Je pratique l'examen des travaux de l'Assemblée Nationale à l'envers : je commence par critiquer la proposition de loi votée, puis je prends connaissance du débat parlementaire qui a conduit au vote. Aujourd'hui, je lis le rapport parlementaire de la commission des affaires économiques.
Beaucoup de remarques justes.
Mais quelle palinodie pour transformer une toute petite mesure concrète en un magma sans forme de concertation ou négociation ! Comme l'a dit Sylvia Pinel, "En tant qu’ancienne ministre du commerce, je peux vous dire que j’ai mené bien des négociations sans qu’il ait été besoin d’une loi ! "
La députée LR dit que "Les associations (...) nous ont également fait part de leur incompréhension à vouloir traiter cette question par le petit bout de la lorgnette, alors qu’elles attendent bien plus de nos politiques publiques. (...) mais sans doute est-il bienvenu de ne pas imposer à la grande distribution un certain nombre de préconisations et de privilégier le dialogue." Quelles associations ont convaincu Les Républicains ? Quand je regarde la liste des participants à la table ronde des associations, on ne voit que l'APAJH qui ait pu tenir ce type de discours. Une grosse association gestionnaire pas spécialement en pointe sur l'autisme. En ce qui concerne la grande distribution, je ne suis pas sûr qu'elle rechigne à se voir imposer cette petite règle. Merci quand même, les LR, de penser à ces grands profiteurs de la COVID-19...
Autre remarque : "Je songe, par exemple, à la priorité aux caisses, aux places prioritaires sur les parkings (...)" Où est le problème sur le plan législatif ? La CMI (carte mobilité inclusion) existe, qui permet d'avoir la priorité aux caisses (CMI priorité ou invalidité) ou aux places parking (CMI stationnement). Aucun changement légal n'est nécessaire, tout au plus une clarification réglementaire pour les MDPH qui ne veulent pas comprendre.
Mme Annaïg Le Meur (LREM Quimper) témoigne à juste titre : " J’ai perdu mon enfant plusieurs fois dans un magasin parce qu’il ne pouvait plus se repérer – la disposition des rayons avait changé. La lumière et le bruit peuvent l’agresser, mais ce dont mon fils souffre le plus, c’est d’être touché par d’autres gens et de voir des personnes déambuler, apparemment sans règles. Il est parfois difficile de le percevoir en tant qu’adulte, mais ces enfants ont établi pour eux-mêmes des règles très strictes."
Elle ajoute : "agir notamment sur l’attente aux caisses – pourquoi les parcs d’attractions délivrent-ils des coupe-files lorsque les grandes surfaces exigent une carte d’invalidité, délivrée uniquement si le taux d’incapacité est fixé à 80 % ?" Les grandes surfaces peuvent exiger la CMI, mais elle est accordée en-dessous de 80% de handicap. Il y a vraiment un manque d'information sur le sujet.
La loi de 2005 est claire :
- Un principe général d’accessibilité est notamment posé à l’article L. 111-7 du code, selon lequel « les dispositions architecturales, les aménagements et équipements intérieurs et extérieurs des locaux d’habitation, qu’ils soient la propriété de personnes privées ou publiques, des établissements recevant du public, des installations ouvertes au public et des lieux de travail doivent être tels que ces locaux et installations soient accessibles à tous, et notamment aux personnes handicapées, quel que soit le type de handicap, notamment physique, sensoriel, cognitif, mental ou psychique ».
Le principe existe, mais il n'y a aucune traduction pour les personnes autistes. Une première toute petite mesure concrète ... mais renvoi à la case départ.
L'accessibilité pour l'autisme
1 déc. 2017 - Quand il est question d'accessibilité, nous pensons d'abord au handicap moteur, aux handicaps sensoriels (vue, ouïe). Mais elle est rarement prévue pour les personnes autistes, qui représentent 1% de la population. Quelques exemples.
Vous y trouverez des témoignages, des éloges de Lidl qui ont un régime sonore silencieux en permanence !
Sur la vie dans les magasins :