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Billet de blog 16 octobre 2022

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La machine infernale ?

Sommes-nous seulement ce corps résistant, jouissant, souffrant ? Au-delà de nos prédispositions à la sagesse, au cynisme, ou à la guerre, quelle puissance nous distingue radicalement de l’intelligence artificielle ? Nous avons avalé tant de couleuvres, de vieilles lunes, de récits moisis aussi plausibles que des cauchemars d’enfants, allons-nous enfin profiter de la pièce pour ouvrir la porte ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

A Nasrin Sotoudeh
avocate iranienne des droits de l’homme
régulièrement emprisonnée, et à tous ceux qui prônent si courageusement le bombardement de son pays pour la délivrer.


Vous êtes-vous demandé un jour, si vous étiez réellement là ? 
Pleinement là ? Voire, plus étrangement, seul à bord ? Vous souvenez-vous de la réponse ? Des réponses ?
Personne ?
Certains d’entre nous ont la certitude, au contraire, d’être rempli du monde jusqu’aux yeux.
Aujourd’hui, au bord de ce trou noir insatiable, de ce tourbillon martial qui glisse imperceptiblement sur nos têtes et qui semble avaler peu à peu le présent comme un siphon géant, vous sentez-vous emporté ? Indifférent ? Qui sait, serein ?

Peut-être même ressentez-vous un enthousiasme décuplé ? Une grande ferveur ?
Ou rien, qui ne vous concerne vraiment ?

Une dernière question alors. Vous est-il arrivé un soir, au bord du sommeil, de percevoir ce sentiment étrange, juste avant de sombrer, que votre corps, fatigué, bousculé, tiré par des élastiques insatiables, pourrait bien, à force de répétitions, être sommé de se conformer au parcours d’un poulet
Etrange image, je le reconnais. Mais soyons franc. Même après m’être réveillé dix mille fois entouré de volatiles les plus étranges, j’ignore toujours pourquoi revient cette image du poulet.
Pourquoi pas un lézard, plutôt ?

Un fabricant de miroirs vient de déposer en vue d’être brevetée, sa dernière création, chez M-CAM incorporated, l’entreprise de David E. Martin. Il s’agit d’un dépôt pour l’invention d’un miroir hautement technique, équipé de reconnaissance faciale. David Martin, entrepreneur prolifique, mondialement connu aujourd’hui, a, dans un premier temps, refusé poliment cette proposition de dépôt sous prétexte que son entreprise est essentiellement et historiquement spécialisée dans les dépôts de biens, dits incorporels, comme les procédés de virus ou autres bactéries augmentés, et fatalement alors, les dépôts de vaccins en relation directe avec ceux-là.

Il s’est néanmoins ravisé, lorsque les détails dudit miroir, lui ont été fournis.

Car il s’agit d’une création particulièrement sophistiquée.
Lorsque vous vous présentez devant cet objet à la manufacture apparemment classique, si vous en êtes le propriétaire, celui-ci vous fait l’honneur de vous reconnaître et accepte aussitôt de vous offrir votre reflet le plus attrayant. Le plus attrayant seulement, oui. Car non content de manifester son approbation à votre présence, cet artefact étrange, quasi surnaturel, mesure à chaque visite, via un système de type IRM couplé à un scanner révolutionnaire, votre état psychologique, ainsi que tous vos paramètres de santé les plus approfondis. C’est déjà une prouesse. Mais ça n’est pas le principal. Sa fonction majeure consiste en réalité, en trois millièmes de seconde, à procéder à toute transformation radicale de votre apparence qu’il juge utile à votre bien-être. Oui, vous avez parfaitement compris. A l’image inverse du roman d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, vous pouvez vous traîner au dernier jour d’une existence misérable, atteint des pathologies les plus irrémédiables, vous pouvez juste sortir des toilettes après avoir vomi atrocement votre petit-déjeuner, ce miroir, nommé malicieusement Dieu, vous renvoie un reflet parfaitement sain de ce que vous pourriez être, si vous n’étiez pas souffrant, ou, ça va sans dire, compte tenu du prix astronomique de cet objet étonnant, si vous étiez moins vieux.

Nombre d’acquéreurs des premiers exemplaires, souvent aux termes de longues et terribles maladies, ont, paraît-il, bénéficié de plusieurs semaines, voire de quelques mois de survie. 
Quand on sait le rôle que tint David Martin, lors de la guerre du Covid 19, puis de sa triste réplique quelques années plus tard avec le Covid 20, quand on se souvient à quel point lors du procès mondial Covid the end, les documents qu’il confia à la justice aidèrent à faire tomber l'énorme manipulation sanitaire, il apparaît bien cruel et mystérieux que dans une dérisoire coïncidence, plusieurs des auteurs de ce crime mondial récemment graciés pour maladies graves en phases terminales, aient été parmi les premiers acheteurs de ce miroir magique.

