Le directeur général de la Santé a répondu le 31 décembre dernier au secrétaire général d'un syndicat de chefs d'établissements scolaires(SNPDEN) qui sollicitait auprès du premier ministre l’autorisation de réinstaller des espaces fumeurs dans l’enceinte des lycées en raison de l’état d’urgence[1].
Cette réponse[2] constitue un très salutaire rappel.
Rappelant la réglementation du code de la santé publique qui « pose l’interdiction de fumer (…) dans toute l’enceinte des établissements scolaires, y compris dans les espaces non couverts », le directeur général de la Santé souligne que « le contexte d’état d’urgence ne change rien à cette réglementation ».
Il insiste sur l’« objectif ambitieux » du programme national de réduction du tabagisme (PNRT) 2014-2019 « de diminution du nombre de fumeurs de 10% en 5 ans » et sur le fait que « l’atteinte de cet objectif passe notamment par le fait d’éviter aux jeunes d’entrer dans le tabac et d’aider les fumeurs à arrêter ».
« Dans ce contexte, poursuit le professeur Benoît Vallet, il nous apparaît que le sevrage imposé de fait aux élèves fumeurs pendant certaines plages horaires de la journée peut être l’occasion de les sensibiliser à leur dépendance tabagique et de les informer sur les dispositifs d’aide à l’arrêt du tabac existant, telles que les consultations jeunes fumeurs par exemple ».
Après avoir rappelé les amendes encourues en cas d’infraction à cette réglementation, le directeur général de la Santé « espère recevoir (du syndicat destinataire de cette réponse) un soutien de plus à l’avancement du PNRT ».
Le syndicat destinataire présente cette réponse[3] comme « une lettre de menace » et ce courrier comme « un modèle de suffisance bureaucratique ». En conséquence, « le SNPDEN a donc à nouveau saisi le Premier ministre sur les conséquences qu'il faut tirer de la réponse du ministère de la Santé, si elle signifie bien que le gouvernement demande aux établissements de livrer les lycéens à tous les risques sur la voie publique ».
Dans ce courrier au premier ministre[4], le syndicat lui demande de trancher sur « cette divergence d’appréciation quant à ce que peuvent faire ou non les personnels de direction pour protéger leurs élèves ».
On appréciera la force de l’argument : lutter pour réduire le tabagisme, c’est, au quotidien, protéger les élèves. Encourager le tabagisme au lycée, c’est au contraire mettre chaque jour en danger ceux qui fument et ceux qui les accompagnent. Il est dommage que ce syndicat de personnels de direction reste sourd au rappel des objectifs nationaux de santé publique[5]. Et qualifie de "menace" un rappel du code de la santé publique.
[1] Voir les billets des 26 et 28 novembre et du 1er décembre :
[2] http://www.snpden.net/sites/default/files/files/reponse_ministere_sante.pdf
[3] http://www.snpden.net/node/3280
[4] http://www.snpden.net/sites/default/files/files/Courrier_Premier_ministre_28_01_2016.pdf
[5] Comme le rappelle la Ligue nationale contre le cancer, « le cancer du poumon est l’un des cancers les plus répandus dans le monde. En France, avec près de 37 000 nouveaux cas par an (27 000 hommes et 10 000 femmes), ce cancer se place en quatrième position derrière ceux de la prostate, du sein et du colon-rectum. En revanche, il se hisse à une sinistre première place en terme de mortalité. Les raisons ? Une propagation facilitée par une circulation sanguine intense au niveau des poumons et un diagnostic tardif, du fait de l'absence de symptômes caractéristiques » https://www.ligue-cancer.net/localisation/poumon