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Selon le décompte du journal Le Monde, plus de quatre millions de personnes ont défilé à Paris et dans de très nombreuses villes de province le 11 janvier 2015 à la suite des crimes commis par des islamistes contre la rédaction de Charlie Hebdo, des policiers et des clients d'une supérette casher. L'assassinat des caricaturistes, artistes très populaires exerçant une profession constituant une des dimensions de la culture nationale, a particulièrement touché l'ensemble de la population française. Ces crimes s'inscrivent dans une liste internationale qui montre notamment que leurs auteurs, qui sévissent dans nombre de pays musulmans, visent leurs coreligionnaires modérés.
La Ligue de l’enseignement toute entière se mobilise dans les marches républicaines et sur un premier texte « Etre Charlie » qui affirme : « Les événements tragiques du début d’année, qui ont à jamais marqué les esprits, ne doivent pas rester vains... C’est ce qui s’est exprimé lors de la marche républicaine du 11 janvier au cours de laquelle des mots, trop souvent accaparés par ceux qui les utilisent pour mieux en subvertir la signification, retrouvaient leur usage originaire. La Nation, la République, la Laïcité, revenaient comme autant de repères d’un peuple qui savait trouver là l’assurance de son unité par-delà la diversité assumée de ses composantes ». Au moment où les nationalismes montent partout en Europe et où le conflit au Proche-Orient atteint une violence inédite, cette ferme prise de position est plus que jamais d'actualité. Elle concerne tous les cléricalismes et tous les communautarismes sans exclusive.

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Une insistance particulière est mise sur la libre critique des religions, et sur les libertés d’expression et de création : « On ne le martèlera jamais assez. La liberté d’expression est l’oxygène d’une société libre, le carburant sans lequel il n’est pas de démocratie possible. Il faut que les terroristes s’en convainquent, nous continueront, fusse sans le savoir, de blasphémer parce que nous considérons que les convictions et croyances religieuses ne justifient pas l’octroi d’une protection autre que celles dont bénéficient les autres opinions ». Ce texte sera suivi de bien d’autres, en ligne dans la présente édition, réaffirmant cette position ou présentant des ouvrages dédiés.

Faut-il le rappeler, c'est avec l'affirmation du droit de critiquer librement les religions que la liberté d'expression s'est confortée et a permis d'ouvrir le combat pour toutes les libertés publiques. La notion de "blasphème" n'a de sens que pour des croyants. La Ligue de l'enseignement entend, avec l'ensemble des organisations du mouvement laïque, mettre fin à un prétendu "délit de blasphème", aux tentatives d'assimiler le "blasphème" à un "discours de haine". Elle fait connaître le rapport intitulé « Blasphème : l’information sacrifiée sur l’autel de la religion » remis par Reporters sans frontières en 2013.

En 2019, les Rencontres laïques de la Ligue de l'enseignement rassemblent une centaine de personnes représentant 54 organisations du mouvement laïque sur le thème de la liberté d'expression au sens le plus large. Toutes les vidéos sont en ligne Une dizaine d’intervenants se sont exprimés avec notamment un rappel historique, un panorama des multiples censures à l’œuvre aujourd’hui, un approfondissement de la notion de liberté de création, la question des lois mémorielles, la nécessité de la transmission de l’esprit de liberté… Avec un message fort : il n’y a pas de liberté de conscience sans liberté d’expression…