PATAX - Man In The Mirror (from the DVD "Live From Infinity") © Patax
man-in-the-mirror-michael-jackson (pdf, 45.0 kB)


PATAX - Man In The Mirror
Paroles de Glen Ballard et Siedah Garrett

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La machine sauvera-t-elle l’humanité des ravages et des bienfaits de la machine ? 
Qu’est-ce que l’humain ? Qu’est-ce qu’un corps social devenu lui-même un agencement de systèmes artificiels, de mécanismes, de procédés auto-reproductifs exponentiels, de contrôles et de gavages aussi gras qu’un élevage de gallinacés empoisonné ? Un rouage implacable, sans qu’aucun dessein, sans qu’aucun désir réel clairement exposé quant à sa valeur prétendue ou potentielle, ne soit jamais débattus ? Un corps social devenu peu à peu, un organisme mort-vivant ? Sans d’autres intentions que reproductives, au sens anaérobique du terme. Comme la duplication de cellules sans oxygène, qui ne font plus alors que de la cellule sans fonction. Autrement dit de la tumeur. 
Rêve sans ombre, rêve sans soleil, rêve déversé sans préavis, sans qu'une majorité de personnes n’en comprennent la nature mortelle. Qui alors peut encore rêver de ça ? Sous quel mantra hagard les habitants de la nouvelle île de Pâques, esclaves d’un machinal qui noie le monde sous un déluge publicitaire aussi précieux que les épluchures de la mort, se nourriraient-ils comme des cochons ? Est-ce cela, l’épiphanie rêvée des intrépides ? Ou la misère démocratique d'un quatrième pouvoir rusant comme un furet domestique, soumis sans combattre et rotant tout seul dans sa mangeoire ?

Léo Ferré - Madame la Misère
https://www.youtube.com/watch?v=izJCB1-aulc

Léo Ferré - Madame la Misère © Christian Audemard

En 1934, Cocteau crée avec Louis Jouvet à la mise en scène, Jean-Pierre Aumont, Marthe Regnier, Robert le Vigan, ainsi que des costumes de Coco Chanel et des décors de Christian Bérard, La Machine Infernale. Faux pastiche comique et héroïque, d’une grande ambition, dynamiteur de consensus, autour du mythe d’Œdipe-Roi, héros vainqueur, mais floué, objet d’abaissement et confirmation d’un fatum d’acier et de sang, qui trouvera sa réalisation dans la seconde apocalypse mondiale, « une des plus parfaites machines construites par les dieux infernaux pour l'anéantissement d'un mortel. »

Qu’est-ce que cette autre machine, cette autre machination, la plus fondamentale, la plus fondamentalement inhumaine ? La guerre ? Celle qui dit si rarement son nom ? Y compris lorsqu’il s’agit d’une version labellisée militaire. Vous avez noté qu’on la dote le plus souvent de titres surnaturels tels que Pacification, Différends, Opération spéciale ? Ou de patronymes édulcorants plus festifs encore, comme Restaure Hope.
Ah, j’adore celui-là. On devrait l’inscrire au fronton des écoles de guerre. Et de même, ces appellations exotiques, zoologiques ou dépaysantes, comme Tempête du désert, Salamandre, Épervier, Castor, Barracuda !
Pourquoi pas Cochons d’Inde, Cobayes contents ou Paix dans vos cœurs ? 

Dans une série précédente de six billets simultanés, j’ai tenté de faire remonter les sources de cette boulimie chronique, consistant à rendre aimables et presque humaines, les atrocités guerrières. L’appétit pour les grandes campagnes de barbaries, cette fringale progressive en accelération constante depuis le milieu du néolithique, et dont les « progrès » primordiaux sont liés techniquement aux procédés de l’armement. Maîtrise des pierres dures ou des métaux, maîtrise du cheval et enfin, maîtrise de l’architecture. Laquelle, non contente d’ériger des places fortes qui enferment les peuples, soumettent  d’abord les imaginaires à la terreur de la vie libre, si ce n’est assujettis à quelque protecteur imposé. Je parle de la création des premières classes sociales bien sûr, celle des guerriers et plus encore, celle de leurs employeurs nobiliaires et autres souverains allumés, premières pathologies sociales morbides, revendiquées. 

