Dans un précédent article (voir ici), nous avons vu que le gouvernement ne protège pas la santé de la population. Nous allons maintenant aborder une autre facette de cette problématique au travers des déterminants politiques de la santé. En 1997, une conférence internationale sur la promotion de la santé a eu lieu à Jakarta (voir ici). Elle a été l'occasion de réexaminer les déterminants de la santé. Si certains dépendent de facteurs individuels (terrain génétique, habitudes de vie, comportements individuels, compétences psychologiques, environnement social et familial....), d'autres dépendent de mesures politiques dont certaines relèvent de la France, d'autres de l'Europe. Voici les principaux déterminants politiques de la santé :
type de régime politique, respect des droits individuels, liberté d'expression, degré de participation des citoyens aux processus décisionnels
qualité et accessibilité du système de santé
qualité de l'écosystème et de l'alimentation
qualité du système éducatif
l'emploi et le niveau de revenus,
vivre dans un pays en paix dans un environnement local et géopolitique sécure
1/ Type de régime politique, respect des droits individuels, liberté d'expression, degré de participation des citoyens aux processus décisionnels
Comme nous l'avons déjà vu à propos de la crise de la Covid 19 (voir ici), il n'y a pas eu de débat contradictoire, la science a été instrumentalisée, les règles de l'expertise scientifique n'ont pas été respectées. La plupart des médias ont relayé une pensée médicale unique. L'expertise citoyenne ayant été écartée, on a assisté à une disparition de la démocratie sanitaire. Appuyée par une gestion par la peur, toute opinion contraire à la propagande gouvernementale est censurée ou qualifiée de complotiste. Avec l'extorsion d'un consentement à la vaccination pour un produit en phase 3 d'essai clinique, les droits individuels n'ont pas été respectés. En réalité, il n’y a pas eu de débat contradictoire parce qu’il n’a jamais été question de chercher la vérité. Au contraire, la science a été manipulée, toute opinion contraire à la propagande a été écartée ou discréditée. Une propagande sanitaire a donc été imposée, écartant toute autre approche.
Sur le plan économique, la pensée unique adoptée par tous les gouvernements depuis le milieu des années 80, a éliminé le débat démocratique. Le fossé ne cesse de se creuser entre le peuple et les élites (voir ici). Le sondage Ipsos/Sopra Steria (voir ici) a montré qu'Emmanuel Macron était un président mal élu. La France est considérée comme une démocratie défaillante (voir ici). Les travaux de la commission d'enquête sénatoriale (voir ici) ont révélé une intervention croissante, depuis 2018, des cabinets de conseil sur des pans entiers des politiques publiques. Ce « phénomène tentaculaire » a « une influence avérée sur la prise de décision publique ». Outre une mauvaise utilisation des deniers publics, ceci met en lumière le processus de déconstruction des États sous l'influence du néolibéralisme. Le cabinet McKinsey, qui est intervenu dans la campagne vaccinale, est connu pour ses nombreux scandales (voir ici) dans des affaires économiques, financières, politiques, sanitaires... (voir également ici).
De plus, les élections ne sont qu'un simulacre de démocratie car une grande partie des lois sont d'origine bruxelloise. Or, depuis son origine, l'Europe est marquée par un déficit démocratique. Le Parlement européen est la seule institution démocratiquement élue (avec un taux de participation en 2019 exceptionnellement haut à 50 % !) mais comme il est dépourvu de tout droit d’initiative législative, son action est donc limitée et surtout subordonnée aux seules propositions de la Commission européenne. À cela s'ajoute que le Parlement européen est structuré sur une majorité sociale-libérale, et ainsi la pensée unique tue le débat démocratique. L’État (et la puissance publique en général) n’est là que comme un arbitre du marché, il n’a pas à intervenir sur le marché concurrentiel1. Comme le souligne Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne de 2014 à 2019 (voir ici) : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».
Les membres de la Commission européenne ne sont pas élus. La Commission fait l’objet d’un intense lobbying de la part des multinationales. Quant à l'initiative citoyenne européenne (voir ici), c'est là encore un bilan décevant (voir ici). En 2017, la Commission européenne a même été condamnée pour ne pas avoir enregistré une proposition d'initiative européenne (voir ici).
En outre la « politique » monétaire n’est pas sanctionnée par le vote des citoyens car les Banques centrales nationales et la Banque centrale européenne (BCE) sont indépendantes des pouvoirs politiques (traité de Maastricht) et la politique suivie est inscrite dans les statuts de la BCE (en l’occurrence politique monétaire monétariste, à la Milton Friedman, dont l’objectif principal, et unique, est la lutte contre l’inflation, alors qu’il serait possible d’utiliser la politique monétaire pour d’autres objectifs de politique économique, choisis démocratiquement comme la lutte contre le chômage par exemple).
