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Nous republions ci-dessous notre article du 9 janvier 2022, largement amendé
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Marielle Franco : mystères du lotissement commun au tueur et aux Bolsonaro
Quatre heures avant le double assassinat, le 14/3/18, la Renault Logan de l'ex-policier militaire Élcio Vieira de Queiroz entrait dans un condominio à Rio de Janeiro où demeurent, dans trois pavillons épars, le tueur - écroué depuis mars 2019 - Ronnie Lessa ainsi que ... Carlos Bolsonaro et son père Jair. Minutes plus tard, Lessa ressortait dans son auto avec Queiroz. Retour sur ce moment précis.

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Lorsqu'il est arrivé, au volant de sa voiture Renault modèle Logan, couleur argentée, immatriculée AGH 8202, le 14 mars 2018, à 17h07 et 42 secondes, à la porte d'entrée du condominio Vivendas da Barra *, l'ex-policier militaire Élcio Vieira de Queiroz aurait demandé au gardien dans sa guérite s'il pouvait se rendre dans la maison 58, celle de l'alors député fédéral Jair Bolsonaro.
Demande acceptée, après que le portier ait téléphoné au domicile numéro 58 et ait reçu l'autorisation, vocale, selon ses dires. Lors de deux dépositions à la police civile de Rio de Janeiro, partiellement rapportées le 29 octobre 2019 par le Jornal Nacional de la TV O Globo, le portier aurait dit aux policiers, dans un premier temps, avoir reconnu la voix de "Seu Jair". Plusieurs enquêtes ont démontré et prouvé ensuite irréfutablement, via une identification digitale numérique, que ce jour-là, à cette heure là, Jair Bolsonaro était à Brasilia, dans les bâtiments de l'assemblée nationale.
Le portier, dont l'identité - Alberto Jorge Ferreira Mateus - et la photographie ont été révélés par l'hebdomadaire Veja le 8 novembre 2019, demeure dans une favela, Gardênia Azul, dominée par une milice.
Des sources concordantes du Jornal nacional de la TV O Globo ont affirmé que les deux ex-policiers militaires sont ressortis quelques minutes après l'arrivée de Élcio Vieira de Queiroz, mais dans la voiture de Ronnie Lessa, conduite par ce dernier.
En octobre 2019, la police civile de Rio de Janeiro (PC-RJ) a prouvé qu'Élcio Vieira de Queiroz est entré au moins douze fois dans le condominio Vivendas da Barra, entre janvier et octobre 2018. Saisies par la police civile et analysées par la Folha de São Paulo, les cahiers et fichiers informatiques de l'équipe de gardiennage montrent que, dans onze de ces visites, la destination d'Élcio Vieira de Queiroz était toujours la maison 65/66 - cinq chambres/salle de bains, 420 m2 - , celle de Ronnie Lessa.
Comme Ronnie Lessa l'a lui-même déclaré [VIDEO], Élcio Vieira de Queiroz est son ami depuis trente années, au moins. Ronnie est le parrain de son fils, tandis que sa femme Elaine a été élevée jusqu'à son adolescence, "dans la même rue" que Élcio Vieira de Queiroz.
La conseillère municipale Marielle Franco et son chauffeur ont été tués le 14 mars 2018** à 21h20, soit un peu plus de quatre heures après l'arrivée de Élcio Queiroz dans le condominio Vivendas da Barra. Treize balles de fusil ont été tirées sur le véhicule, qui avait été suivi sur plus de quatre kilomètres avant les coups de feu mortels. Le double assassinat a exactement eu lieu quand l'automobile - une Chevrolet modèle Cobalt de couleur argentée - de la conseillère municipale a dépassé l'angle de la rue Joaquim Palhares et de la rue João Paulo I, dans le quartier de Estácio.