Romulus archétype mythique du genre, trace un cercle interdit autour de lui, se coupant de son double de nature, de son double sans limites. Rémus, le jumeau, l'enfant sauvage élevé avec lui sous le ventre de la louve et qui se trouve désormais menacé de mort s’il franchit la ligne, s’il transgresse la prison volontaire, sans visa ou sans passeport, Rémus la moitié d’homme libre, restera donc avec le vaste monde, tandis que Romulus le croit mort des coups qu’il vient de lui porter. Mais qui est mort en réalité ? Rome est née. Splendeur d’un environnement miraculeux qui se prolonge depuis l’Egypte et la Grèce classique, et dont nous glorifions les temples, les statuaires et surtout les philosophies, rarement pour les vivre pleinement. Le monde classique n’échappe surtout pas aux codes d'un scénario pré-hollywoodien, entre pouvoir de la langue et langue du pouvoir. Socrate et Aristote n’y pourront rien, Alexandre le Grand malade, élève de ce dernier, conquérant belliciste absolu et tortionnaire avéré, reste au 21e siècle une des premières références de recherche occidentale sur le web.
Petite, toute petite focale oui, à l’image des Grecs de l'antiquité, occupés à en découdre sans fin avec leurs semblables, qu’ils soient voisins proches ou lointains, la notion d’infini était pour eux une obscénité.

Dans ce billet simple d’aujourd’hui, consacré à ce qu’il y a de plus machinal en nous, de désespérément machinal, je me résous à la synthèse la plus sérée possible dans l’intention de pointer ce qu’il serait essentiel de toujours garder en mémoire. Cette ombre qui revient éternellement, malgré nous, malgré la mer et les soleils, d’abord à bas bruit, en rêve ou en cauchemar, un soir en rampant, un jour en dansant ou en hurlant. Derrière tout acte de guerre ou de violence extrême, dans la préparation et les conditions d’un fait de guerre, il y a ces fantômes séchés qui nous cuisinent savamment dans ces bureaux ou ces assemblées qui sentent la mort, la peur et les recettes empoisonnées, cachant les beautés du monde fugaces et les raisons ineptes, les paroles et les langues coupées et les yeux aveugles, tout ce qu’on voudrait garder plié, hurlant dans l’herbier du boucher.

L’acte martial  assumé, qu’il soit militaire, civil, social, ou lié à un envahissement, implique la plupart du temps l’existence préalable d'une peur de vivre. D’une forme profonde, fondamentale, de ce type de peur, celle de vivre en pleine lumière, celle d’être perçu dans ses faiblesses, la peur de se révolter, d’affronter la parole morte dominante, tout comme la peur de manquer, la peur de la vitalité de l’autre, voire, des autres, du monde et du grand monde. Paradoxalement, cette paranoïa rampante surgit le plus souvent chez cette part de la société qui possède déjà le plus. Autrement dit, qui a le plus à perdre. C’est en tout cas ce qu’elle pense communément d’elle-même. Une guerre peut impliquer la révolte d’une fraction opprimée, mais c’est le cas le plus rare. La maîtrise médiatique de l’expression du mécontentement ou de l’anxiété, fait que le déclenchement d’un conflit surgit la plupart du temps de la volonté des possédants ou des dirigeants. Ne serait-ce que pour devancer ce que leurs opposants, ou leurs ennemis prétendus, seraient, soi-disant à même de déclencher. Le fauteur de guerre, celui qui en général a le moins de motifs de se révolter, est alors celui qui a le plus de raisons de ruser, le plus de bonnes raisons de mentir et de se mentir sur ses motifs, sur ses craintes prétendues ou avérées, impliquant selon lui, l’obligation incontrôlable d’appeler à la guerre.

C’est aussi celui dont le métier consiste à pousser suffisamment loin les provocations en direction de ceux dont il désire instrumentaliser les actes, celui que ça fait jouir d’obséder et de faire craquer ceux qu’il s’est choisis comme victime. Car non, le diable de guerre n’est pas désirable. Il ne tente que les psychopathes et les malheureux, qu’il n’a hélas pas manqué de peindre laborieusement à son image.

A quoi il faut ajouter, que plus vous êtes placé haut dans l’organigramme social, plus vous aurez de moyens pour mener à bien ces diversions.
Dans cette gamme de complots, de conspirations, de stratagèmes, d’artifices, de fourberies, d’intrigues, de machinations, de subterfuges, de roublardise, de chafouineries, de perfidie, et d’artifices machiavéliques… ah quelle richesse de vocabulaire dans ce domaine ! n’est-ce pas messieurs les plumitif, il est important de bien savoir nommer les choses. En particulier si vous en êtes la victime, comme l’impliquait la sentence de Camus, rajouter au malheur du monde ne gêne en rien ceux que Claude Hagège désigne comme les maîtres de paroles et dont les capacités de tromperie, sans parler de l’ivresse ou de la confiance ingénue que ça leur procure, se trouvent aujourd’hui multipliées, reconnues et employées ad libitum par la nébuleuse médiatique du soft power guerrier.