La transparence et l'intégrité sont loin d'être des valeurs de l'Union Européenne (UE). Une enquête a été ouverte sur la Commission européenne au sujet des contrats de vaccin (voir ici). La présidente de la Commission européenne est empêtrée dans un scandale financier en Allemagne (voir ici). Il y a même des fraudes à la tête de la Cour des Comptes européenne (voir ici), et un vaste système de conflits d’intérêts et de trafic d’influence mêlant lobbyistes et membres de la Commission ou de la Cour de justice (voir ici).
Nous assistons donc, tant en France qu'au niveau des institutions européennes, à un effondrement démocratique.
2/ Qualité et accessibilité du système de santé
La crise de la Covid 19 a révélé l'impréparation de la France avec la destruction du plan pandémie (voir ici le rapport du Sénat). En réalité, depuis 20 ans, les gouvernements successifs ont sciemment organisé la destruction du système de santé : fermeture des lits, manque de personnels soignants, fermeture des urgences, soignants en burn-out ou en phase de reconversion, nécessité de recruter des médecins à l'étranger, délai de rendez-vous auprès d'un spécialiste pouvant aller de 6 mois à un an, impossibilité de trouver un médecin traitant référent, déserts médicaux (voir ici). Dans les années à venir, on peut s'attendre à une dégradation encore plus grande de la santé de la population du fait des politiques menées tant en France qu'en Europe.
A l'échelle européenne, la crise de la Covid a révélé le manque de cohésion entre les États membres alors que l'Union Européenne est censée promouvoir la solidarité entre les États membres (l'aide apportée à l'Italie en pleine crise ne l'a pas été par les États membres mais par la Russie).
On sait que l'UE n'a pas de compétence dans les politiques de santé qui relèvent des États membres. Cependant, la Commission européenne a eu un rôle majeur dans la politique vaccinale en collaboration avec une agence qui n'appartient pas à l'UE, à savoir l'Agence européenne du médicament (EMA). Cette dernière est financée à 85% par l'industrie pharmaceutique (voir ici). Rappelons l'opacité des contrats (voir ici) avec des laboratoires exonérés de toute responsabilité alors que beaucoup ont été dans le passé lourdement condamnés (voir ici).
Quant à la politique économique de l'Europe, avec la désindustrialisation et la délocalisation de la production, elle a conduit à une perte d'indépendance et de souveraineté en matière sanitaire, d'où la carence en matériel, médicaments, et la dépendance de l'Europe envers la Chine et l'Inde (que cet approvisionnement soit rompu et c'est la vie de millions d'individus qui est alors mise en danger).
La politique économique de l'Europe a engendré, lors de la crise de la Covid 19, un véritable chaos sanitaire, tout en permettant à l'industrie pharmaceutique de faire des bénéfices faramineux : aide financière aux laboratoires par de l'argent public sans rien demander en contrepartie, achat par avance des doses (sans connaître leur réelle efficacité, les essais cliniques n'étant pas finis avant 2023), maintien des brevets dans leur intégralité (privatisation des bénéfices), prise en charge des potentiels effets secondaires par les contribuables (socialisation des pertes). Ces bénéfices résultent d'une priorité donnée aux actionnaires et à une propagande commerciale (voir ici), au détriment de l'intégrité scientifique du fait d'une corruption généralisée2.
3/ Qualité de l'écosystème et de l'alimentation
La France est en première position européenne pour la consommation d'anxiolytiques (voir ici). Le taux de suicide en France est l’un des plus élevés des pays européens de développement comparable (voir ici), phénomène amplifié avec la crise de la Covid19 (voir ici). Outre l'augmentation des maladies chroniques et dégénératives chez les adultes, on peut également noter l’augmentation de la mortalité infantile en France depuis 2012 (voir ici).
La population française est particulièrement exposée aux métaux lourds (voir ici) ainsi qu'aux pesticides (voir ici). Une plainte contre l'État français a même été déposée (voir ici). Outre la pollution de l’air, qui serait responsable de 17 % des décès (voir ici, ici et là), nous sommes exposés également à de très nombreux perturbateurs endocriniens, dont le nombre estimé est de 800 (voir ici).
L'Union Européenne est censée œuvrer pour améliorer la qualité de l'environnement et de l'alimentation. Or nous sommes au contraire de plus en plus exposés aux pesticides, aux métaux lourds et autres polluants. On retrouve même des microplastiques dans le sang (voir ici). La Commission européenne mène depuis l'origine et de façon constante une politique de libre-échange favorable aux intérêts des multinationales (voir ici). En février 2022, plus de 70 organisations européennes ont exprimé « leur profonde inquiétude » quant au « manque d’ambition » du projet de révision de la directive européenne sur les pesticides (voir ici).