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Dans l'après-midi du 30 octobre 2019 l'hebdomadaire conservateur Veja a écrit que la procureure du parquet de Rio de Janeiro (MP-RJ), madame Simone Sibilio, cheffe du Groupe de combat et d'action spécial au combat contre le crime organisé (Gaeco), qui dépend du ministère public de Rio de Janeiro (MP-RJ) a affirmé que le portier avait menti lors de sa déposition. Selon elle, la personne qui aurait autorisé l'entrée de Élcio Vieira de Queiroz dans le condominio serait Ronnie Lessa.
Le portier avait bien déposé par deux fois. La première, selon la procureure Sibilio, il aurait dit qu'il avait téléphoné au domicile de Jair Bolsonaro. Lors de sa seconde déposition, à être confronté à l'enregistrement audio de l'appel fait à l'heure de l'entrée du véhicule, il a maintenu sa version, mais les enquêteurs du Gaeco l'ont alors contredit. "Le portier a menti, et ceci est prouvé techniquement", a affirmé Simone Sibilio do Nascimento, toujours selon Veja.
Une "farce" au service d'une narration bolsonarista
Après la diffusion d'un reportage TV mardi soir 29 octobre 2019, dans le Jornal Nacional, le président Jair Bolsonaro a déclaré en quittant l'hôtel où il séjournait à Riyad, en Arabie Saoudite, que le gouverneur d'alors de Rio de Janeiro, Wilson Witzel, lui avait dit, le 9 octobre 2019, que son nom était cité dans les enquêtes sur l'affaire Marielle Franco et que l'affaire se trouvait à la Cour Suprême (STF). "Le 9 octobre, à 21 heures, j'étais au Club naval de Rio de Janeiro lorsque le gouverneur Witzel est venu me voir et m'a dit : la procédure est en cours à la Cour suprême", a-t-il déclaré. "Quel processus ? Qu'est-ce que j'ai à voir là-dedans ? Et Witzel a dit que le portier avait cité mon nom. Il était au courant du processus qui se déroulait dans le secret de la justice", a poursuivi Jair Bolsonaro. Bolsonaro a quitté la fête quelques minutes après la conversation avec le gouverneur de Rio de Janeiro.
Le 16 octobre 2019, Jair Bolsonaro avait reçu trois des onze juges de la Cour suprême (STF) au palais du Planalto. Il s'est entretenu avec les ministres Alexandre de Moraes et Dias Toffoli, président du STF. Dans la séquence, il s'est entretenu seul à seul avec le ministre Gilmar Mendes, du STF. Les réunions n'étaient pas prévues dans l'agenda publié par la présidence de la République.
Selon le Jornal Nacional, le 17 octobre 2019, un jour après la réunion de Bolsonaro avec Toffoli, ce dernier aurait reçu à Brasilia des membres du cabinet du parquet de Rio de Janeiro (MP-RJ) pour aborder la mention de Bolsonaro dans l'enquête sur la mort de Marielle Franco. Depuis lors, à ce jour de mars 2023, aucun détail sur cette réunion n'a été donné publiquement.
Plus tard dans la semaine, avant d'entamer un voyage de 12 jours dans des pays d'Asie et du Moyen-Orient, Bolsonaro a reçu son avocat Frederico Wassef et le procureur général de la République, Augusto Aras. Sans même avoir analysé la demande d'ouverture d'une enquête formulée par le ministre de la justice d'alors, Sergio Moro, M. Aras - qui est toujours procureur-générql du Brésil ce 14 mars 2023 - a alors classé les informations du Jornal Nacional dans la catégorie des "faits divers".
Le gouverneur d'alors de Rio de Janeiro, Wilson Witzel, a déclaré le mercredi 30 octobre 2019 au matin aux accusations du président Jair Bolsonaro selon lesquelles il aurait divulgué au Jornal Nacional des informations secrètes de la police civile de Rio de Janeiro (PC-RJ) concernant l'enquête sur la mort de Marielle Franco et du chauffeur Anderson Gomes. "Je n'ai jamais divulgué d'informations en tant que magistrat ou gouverneur. Je regrette que le président, peut-être dans un moment d'incontrôle émotionnel, alors qu'il est en voyage et qu'il n'est peut-être pas dans son état normal, ait lancé des accusations contre mon activité en tant que gouverneur. Je ne manipule pas le ministère public ou la police civile, c'est absolument inapproprié et contraire aux institutions démocratiques", avait déclaré M. Witzel.