Illustration 4


Dans cette tessiture, personne n’a mieux fait que les Japonnais nationalistes avec les Chinois, les Nazis avec les Juifs, les Hutus avec les Tutsis, les catholiques avec les protestants, les fondamentalistes musulmans avec les musulmanes, et les familles impériales européenne et leur équivalent social étasunien, avec à peu près tout le monde. Dans Un détail à 60 millions de morts (billet publié aujourd’hui également et lien en fin d’article), je fais remonter du puits noir de l’histoire récente de ces deux derniers continents, aussi prospères que martiaux, la plus grandiose des arnaques, sous forme d’un bal tragique royal qui a ravagé par deux fois la planète et dont nous payons encore à l’echelle du monde et sous toutes les formes possibles, traumatismes, abattement et vagues morbides sans pitié.

Synthèse désespérée pour homo anthropophagus industrius, j'en trouve encore, et bien plus que des traces, par exemple dans la situation et les épreuves bouillonnantes de la société iranienne, depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
J'illustre rapidement cet exemple, pour tenter d’aborder la question ukrainienne russo-américaine, via des critères plus fertiles et rigoureux qu’une tranche synchrone dans la période qui nous arrange ou nous dérange.

1951. Sous un gouvernement social-démocrate et dans un pays qui s’ouvre sur le monde, l’Etat iranien entretient encore de nombreux partenariats culturels ou éducatifs avec les USA. Le premier ministre Mohammad Mossadegh, après des décennies de domination impériale anglaise dans l’exploitation du pétrole iranien (potentiellement un des premiers producteurs mondiaux à cette époque) décide de nationaliser l'Anglo-Iranian Oil Company (AIOC) qui deviendra plus tard British Petroleum Company (BP). Mais ça ne va pas se passer comme il le souhaite. 
Un complot ? Ben non, c'est déjà interdit. Une manigance si vous voulez. Une coalition, une conjuration, un manège, à la rigueur, un coup-monté. Ou si ça vous rassure davantage, tiens, un putsch ! Voilà. Un coup d’Etat, vous comprenez ? Tout simplement. Ben oui, le coup d’Etat est quant à lui, strictement et légalement autorisé. S’il réussit, évidemment. Et justement, là, c’est exactement ça. Avec, cerise sur le gâteau, un vrai label de qualité. 

Imaginez, un coup-d’Etat des services secrets britanniques et américains, avec l’aide du propre souverain iranien ! Eh oui, ça dépote. Rien à voir avec un petit complot zapatiste en tongues. Et puis vous connaissez tous ça très bien, maintenant. Ça pourrait d'ailleurs nous valoir une série télé à dupliquer sans fin. Opération Ajax, sous le règne du tristement célèbre Mohammad Reza Chah Pahlavi, le réalisateur omniscient prépare une suite atroce avec les… Non, je vais pas spolier. Mais un complot, ben non voyons ! Ça serait misérable ! Interdit d'ailleurs. Manquerait plus que ça. Restons courtois.

Mossadegh est donc renversé et condamné à mort pour de rire et à vie, mais au placard chez lui, pour de vrai. Le régime politique qui va suivre, imposé par le monde anglo-saxon et sa révolution blanche (qui n’était pas nulle sur tout : réforme agraire et sanitaire, alphabétisation, droit de vote des femmes, etc.), mais pour qui ? Pour les Iraniens ? La férocité absolue de la police politique du régime, la SAVAK, comme en Tunisie avec Ben Ali, ou au Maroc avec Hassan II, signait les véritables raisons de ce coup d’Etat : la course avec l’URSS. Autrement dit, la course guerrière à qui aurait l’Etat le plus sauvage, l’Etat le plus crétin, et plus important évidemment, celui qui aurait la plus grosse... tête 

Ce pays, l’Iran, un des berceaux de la civilisation comme disent les sages-femmes savantes, très grande culture, première école polytechnique à la fin du 19e siècle, première révolution constitutionnelle du Moyen Orient, est un pays aux tradition artistiques et littéraires richissimes. Avec un niveau scientifique, culturel, et de résistance politique actuel, très élevé, qui n’est freiné que par la situation internationale qui lui est imposée depuis quarante ans, sans parler des sanctions économiques récentes qui grèvent 40% de ses revenus.
Alors qui produit quoi, en termes de démocratie ? Sur quelle base éthique internationale ? 
Qui a fabriqué les dictateurs du jour en Iran ?
And what about the magic mirror that the real Presidents will have to offer themselves?

Car nous en sommes là n’est-ce pas ? A ce propos, je réaffirme que les gains prétendus, les vengeances, les rapines, les récupérations de territoires, les spoliations des pays qu’on prétend éduquer et développer, comme ce fut le cas des conquêtes coloniales et leurs richesses potentiellement immenses, n’est-ce pas, toutes ces joyeuses campagnes de prédation cachent leurs jeux. Elles sont toujours secondes. Le but archétypal, inavoué, immaitrisable pour les sociétés pyramidales et les dominants pompeux, c’est d’abord la guerre elle-même, pour elle-même, et son squelette ambulant que nous appelons ingénument civilisation.