Les problématiques sont similaires au sujet des nouveaux OGM avec l'influence du lobby des biotechnologies auprès de la Commission européenne (voir ici) pour déréglementer le marché (voir ici). Les risques sont augmentés avec la multiplication des accords de libre-échange (voir ici le rapport du Sénat du 17/02/2021). L'autorité européenne de sécurité des aliments, une agence dont le statut juridique est similaire à celui de l'Agence Européenne du Médicament, est connue pour sa proximité avec les industriels de la chimie (voir ici).
On retrouve les mêmes problématiques de conflits d'intérêt concernant les ondes électromagnétiques3 et leurs risques sur la santé (voir ici ou ici).
On peut lire dans ce rapport de Klaus Buchner et Michèle Rivasi : « De nombreux faits et processus qui mènent à la situation actuelle où les autorités européennes - de la Commission européenne à la plupart des États membres - ferment simplement les yeux sur des faits scientifiques réels et des alertes précoces. Nous avons vu exactement le même scénario dans le débat sur le tabac, l'amiante, le changement climatique et les pesticides ». En 2015, 20 organisations avaient déposé une plainte (voir ici). En 2017, des scientifiques ont alerté sur les effets potentiellement graves de l'exposition à des champs électromagnétiques d’ondes non-ionisantes (voir ici) et à la 5G (voir ici).
Nous avons donc une fragilisation extrême de la population sur le plan psychique, une augmentation des maladies, avec une exposition de plus en plus importante à toutes sortes de pollutions, susceptibles de conduire à un empoisonnement de plus en plus significatif des individus et du vivant.
4/ Qualité du système éducatif
La qualité du système éducatif est aussi remise en cause depuis plusieurs décennies. En ce qui concerne la compréhension de l’écrit, les connaissances en mathématiques et en sciences des élèves de 15 ans, « la France a une proportion d’élèves de faible niveau de maîtrise supérieure à la moyenne de l’UE. L’écart s’est en outre accentué depuis 2009 en lecture et en mathématiques » (voir ici). On observe en outre une dégradation des conditions de travail, l'augmentation du harcèlement et de la violence au sein du système scolaire. Ceci ne peut qu'amener une perte de l’esprit critique, un terrain favorable pour une soumission à l'autorité.
5/ L'emploi et le niveau de revenus
On assiste à un accroissement des inégalités, le taux de pauvreté remonte en France depuis le début des années 2000 (voir ici). L'accès à un logement abordable devient de plus en plus difficile.
Quant aux objectifs européens, si l'on se réfère à l'article 2 du Traité de Lisbonne, alors que l'UE est censée œuvrer pour une économie qui tend au plein emploi, la stratégie de Lisbonne est un échec (voir ici). L'euro a fait la preuve de son échec et elle ne semble pas être une monnaie adéquate pour les pays du nord et du sud. L'union monétaire n'est pas accompagnée d'une union politique, ni d'une harmonie fiscale (c’est la seule zone monétaire au monde à ne pas avoir d’assise politique). Depuis que les États ont perdu leur souveraineté monétaire, on observe une montée du déficit public, ce qui met les États sous la coupe des marchés financiers. Une nouvelle crise financière était annoncée en 2019 (voir ici).
La politique de libre-échange a mis l'Europe en concurrence avec des pays qui n'ont pas les mêmes normes sociales et environnementales, pour le seul profit de multinationales totalement souveraines. Cette ouverture naïve des frontières de l'Europe est « fondamentalement nocive4 » et conduit à un appauvrissement des européens. Mais le discours de Maurice Allais, prix Nobel d'économie, a toujours été ignoré.
6/ Vivre dans un pays en paix dans un environnement local et géopolitique sécure
L'Union Européenne est censée promouvoir la paix, et offrir à ses citoyens un espace de sécurité. Mais l'Union européenne n'a pas de politique étrangère (on se rappelle des positions divergentes de la France et de l'Allemagne lors du déclenchement de la guerre en Yougoslavie). De plus, toutes les décisions concernant la politique de sécurité et de défense commune doivent être prises à l'unanimité.
La défense européenne est un projet récurrent jamais réalisé (voir ici), c'est l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) qui est censée assurer la sécurité du territoire européen. Tous les pays de l'UE ne sont pas membres de l'OTAN : c'est le cas de l'Irlande, de la Finlande, de la Suède et de l'Autriche. La Grèce et la Turquie, 2 pays membres de l'OTAN, sont toujours en conflit (voir ici). On trouve au cœur de l'UE une enclave russe militarisée (Kaliningrad). Et pour compliquer la situation, 17 pays de l'Union européenne se sont rapprochés de la Chine (voir ici) qui investit massivement dans l'Europe centro-orientale.