Le 2 novembre 2019, à des journalistes à Brasilia, alors qu'il était en train d'acheter une moto chez un concessionnaire, le président Jair Bolsonaro a affirmé avoir saisi les enregistrements du système téléphonique de la guérite de son condominio " avant qu'ils ne soient modifiés ". Le journaliste João Filho, dans The Intercept Brasil (TIB), rappelait, dès le lendemain, que Bolsonaro, en tant qu'une des personnes citées dans une enquête criminelle a eu accès à des preuves avant les experts. Ces mêmes experts, ensuite, n'ont pas vérifié s'il y avait eu des altérations dans les enregistrements. Et le journaliste d'affirmer que l'expertise " a été une farce créée pour valider le récit bolsonarista ". Tandis que la procureure du MP-RJ Simone Sibilio, avec deux autres procureures lors d'une conférence de presse collective le 30 octobre 2019 (VIDEO) a déclaré que " les analyses techniques [initiées le 15/10/2019, après que l'administrateur du condominio Vivendas da Barra ait remis au MP-RJ le disque dur du standard téléphonique le 8 ou le 9 octobre, et dont les résultats ont été remis au MP-RJ le même 30/10/2019] ont prouvé que c'est la voix de Ronnie Lessa qui autorise l'un des tueurs à entrer dans le condominio à 17h07 le 14/3/2018 ".
A propos du luxueux condominio Vivendas da Barra, les journalistes les plus informés assurent, en janvier 2022, que ce 14 mars 2018 le fils Bolsonaro, Carlos, n'était pas dans les locaux du conseil municipal. A ce jour de mars 2023, aucun interrogatoire de Carlos Bolsonaro à ce sujet n'a été mené et pas la moindre localisation officielle du conseiller municipal, ce jour là à cette heure là, n'a été communiquée.

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Une fois entré dans le condominio, le véhicule Logan ne s'est pas dirigé vers la maison 58. Il s'est rendu dans la demeure numéro 66. Domicile de Ronnie Lessa, que ce dernier louait, l'ex-policier militaire écroué ensuite, en mars 2019, pour être le suspect numéro un comme tueur de Marielle Franco, depuis le siège arrière de l'auto clônée, de la marque Chevrolet et du modèle Cobalt, de couleur grise.
Le 11 février 2020, une expertise de la police civile de Rio de Janeiro (PC-RJ), signée par six experts, a conclu que la voix du portier qui a annoncé l'arrivée de Élcio Vieira de Queiroz dans le condominio n'est pas celle du portier qui avait mentionné le nom du président Jair Bolsonaro aux enquêteurs lors de deux dépositions, et qui s'était rétracté ensuite, disant qu'il s'était trompé. Cette information a été publié le même jour par le journal O Globo.
Ronnie Lessa: Pronto.
Porteiro: Portaria, boa tarde.
Ronnie Lessa: Boa tarde.
Porteiro: É o senhor Élson (Élcio).
Ronnie Lessa: Tá, pode liberar aí.
Porteiro: Tá ok.
Ronnie Lessa: Valeu.