Les conquêtes ou les envahissements martiaux des derniers millénaires, sous quelque forme sociétale que ce soit, commencent toujours par un état de guerre chronique, assumé ou discret, contre leur propre population, femmes, enfants, malades, pauvres, esclaves, etc. D’abord par l’instauration ou le renforcement d’un pouvoir plus ou moins sans limites, qui se justifiera quand il le faudra, par l’urgence des conquêtes justes ou des contre-attaques légitimes, par la notion d’espace vital, le lebensraum des Nazis par exemple, lequel implique d’abord de voler ce sempiternel supplément de territoire à quelqu’un d’autre, afin de se développer peinard, c'est-à-dire de croître sans vergogne, tout en soumettant ceux qui ne fuient pas ou ne meurent pas, à la nécessité de faire corps avec la paranoïa du temps, ou celle du chef. Cycles sans fin, cycles atroces, travestis en obligations ou en puits de sagesse, alors qu’ils ne sont que répétition de gloriole toxique, de psychopathologies narcissiques, de mares putrides, de douleur et de rage, de torrents détournés et de carnage de saumons pris dans les pattes de grizzlys insatiables. 

Ce système d’assujettissement, de domestication, n’est rendu possible que par notre extrême difficulté à nous arracher des représentations, qui tout en étant aujourd’hui, canons, muséales, médiatiques, n’en sont pas moins toujours aussi méprisantes, dominatrices, pathologiques, autant par refoulement et oubli perpétuel d’un atroce endémique déjà produit, que par le mépris quant à d’autres formes de relations au sacré ou aux valeurs quotidiennes, qui sont loin d’être toutes issues d’un passé seulement archaïque. Des cultures anciennes qu’on peut taxer, dans une acception non classique, de conservatrices vitales, voire de libertaires archaïques, au sens de Pierre Clastres (1) au sens de sociétés dont nous avons professé longtemps qu’elles sont sans histoire. Des histoires atroces en tout cas, elles en livrent immensément moins que nos sociétés dites démocratiques, au regard de nos mythes de conquêtes et de nos abominations guerrières systémiques. Ce sont par ailleurs des cultures qui ont un rapport historiquement puissant à la temporalité. A ce détail près, que dans ces sociétés écologiques et mutualistes d’avant la deuxième partie du néolithique, et dont l’unité habituelle est la tribu de chasseurs-cueilleurs, pour l’essentiel, leur temps n’est pas linéaire, cumulatif ou progressif, mais spatial. Les divinités, les forces, les mythes sont toujours convocables, dans une relation d’altérité négociée, tout en étant susceptibles de se présenter sous la forme qui leur convient, aux prétextes de leurs choix, dans un espace-temps qui n’a de valeur fondamentale, et de valeur de démonstration, qu’au présent.

Leurs divinités ne sont pas enfermées dans un livre, codé qui plus est, le chef ou le chaman qui intercède pour le groupe, ne le fait pas à l’abri d’un palais, d’une enceinte et d’un corps d’armée infranchissable, mais au regard de son statut d’efficience au présent. Avec les Cités-Etats, puis les Etats à la grégarité industrieuse, essentialiste et paranoïaque, et qui n’ont cessé de détruire ces cultures si souvent jubilatoires et poétiques, ou de rendre la vie de ces tribus, impossible, comme c’est le cas au Brésil en ce moment, l’horizon lui-même, est privatisé. Les moines copistes attachaient les mots sacrés pour en être les dépositaires exclusifs, tout en étant eux-mêmes à la merci des humeurs plus ou moins protectrices ou massacreuses des forces temporelles auxquelles ils étaient, eux de mêmes, liés. Et la modernité et les cultures savantes et le pouvoir, en sont encore-là aujourd’hui. Le possible paradigme perpétuellement repoussé, qui est la communauté totale du vivant et sa capacité à subsumer le réel local en son incarnation universelle savante et consciente : qui tue ou sauve un homme, tue ou sauve l’humanité tout entière, n’a pas encore pleinement droit de cité. 

