielle Franco. " C'est ma responsabilité, celle de personne d'autre ". Curieusement, le général Nunes avait fait une autre déclaration à la police fédérale (PF) à la fin de 2023. Dans la déclaration qu'il a faite dans le cadre de l'enquête sur la nomination de Rivaldo Barbosa à la tête de la police civile de Rio de Janeiro, le général Nunes a déclaré que le nom lui était parvenu sur recommandation du service de renseignement du commandement militaire de l'Est [Serviço de Inteligência do Comando Militar Leste], à partir d'une liste de cinq candidats. À l'époque, Nunes avait déclaré à la PF qu'il avait opté pour le commissaire Delmir Gouvea, qui ne figurait pas sur la liste de l'armée. Mais avec le refus de l'armée, Rivaldo Barbosa a été nommé. L'on peut se demander comment un chef de la police qui avait la sympathie de certains secteurs de la gauche figure sur une liste de renseignements de l'armée pour diriger la police civile sous l'égide d'une intervention militaire conservatrice, menée par le général Braga Netto, choisi par le président [putchiste] de la République, Michel Temer.
"Avant de prendre ses fonctions d'intervenant fédéral de la sécurité publique dans l'Etat de Rio de Janeiro en février 2018, Braga Netto avait commandé le commandement militaire de l'Est, depuis 2016, avec plus de 50.000 personnes sous ses ordres, et avait aussi travaillé auparavant au sein du service de renseignement de l'armée. Tous ces pouvoirs rassemblés ne se sont pas traduits par des actions de lutte contre le crime organisé ou les milices opérant dans la région. La milice Escritorio do Crime a continué d'agir avec facilité. Et Marielle Franco a été exécutée avec son chauffeur, Anderson Gomes, moins d'un mois après que Braga Netto soit devenu l'intervenant de la sécurité publique de l'État [du 16/2 au 31/12/2018] ", comme nous l'avons signalé plus haut. Ces mots semblent suffisamment clairs pour qui veut vraiment pointer des culpabilités, des complicités, du laissez-faire ou des ordres en sous-main, contraires à toutes les charges qui incombaient à l'intervenant fédéral, en l'occurence ce général quatre étoiles et bolsonariste Braga Netto.
Le général Richard Fernandez Nunes avait été choisi comme secrétaire à la sécurité publique de l'Etat de Rio de Janeiro par l'ancien commandant de l'armée de terre [ex-comandante do Exército] Eduardo Villas Boas, bolsonariste et proche de Jair Bolsonaro. 
Il est par ailleurs plus que surprenant qu'un chef de la police - Richard Fernandez Nunes - qui avait la sympathie de certains secteurs de la gauche figure sur une liste de renseignements de l'armée pour diriger la police civile sous l'égide d'une intervention conservatrice ordonnée par le putschiste Michel Temer dans tout l'Etat de Rio de Janeiro.
  


 LIRE AUSSI 
Ronnie Lessa et Elcio Queiroz seront jugés à partir du 30 octobre 2024
    


Au cours de ces audiences de septembre 2024 devant le STF, le juge de deuxième instance Airton Vieira, conseiller instructeur du ministre Alexandre de Moraes au STF et nommé par ce dernier, a souligné que cette attitude consistant à ne pas convoquer directement les témoins de la défense était une pratique récurrente dans les procédures pénales menées par Moraes. Airton Vieira avait déclaré le lundi 2 septembre 2024 qu'il avait constaté de l'amateurisme dans la manière dont le meurtre de Marielle Franco (PSOL) avait été orchestré par ses tueurs.
  
Parmi les rares témoins de la défense entendus figure aussi le chef de police civile Daniel Freitas da Rosa, dit Daniel Rosa, qui avait été nommé à cette charge le 25/3/2019, puis muté et remplacé le 17 septembre 2020, après avoir succédé au commissaire Giniton Lages. Daniel Rosa a réaffirmé que, dans le cadre de son enquête, la ligne de commandement principale pointait l'ancien conseiller municipal Cristiano Girão [comme commanditaire], bien qu'il ait souligné qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour prendre des mesures plus drastiques à son encontre à l'époque.
  
L'audition des témoins de la défense devrait se poursuivre, devant le STF, jusqu'à la première semaine d'octobre 2024. Au total, 69 personnes ont été citées par la défense, et l'on s'attend à ce que nombre d'entre elles rencontrent encore des difficultés pour assister aux audiences si elles ne sont pas officiellement convoquées.
 

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