Selon le rapport de l'expertise, les archives audio de la guérite d'entrée du condominio avaient été saisies en novembre 2019, vingt mois après le double assassinat. Le rapport écrit que quatre portiers travaillaient au moment même de l'arrivée de Élcio Vieira de Queiroz. L'institut de criminalité Carlos Éboli (ICCE), qui fait partie de la police civile de Rio de Janeiro (PC-RJ) a comparé les voix des quatre personnes et affirme qu'il n'y a pas d'indices suggestifs d'un montage frauduleux du disque dur analysé et qu'aucune partie n'en a été effacée. Et les experts de rajouter que celui des portiers qui a annoncé l'arrivée de Élcio Vieira de Queiroz était le seul "avec une bonne articulation et une émission sonore de grande énergie, laissant transparaître jovialité dans son expression verbale". Le portier qui avait mentionné le nom de Jair Bolsonaro est, quant à lui, âgé de plus de cinquante ans.
L'expertise affirme que l'enregistrement audio de l'appel téléphonique émis depuis la guérite a aussi capté le son des touches 6 et 5, numéros qui correspondent au chiffre de la maison de Ronnie Lessa. Pour déterminer si la voix qui répond au téléphone est bien celle de Ronnie Lessa, les experts ont analysé 1.317 appels vers la maison numéro 65, faites au premier trimestre 2018. Et ont conclu que seulement 13 appels ont eu une réponse d'une voix masculine d'adulte, la voix de Ronnie Lessa. Dans douze de ces appels, Lessa utilise le mot "pronto" de la même manière, tranchante ("ríspida").
Le 10 mars 2021, les deux procureures chargées de l'affaire, Simone Sibilio et Letícia Petriz, qui menaient l'enquête au sein du MP-RJ depuis le début, ont désisté, par volonté propre, de leurs postes, pour risque " d'interférences externes ".
Selon le journaliste Sergio Ramalho, de The Intercept Brasil, qui l'a déclaré au journal en ligne Jacobin le 14/3/2022, "le ministère public (MP-RJ) et la police ont découvert que Ronnie Lessa, ex-policier militaire de Rio de Janeiro (PMERJ), ainsi qu'Élcio Queiroz, auraient directement participé à l'exécution de la conseillère municipale et de son chauffeur. Le parquet de Rio de Janeiro n'a jamais lié directement Adriano Magalhães da Nóbrega à l'exécution de Marielle, bien que l'enquête indique qu'il existe un lien entre lui et Ronnie Lessa, qui ont même travaillé ensemble - mais il affirme qu'il n'y a pas de lien direct, allant même jusqu'à dire que Ronnie Lessa n'aurait aucun lien avec la milice "Escritório do crime". Et Ramalho de poursuivre : "C'est la position du ministère public et d'une partie de la police. J'ai entendu de nombreuses personnes, du ministère public et de la police, qui pensent différemment et ne croient pas à la version selon laquelle Ronnie Lessa était le tueur. Il a longtemps été plus impliqué dans la planification de ces actions - un type qui engageait des tueurs, achetait des armes et faisait un travail plus technique, pour ainsi dire. Ce changement serait intervenu après qu'il eut perdu une jambe à la suite de la pose d'un engin explosif dans sa voiture blindée, alors qu'elle était garée devant sa maison. Cela n'a jamais été expliqué : s'il s'agissait d'un attentat ou s'il transportait un objet qui a explosé. (...) Les enquêtes progressent très lentement (...) nous n'avons que deux personnes arrêtées et dénoncées alors que l'enquête elle-même cite, à plusieurs reprises, que ces groupes sont généralement issus de la police militaire. En d'autres termes, ils sont très bien formés avec l'argent public de l'État de Rio de Janeiro et finissent par devenir des tueurs à gages. Ronnie Lessa et Adriano da Nóbrega ont tous deux des liens avec divers autres crimes. À mon avis, la seule chose qui ne justifie pas leur relation est que, d'une certaine manière, ils sont également liés à la famille Bolsonaro. Adriano avait des relations très solides avec