Le désir compulsif de répétition, d’entre-soi, d’endogénéité, d’enfermement, et les imaginaires captifs qu’ils induisent, autant au long cours que dans une prétendue modernité, qui est par vague l’accélération constamment renouvelée des écarts de classe, d'âge ou de genre, que ce soit par les travaux épuisants, la santé défaillante, la spoliation de la vie pleine, le colonialisme, l’esclavage, la guerre, les violence sexistes, la pédo-criminalité, les violences policières, et toutes les formes de compétitions non ludiques, au final, oui, pour des centaines de millions de personnes, la privation d’accès à leur propre créativité et aux cultures savantes que celle-ci pourrait enrichir, rend la chrysalide de leurs vies, de nos vies, aussi peu probable que celle des chenilles de tank.
De même, la perte de ce droit capital, le véritable repos, voire, celui de ne rien faire pour faire mieux plus tard, ou autrement, sont bien sûr les valeurs les plus refoulées. La grande bouillie de la culpabilisation des précaires et des ravis, éternellement imposée, est sur des siècles à l’origine absolue des inclinations à la violence, à la soumission, à la mauvaise santé et à la production démente d’un monde qui s’épuise à lutter perpétuellement contre lui-même. A l’opposé vital de ce que prone Olivier Hamant, le bienfait de la robustesse en sortant du culte de la performance.

Comment sortir du culte de la performance ? Olivier Hamant © Tilt !

La petite tribu de quelques dizaines de membres, où chacun connait chacun, où le chaman et surtout le chef, homme ou femme, doit se montrer réellement à la hauteur des besoins fondamentaux du groupe, au risque que ses savoirs ou ses savoirs-être insuffisants lui fasse perdre son statut, où bien encore, les conflits entre tribus ou groupes d’affiliation, qui sont pour la plupart, toujours selon Pierre Clastres, circonscrits au désir de ne pas se massifier, oui, ces figures projettent une dynamique de continuité homéostasique, qui bien qu’imparfaite, n’épuisent pas le futur.
Tant que le rouleau compresseur d’un éventuel colon, d’une éventuelle cité qui déborde, ne se pointent à l’horizon, certes.

A l’opposé, dans toutes les sociétés pyramidales qui durent, le pouvoir magique quasi divin, du souverain, ne tient lui, qu’à la complicité plus ou moins passive et intéressée des sous-fifres qui lui servent de garde du corps et de commensaux. Et s’il le faut, grâce à sa capacité pathologique à entraîner ses sujets sur les joyeux sentiers de la guerre totale, ou pour ceux qui n’y sont pas aptes, dans les hypnoses les plus passivement sadomasochistes. Des milliers d’années plus tard, des médias contemporains, dans leurs formes commerciales putrides les plus ressemblantes, feront leur apparition en tant que médication iatrogène du manque, voire, comme autel de substitution, ce qui est à la fois un levier supplémentaire pour soulever ou abaisser l’audience les foules, mais aussi le risque d’une saturation par excès de fiction. C’est là que le recours à quelques peuples préservés de la narcose moderne et encore suffisamment archaïques pour faire frissonner la ménagère pour de vrai, si ce n’est le soldat rendu à la vie civile et à la nostalgie de l’héroïque étripage, pourront briguer les premiers rôles tragiques de la société du spectacle gore.

L’Ukraine et la Russie, très largement instrumentalisés (2) profondément abîmées historiquement, rempliraient-elles ce rôle inconscient faussement primordial ? Si vous pensez que les conflits modernes échappent pleinement à ces archétypes, particulièrement celui qui se déroule en Ukraine, je ne peux que vous conseiller d'investir dans l’exploration de l’histoire douloureuse, violente et compliquée de ce pays. Et de même de la Russie, et tout autant de ses meilleurs ennemis. Les légendes ont plus de poids sur l’imaginaire de beaucoup d’esprits, que les misères atroces dont elles sont sensées nous prévenir. Cela dit, y compris dans les pays où la puissance publique ne cesse de se concevoir comme exponentielle, il restera toujours des esprits libres, qu’ils soient journalistes indépendants, citoyens responsables, voire héroïques, ou intellectuels non corruptibles. Encore faut-il ne pas désespérer et faire connaître au plus grand nombre la médiane, pourtant si clairement visible aujourd’hui, des pratiques d’Etat. Démocraties prétendues ou régimes autoritaires, les Etats et leurs services gouvernementaux agrippés à tyrannosaurus gafamus sur tout sujet majeur, ne produisent plus que de la bouillie narrative pour grenouilles trop cuites. L’écrasement des médias libres en Russie, et le défaut absolu de mises en perspectives sincères et articulés à l'Ouest, sacerdoce principal d’une profession journalistique aujourd’hui sédatée, nous offre paradoxalement de l’espace, en tout cas ici, pour crier Terre ! 

A propos des médias aux ordres, répétitifs, religieux, ou simplement incompétents et payés pour ça,  je conseille la double interview d’Eric Verhaeghe, créateur du Courrier des stratèges et Eric Denécé, spécialiste du renseignement. (3) Ou l'interview de Marc Endelwed sur le Media, (4) quant aux questions fondamentales oubliées dans l’angle mort mainstream de la guerre en cours. Comme le désir ukrainien de se reconstituer un arsenal nucléaire, les questions de non-prolifération ou de dissuasion nucléaire, tous ces points cruciaux engageant ces deux pays via le Mémorandum de Budapest de 1994, et qui ont été aussi largement sous-estimée par nos médias comateux que par l’Etat français et son plus brillant VRP, Macron the Last. Lequel a sans doute omis de poser la question à maman McKinsey. Ce qui lui vaut un désastre diplomatique attendu.