Ainsi, l'idée d'une Europe souveraine et puissante, assurant par elle-même sa défense, a été abandonnée puisque sa sécurité est assurée par l’OTAN. On ne peut guère dire que l'OTAN est en accord avec un idéal de paix. On se rappelle en effet que l'OTAN a mené des guerres sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU (Irak, Libye, Kosovo). L'Europe est, depuis son origine, vassale des États-Unis, une situation qui a conduit à privilégier le processus d'élargissement au détriment d'une plus grande intégration de l'UE. Ainsi, on peut se questionner comme le géopolitologue, fondateur et directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques, Pascal Boniface (voir ici) : « L’OTAN a-t-elle pour objectif de nous préserver contre la menace russe ou de l’entretenir artificiellement, afin de maintenir l’Europe dans un état de dépendance à l’égard de Washington ? Par leur comportement hégémonique, les États-Unis ne sont-ils pas autant source d’insécurité que de sécurité ? »
L'Europe reste un nain politique bien naïf dans un monde dominé par des volontés impérialistes et prédatrices :
celles de la Russie et des États-Unis (la persistance d'une guerre froide prend l'UE en otage),
celles de la Chine,
celles de l'Islamisme radical,
celles de l'oligarchie financière, des multinationales, de l'industrie du numérique et de big pharma : ainsi, un accord a été signé en juin 2019 entre le Forum économique mondial et l'ONU, qui donne aux sociétés transnationales un accès préférentiel au système des Nations-Unies, aux dépens des États et des acteurs de l’intérêt public (voir ici), un accord dénoncé par plus de 400 organisations de la société civile (voir ici)
celles de la criminalité transnationale organisée qui profite des accords de libre-échange et de la digitalisation du monde : les auteurs de ce livre5 qualifient le crime organisé de « grand gagnant de la mondialisation ».
L'absence de souveraineté de l'UE ne peut pas engendrer une dynamique de paix.
En conclusion
En analysant les déterminants politiques de la santé, nous observons que les institutions politiques n'assurent pas leur mission de protection et de promotion de la santé. Non seulement elles n'ont pas l'objectif de lutter contre les principales causes de mortalité et de morbidité, mais de plus, elles portent atteintes directement, de façon chronique et délibérée, à la santé de la population.
La gestion de la crise de la Covid 19 a entraîné un chaos sanitaire et économique avec des répercussions psychologiques majeures sur l'ensemble de la population. Cette gestion catastrophique apparaît bien comme la manifestation aigüe des orientations politiques, économiques et géopolitiques qui ont été prises à l'insu des peuples, et qui ont été reconduites avec constance en France et en Europe depuis plus de 30 ans.
Il importe que nous apprenions à prendre soin de notre santé (ce qui peut être fort bénéfique pour développer une immunité physique et psychique) et que nous nous efforcions de devenir des citoyens informés et responsables pour nous saisir des véritables enjeux de société (voir ici) :
la déconstruction de l'État sous l'influence du néolibéralisme
une construction européenne uniquement basée sur le grand marché, la dérégulation de la finance et une politique naïve de libre-échange,
la perte de souveraineté de l'Europe et des États-nations au niveau de secteurs stratégiques tels que la santé et l'alimentation,
des choix stratégiques qui ont été décidés depuis des années à l'insu des peuples par des gouvernements prisonniers ou complices d'un système ploutocratique et pathocratique (voir ici),
l'absence d'indépendance et de souveraineté dans un monde chaotique où les européens sont pris en otage par les tendances impérialistes des gouvernements américains, chinois et russes,
l'évolution vers une société de contrôle, l'asservissement des peuples et la disparition de la démocratie.
L'évolution tragique du monde se nourrit de l'ignorance ou du désintérêt des populations européennes envers la chose publique.
Citoyens libres des Pyrénées Citoyenslibresdespyrenees.fr
Notes
1Le « nouveau rôle [de l’État] est de fixer les règles du jeu et d’intervenir pour pallier les défaillances du marché et non de s’y substituer. » J. Tirole, 2016, Economie du bien commun, PUF, Paris, p 24
2Peter Gotzsche, Remèdes mortels et crime organisé – Comment l'industrie pharmaceutique a corrompu les services de santé, Presses Université Laval, 2019.
3Denis Bourgeois, Le monde de la 5G : la démocratie en péril, Editions Yves Michel, 2021
4Maurice Allais, L'Europe face à son avenir : que faire ? Editions Robert Laffont et Clément Juglar, 1991, p 99.
5Alexandre Del Valle, Jacques Soppelsa, La mondialisation dangereuse, Editions L'artilleur, 2021