Flávio Bolsonaro, qui est devenu sénateur de la République, et avec Ronnie Lessa, qui était proche de Carlos Bolsonaro - il vivait dans une maison proche de celle de Carlos et Jair Bolsonaro dans le condominio Vivendas da Barra. C'est à la police et, en fait, au bureau du procureur général du Brésil (PGR) d'enquêter, car c'est à eux qu'incombe la responsabilité de ce type d'enquête, étant donné qu'ils [Jair Bolsonaro et Flavio Bolsonaro] sont bénéficaires d'un traitement et d'une juridiction privilégiées. Je ne dis pas qu'ils ont une relation directe avec le meurtre, mais ils [Ronnie Lessa et Adriano Magalhães da Nóbrega] avaient une relation avec ces deux figures de la politique. "

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Observation personnelle : Qui peut jurer qu'il n'y avait personne de la famille Bolsonaro, le 14/3/2018, dans la maison de Jair, qui aurait autorité pour laisser rentrer un véhicule ? Si Élcio Vieira de Queiroz ne s'était pas adressé à la maison du tueur, pour entrer, mais à celle de Jair Bolsonaro, son lien, bien qu'accablant et accusateur pour Bolsonaro, n'aurait peut-être pas été si facile à découvrir avec le tueur à gages Ronnie Lessa, car Élcio Vieira de Queiroz est ressorti dans la voiture de ce dernier. Voiture qu'ils ont garée peu après, pour utiliser une autre voiture, celle du crime, clonée. En second lieu, ce trimestre là, Ronnie Lessa n'a décroché personnellement qu'à 13 reprises son interphone pour un ensemble de 1.317 appels venus de la guérite. En troisième lieu, il s'est passé vingt mois entre le 14 mars 2018 et l'analyse, ordonnée par le parquet de Rio de Janeiro, du disque dur du standard central téléphonique de la guérite. Le mystère reste donc d'une opacité totale. Mais surtout, 1.826 jours après ce double assassinat, la responsabilité, et peut-être le retrait, la manipulation et l'omission volontaires de la présidence de la Cour suprême (STF) et de la direction de la police fédérale (PF) - organisme central dans cette affaire aux retentissements internationaux - ainsi que de celle de la police civile de Rio de Janeiro, minée par ses chapelles crypto-bolsonaristes, n'en sont que plus criantes et béantes. Selon nous, le nom du commanditaire, sans l'ombre d'un doute, est su et connu, mais tu, aux plus hauts niveaux des pouvoirs politiques, policiers et judiciaires.
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(*) Le condominio Vivendas da Barra se situe en bord de mer, dans le quartier huppé de Barra da Tijuca, très loin du centre-ville de Rio de Janeiro. Situé Avenida Lúcio Costa, au numéro 3100, il comprend 150 maisons qui s'étendent autour de sept rues internes.
(**) L'entrepreneur Marcelo Diotti da Mata a aussi été tué le 14 mars 2018, le même jour que Marielle Franco, mais à 23h20, pris pour cible avec sa femme Samantha Miranda, chanteuse de funk, alias MC Samantha Miranda sur le parking d’un restaurant du quartier huppé de Barra de Tijuca, au sud de la ville Rio de Janeiro.
Après une première tentative d’assassinat, la chanteuse venait de signaler à la justice qu’elle suspectait son ex-mari, l'ex-conseiller municipal de Rio de Janeiro Cristiano Girão, supposé chef de la milice Gardênia Azul, d’avoir engagé quelqu’un pour les tuer, elle et son mari Marcelo Diotti da Mata. Ce Cristiano Girão figure toujours, depuis 2018, parmi les possibles commanditaires du double meurtre de Marielle et Anderson.
En effet, le samedi 24 juin 2017, vers 7 heures du matin, à la sortie de la fête Rooftop, à l'hôtel Grand Mercure, sur l'avenue Salvador Allende, dans le quartier de Barra da Tijuca, Marcelo et Samantha ont échappé à des tirs et n'ont pas été blessés. Dans une déclaration au commissariat numéro 16, du quartier de Barra de Tijuca, la chanteuse a alors accusé son ex-mari, Cristiano Girão d'avoir engagé un voyou pour la tuer.