Avant et après le second conflit mondial, les soft powers américains et européens dominants, annoncent les limites structurelles à venir. Retirant peu à peu leurs masques de fer, pour un bombardement publicitaire sans répit, ce monde de pacotille annonce à qui sait entendre et voir entre les confettis, le succédané de démocratie qui va s’épanouir durant plus d’un siècle. Dans la lignée du cynisme de 14/18, les crises économiques organisées, les investissements mafieux du patronat étasunien, français, britanniques et journalistique pour ce dernier, dans la montée au pouvoir d’Hitler, pilotent et phagocytent leurs alliés les plus soumis ou obligés.(6) Le capitalisme n’est qu’une course sans fin pour dominer à tout prix un monde déjà déchiré par des violences extrêmes, tout en se faisant passer, sous prétexte que le bloc soviétique joue dans la même cour, pour le synonyme idéal et obligé de la démocratie. Si le communisme est le fruit historique du capitalisme, l’inverse n’est fatalement, pas vraie. Au prix des boucheries les plus cyniques, la féodalité auparavant, l’esclavage, le colonialisme, les guerres totales, le fascisme ou le nazisme, le capitalisme en a maximalisé toutes les formes.

Nous voulons régler son compte aux idéologies racistes, cyniques, machistes et ultra-violentes des droites les plus extrêmes, et de même, aux résidus sanglants et amidonnés du stalinisme ? Ce n’est pas en nous couchant comme des cobayes envoûtés sous les paillasses de Big Pharma et en implorant une vaccination magique contre les prétendus dangers apocalyptiques et sans fin du vivant, que nous traiterons ces archétypes de l’obscurantisme. Ceux qui ont fait ce calcul-là sont tout à fait dignes des mêmes ignorances, et ont donné à ces courants une légitimité qu’ils n’espéraient évidemment pas. Et qu’ils ne méritent cela dit, en rien. L’essentiel des membres ou des citoyens se reconnaissant dans ces courants, se sont fait piquer comme la majorité des français, tout comme nos preux chevaliers de gauche, incultes en question de santé. Cette carte-là est une des cartes biseautées de cette même ingénierie sociale, dont nos observateurs de bureau, semblent ignorer jusqu’à l’existence.

L’auto-envahissement volontaire, franco-britannique, de la France par Hitler - surprise ? - dont la réalité émerge enfin de plusieurs travaux historiques au long cours, d’autres plus récents, cet éléphant soudain visible dans la porcelaine du passé proche, désigne à la fois un fait macro-politique, macro-historique et surtout l'impensé central de cette même ingénierie médiane, née essentiellement au vingtième siècle. Laquelle indique d'abord qu’il est temps de se réveiller tous azimuts, et de regarder ces éléments en face et en détail. La parenthèse compensatrice, obligée, illusoire et auto-célébrée des Trente Glorieuses post 1945, enchaînant par ailleurs des actes martiaux incessants, comme aujourd’hui le traitement apocalyptique de cette crise dite « sanitaire » interdite d’exploration, ce qui est quand même parfaitement dingue n’est-ce pas, et ne masque en effet plus rien. Surtout pas ce que fut la réalité d’un acte majeur impossible à enterrer et qui annonçait tout simplement la suite.

Pour l’humain imprescriptible, au sens le plus basique du terme, celui qui n’a renoncé à aucune de ses richesses internes, comme la capacité à rester le plus qu’il lui est possible, bienveillant, désabusé et jubilatoire, tout ce qui est machinal est un corps étranger. Les formes peuvent se répéter comme le clapotis des vagues, jamais le chant ne sera strictement identique, et la joie des baigneurs et la peine des pêcheurs, et les nouveaux enfants qui viennent par l’amour ou par la route, incarneront toujours la puissance renouvelée du vivant, dans cet écart logé entre ce qui est certain et ce qui est possible. L’océan est plus frais que le sang qui pulse dans nos veines, et ses vagues ne sont pas faites pour nous éteindre. A la rigueur pour nous donner la nostalgie de ce qui est encore inconnu, pour nous faire entendre les contrepoints sans fin de l’univers.

