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Billet de blog 16 juin 2023

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Nées ici, à l'école ici, elles restent ici - Rassemblement solidaire

Des centaines de migrants, enfants, femmes, hommes ont péri noyé·es cette semaine à bord d'un même bateau, noyé·es en Méditerranée faute de secours. En France la pluie noire d'OQTF déracine les familles les plus intégrées, met en danger enfants, femmes et parents sans aucune considération. La solidarité aux portes de la maternelle J-P Rameau.

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Des centaines de migrants, enfants, femmes, hommes ont péri noyé·es cette semaine à bord d'un même bateau, noyés en Méditerranée, approché·es par Frontex et les garde-côte grecs, faute de secours tandis que partout en France notre pays d'accueil sur ordre des préfets suivent vaillamment la politique du ministre de l'Intérieur en lançant des OQTF à tout va pour bouter hors de nos frontières tout immigrant, intégrés ou pas, sur le sol français depuis des lustres ou pas, comme si la France ne pouvait pas, ne devait pas accepter des gens fuyant la guerre, le danger, les menaces sur la vie autant que la famine ou la misère noire. Et celles ou ceux qui se sont intégré·es, ce qui est réclamé pourtant à corps et à cris par nos élites, on les expulse quand même, quitte à arracher ces nouvelles racines, piétiner leur courage et leurs enfants, les remettre en grave danger. Qui serions-nous devenu·es pour accepter cette politique de rejet forcené destinée à flatter le parti et la partie de l'électorat qui ne connait que la peur, la haine et le rejet ?

Lire : les indicateurs de l'intégration des immigrés 2023 - OCDE

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Près de 80 personnes venues exprimer leur solidarité © Georges-André Photos

Une nouvelle famille dans le désarroi et l'anxiété

Elle s'appelle Senada, venue en France à Clermont-Ferrand voilà huit ans. Elle s'en souvient comme si c'était hier, « le 5 mai 2015 », m'a t-elle dit sans hésiter. Ils ont eu deux enfants, deux filles Reina 6 ans et Iness 3 ans. L'aînée doit passer au C.P. en septembre et la seconde entrer en petite section à l'école maternelle Jean-Philippe Rameau. Le père, Fatmir, a depuis plusieurs mois une proposition de C.D.I. pour un emploi de façadier dans le bâtiment mais sans papier, il ne peut l'honorer, pas même travailler pour survenir à ses besoins et ceux de sa famille. Alors, ils survivent avec dignité et courage grâce à la banque alimentaire et la solidarité familiale de la sœur, du frère, de la belle-soeur, tous et toutes venu·es d'Albanie à des dates différentes. Souvent les migrant·es albanais·es ont mauvaise presse, confondu·es dans le même rejet des mafias albanaises qui terrorisent leur population quand eux les fuient pour se protéger. Le retour est synonyme de vie perdue ou d'asphyxie.

A la portée de toutes et tous : pétition à signer contre ces expulsions.

Nous avons déjà chroniqué semblable situation dramatique :
25-01-23 SOS solidarité pour famille intégrée en péril
06-12-22 Une famille intégrée ou comment s'en débarrasser
03-12-23 2 décembre à Cébazat : quand l'OQTF s'emploie à dés-intégrer une famille intégrée

Illustration 2
Réactions de Florence, déléguée parents

Même réellement intégrés en France depuis des années, ces migrants déjà anciens sont sommés de quitter le territoire quand ils veulent et peuvent travailler dans ces secteurs en manque de bras, d'humanité et d'intelligence au travail. Peu importe que les enfants de ces familles soient déracinés et emmenés dans un pays qui n'est pas le leur, peu importe que ces enfants scolarisés, élèves bien souvent heureux et attentifs, soient déscolarisés pour un avenir des plus incertain, peu importe que ces familles soient dans un stress totalement déstabilisateur dans l'attente du pire, l'expulsion, quand ils voudraient seulement ces papiers qui permettent de travailler donc de vivre... et qu'on ne disent pas qu'ils prennent le travail des français ; c'est rigoureusement faux et depuis toujours mais les préjugés ont la vie dure quand ils intoxiquent longtemps.

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Nées ici, à l'école ici, elles restent ici © Georges-André Photos

Cette France frileuse, peureuse, vindicative ne sait même pas que la France a besoin de migrant·es, pour longtemps et pas qu'un peu, afin d'assurer des travaux et emplois de toutes qualifications que notre population ne peut plus assurer à elle seule, médecins, ingénieurs et soins à domicile compris non que ces migrants ne soient que main d’œuvre corvéable dans des conditions d'accueil précaires. Dans l'obsession inepte d'une France assiégée, ils ne savent même pas que nous sommes condamnés à les accepter sur notre sol au bénéfice des entreprises, souvent de l'artisanat, des services comme la bonne marche de notre économie libérale si chère au Président. Pauvre politique de la France, pauvre et triste France qui ne connaît même plus son intérêt après 50 ans de messages et d'actes xénophobes. Quant à l'accueil de celles et ceux qui risquent leur vie, de leurs enfants, nous savons bien que le temps est oublié de la France accueillante.... sauf pour les solidaires qui agissent pour refuser cet oubli et restaurer la valeur de l'être humain en tout immigrant·e.