Selon le journaliste Sergio Ramalho, de The Intercept Brasil, le tueur Ronnie Lessa et le chef de milice Adriano da Nóbrega auraient dû assassiner Diotti le jour de son anniversaire, dans une maison où il avait emménagé avec sa femme dans un quartier huppé de Rio de Janeiro. Mais ce jour J, le soir du 3 février 2018, ne s'est cependant pas terminé comme prévu. En voyant le milicien Wellington da Silva Braga, alias "Ecko"(a), à travers la lunette de son fusil, parmi les invités autour de la piscine lors de la fête organisée par Marcelo Diotti da Matta et MC Samantha Miranda, dans le condomínio Greenwood Park, dans le quartier de Barra da Tijuca, Adriano da Nóbrega a avorté la mission, alors que son équipe était fin prête pour l'exécution, et l'ex-policier militaire Adriano Magalhães da Nóbrega a perçu aussi qu'à cette fête se trouvait également une partie de la classe sociale des nobles de Rio de Janeiro.
Les détails de cette embuscade figurent dans un acte d'accusation de 106 pages émis par le ministère public de Rio de Janeiro (MP-RJ) à l'encontre de quatre membres de l'organisation criminelle, auquel The Intercept Brasil avait eu accès en exclusivité. Dans le document, le chef de la milice de tueurs, Adriano Magalhães da Nóbrega, déclare qu'il a préféré contenir la folie meurtrière plutôt que de déclencher une guerre contre Ecko, le chef du plus grand groupe paramilitaire actif à Rio de Janeiro, le "Bonde do Ecko".
L'exécution de Diotti a été menée le 14/3/2018, comme celle de Marielle Franco, mais le journaliste Sergio Ramalho "ne croit pas qu'il s'agisse d'une coïncidence, bien que le ministère public traite les deux affaires séparément". Toujours selon le journaliste, "le commissariat chargé des homicides et le ministère public (MP-RJ) n'établissent pas de lien entre ces deux figures du crime et [cette attitude] c'est pour qu'il ne soit pas trop évident qu'ils [Ronnie et Adriano] ont eu une relation à un moment ou à un autre avec le clan Bolsonaro."
- (a) Ecko a été tué trois ans plus tard, le 12 juin 2021, à 8 heures du matin, lors d'une opération de police visant à l'arrêter, dans la favela de Três Pontes dans le quartier de Paciência, à l'ouest de la ville de Rio de Janeiro, où il allait rendre visite, à ce moment précis, à sa femme. Les photos consultées par The Intercept Brasil suggèrent qu'Ecko a été tué par un tir à bout touchant, qui a laissé une brûlure autour de la perforation. La police civile a indiqué que le milicien avait réagi aux ordres du groupe de 21 policiers et qu'il avait reçu une première balle. La seconde balle, toujours selon la police, a été tirée par un policier se trouvant dans la camionnette qui emmenait Ecko à l'hôpital, après que le milicien aurait tenté de se saisir de l'arme d'une femme policier.
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LIRE AUSSI (article du 3/5/2022) :
Qui donnait aux tueurs de Marielle Franco l'info privilégiée sur leur cible ?
(un entretien avec Giniton Lages, premier commissaire de la police civile de Rio de Janeiro - et ses 47 inspecteurs travaillant ensemble sur cette seule affaire - chargé de l'enquête sur l'homicide de Marielle dès le 15/3/18. Le 13 mars 2019 le lendemain du jour où il aura confondu les tueurs et les aura fait écrouer, Giniton Lages sera ... débarqué de son poste, par le gouverneur de Rio de Janeiro. Lui succèderont, à la tête du commissariat central des homicides de la capitale Rio de Janeiro (DHC), quatre autres commissaires !)
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https://blogs.mediapart.fr/pindoramabahiaflaneur/blog/251020/bresil-jair-bolsonaro-defend-une-violence-redemptrice-cest-la-pensee-des-milices