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Billet de blog 29 octobre 2025

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Lettre ouverte aux défenseurs du journalisme libre

Vous trouverez ici ma lettre ouverte aux défenseurs du journalisme libre. Je leur demande de s'associer à deux projets : la création d'un site de journalisme libre : "l'Affranchi" et le regroupement de développeurs web au sein de l'association "le Nexus du Web". Ceux-ci contribueront à des implantations de sites web pour des projets d'intérêt public.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

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Bonjour,

Je vous informe de l’état d’avancement de mon projet de mise en place d’un nouveau site web appelé « l’Affranchi » qui devrait prendre la place occupée par AgoraVox. (Voir mes articles : « La charte de l’Affranchi » et « Les règles de bonne conduite… »).

Le site AgoraVox a depuis longtemps cessé d’être un site de journalisme libre. Je viens d’en faire à nouveau la démonstration en proposant 15 articles qui ont tous été censurés. Aucun ne correspondait à la ligne politique d’AgoraVox. Ce site ne répond plus aux attentes des lecteurs et il disparaît petit à petit. La chute de l’audience est vertigineuse.

J’ai du retard dans la réalisation proprement dite du site « l’Affranchi » mais j’ai grandement avancé sur des questions connexes de grande importance que je vais évoquer.

J’avais prévu de mettre en ligne une première version très simplifiée en 2024. De ce point de vue, j’ai plus d’un an de retard. Mais j’ai fortement avancé sur la réflexion à propos du financement. Je n’avais pas suffisamment prêté attention à cette question qui est fondamentale.

Vous savez que j’ai fait une longue enquête sur l’histoire d’AgoraVox. Je me suis notamment aperçu qu’au moment où ce site avait un immense succès, il était en fait en grandes difficultés financières. Voici deux extraits de mon article intitulé « AgoraVox mène la guerre de l’information pour le compte du GRU »  :

« AgoraVox a été fondé en mars 2005 par Carlo Revelli avec le soutien de Joël de Rosnay. Au départ, le site était détenu par Cybion, société spécialisée dans la veille sur internet lancée par M. Revelli (Président Directeur Général) et Joël de Rosnay (Administrateur). (…) La société Cybion a été mise en liquidation judiciaire en juillet 2014 puis vendue pour 6 500 € à la Société INNOVA S.p.A. en février 2016. Finalement, la clôture pour insuffisance d'actifs a été prononcée en avril 2016. Vous trouverez sur cette page web toutes les précisions à ce sujet. »

Sans entrer dans le détail, il est certain que, pour survivre, les gérants d’AgoraVox ont été contraints de chercher des financements qui ont remis en question leur indépendance. Le premier article, venant par l’intermédiaire de Patrice Bravo, a été publié le 9 octobre 2019. Cela marque assurément un accord passé avec des défenseurs de la politique de Poutine.

Pouvait-il en être autrement ? Il y a eu un choix qui correspondait probablement aussi à un choix d’orientation politique des gérants d’AgoraVox qui, depuis, sont devenus anonymes. Mais, ils étaient manifestement confrontés à un grave problème de financement.

Pour mettre en place un projet du même type, nous devons être conscients que cette question du financement n’est pas une mince affaire.

Une première série de dispositions à prendre concerne la technique. Il faut que le site fonctionne le plus possible automatiquement. En d’autres termes, il faut limiter le plus possible les interventions humaines. Dans ce sens, j’ai prévu que la modération sera assurée, pour chaque article, par l’auteur de l’article. Il faut aussi prévoir que la sélection des articles sera effectivement un processus automatique alors que sur AgoraVox la procédure affichée est une tromperie.

Il faut cependant prévoir en plus une maintenance du site. Cela m’amène à envisager un autre projet pour que la réalisation et la maintenance puissent être assurées bénévolement.

Je vais recourir à une communauté de développeurs bénévoles qui prendront cela en charge. L’idée est très classique en informatique. Le projet GNU est en particulier très connu. Une grande quantité de logiciels sont ainsi disponibles gratuitement parce qu’ils ont été créés, le plus souvent, par des étudiants en informatique, et la maintenance est assurée par des organismes, eux aussi, gérés bénévolement. C’est d’ailleurs notamment le cas pour tous les outils que je dois utiliser pour construire le site « l’Affranchi ».

Je participe donc à ce second projet qui s’appelle « le Nexus du Web ». Les deux créateurs de ce site sont des spécialistes du développement web qui ont la qualification requise pour accueillir des stagiaires parmi les étudiants en informatique. Ils sont en effet titulaires d’un doctorat en informatique. Le Nexus du Web est une association de développeurs web. Cette association apportera sa contribution à la réalisation de projets d’intérêt public qui nécessitent du développement web. À ce titre, le projet de journalisme libre (l’Affranchi) sera le premier projet d’intérêt public auquel Le Nexus du Web sera associé.

J’ai pris en charge la réalisation du site web de cette organisation (Le Nexus du Web). Les premiers développements des deux sites (« l’Affranchi » et « Le Nexus du Web ») ont de nombreux points communs. Je mettrai en ligne en premier le site du Nexus du Web. Cela se fera en 2026.

Je suis désolé du retard pris dans la réalisation du site de journalisme libre, mais, je suis convaincu, que toute cette démarche est nécessaire. Il faut considérer cela comme une « aventure ». Personne ne peut prévoir comment cela évoluera. Beaucoup d’illusions ont été semées lors de la mise en place d’AgoraVox. Est-il possible que le journalisme pleinement libre et indépendant puisse effectivement vivre ? Cela reste une interrogation.

Je me souviens d’un film comique sorti en 1972 et intitulé « Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil ».  C’était une comédie satirique réalisée par Jean Yanne, décrivant le monde de la radio et de la publicité. Sous une forme humoristique, cette question de fond était soulevée. Dans ce film, il est vite apparu qu’il était impossible de dire crûment la vérité sur des médias à grande diffusion.

Je ne sais donc pas ce qu’il adviendra, mais je suis convaincu que l’aventure mérite d’être tentée.

Bien cordialement.

Jean Dugenêt

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