Lire « Le recours à l’immigration de travail est inéluctable »

Illustration 4
Réactions de Lena, parent d'élève

Voilà deux semaines environ, La Police s'est présentée à leur domicile. Ce fut le choc. Ils attendaient un titre de séjour, elle a reçu un OQTF décidé par le préfet du Puy-de-Dôme. Pourquoi la mère ? Si elle était expulsée, qui resterait en France ? Personne ! La requête en annulation présentée par l'avocat commis d'office n'a rien annulé.

Les représentantes des parents d'élèves informées ont mobilisé l'ensemble des parents de cette petite école à 4 classes pour exprimer leur solidarité et obtenir enfin des papiers pour rester et travailler en France. Ces parents ont organisé ce 15 juin une manifestation de soutien devant cette école après la fin des classes. Au moins 80 personnes se sont retrouvées à exprimer leur solidarité, soit plus que la grande majorité des parents avec Senada très émue.

Illustration 5
Mohanad Al Abbas - LDH 63 © Georges-André Photos

Didier pour RESF a pris la parole pour indiquer en particulier que d'autres écoles - Jean Moulin, Nestor Perret (chef de la Résistance de Clermont-Ferrand, fusillé en 1943 par la Gestapo sans avoir parlé) – dans la même situation d'OQTF et d'enfants scolarisés – ont organisé elles aussi des rassemblement de soutien comme ce sera le cas mardi prochain 20 juin à l'école Jules Verne. Alphonse Daudet prépare aussi un rassemblement.

Il note une situation qui peut sembler absurde : à Jules Verne, la famille a obtenu un titre de séjour de six mois renouvelable mais le père est en centre de rétention : « C'est la même préfecture qui donne les papiers à la mère et met le père en centre de détention la même semaine. » et conclut : « Il n'y pas en France une crise migratoire mais une crise de l'accueil...Nous ne voulons pas une chaise vide à la rentrée ». Il appelle « à une manifestation le mercredi 5 juillet en s'adressant à toutes les organisations démocratiques, syndicales, partis et associations pour [le] dire au recteur et au préfet. » en manifestant du rectorat à la Préfecture.

La LDH en la personne de Mohanad Al Abbas dans un long exposé montre combien la déclaration des Droits de l'homme et sa version universelle sont bafouées par cette pluie d'OQTF-glyphosate en attente d'expulsion.

Illustration 6
Réactions de Jihane

Anne-Laure Stanislas, élue EELV à la ville de Clermont et conseillère métropolitaine, maire adjointe en charge de la Ville en transition, évaluations et impacts carbone des politiques publiques et de la relation avec les usagers s'est exprimée ainsi :

« … La situation à Jean-Philippe Rameau malheureusement, ce n'est pas la seule à Clermont-Ferrand, d'autres écoles sont concernées [... ]. D'autres mobilisations ont lieu dans d'autres écoles, malheureusement Clermont-Ferrand n'est pas un cas isolé. C'est à dire que c'est vraiment au niveau national que ça se porte et donc délivrer comme ça en masse des OQTF à la veille des vacances scolaires c'est complètement intolérable. La municipalité souhaite vraiment vous réaffirmer son soutien pour toutes les écoles, pour tous les enfants, pour toutes les familles. Nous sommes engagés dans une démarche d'accueil. Nous souhaitons accueillir ces enfants dans nos écoles, dans nos accueils de loisirs, partout où nous pouvons les accueillir. Il est donc intolérable et je vous enjoins vraiment à pouvoir participer. On a cité les manifestations qui auront lieu et notamment celle du 5 juillet. Le 20 juin il y a également la marche des parapluies à la place de Jaude. Toutes et tous montrons-nous solidaires, nous pouvons aussi montrer que malgré l'approche des vacances scolaires, nous restons déterminés.

Le maire, en tous cas, la majorité municipale a enjoint le Préfet a cesser d'émettre ces OQTF parce c'est complètement intolérable de faire ça à l'approche des vacances et de penser que l 'été passant nous aurons d'autres chats à fouetter, NON nous n'avons pas d'autres chats à fouetter, l'accueil reste notre priorité ».

Illustration 7
Anne-Laure Stanislas, maire-adjointe Clermont-Ferrand © Georges-André Photos

Nicolas BONNET, 2ème adjoint, Nature en ville, Mobilités actives et qualité de l'air, Agriculture, Alimentation et restauration était présent également.

Les manifestations en JUIN et JUILLET contre cette politique et en solidarité

20 juin : Journée mondiale des réfugiés - Marche des parapluies - Place de Jaude - 18h - amener le sien !

5 juillet : Manifestation initiée par R.E.S.F. qui s'adresse aux organisations démocratiques, syndicales, partis et associations du rectorat à la préfecture.

Illustration 8
La devise républicaine interrogée © Georges-André Photos

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