7 associations et fondations russes impliquées dans la prise en charge et la défense des droits des personnes souffrant d’un handicap psychique ou d’une déficience intellectuelle ont adressé une lettre ouverte au président Vladimir Poutine. Elles demandent qu’un projet de loi relatif aux soins psychiatriques qui devrait être examiné par le Parlement russe soit retiré, et que soit remis à son ordre du jour un projet plus ancien, qu’il avait déjà adopté en 1ère lecture en 2016.
L’essentiel du débat porte sur la situation des résidents des internats psycho-neurologiques, les PNI, dans l’abréviation russe. J’ai écrit plusieurs articles sur ces établissements, par exemple celui-là, celui-ci, ou encore cet autre, un des premiers. La Russie les a hérités de son passé soviétique, il s’agit d’établissements médico-sociaux dans lesquels sont hébergées les personnes handicapées présentant une déficience intellectuelle ou un handicap psychique. Ils sont souvent de taille importante, avec plusieurs centaines de résidents, parfois plus.
Les signataires de la lettre ouverte dénoncent le nouveau projet, qui confirmerait et permettrait d’étendre une organisation juridique et des pratiques portant atteinte aux droits des résidents : tutelle exercée par le directeur d’établissement, contraintes physiques et restrictions à la liberté de mouvement − des photos de personnes entravées sont jointes à la lettre ouverte –, isolement dans des « départements d’observation ». Les procédures permettant aux résidents de demander la révision d’une décision ou de faire valoir leurs droits sont absentes ou inapplicables en pratique, et la création de services indépendants de contrôle des établissements, qui avaient commencé à être mis en place dans certains régions, est écartée par le projet.
Autant de reculs majeurs par rapport au précédent projet, qui prévoyait ainsi d’impliquer les associations et les proches dans le fonctionnement des établissements.
À ce jour, 151 associations russes et 99 599 personnes ont apporté leur soutien à la lettre ouverte. C’est beaucoup, et c’est courageux. Cela témoigne aussi qu’il y a toujours en Russie des acteurs qui continuent de défendre les valeurs de la solidarité, d’humanité, de compassion et de protection envers les plus vulnérables.