The One Intelligent Thing That Alexander Did - Sadhguru
https://www.youtube.com/watch?v=p5aQ1-Ch91E

The One Intelligent Thing That Alexander Did - Sadhguru © Sadhguru

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Vous vous posez de sérieuses questions sur l’ingénierie guerrière

qui nous a valu deux boucheries mondiales, des holocaustes,
des explosions nucléaires, je ne peux que vous conseiller la lecture
de mon autre billet du jour (court) :  UN DETAIL A 60 MILLIONS DE MORTS
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/161022/un-detail-60-millions-de-morts

NOTES

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Ces notes ne demandent pas à être absolument compulsées. Elles sont néanmoins d’un intérêt majeur dans le cadre de cette guerre folle en Ukraine, en particulier sur les techniques de désinformation qui la pilotent sans états d’âme (3).  Sur le cynisme volontairement ingénu (?) des USA, la courte vidéo de Georges Friedman (5) spécialiste des arnaques en tous genre, est un petit moment shakespearien

Et sur ces sujets de l’ingénierie sociale, guerrière, sanitaire, etc, étendus à toute la seconde moitié du 20e siècle et jusqu’à maintenant, je ne peux que vous conseiller la lecture du Manifeste Conspirationniste. Ouvrage brillant, dont vous trouverez un extrait et une présentation de Reporterre en bas de ce billet : LA GUERRE, LA RUSE, LE CORPS SOUS LES ETOILES (5) Ôte toi de mon soleil !
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/180722/la-guerre-la-ruse-le-corps-sous-les-etoiles-5-ote-toi-de-mon-soleil

Et le Manifeste lui-même en ligne, ici. (cliquer sur la flèche en dessous)

anonymous-manifeste-conspirationniste-seuil (pdf, 4.6 MB)

.(1) Pierre Clastres Archéologie de la violence.
http://editionsdelaube.fr/catalogue_de_livres/archeologie-de-la-violence-poche/

(2) Cham BayaLa guerre, la ruse, le corps sous les étoiles - Néonazis, néocommunistes, néoscons.
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/190722/la-guerre-la-ruse-le-corps-sous-les-etoiles-3-neonazis-neocommunistes-neocons-0

3) Comment les services gouvernementaux organisent la désinformation - Eric Verhaeghe, Eric Denécé
https://www.youtube.com/watch?v=GWmiLVJYLis&t=78s

4) RÉVÉLATIONS : LES RAISONS SECRÈTES DE LA GUERRE EN UKRAINE - Marc Endelweld
https://www.youtube.com/watch?v=MWd3JDMKcto

5) « C’est cynique, immoral, mais ça marche ». Extraits du discours de G. Friedman 
https://www.youtube.com/watch?v=emCEfEYom4A
George Friedman, né en 1949, fuit la Hongrie communiste avec sa famille et fonde aux USA, en 1996, la société de renseignement Stratfor, devenant une référence étasunienne importante dans ce domaine. Le fond d’écran de George Friedman, c’est que la guerre ou le danger de la guerre, sont partout, et qu’au-delà de la responsabilité particulière des empires les plus puissants (USA, Royaume-Uni, France, Russie, Chine, etc) dont il se garde bien de préciser ce qu’il en est de la responsabilités particulière de l’Etat américain, celui-ci se doit d’abord, de maîtriser ses concurrents, à tout prix. Or l’une des façons de procéder, c’est de savoir faire mal, sans créer de guerre mondiale, de savoir faire s’envenimer les relations entre des entités que l’on veut contrôler, en particulier dans l’empêchement fait à la Russie et à l’Allemagne, de conjuguer leurs ressources et leurs compétences. C’est donc dans le morcellement et la division du monde, liés à ce qu’on appelle (humoristiquement) la real politic, que s'acte sa participation active et celle des USA, à ce qu’il faut bien nommer de la guerre préventive permanente. Autrement dit, du cynisme, qui peut sembler de bon aloi, et qui est en fait un médicament habituel et universel aux effets iatrogènes incontrôlables, qui à la longue précipite inévitablement les peuples et leurs dirigeants vers la chaos systémique des affrontements sans fin. En particulier lorsque toutes les ruses ne pèseront plus grand-chose face à un élément vital qui commence à manquer, ou à s’emballer, en l'occurrence, face au macro-désastres environnementaux et leurs conséquences inévitables sur la vie de milliards d’individus.
La ruse est d’un bénéfice en général immédiat, et le plus souvent, d’un coup quasi éternel.

(6) Ford, fournisseur du IIIe Reich. Le groupe américain employait prisonniers et déportés en produisant pour la Wehrmacht.
https://www.liberation.fr/planete/1998/12/04/ford-fournisseur-du-iiie-reich-le-groupe-americain-employait-prisonniers-et-deportes-en-produisant-p_254762/

Comment Londres et Wall Street ont mis Hitler au pouvoir
https://solidariteetprogres.fr/hitler-pouvoir-par-londres-wall-street.html

Vous trouverez d’autres liens capitaux sur ce dernier sujet dans mon second billet du jour   
UN DETAIL A 60 MILLIONS DE MORTS
https://blogs.mediapart.fr/cham-baya/blog/161022/un-detail-60-millions-de-morts

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