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Billet de blog 9 septembre 2025

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La Rose pourpre du Caire (The Purple Rose of Cairo) de Woody Allen

Dans les années 1930 durant la Grande Dépression, une serveuse maladroite rêve sa vie en se rendant régulièrement en salle de cinéma, tandis que son mari chômeur soutire son argent et se montre violent. Un jour, après avoir vu pour la cinquième fois le film « La Rose pourpre du Caire », un personnage sort de l'écran à sa rencontre.

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Illustration 1
La Rose pourpre du Caire The Purple Rose of Cairo de Woody Allen © BQHL

Sortie Blu-ray : La Rose pourpre du Caire de Woody Allen

Selon l'aveu du réalisateur, La Rose pourpre du Caire (The Purple Rose of Cairo, 1984) serait le film qui lui est le plus cher. Même si la protagoniste est une femme, jouée par Mia Farrow sa compagne et héroïne régulière de ses films, son personnage est nourri de la passion cinéphilique de Woody Allen qui a trouvé dans les salles de cinéma dès son enfance un refuge et l'outil de ses thérapies psychanalytiques.

L'élément fantastique du film est présenté ici davantage comme une situation critique qui bouleverse un ordre du monde plutôt qu'un miracle. Car tout le reste de l'intrigue repose bien dans le monde réel concret, pour le bénéfice d'un récit qui se veut fable moderne. Les situations convoquées sont dès lors celles de la tragicomédie existentielle comme de coutume chez le cinéaste qui a encore mis beaucoup de ses propres réflexions sur le monde dans son scénario personnel.

Le film éponyme à l'intérieur du film permet de montrer du doigt un certain type de production populaire destiné notamment dans les années 1930 et 1940 à un public féminin, où les valeurs principales reposaient sur les mondanités d'une haute société inaccessible au public de la salle mais aussi au regard colonial décomplexé comme expression d'un sous-entendu de la vision géopolitique du monde des USA dans les années 1930, comme on en trouve d'ailleurs durant la même décennie dans le cinéma français.

La situation inattendue d'un film qui aurait perdu l'un de ses personnages sorti de l'écran, laissant les autres dans l'impossibilité de poursuivre leur récit à l'écran, aboutit lors d'une séquence à une situation qui anticipe le devenir des programmes télévisuels de télé-réalité reposant sur l'observation voyeuriste d'un groupe de personnes vivant 24h sur 24 son intimité à l'écran. Car le film s'inscrit dans une réflexion métacinématographique où l'outil du cinéma est pensé en tant que tel, en tant « qu'opium du peuple » mais aussi en tant qu'industrie du faux semblant où les personnages de fiction sont littéralement plus honnêtes que ceux qui les fabriquent comme en témoigne le dénouement.

Quant à la condition féminine autour d'une femme souffrant d'un époux qui cumule toutes les tares d'un homme, Woody Allen a davantage voulu développer un personnage de fiction au service de sa fantaisie narrative plutôt que de questionner une situation sociale avec un point de vue politique féministe.

Si le film a pu devenir culte pour un public cinéphile malgré le classicisme de sa mise en scène, c'est qu'il convoque l'amour du septième art comme espace de libération dans un milieu social éprouvant, où le public trouve une certaine libération et peut-être un nouvel élan vital.

Illustration 2

La Rose pourpre du Caire
The Purple Rose of Cairo
de Woody Allen
Avec : Mia Farrow (Cecilia, serveuse de brasserie et fidèle spectatrice du cinéma Jewel), Jeff Daniels (Tom Baxter / Gil Shepherd), Danny Aiello (Monk, le mari chômeur de Cecilia), Irving Metzman (le directeur du cinéma), Stephanie Farrow (la sœur de Cecilia, serveuse dans la même brasserie), David Kieserman (le patron du restaurant où travaille Cecilia), Edward Herrmann (Henry), John Wood (Jason), Deborah Rush (Rita, la chanteuse du Copacabana), Van Johnson (Larry), Zoe Caldwell (la comtesse), Eugene Anthony (Arturo), Ebb Miller (le chef d'orchestre), Karen Akers (Kitty Haynes, la chanteuse), Annie Joe Edwards (Delilah), Milo O'Shea (le père Donnelly), Peter McRobbie (le communiste), Camille Saviola (Olga, la femme avec Monk, « acrobate »), Juliana Donald (l'ouvreuse), Dianne Wiest (Emma, la patronne du bordel), Helen Hanft (une spectatrice), George Martin (un spectateur), Robert Trebor (un reporter), Alexander Cohen (Raoul Hirsch, le producteur), Raymond Serra (un cadre d'Hollywood), George J. Manos (l'attaché de presse), Sydney Blake (la journaliste), Michael Tucker (l'agent de Gil), Glenne Headley (une prostituée)
USA – 1984.
Durée : 82 min
Sortie en salles (France) : 29 mai 1985
Sortie France du Blu-ray  : 26 août 2025
Format : 1,85 – Couleur
Langues : anglais, français - Sous-titres : français.
Éditeur : BQHL Éditions

Bonus :
un livret (28 pages)

à lire autour de Woody Allen :

La Rose pourpre du Caire (The Purple Rose of Cairo, 1984) de Woody Allen

Hannah et ses sœurs (Hannah and Her Sisters, 1986) de Woody Allen

Woody Allen et les années 2010 un ouvrage de Damien Ziegler 

Entretien avec Yannick Rolandeau pour son livre Le Cinéma de Woody Allen

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