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Billet de blog 10 décembre 2021

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Russie : la pauvreté recule, comme en France ?

Le taux de pauvreté en Russie a baissé au troisième trimestre de 1,8 points en glissement annuel. Le versement d’allocations sociales exceptionnelles avant les élections législatives de septembre 2021 explique en partie cette  baisse.

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Sans les publier sur son site, Rosstat, l’agence fédérale russe des statistiques, vient de communiquer à la presse les dernières statistiques sur la pauvreté en Russie. Elles montrent une baisse très sensible par rapport à il y a un an. Le nombre de personnes dont les ressources sont inférieures au seuil de pauvreté a baissé de 2,8 millions entre le troisième trimestre 2020 et le troisième trimestre 2021, où il est de 16 millions, le taux de pauvreté de 1,8 points en pourcentage, pour atteindre 12,1 %. 

C’est une évolution forte, qui laisserait penser que la Russie s'est réengagée dans un cycle de baisse de la pauvreté, comme celui qui avait débuté en 2016, après une forte hausse, et qui s’était interrompu ensuite, voire même de revenir au taux de pauvreté particulièrement bas qui avait été constaté en 2010 (de l’ordre de 10 %, le lecteur pourra regarder le graphique inséré dans ce billet).

Cette évolution est surprenante, en tout cas contre-intuitive, puisque la Russie connait une nouvelle vague de l’épidémie de Covid-19 particulièrement sévère, et que l’on peut penser que ses conséquences sur les revenus, notamment, des actifs travaillant dans l’économie informelle (cf. cet autre billet et les trois précédents) n’auraient pu être être effacées aussi rapidement. Se confirmera-t-elle ? Il est bien sûr trop tôt pour le savoir, attendons d'avoir des données sur l’année complète, et sans doute aussi la fin de l’hiver, pauvreté et hiver ne font pas bon ménage.

On peut en revanche regarder ce qu’il y a derrière ces chffres. Et cela amène trois commentaires. 

- Le premier que le mode de calcul du seuil et du taux de pauvreté a été modifié en 2021, et que cette statistique est la première à prendre en compte cette modification. J’en avais évoqué le projet dans cet encore autre billet (j’arrête là de me citer moi-même, mais j'y faisais référence à l’Enquête de Taganrog, un monument de la sociologie soviétique dont j’aimerais qu’il fût mieux connu) : il s’agissait de calculer le taux de pauvreté en référence au revenu médian de la population, et non à un minimum de subsistance apprécié sur la base d'un panier de consommation.

La réforme n’est pas en elle-même pas contestable, cette référence au revenu médian est celle qui est appliquée en France et dans les pays de l’Union européenne. Le choix du seuil — 44,2 % du revenu médian  —est en revanche discutable, il est de 60 % en France. Et, à ce stade, il n’y a pas d’éléments permettant d’apprécier l’ampleur de la rupture de série. On pourra le faire quand les données antérieures auront été recalculées sur la base de la nouvelle méthode, pas tout de suite, donc, même si Vladimir Poutine a expressément demandé, selon le ministère du travail, que celà soit fait pour permettre de suivre le respect de son engagement de diviser par deux le taux de pauvreté pendant son mandat.

- Le second est qu’il y a effectivement eu une augmentation globale des revenus et de l’emploi au troisième trimestre 2021, et qu’on a pu croire que la Russie était sortie de la récession provoquée par la pandémie. Ils se sont fortement accrus, de 15,5% par rapport à la même trimestre de l'année précédente, de 8,1% après correction de l’inflation. C’est cette évolution dont il faudra vérifier qu'elle se poursuit, et quelle est son ampleur réelle, un fois lissés les à-coups conjoncturels. 

- Enfin, il faut relever que parmi les facteurs expliquant cette hausse des revenus figurent différentes mesures sociales ponctuelles, prises avant les élections législatives de septembre 2021 : au troisième trimestre, les parents d’environ 21 millions d'enfants ont reçu une allocation forfaitaire de 10 000 roubles [110 euros], et tous les retraités (environ 43 millions de personnes) une autre de même montant. L’effet de ces mesures a été de porter de 22,1% à 23,2% la part des prestations sociales dans la structure des revenus des ménages.

RBK (3 décembre 2021) ) - Site du ministère du travail et de la protection sociale de la fédération de Russie (27 novembre 2021) - Site du ministère du travail et de la protection sociale de la fédération de Russie (3 décembre 2021)

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